Cellos On Fire.
J’écrivais dans un ancien billet que j’acceptais quelques fois de réaliser des projets tout à fait gratuitement, la plupart du temps pour des organismes caritatifs qui rejoignent mes valeurs, mais il m’arrive aussi d’embarquer dans d’autres projets uniquement pour le plaisir. C’est le cas de Cellos On Fire (Les Violoncelles en feu), un groupe de musique formé de petits virtuoses classiques : Vincent Bergeron, Nicholas Ellis, Frédéric Ellis, Samuel-San Vachon, William Marcil, Nelson Baily et Charles Guay. Ces jeunes, âgés de 14 à 17 ans, font dans le Métal classique, style musical mis de l’avant par le groupe finlandais Apocalyptica, en interprétant le répertoire de Metallica accompagné de leurs violoncelles. Si vous voulez un aperçu de ce que ça donne, cliquer sur ce lien pour regarder un vidéo du groupe disponible sur YouTube. Un des fiers papas m’a sollicité pour créer une affiche; j’en ai profité pour aller plus loin en faisant aussi un logo, et demander à Paul Cimon, photographe, de bien vouloir embarquer dans cette galère avec moi. Le résultat est sous vos yeux. Si vous voulez les voir en spectacle, ils le seront le 15 mai prochain, 20 h à l’Hôtel La Saguenéenne de Chicoutimi. Comme les petits gars n’ont pas que du talent et qu’ils ont aussi un grand coeur, ils verseront tous les profits de cette belle aventure à un organisme de charité, comme quoi, les mines patibulaires que je leur ai demandé d’exhiber pour l’affiche était simplement un jeu. Faites comme moi, encouragez-les tout en passant une soirée où se mélangeront cravate et manteau de cuir.
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Je suis un fan fini de Gnarls Barkley.
J’aime Gnarls Barkley. Ce groupe-là groove au maximum. Et que dire de ses vidéos. « Crazy » était un vidéo vraiment cool mais celui de « Mystery Man » l’est tout autant. Un super mélange d’animation traditionnelle et de 3D. J’adore.
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C’est à l’extérieur qu’on est beau.
Oubliez ce que l’on raconte, la beauté n’est pas intérieure. Les gens sont beaucoup plus beaux à l’extérieur. Dehors. En plein air. Au grand air. C’est du moins comment, chez Chlorophylle, on voit les choses. Et on voudrait bien que vous y adhériez à cette façon de vivre et de voir la vie. Car Chlorophylle conçoit des vêtements, oui, mais est avant tout une compagnie qui a des valeurs importantes que je partage : le respect de l’environnement et de l’individu. Alors que le vert est à la mode, que les compagnies se mettent à diffuser des messages environnementaux, de se « greenwasher », Chlorophylle fait partie des pionniers du plein air au Québec. Il y a 29 ans, des chums ont décidé de créer leurs propres vêtements d’expédition parce que ce qu’ils recherchaient et ce dont ils avaient besoin pour effectuer leurs sorties extérieures n’existait à peu près pas. De l’amour des forêts, des eaux, des éléments qui les entouraient est née cette compagnie, ce fleuron régional qu’est Chlorophylle. À quelque 500 km du principal centre urbain, le manufacturier a su tirer son épingle (petit calembour (!)) du jeu en se frottant aux joueurs mondiaux du vêtement plein-air. Alors que la plupart des petits joueurs de l’industrie ont été avalés, un jour ou l’autre par des conglomérats, la petite entreprise du Saguenay, tel Astérix devant César, continue à progresser dans ce marché ultracompétitif qu’est celui du vêtement. Il faut visiter le siège social de l’entreprise pour réaliser tout le travail de création qui jaillit de celle-ci. Une équipe de 75 personnes, des métiers non traditionnels tels des patronistes, des designers, des stylistes qui travaillent à vous rendre confortable en toute saison. Parce qu’il est là le défi. Au-delà de ses vertus esthétiques, le vêtement que vous portez lors d’une sortie en trekking ou en camping doit répondre à de hauts standards de performance, de respirabilité et d’imperméabilité. En habillant les gens et en les encourageant à pratiquer un sport, un loisir en plein air, on sensibilise ceux-ci à être plus empathique avec la nature, à réaliser que le monde qui les entoure est beau, mais si fragile. C’est le thème que j’ai développé pour ce deuxième weblog (par mesure environnementale, on a supprimé l’impression de celui-ci). Laissant grande place aux magnifiques photos d’André Kedl, j’ai décidé d’intervenir graphiquement en illustrant mes textes traitant des bienfaits du monde extérieur. Les photos ont été prises dans la magnifique région de Gatineau et Ottawa au mois d’août passé. Une première pour moi, chez Chlorophylle, j’ai aussi travaillé avec son équipe interne (Josée, Nicolas, Ann-Julie et Catherine) au renouveau du site internet en conceptualisant la page d’accueil de celui-ci. Le site internet évoluera de plus en plus pour devenir la pierre angulaire des communications de l’entreprise, je vous invite à le visiter et lire leur nouveau blogue, vous y trouverez une foule d’informations, des trucs pratiques pour ainsi mieux comprendre l’ADN et les valeurs de Chlorophylle.
