Cessez d’innover.
Pourquoi vous casser la tête à tenter chaque jour de vous renouveler et de vous réinventer. Ç’est trop compliqué. Et surtout inutile. Copiez. C’est la façon la plus économique de progresser dans ce bas monde. Laissez aux autres les tracasseries créatives, les nuits blanches, les essais infructueux. Stop. Ne vous embarrassez pas du concept de recherche et développement, laissez ça aux autres. Allez-y pour du sûr, du concret, du roc. Allez-y pour la facilité. Copiez votre concurrent. Y’a pas mieux. C’est génial! Pompez le jus d’un autre est une source commode d’évoluer à peu de frais. Vous n’êtes pas le premier? Qui s’en soucie? Ne vous laissez pas impressionner par les beaux parleurs qui vous disent qu’il vous faut innover pour survivre. Ces beaux parleurs qui vous disent de ne pas vous arrêter d’améliorer votre produit. Fiez-vous à moi. Stop. Arrêtez tout ça. Vous voulez des arguments irréfutables pour vous convaincre? Les voici :
1. Tout a été inventé. Voyez la réalité en face et cessez de chercher, il est impossible de créer quoi que ce soit de nouveau. La cour est pleine. Prenez le domaine musical par exemple, les artistes l’ont compris rapidement en cessant de créer du matériel original et en se lançant dans la reprise; ça c’est du concret, du sûr et en plus si c’est téléchargé, on s’en fout ce ne sont pas leurs droits d’auteur à eux.
2. Si c’est bon pour les autres, ça le sera pour vous aussi. Regardez votre concurrent et analysez ses produits, prenez ceux qui les distinguent de vous et faites de même. C’est génial. Simple et économique. Mon restaurant de sushi préféré (Temaki, rue racine) a créé une pizza sushi (galette de riz, mayo, poisson), qui est un délice; son concurrent (pas en qualité, je vous assure) plus loin sur le boulevard Talbot en fait lui aussi maintenant! Super! Génial! Pourquoi pas? Recherche et développement : 0. Investissement : 0. Que du plus. Du positif. Du concret.
3. Les gens adorent qu’on les prenne pour des cons. Surtout les consommateurs. C’est connu, le consommateur moyen comme vous et moi est un idiot. Il ne sait pas faire la différence entre un truc original et une copie. Au Québec, on adore le réchauffé, les reprises, les concepts européens ou américains remâchés, mais encore plus les concepts de nos voisins directs. N’est-ce pas génial? N’est-ce pas ce que l’on veut entendre comme commerçant? Imaginez toutes les avenues qui s’ouvrent soudainement… On vous attribuera le mérite de concepts empruntés… et ça ne vous coûtera rien pour le développer! S-U-P-E-R!
4. Pourquoi risquer de se tromper. Personne ne veut perdre son temps et son argent à essayer des nouveaux trucs. C’est trop risqué. Ça pourrait ne pas fonctionner. Imaginez l’opinion publique. Ce qu’on dira sur vous. Le plaisir de l’un, c’est d’ voir l’autre se casser l’ cou disait Leclerc. Laissez aux autres le gambling créatif. Sauvez votre mise. Passez go et réclamez 2oo$. Sans investissement.
5. On est les meilleurs. Dans tout. Il faut arrêter de se voir petit. Nous sommes Big. Faites le tour du monde et vous verrez que nous sommes au dessus de la pyramide. Les gens nous envient. Et quand on les meilleurs au monde, on n’a aucune raison valable de s’améliorer. À la limite, c’est quasiment insultant pour les autres si on décidait de rehausser la qualité de nos produits. Peut-on améliorer l’excellence?
Vous vous sentez plus rassurés maintenant? Parfait. Super. Imaginez tout le temps que je vous ai fait gagner. Maintenant, ce n’est pas tout. Il faut rester vigilant. Vous êtes peut-être encore fragile. Si l’envie de vouloir réinventer le monde vous revient, prenez une grande respiration, allez vous louer la reprise d’un vieux classique du cinéma (pas l’original, c’est même pas en HD!!) et relaxez. Vous verrez, ç’est difficile au début, mais vous serez convaincus des bienfaits de cette nouvelle philosophie quand vous verrez vos concurrents copier votre style de gestion.
