Comprendre comment naissent les modes.
Avant de lire ce billet, regardez le vidéo au complet. Il permet de comprendre en l’espace de trois petites minutes, les notions d’« Early adopters » ou de « Trendsetters » (consommateurs précoces ou de première ligne) par qui un produit, une mode ou une tendance naît avant de se propager à un plus large public. Chacun des premiers protagonistes a une importance capitale. Les premiers mecs (danseurs 1 et 2) représentent exactement, à leur manière, des initiateurs. Ils ne sont pas nécessairement exceptionnels sinon qu’ils sont à l’avant-garde. Ils sont, à la limite, un peu weird. Les gens qui partent des modes sont des êtres la plupart du temps perçus comme marginaux. Perception pas tout à fait fausse. Ce sont des personnes qui ne veulent pas faire comme les autres, avoir leur propre style, se noyer dans la masse n’est pas leur tasse de thé. D’ailleurs, les « Early adopters » quittent le navire avant même que celui-ci se remplisse de marins. Il sont à la recherche d’une nouvelle tendance. Sur le vidéo, le personnage qui illustre le trait d’union entre le consommateur précoce et la masse est le troisième mec. Celui-ci, même s’il se retrouve dans les premiers danseurs, ne peut être considéré comme un leader, mais il est indispensable dans la création d’une tendance : il est le consommateur moyen et conservateur. Il donne son consentement à ce nouveau produit, « je pense que cette mode est cool, suivons là! » À partir de ce moment, c’est une traînée de poudre. La masse de personnes qui accourent suit la mode. C’est plutôt assez rassurant de suivre une mode. On fait partie d’un groupe. Un groupe à qui on aime s’identifier, qui partage nos visions, nos valeurs. Ce qui est intéressant à observer, c’est notre première perception par rapport à ce vidéo. Selon nos valeurs, le premier mec qui danse peut être à la fois un malade ou un tripeux, mais avouez ne jamais l’avoir pris au sérieux, capable de lancer un mouvement de la sorte. C’est pour ça que le troisième danseur est le diffuseur de cette mode. Il représente monsieur et madame tout le monde et n’est donc plus considéré comme marginal. Cette mode a fonctionné. Ce n’est pas toujours le cas. Combien de modes meurent dans l’oeuf? C’est pour cette raison que le premier danseur sera toujours considéré comme une bebitte à part. Parce que s’il n’a pas reçu le feu vert de la majorité, il sera considéré comme un weirdo parmi tant d’autres, mais surtout pas un leader. Pourtant…
via le blogue de Seth Godin
P.S Pour les amateurs de musique, la chanson est Unstoppable de Santigold – Excellent album, en passant!
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La connerie, on peut en mourir.
Dans un récent billet, Patrick Lagacé, journaliste et blogueur à La Presse, proposait une réflexion sur le Car Surfing, ce téméraire jeu (!) qui consiste à s’agripper au toit d’une voiture et de tenter d’y rester pendant qu’elle roule. Un jeu insignifiant, certes, qui a coûté la vie de Kevin Ducharme. En lisant une histoire d’horreur de la sorte, ce qui étonne est toujours le manque de jugement que l’on attribue aux acteurs d’une telle sinistre mise en scène. À quoi pense un individu, ou à quoi il ne pense pas devrait-on se questionner, quand il commet un geste aussi intrépide et stupide que celui-là. Avouez qu’on a le jugement rapide. On traite de morons assez rapidement, les protagonistes d’un tel geste. On se dit que faire une chose pareille est impossible sans être sous l’effet d’une drogue quelconque. Impossible de faire un tel acte débile quand on est sain d’esprit. Impossible. Nos conclusions sont drastiques. Et puis, tout à coup, une petite voix intérieure tousse. Retousse. Un toussotement pour nous rappeler que pour juger une personne sur un acte comme celui-ci, il faut peut-être se regarder un peu plus