> En cliquant sur l’image du catalogue, une version minuscule du catalogue en version flash se téléchargera (…soyez patient!), vous pourrez y tourner les pages (en cliquant sur le coin supérieur droit) et voir mon travail. Je vous conseille par ailleurs de consulter la version plus complète sur le site de Chlorophylle pour une meilleure définition et la possibilité d’avoir plus de détails sur chacun des vêtements de la collection.
MAJ La typographie utilisée pour créer le slogan « C’est à l’extérieur qu’on est beau » est Chocolate™. Une autre pure merveille d’Alejandro Paul de Sudtipos.
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CA, 50 ans d’inspiration qui expire lentement.
Le magazine de communication graphique américain, Communication Arts, fête son cinquantième anniversaire avec son numéro des mois de mars et avril 2009. Véritable institution, cette publication a toujours été une de mes favorites parmi toutes celles consacrées au design. D’une facture très sobre, laissant place plus aux oeuvres, ses pages ont toujours été dédiés aux boîtes, photographes, illustrateurs (majoritairement américains) les plus créatifs du marché. De toutes les revues spécialisées en Com auxquels j’ai été abonné, seules Communication Arts et Print ont réussi à conserver ma fidélité. Même si je consacre beaucoup moins de temps à lire ce type de magazine, elles me rappellent des souvenirs pas si lointains, du début de ma carrière, où chaque page était dévorée et lue jusqu’à l’épine. C’était le temps d’avant. Le temps d’avant internet, vous vous en doutez bien. Dorénavant, les sources pour s’abreuver de graphisme, tendances et informations sont maintenant légion, à portée de main (oeil, doigt, souris…). Même si je suis toujours un grand consommateur de revues, je jette maintenant mon dévolu beaucoup plus vers des périodiques qui ne sont pas directement associés au domaine des communications. Des publications traitant de psychologie, actualités internationales, de musique, de skateboard et de sujets économiques trouvent de plus en plus leur place à mon chevet, détrônant les fanzines de design. Pourquoi? Par intérêt, bien sûr, mais aussi par lassitude. Si la presque totalité de mon inspiration se trouvait dans ce type de magazine auparavant, aujourd’hui mes sources sont beaucoup plus diversifiées. Comme un musicien qui s’inspirerait de la créativité d’un auteur ou d’un peintre pour réussir à recréer des univers sonores différents, le communicateur visuel doit décoller son nez de sa feuille de papier pour se ressourcer. Savoir extrapoler ses connaissances, ne pas se restreindre à ce que l’on connaît, expérimenter des idées provenant de domaines totalement différents permet de trouver des avenues intéressantes qui dérogent du quotidien. Ce que je reproche aux magazines telle Communication Arts est de nous montrer des plats déjà servis; puiser ses ingrédients à même des univers diversifiés change les sauces et réinvente la cuisine publicitaire. Pour faire un parallèle avec la bouffe, il trône dans ma cuisine une multitude de bouquins de recettes que je consulte que très rarement, préférant piger ici et là, au travers des pages, des idées que je mélange et apprivoise à mon goût.
Communication Arts a aujourd’hui 50 ans. 50 ans d’inspiration. Je me rappelle maintenant, outres les exemples d’oeuvres primées, ce qui me fascinait encore plus dans ce genre de magazine était les portraits que l’on brossait des créateurs, pas uniquement de leurs productions, mais qui ils étaient dans leur vie professionnelle et personnelle. Les blogues, comme le modeste que vous lisez, remplacent petit à petit ce transfert de connaissances et d’intérêt. Comme je me plais à répéter à mes clients, le dialogue est beaucoup plus captivant que le monologue…
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Après Tropicana, Pepsi.