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On a les clients que l’on mérite.
J’aime beaucoup Seth Godin. J’ai lu tous ses bouquins et je consulte régulièrement son blogue. Ses billets sont souvent très courts, incisifs et toujours matières à réflexion. La semaine dernière, un de ceux-ci affirmait « Choose your costumer, choose your future » et suggérait fortement aux organisations de mieux choisir leurs clients. Les entreprises qui décident de passer la gratte en visant le plus grand nombre de clients possible, qu’importe leur provenance ainsi que leurs valeurs font une grave erreur. Selon lui, ce sont vos clients qui définissent ce que vous faites, comment vous le faites et le vendez. Cette clientèle qui décide aussi du prix de vos services. Donnez-vous comme stratégie de viser une clientèle infidèle et revendicatrice et elle fera tout en son possible pour vous négociez et être toujours déçue de vos services; au contraire, courtisez des clients intéressés, compréhensifs et allumés, donnez-leur ce qu’ils veulent et vous réussirez à établir un dialogue qui améliorera la qualité de votre produit ou de votre service et par le fait même votre relation avec eux. Pas facile de « refuser » des clients me direz-vous; mais c’est peut-être le prix à payer pour avancer et mieux servir ceux que vous choisissez. Pour faire du pouce sur ce billet, mais surtout renforcer l’idée que de choisir ses clients comporte des avantages compétitifs extraordinaires, l’étude « L’entreprise infidèle » de Léger Marketing démontre que la plupart du temps, ce sont les clients qui se sentent trahis par leurs commerces préférés et non l’inverse. « Dans la réalité, les clients veulent être fidèles. La fidélité leur apporte de nombreux avantages : elle leur épargne du temps, atténue les risques et leur facilite la vie, écrit Serge Lafrance, vice-président du marketing de Léger Marketing. » C’est normal. Prenez par exemple vos propres habitudes alimentaires : vous avez une épicerie préférée, située dans un rayon pas très éloigné de chez vous, un service courtois et des produits tels que vous les aimez; vous n’avez aucune raison valable d’aller voir ailleurs. Même si l’offre des concurrents peut, de temps en temps, vous sembler plus alléchante, le fait de changer de place, d’aller plus loin, de risquer de ne pas trouver ce que vous cherchez fait que le prix ne sera pas nécessairement un élément pour causer une infidélité au commerce élu. C’est plutôt votre épicier qui décidera de la date de votre départ de son commerce. Ça commencera par un manque flagrant de service aux caisses ou un boucher moins courtois qu’à l’habitude, une absence aléatoire de vos marques préférées, des problèmes de stationnement, etc. Bref, plein des petits trucs, souvent rien de majeur, qui vous forceront à regarder pour une alternative meilleure. Même si vous n’en aviez aucunement l’envie au départ. Même si ce n’était pas votre but premier. On vous y pousse. On vous dit : hey! on veut plus de toi ici! Voici grosso modo ce qui fait fuir un consommateur, toujours selon l’étude de Léger Marketing : l’irrespect, l’incohérence, l’indifférence et l’incompétence. Ça vous rappelle de mauvaises expériences comme consommateur? « La quasi-totalité, soit 96 %, des consommateurs insatisfaits ne portent pas plainte. Ça ne les empêche pas de se sentir trahis. Et de le dire à leur entourage : un client insatisfait en parlera en moyenne à 13 personnes. » Si l’on choisit mieux ses clients, pour qu’ils nous ressemblent un peu plus, les chances de les trahir sont moins grandes puisque les éléments qui vous rapprocheront l’un de l’autre seront basés sur des manières de faire similaires ainsi que des valeurs partagées. On a moins de chance de décevoir des clients qui nous ressemblent.