profondément avant d’émettre des conclusions. Si on n’a pas déjà, nous aussi, fait une stupidité de la sorte. Ma petite voix intérieure ne s’est pas dérhumée pour rien. Fin des années 80. Alors étudiant à Montréal, à peine majeur, j’ai fait une connerie du même genre que Kevin Ducharme, mais la mienne sans les mêmes conséquences. En sortant du métro, j’avais remarqué que certains jeunes s’accrochaient aux portes extérieures de celui-ci, déposant leur pied sur le mini porche afin de rouler, comme sur un skateboard, quelques mètres et de débarquer par la suite. Je trouvais ça cool. Je sais que c’était con de trouver ça cool, mais à 19 ans, c’est difficile de faire la part des choses. Un soir que je sors du métro avec des amis, dans mon cerveau deux fils se sont touchés : moi aussi, je serai un adepte du métro surfin. Sans penser une seule minute aux conséquences, je m’accroche, les bras en pleine extension au cadre de la porte, puis, place mes deux pieds un en avant de l’autre afin d’épouser la petite plateforme et de m’offir une assise confortable. Le métro prend rapidement de la vitesse. Plus que je ne le pensais. Alors que la plupart des jeunes observés auraient déjà lâché leur monture mécanique, je reste crampé sur la mienne. La peur? L’inconscience? Je ne saurais dire. J’ai déjà roulé la moitié de la station. La vitesse de croisière du métro a cessé d’augmenter et a atteint celle de croisière : très rapide. J’entends mes amis sur le quai. Ils sont estomaqués. Ils n’ont jamais eu le temps de me dire que j’étais con de faire un truc pareil. Ils doivent aussi se demander s’ils seront capables de me le dire. Dans ma tête de linotte, la petite boule qui me sert de cerveau comprend enfin qu’elle doit faire réagir des membres qui semblent paralysés par la peur. Dans ma tête, à une vitesse plus grande que celle du métro, les choix ne sont pas légions : 1) je me cramponne et tente de tenir le coup jusqu’à la prochaine station avec tout ce que cela comporte : perte de pied et glissade, rétrécissement de la rame empêchant mon corps de passer, barrière à l’entrée de la prochaine station provoquant un dédoublement de mon corps… 2) Sauter du train en marche, avec les conséquences que ce geste propose : glissement entre la rame et le wagon, mauvais calcul des distances me séparant du mur final ou finalement frapper un passant qui attend le prochain train. J’ai peur. C’est à ce moment même que tu te rends compte de l’absurdité d’un tel geste. Je suis à jeun. Sans drogue ni alcool. Uniquement de l’adrénaline de moron dans les veines. Je regarde la céramique du plancher et la surface est opaque, à la vitesse ou je vais le sol est solide, je ne distingue plus les carreaux et plus ou moins la hauteur. Je lâche prise en tentant de courir afin de rattraper la vitesse du métro. Sur une photo-finish, on pourrait croire que je me prends pour un personnage de bande dessinée qui court dans le vide. Au premier contact du sol, j’ai effectué un vol plané d’un bon 3 mètres. J’ai atterri sur le ventre, comme un surfer qui tombe de sa planche. Mon genou est en sang, mon coude aussi. Mes écouteurs sont toujours sur ma tête. Et je tremble. Et je ris. Mais je ris jaune. Comme mon Walkman Sony qui gît à quelques mètres de moi, inerte. Je suis toujours vivant. Mes amis accourent, non pas pour me féliciter, mais pour me dire que je suis un con. Mais un con vivant. Ce fût la fin d’une carrière naissante de gestes stupides. Je n’ai plus jamais joué aux matadors. Les rêves que j’ai eus, à la suite de ce périple, se sont avérés des cauchemars avec des conclusions pas mal plus dramatiques que celle à laquelle j’ai eu droit. Pendant plusieurs années, j’ai raconté cette anecdote, en riant. Plus maintenant. J’aime à dire que je suis un vieux con, mais j’ai déjà été aussi un jeune con. La connerie a ça de bon. Ça évolue.