Quand un illustrateur décide de parodier le nouveau logo de Pepsi…
> Illustration de Lawrence Yang
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Choses que je déteste #3:
Ceux qui mettent les gens dans des cases.
Il y a trop longtemps que je n’avais pas écrit un billet dans la catégorie « Chose que je déteste… » À croire que tout me plaît dans ce bas monde. Je n’ai pas eu trop de problèmes à trouver, j’ai fait le focus sur mes dernières semaines et j’ai mis le doigt sur un irritant : les gens qui aiment catégoriser les autres, les mettre dans des cases. Du genre, cette fille-là côtoie cette personne, DONC, elle est dans la catégorie « des pas fiables »; ce mec-là travaille souvent avec tel type, il fait DONC partie « des gens non fréquentables ». D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fréquenté des gens différents. À l’école, au travail ou à la maison, j’ai rarement appartenu à un clan, à une gang. Mes amis viennent de milieux divers, occupent des métiers variés, ont des revenues plus ou moins homogènes, pratiquent ou non un sport, ont plus ou moins de talent artistique, mais ont tous des qualités qui font que c’est un plaisir renouvelé d’en être entourés. Et cela me suffit. Je n’aime pas que l’on me juge non plus parce que je connais telle personne ou que j’en côtoie une autre : j’aime à penser que les gens ne sont pas unidimensionnels, donc pouvant offrir différentes facettes qui plaisent à différentes personnes, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. J’aime la compagnie d’un tel ou d’une telle pour un aspect que vous pourriez détester. C’est pour cette raison que le Monde est intéressant : sinon aussi bien passer son temps à monologuer devant un miroir. Groucho Marx disait « Jamais je ne voudrais faire partie d’un club qui accepterait de m’avoir pour membre ». Il suffit souvent de gratter un peu plus loin que la première impression. N’allez pas croire que je suis un saint : les gens qui me connaissent savent que ce n’est pas le cas; il m’est arrivé fréquemment de juger trop rapidement des types qui m’ont démontré plus tard que j’étais dans le champ par rapport à l’idée que je me faisais d’eux. Vu du contexte professionnel, créer des catégories et y placer des gens est, selon moi, autant désolant. Il m’est déjà arrivé de n’avoir pas été retenu sur un dossier pour une raison du genre : ce n’est pas son domaine, ou pire, ce n’est pas SON type de mandat. Je trouve assez simpliste et très réductrice l’idée de catégoriser mon genre de travail : je suis capable de faire rire, pleurer, réfléchir et acheter. Parce que je peux être drôle, touchant, intelligent et vendeur. Multidimensionnel, quoi. Certains clients connaissent plutôt mon côté « pub », pour certains autres, comme je n’ai conçu que du graphisme traditionnel, ils n’ont jamais songé à moi pour monter une campagne. Dommage. Je pense que découvrir les différents angles d’une personne vous ouvre des chemins qui peuvent vous mener pas mal plus loin que votre itinéraire initial. J’hésite de plus en plus à utiliser le mot « graphiste » ou celui de « concepteur publicitaire » : il diminue les champs de compétence dans lesquels je peux oeuvrer. Alors que des gens cherchent à se doter d’un titre, je rêve de me dépouiller du mien. De cette façon, ça sera vraiment difficile aux individus qui aiment mettre leurs congénaires dans des cases de me mouler dans une catégorie. Et c’est tant mieux. Comme ça ils pourront découvrir que je peux aussi bien les aider à trouver une recette de carré d’agneau, devenir DJ pour un soir ou leur causer littérature autour d’une coupe de vin… que de leur créer un concept publicitaire en anglais pour une clientèle d’ingénieurs Portuguais.
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O. pressée.