> L’entreprise infidèle, Léger Marketing, Éditions Transcontinental, 2009.
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25% de rabais sur mes idées?
L’autre jour à mon bureau, je reçois une enveloppe débordante de coupons-rabais. Vous savez le même genre que celles que l’on reçoit à la maison, remplies d’offres de McDo, PFK, l’Actualité, etc.; le genre Primes de Luxe (ça existe encore?). La seule différence avec la version maison du cadeau-surprise reçu était son contenu : que des commerces régionaux offrant des rabais, des 2/1 et des gratuités. L’idée, même si elle n’est pas nouvelle, a fait ses preuves dans certaines sphères d’activités et permet à des entreprises de se faire connaître tout en attirant une clientèle nouvelle. Ce n’est pas une fin en soi et peut créer de nouvelles relations pas nécessairement construites sur les meilleures bases, mais bon. Jusque-là rien d’anormal. Mais voilà que je tombe sur une feuille vantant un professionnel (?) du domaine du web qui annonçait un rabais de 1000 $ sur une conception de site internet à 5000 $. Heu. Re-heu. Je ne comprends pas. Et je suis plutôt mal à l’aise avec le principe. Pour plusieurs raisons. Premièrement, comment peut-on évaluer qu’un site internet coûtera 5000 $ ou 10 000 $ quand on n’a aucune idée du client/projet/mandat, ni de sa complexité. Deuxièmement, en rapport avec mon premier point : comment peut-on offir un rabais de 1000 $ sur un truc que l’on n’a pas évalué? Bullshit. Mon troisième et plus important point par rapport à cette façon de faire est la notion difficile de cohabitation avec promo et professionnalisme. Je n’ai pas trouvé dans l’enveloppe un 10% de rabais d’un brillant cabinet d’avocat applicable sur ma prochaine négociation difficile. Ni de comptable prêt à réaliser mes rapports de taxes au rabais – payez un trimestre à plein tarif et le second à demi-prix!… Encore moins d’un psychologue ravi de me parler de ses 7 séances pour le prix de 5. Professionnalisme. Un client qui débarque chez moi, ne le fais pas parce que je suis en vente pour le mois, ni pour bénéficier du mois du logo. Il le fait pour des raisons professionnelles : il aime ce que je fais ou on lui a dit du bien de moi, et pense que son entreprise peut bénéficier de mes conseils. Point à la ligne. Ne cherchez pas ailleurs. Je m’imagine mal un client venir me rencontrer avec son coupon dans la main qui lui donne un rabais de 25 % sur sa prochaine campagne. Quand j’ai créé Traitdemarc, il y maintenant deux ans, on avait parlé de moi dans le journal Le Quotidien et le journaliste avait repris une phrase que je lui avais dite : «… une bonne idée ne coûte pas nécessairement cher… ». Dans la semaine suivante, j’avais reçu un appel d’un client potentiel intéressé à me rencontrer. Pas parce que je travaillais bien, mais bien parce que dans son esprit, «…mes idées ne coûtaient pas nécessairement cher… » Lors de l’analyse de son dossier, j’ai vite réalisé que mes honoraires ne lui conviendraient pas. La notion d’honoraires dans une boîte de création n’est pas coulée dans le béton et est plutôt élastique et malléable dans mon cas. Si certaines boîtes travaillent à l’heure, je préfère de loin travailler au mandat. Si certains de mes clients bénéficient de privilèges que d’autres n’ont pas, d’autres, par contre, ont droit à des conseils qui n’apparaissent pas nécessairement sur leur facture. Si certains m’emploient à la pièce, d’autres ne jurent que par moi. Ma clientèle est aussi diverse que les façons dont je peux m’occuper d’eux. Mais tous ont un point commun : ils m’ont choisi pour ce que je pouvais leur apporter, pas pour un rabais quelconque.
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Merci Alain D.