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crónicas de barcelona – parte cinco et ultima
Le retour. Alors que beaucoup de gens sont heureux de revenir d’un voyage, je suis plutôt de ceux à qui les retours font mal. J’ai la racine facile. Je m’habitue très rapidement aux endroits que je visite. Je refais mon nid sans effort. C’est la grande différence entre visiter une ville et tenter d’y habiter, ne serait-ce qu’une courte période. Le touriste veut voir, moi, je préfère y vivre. Que dire sur Barcelone qui n’a pas été encore dit? Le sentiment personnel que j’ai eu par rapport à cette ville est la notion de tolérance. Barcelone transpire la tolérance. C’est avant tout une ville jeune. La moyenne d’âge des gens recontrés était souvent près de la trentaine. Cette jeunesse lui donne cet air nonchalant de vouloir se couvrir d’une certaine insouciance. C’est une ville cosmopolite où les barrières raciales sont quasi inexistantes. Ce multiculturalisme se vit au quotidien, mais aussi culturellement. C’est aussi une destination gay-friendly. Beaucoup d’homosexuels ont choisi Barcelone comme ville d’accueil. Ils s’y sentent chez eux. La ville est définivement design. Au niveau architecture, mode et graphisme, la ville est explosive, à l’avant-garde, ouverte et source de tendance – j’ai préparé une sélection de photos qui le souligne bien (aussitôt terminé, je vous dévoilerai le lien…). Je pense que chaque lieu visité dans une vie marque notre façon de vivre, de faire ou de voir les choses si et seulement si on laisse la chance à celle-ci de nous contaminer : Barcelone m’aura donné une bouffée d’air frais au niveau de la créativité. Comme si les bulles du cava provoquait un effet sur mes cellules rachidiennes, un électro-choc créatif qui bouleverserait mes paradigmes, un pompage du coeur au cerveau. Chacun de mes clients me permet, grâce aux honoraires qu’il me verse, de faire des voyages. Chacun de ces voyages me permet de me renouveler. Chaque voyage permet à ces clients de profiter de ces remises à niveau créatives. Un ami m’avait déjà raconté qu’il avait déjà songé à convertir les frais de ses voyages en frais de formation (!). Fiscalement parlant, ça ne tient pas la route; mais créativement parlant, oui. Regarder, observer, comprendre comment les différentes cultures expérimentent, règlent certains problèmes communs est inspirant. Je donne beaucoup de latitude aux pays que je visite. Je tente de ne jamais juger, avec mes yeux de Nord-Américain, des solutions qui ne le sont pas. Il faut connaître un pays, sa culture, son histoire avant d’être en mesure de juger de la pertinence ou de la disconvenance d’un résultat. Ça explique peut-être pourquoi, je suis la plupart du temps contrarié par des formules nombrilistes du genre : « nous sommes THE reference! ». Nous sommes très forts là-dessus, au Québec. Nous aimons nous autoproclamer les meilleurs dans tels ou tels domaines. Je suis très critique par rapport aux peuples qui se comparent à d’autres, en plaçant ses solutions comme les meilleures sans tenir compte des contextes sociaux et historiques. Chaque personne étant unique, chaque personne étant si subtile, il est tellement audacieux de comparer une seule facette alors que nous sommes composés d’un tout si complexe. C’est la conclusion de ces chroniques barcelonaises. Retour au boulot. Vale! Vale!
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crónicas de barcelona – parte quatro
Trempalavette ou Traviata, c’est selon.
Nous sortons à l’instant même du Palau de la Musica Catalan où nous avons assisté à la Traviata, l’opéra de Verdi, interprété par l’Orchestre Nationale de Rome. Beau spectacle. Quelle salle! Mais quelle chaleur! J’imagine que l’on a voulu épargner les cordes vocales de ces virtuoses en laissant la climatisation à off, mais bordel qu’il faisait chaud. Le spectacle était magnifique. Cette salle est époustouflante. Difficile de garder ses yeux sur le spectacle, tellement il y a de choses à regarder architecturalement parlant. J’ai lu que la sonorité n’y est pas très bonne… J’avoue ne pas avoir remarqué. Comme 95 % des gens qui ont applaudi à tout rompre le spectacle d’ailleurs. Et ça nous a fait marrer. Ça nous a rappelé le débat complètement débile qui se déroule chez nous. Nous sommes au Palau de la Musica, l’une des plus belles salles d’Espagne (et peut-être d’Europe) et le son n’y est pas à son top. Qui s’en plaint? Peu de spectateurs en tout cas. Et c’était plein à craquer. Contrairement à bien des spectacles chez nous…
Pendant que l’on jouait du soulier sur le plancher de danse, c’est au cul de certains que le mien aurait atterri.