Un article du NY Times a attiré mon attention le week-end dernier. Il traitait de la guigne de certains consommateurs par rapport à leurs marques préférées. L’article citait par exemple le nouvel emballage des jus Tropicana. Pepsi Co avait entrepris à la fin de 2008 un grand ménage au niveau de sa marque phare Tropicana en introduisant son tout nouveau look à ses consommateurs dès le début de l’année. Nouveau logo, nouvelle typographie, emballages plus sobres, avaient été introduits; on avait même enlevé l’orange transpercée par une paille, l’image par laquelle la multinationale du jus était la plus reconnue. Erreur. Les consommateurs n’ont pas du tout apprécié. Tellement en fait, que les nombreux courriels et téléphones dénonçant la stratégie ont été si agressifs que Pepsi Co a du faire marche arrière en annonçant qu’elle reviendrait peut-être à ses anciens emballages dès février. Les propos des consommateurs étaient sans équivoque : l’emballage leur faisait penser à une marque de jus maison ou encore un produit sans-marque générique, et pire encore, qu’il était rendu difficile de différencier Tropicana des autres jus de la compétition. Ce qui est impressionnant, c’est que selon leurs études (parce que ces megas entreprises, ne font pas un geste d’une telle ampleur sans sonder et faire des focus groups) aucun des malaises n’avait été préssenti : même qu’une des conclusions de leurs nombreuses enquêtes révélait que la paille et l’orange (l’image que les gens regrettaient) avaient peu de reconnaissance vis-à-vis la clientèle. On avait sous-estimé le pouvoir de séduction qu’une marque peut détenir. L’«Emotional Branding » comme disent les Français. Cela ne vous rappelle pas les problèmes du Nouveau Coke en 1985? La concurrente de Pepsi avait dû elle aussi faire volte-face par rapport à sa clientèle et son mécontentement.
À l’heure de Facebook, où un groupe de protestation peut se monter en quelques minutes, où un vidéo dénonçant un produit ou une situation peut se monter en quelques heures et être vu par des millions d’internautes, les compagnies ont de moins en moins de latitude à se laisser aller. Les études à grands frais que Pepsi Co s’est offertes n’ont pas décelé la fibre émotionnelle de Tropicana vis-à-vis ses consommateurs. On a dû réalisé mille et un focus groups dans les règles de l’art, mais en oubliant de sonder les gens sur les choses qui les touchaient vraiment.
Quelles leçons faut-il tirer de l’aventure Tropicana vs les buveurs de jus d’orange par rapport à des entreprises de moins grandes tailles ou de marchés différents : écouter et sentir. Écouter ses clients; suivre la tendance, oui, mais avant tout leur donner ce qu’ils veulent. Pas ce que nous voulons leur donner, mais bien ce dont ils ont besoin. Éviter le discours : nous savons ce dont vous avez besoin. Plutôt prendre en considération leurs attentes émotionnelles par rapport à nos produits. Surtout ne pas les prendre pour des cons. Surtout ne pas leur vendre de quoi. No bullshit. Dites qui vous êtes, ce que vous faites pas ce que voudriez être et faire. Soyez vous-même. Avant, j’avais tendance à faire de grands préambules avant mes présentations, expliquer de long en large mes axes de communication en préparant le terrain à la présentation de mon concept. Je ne le fais plus. Je fonce et présente mes maquettes. Pourquoi? Parce que c’est de cette façon qu’elles se débattront sur la place publique, mes idées. Je ne serai pas derrière chacune des personnes qui se verront solliciter par ma publicité ou mon emballage à déblatérer que j’ai choisi telle typographie ou une autre pour attirer son attention; il n’en a rien à foutre. Et un concept que l’on doit expliquer est un mauvais concept ou une idée trop compliquée. Sentir les gens autant que les sonder. La différence? Si tu les sondes uniquement, ils te diront ce qu’ils leur plaisent tout en restant à l’intérieur du cadre, par contre, si tu tentes de sentir les émotions de tes clients par rapport à ce que tu fais pour eux, tu auras une meilleure idée de leurs attentes et leurs déceptions. C’est plus souvent qu’autrement dans les détails que les gens accrochent, pas sur les grande lignes. Les gens du service à la clientèle sentent plus souvent les gens que ceux du département des ventes. Ils ont les plaintes, les demandes délicates, ils sentent plus ce que les gens pensent, vraiment; parce que les clients ne font pas face à un spécialiste des ventes, mais bien à quelqu’un qui va écouter leurs doléances plutôt que les convaincre du contraire. Il est primordial pour les entreprises, d’établir un dialogue avec ses clients: fini l’ère des monologues et des pitchs de vente qui sentent le réchauffé; offrez, discutez, réagissez, décloisonnez les murs qui sont entre vous et le client. C’est à partir de ce dialogue que vous serez en mesure de mieux répondre à vos clients.
Quand vous prendrez une gorgée de jus d’orange, au déjeuner, regardez l’emballage qui se trouve sur votre table et imaginez comment vous auriez réagi si vous aviez été Pepsi Co.
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Les créatifs sont des bébittes sensibles.