Je déguste un verre de vin rouge d’Italie alors que dans les écouteurs sur mes oreilles résonne un air de France. La larme à l’oeil. J’ai le goût de me plaindre. De chialer. Ça m’arrive quelques fois par année. Bien installé à revisiter Nougaro, Reggiani, Montand, Renaud, Brel et Ferré. Aucun Anglais. Désolé. La musique « nostalgie » pour moi, c’est la française. Les sentiments profonds sont réservés à sa langue maternelle. Point. Si j’avais la possibilité de « tagger » les chansons qui me frisent les oreilles et me frétillent le coeur présentement, j’y apposerais les mots-clés : « solitude », « amour », « passion », « tristesse », etc. Mais en bold et majuscule, le mot « SOUVENIR ». J’avais 16 ans, jeune étudiant au Cégep de Chicoutimi, quand j’ai rencontré Alain D. Un prof de Français hors-normes qui donnait le cours de chanson française. Le genre de cours complémentaire qui ne sert à rien pour 90 % des étudiants. Et tout pour 10 % des autres. Surtout. Parce que c’est ça la Vie. Avec un grand V. Cette vie remplie de cours obligatoires plates, mais tout autant de cours complémentaires qui vous font ouvrir les yeux, qui changent votre vie et transforment votre personnalité. Alain D. donnait ce cours et un autre de cinéma, tout aussi « inutile », à des enfants que nous étions, à l’époque, malgré notre presque majorité. Nous, nous nous pensions des adultes. Sans penser que l’être était plutôt plate. Alain D. avait surtout une passion pour la musique. Une grande passion. Pour tous les genres musicaux. Avec un certain recul et avec l’âge surtout, on se rend compte que ce sont les grands événements de la vie qui forgent nos existences, bien sûr, mais ce sont les détails de celles-ci qui font que l’on passe au travers ou pas. Les petits détails qui font la grande différence. Ces minuscules déclics qui nous ouvrent une porte, qui nous font découvrir des joies, amoindrir ou contrôler des peines. Dans cette classe du Cégep de Chicoutimi, ce mardi 13 septembre 1983, aux premières notes de Ferré qui chantaient « Avec le temps », ma personnalité acquérait une nouvelle facette, ma vie changeait. À jamais. Tout à coup, les mots prenaient une place importante dans ma vie. Leurs sens encore plus. Les paroles de ces chansons me frappaient de plein fouet. Ces mots que je cherchais depuis mon adolescence pour exprimer mes grandes tristesses/joies prenaient forme et exprimaient un état d’âme jamais dévoilé. Je n’étais plus le seul à souffrir. Ces mots que j’allais écrire dans des cahiers seraient ma providence. Je me souviens aussi d’une cassette (audio, pour mes plus jeunes lecteurs!) enregistrée (illégalement – ironie!!!!) par ce prof avec des chansons imprimées à vie dans mon cerveau, dans le temps que l’on ne téléchargeait pas la musique, mais la copiait sur un autre support plus mécanique (c’était si différent? Non.). Cette cassette que j’ai encore. Cette cassette qui est la graine de mon amour pour la chanson française. Qui m’a poussé à en écouter encore plus. Qui m’a donné le goût des mots. Qui a forgé un peu, qui je suis aujourd’hui. Alain D. et vous les autres enseignants passionnés, j’espère que vous savez, sinon je vous le dis, que vous changez des vies! Vous avez la chance de faire naître des passions chez de jeunes gens. De les faire éclore. Alain, je ne te l’ai peut-être jamais dit quand je te croise chez Archambault ou ailleurs, mais tu m’as appris à pleurer sur des paroles tellement belles. À pleurer et peut-être crever des abcès profonds. Et tu as changé ma vie. Pour le mieux. Ce n’est pas rien. Merci.
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Les clients de mes clients sont mes clients.