Hier, soirée Flamenco au Tableo Cordobes (une suggestion de Claire, merci!) – comme le spectacle de Ojo de Brujo était annulé, nous avons opté pour un plan B pour un spectacle de Flamenco. Nous sommes super bien tombés. Petite salle. Excellents danseurs, guitaristes et chanteurs. Un flamenco sale. Avec des cheveux gominés et barbes fortes. Excellent spectacle. MAIS. Bordel de merde que les gens autour parlaient. Une vraie maladie. Y avait des enfants partout qui parlaient, souvent plus fort que les chanteurs. Les parents, tout près, ne disaient rien. J’ouvre ici une méga parenthèse en forme de caillou dans la mare : je trouve que les européens, plus spécialement les Espagnols donnent une latitude sans limites à leurs enfants. Hier, c’était à la limite du tolérable. On ne parle pas de quelques rires espiègles; on parle de hurlements, de chicanes; quand deux des chanteurs regardent les enfants en se demandant où sont leurs parents (juste à côté, souriant, la vie est belle!), il y a de quoi se poser des questions. Je parle souvent de respect dans ce blogue. C’est une vertu que j’essaie de pratiquer. J’ai appris à mes enfants à respecter les autres. Que leur liberté se termine où celles des autres commencent. Alors que chez nous, on vit une certaine mode de l’enfant-roi, ici on parle plutôt de tolérance abusive. Hé! Ho! Un enfant se remet vite de recevoir un « non » dans la vie. Ça lui permet de se rendre compte qu’il existe des limites. Et que ce n’est pas à lui de les décider. Bon, le vieux con a fini de péter sa coche.
Pif Paf Pouf.
Vu que j’ai ouvert une parenthèse critique, dans le sujet précédant, continuons dans la même veine. Le 23 juin, alors que l’on fêtait au Québec la Saint-Jean-Baptiste, ici les festivités de la San Juan se mettaient en branle. Toute la nuit, les jeunes fêtent sur la plage. Il y a des activités d’organisées un peu partout. À l’improviste. J’ai assisté à une fête de quartier avec tam-tam et djembé africain, et ce, complètement par hasard. Partout dans la ville, les pétards sont à l’honneur. Avis aux cardiaques : évitez Barcelone, la veille de la San Juan. Je ne me souviens pas avoir eu autant le coeur qui débat. À chaque coin de rue, dans chaque parc, un pétard était lancé. C’était apocalyptique! – près des terrasses, en prenant un verre tranquille, des enfants (accompagnés de leur parents (!!!) lançaient des pétards aux passants. On ne parle pas ici de petite pétarade… Un boom qui rend sourd quelques minutes. Les pétards avec lesquels on jouait, dans mon jeune temps (en cachette, bien sûr) et dont l’on a interdit depuis la vente chez nous. Je peux comprendre la fête. Les feux d’artifice. Mais, attaquer quasiment des gens… mmm, pas sûr.
Bouffe.
Il ne me reste que 3 jours. Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Au menu : que des crustacés et poissons. Couteaux, palourdes, moules. Rien qui possède des poils. Sans pattes. Qui marche. Que du salin. De la mer.
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crónicas de barcelona – parte tres
Le vin est bon pour le coeur, mais le coeur du vigneron est encore meilleur.