Fragile. Handle With Care. Ce concept publicitaire pourrait se casser à la moindre secousse, son créateur encore plus. Vous ne me croyez pas? Si vous saviez à quel point les créatifs sont les êtres les plus sensibles qui soient. Ils sont capables du meilleur s’ils sentent qu’on les aime et les trouve bons, mais sont capables également du pire s’ils ne se sentent pas appuyés. J’ai eu dans ma carrière des hauts et des bas, professionnellement parlant. J’ai réalisé des créations qui rivalisaient avec ce qui se fait de mieux, mais aussi des productions dont je préférais renier la paternité et dont j’espère que personne ne me rappellera l’existence. Quand j’analyse ces deux catégories de productions, les tops ou les poches, ils sont directement reliés à une relation client facile ou difficile. Oubliez le mandat, cela n’a rien à voir. J’ai manqué de super beaux mandats et réussis des miracles en travaillant sur des sujets plus plates qu’un épisode de Virginie. De toute façon, on choisit rarement ses mandats, et une agence qui se respecte trouvera toujours le moyen pour réussir son mandat. La clé réside dans la relation client. Uniquement. Une relation difficile, construite sur le non-respect ou la confiance mitigée rend le terreau de la créativité peu fertile, au contraire une relation bâtie sur la confiance mutuelle a de grandes chances de devenir un mandat génial. C’est vrai pour le métier de publicitaire, mais tout autant pour d’autres professions. Une classe tumultueuse a moins de chance de recevoir un meilleur cours de la part d’un enseignant qu’une classe plus docile. C’est normal. Comme un joueur de hockey qui joue devant ses partisans, le créatif performe à son maximum lorsqu’il sent que son client attend beaucoup de lui et l’encourage. Le même joueur qui se fait huer par ces mêmes partisans lorsqu’il fait une gaffe sur la patinoire, aura tendance à jouer de façon différente, sur les talons, risquant de moins bien performer. Je ne dis pas qu’il faut recevoir des applaudissements ou se faire coller une gommette dans notre cahier pour tous nos bons coups, mais simplement de sentir que l’on est appuyé. Il m’est déjà arrivé de me faire refuser quelques idées par un même client, ça fait partie de la « game ». On n’est pas infaillible. L’important est que le lien de confiance subsiste. L’idée finira bien par arriver… Je suis chanceux, j’ai des relations avec des clients qui durent depuis plus de dix ans. J’ai des clients qui me font sentir que je les aide. Des clients qui me poussent à trouver des idées plus géniales que les premières que je leur ai soumis. Des client qui en demandent un peu plus à chaque fois. Des clients qui font la vague quand je leur compte un but…
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Un message peut en cacher un autre.
Deuxième mandat pour la société d’avocats Simard Boivin Lemieux. Le premier était pour souligner le cinquième anniversaire de la fusion des trois bureaux qui forment dorénavant la firme. Le comité piloté par Isabelle Simard, du bureau de Chicoutimi, Isabelle Boilat de celui de Dolbeau ainsi que Marie-Claude Gagnon de celui d’Alma et moi-même avait opté pour un envoi assez spécial pour leurs clients : un arbre (pas une simple pousse, un arbre à maturité; un bel emblème pour souligner l’enracinement de la société dans son milieu, avec ses clients tout en posant un geste environnemental significatif. Les clients avaient apprécié l’initiative, j’imagine qu’uniquement de voir arriver un livreur accompagné d’un arbre aussi haut que lui valait le coup d’oeil. Pour ce dernier mandat, j’ai conçu une série de documents qui parle de droit du travail, de médiation ainsi que de baux commerciaux. Le concept est simple : on annonce sur le couvert une affirmation qui change quand on ouvre le document. Chacun des documents a été découpé à l’aide d’emporte-pièce permettant à certaines lettres de l’intérieur de servir à composer le slogan de la couverture. Le mandat devait se résumer à un seul dépliant, mais le concept a tellement plu que Simard Boivin Lemieux a décidé de l’appliquer à d’autres de leurs nombreux champs de pratiques.
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Les hauts et les bas d’un valet de marque.
Ou les tribulations d’un (plus ou moins jeune) homme d’idées dans le merveilleux monde de la pub. On vit toutes sortes d’épisodes dans une vie en communication : on passe de l’euphorie parce que l’on vient de décrocher un contrat super intéressant ou que l’on vient de trouver une idée géniale, mais l’on passe aussi par la déprime de ne pas avoir décrocher le mandat-de-sa-vie, ou que l’idée géniale que l’on a eue ne plaît pas au client, même si nos arguments stratégiques sont béton. J’imagine que toutes les sphères d’activité sont semblables; on vit de contrastes, passant du blanc étincelant ou noir lugubre. Je ne me plains pas, je serais incapable de vivre une vie grise, égale, sans soubresauts. Et j’adore mon métier. Même si on y vit de grandes joies et de grandes déceptions, saupoudrées d’une bonne dose de stress. Je vais vous raconter deux anecdotes qui me sont arrivées dernièrement: les noms des clients seront gardés anonymes, ainsi que la description précise des projets, par souci de professionnalisme. Ils se reconnaîtront peut-être, mais vous non.