Appelons ça la chaîne alimentaire de la vente. Comme si A voulait bouffer B et que B bouffait C. Faut qu’A sache à quoi goûte C s’il veut comprendre ce que B recherche comme expérience gastronomique. L’erreur la plus souvent commise lors de l’analyse des besoins d’un client est de négliger de s’intéresser… aux clients de ses clients. L’autre jour, je me retrouve dans un restaurant (qui n’est pas client chez moi) et jette un oeil au menu. Pour manger, oui, mais aussi parce que le design de celui-ci avait retenu mon attention. Assez du moins pour le regarder autrement que par mon unique oeil de consommateur. En fait, son design était tellement intéressant que je me disais… qu’il ne représentait pas du tout le restaurant dont il énumérait les plats! En analysant la chose, j’arrivais à la conclusion que finalement ce n’était pas son esthétisme qui m’attirait, mais sa non-pertinence. Ce menu n’avait tout simplement pas sa place dans ce restaurant. Pas que le restaurant était trop banal. Pas du tout. Mais, en faisant un tour aléatoire des tables et en n’en analysant rapidement ses clients, le menu ne s’adressait pas une seconde à eux. Encore là, ne voyez pas dans cette analyse rapide, un certain snobisme; comme si un quidam, consommateur moyen, était incapable de juger d’un graphisme de grande qualité. Le problème majeur du menu consistait avant tout à ne pas être en symbiose avec sa clientèle et l’offre du restaurateur. Et la je me suis à fabuler sur la façon dont le restaurateur avait pu se se faire concevoir un truc si loin de sa personnalité. Imaginons deux scénarios possibles. Scénario #1 – Le restaurant appelle une boîte de graphiste et lui demande de lui produire un menu. Le graphiste produit un truc vraiment cool, sans penser une seule minute que le produit ne colle pas au client et espère être capable de l’inscrire dans un concours de graphisme. Le client est content, il trouve ça vraiment beau. Tout le monde est content. Le client et le graphiste. Les clients du restaurant? Bahh. Scénario # 2 – Le restaurant appelle une boîte de graphiste et lui demande de lui produire un menu. Le graphiste consciencieux analyse les besoins du client, sa clientèle, ses compétiteurs et arrive à un menu qui sied parfaitement au genre du restaurateur. Mais celui-ci n’aime pas ça. Il pensait recevoir une proposition plus recherchée, plus trendy, plus haut de gamme. Le designer argumente. Ses recherches, son analyse, ses connaissances ont un poids énorme, mais le client tient mordicus à une présentation plus prestigieuse. L’artiste plie l’échine. Aucun argument ne tiendra. Il retourne au travail et présente un menu totalement hype, sortie directement du catalogue annuel des meilleures pièces en graphisme de 2012. Le client est euphorique. Il a son oeuvre d’art. Laissant le graphiste dans ses sombres pensées : la joie d’avoir réussi une pièce géniale qui aura une place d’honneur dans son porte-folio et la déception intérieure de ne pas avoir répondu correctement à son mandat initial. Je ne dis pas qu’il faille niveller par le bas. Que l’on ne doit pas éduquer d’une certaine façon le consommateur à suivre les courants du design. Qu’on ne doit pas sortir du lot. Non. Je dis qu’on se doit d’être encore plus créatif afin de mieux cerner le mandat qui nous est donné et de livrer un truc qui colle encore plus à son client. Point. Parce que l’on aime tous ça bien paraître hein? Même si ça ne nous ressemble pas. Prenons mon cas. J’aurais beau porter un complet-cravate, on n’y croirait pas. Non pas parce que je ne suis pas capable, mais ça ne collerait pas à ma personnalité. Ça fait de moi quelqu’un de moins intéressant? Incapable de réaliser des trucs plus sérieux. Non. D’aucunes façons. Moins qu’un restaurant qui a un menu qui ne lui convient pas.
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… Et si je n’étais qu’un tremplin?