Quelle journée! Lundi, nous étions attendus à Vilafranca del Penedès pour une visite privée du vignoble de Parés Baltà. Carl et sa copine Nathalie de l’International Café de Chicoutimi avaient organisé la rencontre pour nous. Arrivés à la gare, nous attendions patiemment la personne qui devait venir nous chercher. Quelle ne fût pas notre surprise en voyant arriver le 4×4 de voir que c’était le propriétaire en personne, Mr Joan Cusiné Cusiné, qui nous cueillait à la gare. Direction Sant Pau d’Ordal, pour casser la croûte chez Cal Xim, histoire de faire connaissance un peu plus. Au menu : anchois, pan con tomate, légumes grillés, ravioli de morilles, thon et deux bonnes bouteilles de Blanca, un cava nommé ainsi en l’honneur d’une des petites filles de notre sympathique hôte. De l’espagnol à l’anglais, en passant par le français et un peu de catalan, la discussion était autant rafraîchissante que notre goûter. Autant nous étions intimidés de rencontrer un tel monsieur, autant celui-ci nous mettait à l’aise en nous racontant son métier, en nous expliquant les valeurs auxquelles lui et sa famille adhèrent depuis des décennies (voire des siècles – le vignoble datant de 1790!). Je n’aurais pas visité une seule vigne et avalé une seule goutte que ma rencontre aurait déjà été complète à simplement écouter ce grand monsieur parler avec fierté de ses enfants, de son travail, mais encore plus de la façon dont il le fait : avec un respect de la terre et des personnes qui l’entourent. De le voir nous expliquer comment frotter l’ail sur notre pain, de nous demander d’ajouter un peu plus de son huile d’olive sur celui-ci, de nous parler de bouffe et du bien être que le vin pris avec modération apporte valait à lui seul le voyage. Après ce succulent repas, nous prîmes la route vers la montagne où habitent presque toutes ses vignes. Le décor était à couper le souffle! En nous expliquant le fonctionnement d’une vigne, Mr Cusiné nous a raconté les cinq éléments primordiaux à la réussite d’un vin : le climat, celui du Penedès est exceptionnel; la terre, la sienne est 100% organique, sans aucun agent chimique, engraissée naturellement par son cheptel de mouton (que nous avons d’ailleurs aperçu traverser la route…); la proximité de la mer, qui assure une humidité qui permet la photosynthèse; le dévouement de ses jardiniers qui travaillent la terre (il fallait le voir s’arrêter tout au long de notre parcours afin de parler à chacun d’eux, avec une attention particulière (allant même à s’excuser de nous faire patienter !) – dans l’auto, il m’a réaffirmé, à quel point ces gens sont importants pour lui…); et, bien sûr, le savoir-faire. Il était inutile d’ajouter le sixième élément qu’est la passion puisque tout au long de notre visite, c’est ce que nous ressentions en buvant… ses paroles. Après nous avoir montré tous les cépages, il nous a grimpé au plus haut des sommets pour que nous puissions avoir une idée plus large de la superbe vallée du Penedès. Retour, tard en fin de journée, pour jeter au coup d’oeil à la cave et déguster cinq vins pour nous donner une idée de la qualité de ceux-ci. Vous dire à quel point nous avons apprécié cette rencontre. Outre le simple fait d’avoir fait une visite instructive, d’avoir eu le privilège de parler avec ce grand monsieur sera selon moi le point culminant de ce voyage. Je parle souvent de bouffe, sur ce blogue. J’adore les artisans qui nous permettent de bien manger, de bien boire, de bien vivre, quoi. Ces gens ont souvent les plus belles valeurs qu’une personne peut avoir : intégrité, passion et respect. Aujourd’hui, cet homme très occupé (on s’en doute!), n’a pas passé huit heures de son précieux temps avec un client, un important importateur de vin ou un grand restaurateur; non, il les a passé avec deux étrangers pour le plaisir de leur faire découvrir sa passion. Je ne pense pas oublier ce grand monsieur de si tôt. Merci M. Joan.
Excès de bagage 2.0
Encore tombé sur une autre librairie spécialisée. Ouin. Et une valise de vin. Rien de moins.
Fête des Pères et Segrada Familia
La semaine passée alors que nous visitions la Segrada Familia, j’ai eu un moment où j’ai eu un flou dans mes lunettes. En regardant les hommes travailler à monter encore ce projet fou de Gaudi, mes pensées sont allées directement vers toi. Tu aurais adoré voir ces hommes travailler. Les voir lisser le ciment. Les voir travailler de leurs mains. Ça t’aurait plu tout ça. Tu avais adoré l’Espagne, et depuis les événements de 2001, tu ne voulais plus voler… par peur. C’est ironique et futile, aujourd’hui, tu ne trouves pas? Quand je suis sur une terrasse, à prendre une coupe de vin, et que je vois passer une jolie Espagnole, je comprends pourquoi tu avais autant aimé ton séjour ici… Bonne Fête de là-haut.