CAS #1: Il y a six mois, je reçois le téléphone d’un nouveau client. Il m’a été référé par un de mes clients existants. Rencontre intéressante, projet super emballant, ça clique, quoi. Je prépare mon plan, rencontre le client : c’est l’apothéose! Je suis tombé en plein dans le mille : mes premières idées exploratrices leur plaisent, en fait, ils apprécient le fait que je n’ai pas suivi à la lettre leur demande initiale : je suis allé plus loin. Même à l’état d’esquisse, mes idées sont déjà mieux que celles de leur ancienne agence. Bref, je remporte le compte et je commence tranquillement à aller plus profondément dans le dossier. Quelques mois passent. En furetant sur le net, je tombe sur un article d’Info-Presse traitant d’une campagne sur un produit comme le mien : l’agence arrivait somme toute aux mêmes arguments de création que moi… Merde. La campagne que je m’apprêtais à livrer existait déjà. Pas dans son intégrité, les slogans étaient différents, les idées plus ou moins semblables, mais le fond était le même, les façons de faire pour y arriver aussi. J’étais entre deux sentiments; heureux de penser que cette agence, énormément plus grosse que la mienne, cette agence dont je suis un fan, arrivait à la même conclusion que moi; mais en même temps ça me déprimait, j’étais le deuxième à avoir cette idée. Ici, certaines agences s’en seraient foutu: un peu d’habillage et on ressert ce concept réchauffé avec une autre sauce et hop! : bien saucé, on peut faire passer des escalopes de porc pour des escalopes de veau… J’en suis incapable. Je retroussai mes manches, refis mes devoirs en demandant une rencontre d’urgence à mon client: au téléphone, je l’avertis déjà que j’ai fait volte-face à la campagne qu’il avait préalablement acceptée (!), que j’ai recommencé «on scratch » et que j’aimerais leur présenter cette campagne version 2.0. Arrive la rencontre, mon concept est audacieux, surtout dans sa réalisation, le client n’est pas très rassuré : on est loin du traditionnel, il n’est pas tout à fait habitué à ça… Mais qu’à cela ne tienne, il embarque. Ça sera génial, je lui prédis. Pour des raisons internes, la campagne fut remise à plus tard. Dernièrement, je tombe sur une campagne d’un produit de calibre internationale avec… la même stratégie que j’avais proposée, version 2. Pas les mêmes slogans ni la même plateforme graphique, mais l’idée première est intégrale. Et comme ce produit est mondial, il aura beaucoup plus d’impact médiatique que le mien. Me voilà encore aux prises avec mon dilemme préféré… jamais deux sans trois, passons à la campagne 3.0…
CAS #2: Totalement dans un autre ordre d’idées, il y a quelques jours, je rencontre des clients pour un déjeuner. Je mène quelques dossiers de front pour eux et je profitais de cette rencontre pour présenter quelques concepts, et des suivis de production. Le déjeuner est sympa, les idées plaisent, et on se laisse sur une bonne note. Plus tard dans la journée, l’icône de mon courrier sursaute sur mon écran d’ordinateur pour m’avertir que j’ai un mail… je l’ouvre, il vient d’une des personnes que j’ai rencontrées le matin même et il dit simplement : « Juste bravo et merci pour tes idées géniales. C’est un privilège de travailler avec toi ». Vendredi après-midi, la broue dans le toupet, mais un rayon de soleil crève mon écran. Que quelqu’un prenne la peine de m’écrire un si joli mot, alors que moi, je ne fais que mon travail, est complètement extraordinaire. Je sais que je n’exerce pas nécessairement un métier indispensable, ni un métier noble comme m’occuper de gens dans le besoin, mais beaucoup de mes clients le font. Et si, par extension, j’aide ces clients à réaliser leurs missions, donc, je participe, un peu, à leurs succès. Dans les deux cas exprimés, j’ai pourtant fait la même chose : créer ce que je pensais être le plus pertinent pour mon client. Je le fais toujours avec intégrité et professionalisme. Si vous voulez du vrai, vous savez où me trouver.