La semaine dernière, je faisais une présentation d’un concept pour un nouveau client et cette rencontre m’a fait allumer sur un truc qui se répète très souvent lors de mes meetings client. Je vous décris la scène. Comme toutes les fois où je fais une prestation, le préambule est très court; je ne fais jamais de speech qui vend ou explique le concept avant son dévoilement pour deux raisons : la première est que lorsque ce concept aura à se battre seul sur une tablette/mur/radio/télé je ne serai pas à ses côtés pour le défendre, l’expliquer ou le traduire… deuxièmement, les arguments émis d’avance sont à mon avis pour justifier son axe créatif. Ce que je préfère, c’est de discuter du concept après son dévoilement. On discute à bâtons rompus de l’idée, on la met à l’épreuve, le client la challenge, je la défends, on la sort de son contexte, bref, il y a une sorte de jeu qui se crée autour de cette idée, un genre de brainstorming qui sert de debreefing. C’est lors de ces échanges que ressortent des idées vraiment intéressantes. Comme si l’idée de base proposée à mon client était un simple caillou que l’on polirait à quatre mains pour en faire une pierre précieuse. Je le répète, mais le client est le seul élément qui fait la différence entre une bonne campagne de pub et une campagne géniale. Il est celui qui décide si on risque un concept hors du commun, ou décide de jouer la carte du déjà-vu plus rassurant. D’où le titre de mon billet. Il arrive très souvent que le client fasse exploser le concept, qu’il lui fasse faire un saut créatif! La créativité n’est pas à sens unique. Ce n’est pas uniquement parce que j’ai comme titre sur ma carte d’affaires, celui de créateur, que je suis LE seul capable d’avoir une idée géniale dans ma relation avec mon client. C’est pourquoi j’ai l’impression de servir la plupart du temps de tremplin pour ceux-ci. Et c’est très bien ainsi. Quand le client s’approprie le concept, il en devient son meilleur défenseur et, surtout, son meilleur diffuseur. L’idée devient la sienne. Si certaines agences voient cette intervention du client comme une ingérence et un déni de leurs compétences, j’y vois plutôt une symbiose très intéressante qui permet d’avancer, exploser et réaliser des concepts géniaux différents et mieux intégrés au besoin du client.
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Vendez votre corps.
Une amie Facebook disait à ses potes via son statut qu’elle voulait se faire tatouer un truc quelque part et sollicitait leur aide pour savoir quoi et où. À la blague je lui ai suggéré de se faire tatouer le logo de son employeur et de se faire verser une commandite. L’idée n’est pas nouvelle et m’a rappelé de vous faire part d’un reportage que j’avais ramassé sur mon agrégateur pour en parler ici. Un jeune étudiant en marketing de Toulouse, Tom French, a décidé de vendre tout son corps à des fins commerciales (son site, AdvertisingHim est disponile, ici). Devenir un panneau publicitaire vivant. Rien de moins. En réalisant ce défi, le français empocherait plus de 100,000 $ (haaaaa, ça te titille, Josée, hein?). Ce qui semble un bluff de l’étudiant pour attirer l’attention (en vue d’une future carrière en marketing…) amène quand même certains à se questionner sur la légitimité d’un tel geste. « Depuis l’abolition de l’esclavage au 19e siècle les corps ne se vendent plus, précise Gianni Haver, sociologue à l’Université de Lausanne.» Ce qui est intéressant dans le reportage, toujours selon French, c’est l’intérêt marqué de plusieurs entreprises pour le projet : une vingtaine d’entre elles auraient même déjà signé et réservé leur emplacement. À suivre. Où à subir, Josée…
>via Nouvo
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Comment les réseaux sociaux démolissent le marketing traditionnel.