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crónicas de barcelona – parte dos
Pour bien faire, il me manquerait une autre paire de pieds.
Mercedi soir, 23 h 57, dans mon appartement, je regarde mes pieds et me demande si demain ceux-ci auront repris une apparence normale. J’ai les pieds comme ceux de John Merrick dans L’Homme-éléphant. Mon petit orteil ressemble au gros… vous imaginez les autres. Si je prenais l’avion, aujourd’hui, mes pieds devraient être remisés dans le compartiment du dessus, par manque de place sous le siège avant. Nous avons exagéré. Nous avons marché cette ville du nord au sud, d’est en ouest, plusieurs fois par jour depuis notre arrivée. 30 km par jour en sandales, c’est trop. Là le coeur prend sa revanche : hey en bas, je suis capable de suivre, mais pas vous… Sans blague, mes ampoules ont des ampoules. Demain, repos.
Excès de bagages garanti.
Lors de notre arrivée, j’avais remarqué une librairie à deux pas de chez moi. Je ne m’y étais pas tout de suite arrêté en me disant que je le ferais sous peu. Hier, en revenant de la Segrada Familia, nous nous y sommes glissés. Stupeur. Tremblements. Une librairie spécialisée en graphisme! Je suis tombé dans un magasin de jouets. Un obèse dans une chocolaterie. J’y ai fait le tour en promettant d’y revenir avant mon départ. Le lendemain, j’y passais 1 h 30. J’aurai un excès de bagages en livres c’est certain.
Parlant de livres… c’est vraiment une bien mauvaise nouvelle que j’ai reçue du Saguenay, hier. Jiix, mon libraire de bandes dessinées ferme ses portes à la fin du mois. C’est vraiment navrant. Quand une boutique spécialisée de la sorte ferme ses portes dans une grande ville, on peut toujours se rabattre ailleurs, vers une autre. En région, perdre une boutique comme ça, c’est simplement nous faire reculer au niveau de la culture. Aujourd’hui en faisant mes achats dans cette boutique éclectique à Barcelone, je pensais à ces deux jeunes entrepreneurs qui ont tenté et résussi de créer un univers qui n’avait rien à envier aux grandes villes. Stéphane et Patrice, vous aurez réussi à donner de l’éclat à une ville qui en manque bien trop souvent. Merci.
Une mauvaise nouvelle en attire une autre.
Alors que je me demandais, en scrutant le site de la Renfe (le train en Espagne) pour trouver une façon de rejoindre Terrassa au spectacle de Ojo de Brujo, vendredi, j’ai reçu un courriel qui a mis fin à mes recherches. Le spectacle est remis en octobre. Mais moi, en octobre, je n’y serai pas. Fait chier. D’autant plus que je devrai me taper le remboursement, uniquement sur place. Hey, c’est cool de vendre des billets par Internet, mais ça serait autant cool de pouvoir les rembourser de la même façon, les cocos!
Singing in the rain.
Je vous raconte. Dans la nuit de lundi, vers 1hoo, en bobettes, la brosse à dents dans la gueule, je sors sur le balcon pour vérifier le plat dans lequel s’écoule l’eau du système de climatisation. Il est plein. Je fais ni un ni deux et décide de l’envoyer par-dessus bord. Sans regarder. Les deux mecs qui passaient sous mon balcon n’ont pas trop chialé… soit, il faisait très chaud, soit, c’est monnaie courante à Barcelone d’arroser les passants…
Comida – parte duo.
Hier, on a mangé Thaï, c’était très bien : décor, bouffe, service. On était juste trop près de la cuisine. On sentait l’huile à plein nez. Aujourd’hui, poisson. Un peu déçu. Chez Can Mayo dans la Barcelonetta, mon poisson n’était pas à la hauteur, mais la pieuvre était impeccable. Faut dire que la barre était haute pour rivaliser avec mon déjeuner / dîner : au Mercat de La Boqueria, on a réussi à se trouver deux places au bar de Pinoxto. Véritable emblème à Barcelone. Au menu : couteaux à l’huile, calmars aux fèves et ragoût catalanais de veau. 3/3. Service génial. Bouffe plus que parfaite. Et que dire du marché. L’épicurien en moi se rappellera longtemps de ce marché. Finalement en fin de journée, au retour d’un autre marathon de marche, je me suis arrêté chez Gispert, acheter des amandes et des noix de macadam : divin.
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crónicas de barcelona – parte uno
Quand les jambes menent, le coeur suit.
Le jour se levait à peine, ce lundi, que j’enfilais mes Asics pour avaler quelques kilomètres d’asphalte catalan. Quelle sensation. En sortant de Sant Pere Mes Baix pour rejoindre l’Arc de Triomf sur la Passeig de Luis Company, une nuée de pigeons s’est envolée à mon passage. Je tournais un film. Sur la plupart des bancs du parc dormaient encore des clochards. Sur les rythmes de Passion Pit, ma foulée était, ma foi, assez importante. Comme à vélo, je suis ordinairement lent au départ pour ensuite progresser (je commence à être une vieille machine!), mais ce matin, à jeun, mes jambes avaient décidé que mon coeur devait suivre. Après deux tours du parc, j’ai longé la Ronda de Sant Pere pour aller me perdre dans les ruelles, sentir le pain qu’on cuisait un peu partout. Deux petits vieux près d’un kiosque à journaux m’ont salué. Mes chaussures flottaient sur le vieux pavé. Ma tête, elle, dans les nuages inexistants de ce lever du jour barcelonais. Se perdre, dans ce cas précis, n’était pas une figure de style : après quatre ou cinq détours, je n’avais plus aucune idée d’où j’étais rendu. Et je m’en foutais un peu. Mon coeur avait compris qu’il fallait s’y faire, que c’était les jambes qui menaient. À la sortie du labyrinthe, je suis tombé en terrain plus connu, en apercevant le Mercat Santa Catarina, mon retour était assuré.
Helvetica Rules
J’ai les yeux qui prennent des milliers de clichés à la seconde. J’emmagasine des couleurs, des choix typographiques, des affiches, des pubs et des enseignes qui m’entourent, faudrait que je pense sortir ma caméra quelques fois. J’ai déjà été un photographe (très amateur…) plus fringant, je trouve ça plus lassant maintenant de sortir le kodak. Et ça fait touriste. Je vais quand même tenter de m’y mettre. Ce qui saute le plus aux yeux du graphiste que je suis est l’utilisation massive du Helvetica (la typo) dans les communications de masse de la ville, mais tout autant sur les affiches culturelles. Je savais que le graphisme européen était nettement plus clean que le nôtre, mais pas autant.
Bouffe 2/3
La bouffe. Il est impossible de parler de Barcelone sans parler de bouffe. Notre premier repas fut à Mar de la Ribera. Petit resto sans prétention, réputé pour ses poissons (comme son nom l’indique), recommandé par la guide Michelin. Belle découverte. Produit frais, service impeccable. Les bébés calmars frits étaient succulents (une première pour moi – je le recommande à tous ceux que les calmars rebiffent, les bébés sont moelleux, non résistants sous la dent et très savoureux). La Paella aux couteaux et gambas, tout autant. Notre serveuse avait un sourire communicatif et le vin quoiqu’un peu chaud était bon. Dimanche, dans le même coin, on s’est plutôt fait prendre dans un piège à touristes. Taller de Tapas. Belle facture, belle carte, mais service pourri et bouffe plus qu’ordinaire. Si je pouvais manger des sardines tous les jours, je le ferais. Mais pas celles que j’ai mangées dans ce resto. Si je compare les sardines mangées la veille chez Mar de la Ribera, c’était le jour et la nuit. Je suis rarement le genre à me fier au décor d’un resto, mais là je suis tombé dans le piège. Pas grave. Je survivrai. Aujourd’hui, lundi, un choix près de chez nous, Sikkim, un resto de cuisine-fusion avec un décor et une ambiance très lounge. La bouffe était bien et le service génial. Rien pour écrire à sa mère (de toute façon, elle me lit…), mais quelques saveurs très originales, comme ce ravioli turc (!) à la citrouille, dates, yaourt et cannelle, exquis!