Quand c’est bon, c’est bon. Diffusons. Voici une présentation qui explique en peu de diapos comment le marketing tel qu’on le connaissait depuis des décennies vit une révolution qui devrait le changer à jamais. Créée par Thomas Baekdal, un blogueur très intéressant et influent que je vous suggère de lire, cette présentation se veut une courte explication de ce qu’est devenue la relation client/fournisseur. On parle beaucoup de révolution dans le monde des médias, on cite souvent les journaux comme exemple, mais les agences de publicité traditionnelles vivent aussi des changements majeurs. Tant qu’à parler de ce qui est bon et bien fait, visionnez cette conférence que Martin Ouellet de Provokat à Montréal avait faite sur l’avenir des agences, au printemps passé lors d’une journée Infopresse. Son constat est tranchant et je suis tout à fait d’accord avec lui. Les vieux modèles d’affaires sont dépassés. En mettre plein la vue, monologuer, forcer un discours, ne pas écouter sont des paradigmes qui n’ont plus leurs places dans les relations que vit une entreprise par rapport à sa clientèle. Tant que les organisations ne comprendront pas que ce n’est plus ce que l’on dit sur soi qui importe, mais ce que les autres disent de nous, elles seront dans le trouble. Les organisations qui pensent contrôler tout ce qui se dit sur eux sont dans le champ. La bonne nouvelle, c’est que les gens veulent plus d’honneteté et de transparence. Et ça, c’est facile. Faut juste être soi-même. No bullshit.
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S.O.S. Montréal.
Belle initiative que celle de Nelu Wolfensohn, professeur à l’UQAM qui a proposé à ses étudiants de 3e année du baccalauréat en design graphique d’exprimer, par le biais d’une affiche, leur mécontement et celui de la population envers les élus (anciens et futurs) de Montréal. Le résultat est disponible en visitant le site S.O.S. Montréal. Sur celui-ci, nous est expliquée la démarche proposée aux étudiants. « Montréalais, le 1er novembre allez voter! À l’heure du suffrage du 1er novembre, nous, les étudiants finissants du Programme de design graphique de l’École de design de l’UQAM, nous nous mobilisons pour exprimer en images la situation difficile dans laquelle se trouve la Métropole depuis plus de 30 ans. Nos affiches n’appuient pas les plateformes électorales des partis municipaux en lice pour le pouvoir, mais reflètent les vraies convictions et inquiétudes d’une cinquantaine de jeunes créateurs. Il ne s’agit donc pas de prendre position pour un politicien ou pour un autre, mais de faire connaître le point de vue personnel de chacun d’entre nous face aux problèmes récurrents à la Ville de Montréal. À une époque où on impute à la jeune génération son manque d’intérêt pour la vie politique, nos affiches sont un cri du cœur qui sonne l’alarme et veut réveiller. Montréalais, le 1er novembre allez aux urnes! Allez voter pour Montréal! » Même si les travaux réalisés par les étudiants ne sont pas tous géniaux, ils ont la grande qualité d’avoir réussi en peu de mots et d’images à illustrer des opinions diverses. En terre nord-américaine, nous ne sommes pas très habitués à ce genre de réalisations : l’affiche politique comme porte-étendard d’une opinion ou d’une prise de position sur un sujet précis n’est pas tout à fait ancrée dans nos moeurs. Et c’est bien dommage. Les pays d’Europe de l’Est, je pense surtout à la Pologne entre autres, ont un dense passé d’affichistes sociaux et culturels. Alors qu’ici l’affiche a toujours eu pour but d’annoncer un événement ou de vendre un produit, on assiste plutôt, dans ces pays, à de véritables plaidoyers envers des causes humanitaires, sociales ou politiques. Je parlais dernièrement dans un billet l’importance de la formation collégiale et universitaire vis-à-vis une profession comme celle de designer ou de publicitaire, ce projet mis sur pied par ce professeur illustre bien comment un étudiant peut développer sa créativité, certes, mais tout autant ses opinions, ce qui est, selon moi, primordial. Les meilleurs designers ne sont pas ceux qui réalisent des créations uniquement jugées en fonction de leur esthétisme, mais bien au niveau du thinking de celles-ci. J’ai lu un truc à propos de la différence majeure entre l’art et le design qui décrit bien ce que je veux exprimer; ça disait « Good art sends a different message to everyone – Good design sends the same message to everyone ». Et pour ça, il faut s’intéresser à son sujet. Le connaître. S’en imbiber. Créer de belles images est à la portée de bien des gens, réussir à délivrer un message convaincant et pertinent est pas mal plus difficile.
> L’affiche est une réalisation de Sarah Déry | Via le blogue de Sylvain Allard de l’UQAM