Extra bagage
C’est vraiment dur de remettre le moteur en mode repos. Je suis fatigué. J’ai des poches sous les yeux qui me rappellent que je ne dors pas assez et surtout très mal. Je n’ai pas encore réussi à me mettre en mode vacances. J’y compte bien, à partir de demain. Hasta Luego!
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Cool Le cool.
Je suis à quelques jours de partir en vacances (vendredi). Je prends une pause, histoire de recharger mes batteries. Faire le vide pour mieux refaire le plein, comme on dit. J’ai connu une très grosse année : la mort de papa, la réorientation de carrière… Il me faut me retrouver. Direction Barcelone. Capitale de la Catalone. On a loué, ma copine et moi, un appartement dans El Born, le quartier branché de BCN, à quelques pas du Palau de la Musica Catalana. Au menu : pas d’horaire précis (jamais en voyage!), mais quand même quelques bookings; un spectacle du groupe Ojo de Brujo, une virée au Festival Sonar (le plus grand festival de musique électronique et d’art multimédia d’Europe avec ses prestations jour et nuit… je vais aller voir entre autres Orbital et Moderat (qui passe à 3 h 30 du mat’ !!!!); le festival Esperanzah de musique du monde, où l’on espère la participation de Manu Chao (merci Nathalie P., pour le in); une soirée à l’opéra (la Traviata), histoire de lâcher quelques larmes; une visite VIP au vignoble de Parès Balta dans le Penedès (oui, oui, VIP, rien de moins; c’est ça avoir des contacts, merci Carl!) – et de la bouffe, de la bouffe et encore de la bouffe. Pour un insomniaque, une ville qui ne dort pas est faite sur mesure. Je vais profiter de mon séjour pour regarder ce qui se fait comme graphisme, pub, graffiti, etc. C’est d’ailleurs en prenant contact avec des boîtes de pubs barcelonaises qu’une graphiste de là-bas m’a conseillé quelques musées, des librairies et des expos, mais surtout la merveilleuse idée de me procurer le livre Le Cool qui traitait de Barcelone. Le Cool, c’est une petite maison d’édition farouchement indépendante qui produit des bulletins d’évènements sur ce qui se passe culturellement parlant dans les grandes villes européennes : Amsterdam, Barcelona, Istanbul, Lisbonne, London, Madrid, Milan, Rome font partie du club. Ils ont aussi publié quelques guides de voyage sur les mêmes villes. Attention, pas du genre Guide du Routard ou Michelin, quoique je n’ai rien contre ceux-ci, mais un guide tout à fait délicieux au graphisme génial, aux sujets complètement créatifs et éclatés. Leur promesse : vous faire découvrir les parties d’une ville les plus tripantes en se fiant sur leur propre expérience et celles des gens « in » de la place sans se limiter sur ce que tout le monde veut voir… Ça promet. Je me suis mis d’ailleurs disponible comme candidat pour une interview pour Le Cool : les auteurs veulent sonder leur clientèle, histoire de voir comment les gens planifient les endroits qu’ils veulent visiter. Le Cool cherche à savoir ce que les gens qui aiment sortir des sentiers battus ont dans leur mire quand ils voyagent. Je vous raconterai si la rencontre a lieu. J’ai l’intention de bloguer de Barcelone. J’ai mon portable, ma caméra, un carnet pour griffonner et plein de bonnes intentions. Mais je ne vous promets rien. Comme dans les dessins animés, j’ai toujours un éternel combat au dessus de ma tête entre l’ange et le démon, mais rarement le dernier cède sa place. Procrastination est le mot d’ordre. Surtout en vacances. Le Cool va d’ailleurs s’en rendre compte assez vite. Surtout si je décide de ne pas me présenter à mon rendez-vous…