C’est au centre-ville que ça se passe.

C’est ce soir qu’aura lieu le lancement officiel du magazine CVS (Centres-Villes Saguenay) Printemps 2010 au Resto Bistro Le Spag à Chicoutimi. Troisième édition de ce magazine qui décrit les activités des centres-villes de Saguenay; les commerces certes, mais surtout les gens qui y travaillent et y vivent. Véritable outil de promotion qui se veut une fenêtre pour le développement du coeur même d’une ville. Piloté par le département d’Industrie et Commerce de Promotion Saguenay, ce magazine représente une somme de travail énorme; surtout parce que nous, l’équipe de production, avions décidé de tout faire : les textes, photos, concepts de pubs pour donner une saveur très « Saguenay » à celui-ci. Les commerçants qui y ont participé ont embarqué dans nos folies les plus grandes, les concepts les plus audacieux et les réalisations les plus osées. Tous les mannequins figurants dans la plupart des publicités travaillent aussi dans le centre-ville : ainsi, pour la publicité d’une quincaillerie de Chicoutimi-Nord, on a choisi une serveuse d’un restaurant de Jonquière, pour une pub d’un magasin de souliers de Chicoutimi, une caissière de la Caisse Desjardins de Chicoutimi. C’est notre troisième édition et je dois dire que c’est la plus intéressante. Nous avions réussi à réaliser un magazine de qualité lors de nos deux premières parutions, mais celui-ci avec ses 52 pages vient de mettre la barre encore plus haute pour le prochain. Aux photos, Paul Cimon (et son assistant Sylvain Tremblay); de Promotion Saguenay : Marie-Josée Boudreault, à la coordination (mais tout autant au décor – on lui doit la maison sur la couverture, au maquillage et même mannequin dans une pub!), Francois Hains (comme coéditeur, mais on lui doit aussi certaines idées de concept de pub!), Ruth Vandal et Sophie Bouchard aux communications et moi, à la direction artistique et graphisme. Un véritable travail d’équipe. D’ailleurs, sur le plateau de photo ou dans les réunions de travail, chacun amènait ses idées et personne, malgré son titre, n’avait plus de chance qu’un autre de voir son idée primée. Le produit est roi et non les individus. Je pense que c’est de cette manière que cela doit se passer. Dans les dossiers que je pilote, je tente de plus en plus de laisser une place importante au client, pour qu’il participe à la création et au développement de sa marque. Il ne faut que le titre pompeux de « directeur artistique » ou « de création » nous donne un rang intouchable, qu’il nous donne le privilège d’être le seul à avoir des idées spectaculaires et inébranlables. Quand tu travailles sur un dossier en équipe, si tu n’es pas celui qui trouve l’idée finale, tu peux quand même être celui qui met la table et en permettre l’éclosion (j’en parle dans ce billet). Difficile d’attribuer le mérite d’un concept à une seule personne lors d’une séance de brainstorming. Certains appellent ça le partage du mérite, j’appelle ça la maturité créative. En vieillissant, j’ai moins besoin d’avoir les projecteurs sur moi, et je préfère maintenant que ce soit les produits dont je vante les mérites qui les aient. Je vous invite à feuilleter le magazine, de le lire et le conserver, mais surtout de visiter le centres-villes de Saguenay.

> MAJ En lisant le commentaire de Marc-André, ça m’a rappelé qu’en nommant des gens qui ont participé à la création de CVS, je pouvais en oublier… et c’est arrivé! Je rectifie tout de suite. Les maquillages sont d’Esthétique Pascale Rodrigue et les coiffures de Zone Urbaine, de Geisha à Chaplin en passant par une poupée géante, les filles ont su recréer parfaitement ce que l’équipe avait en tête. Tant qu’à parler d’autres artisans dans l’ombre : à la rédaction, Yves Ouelet, Marie-Josée Boudreault (W) et Monique Gauvin. Voilà!

> Pour feuilleter le magazine en PDF

La tyrannie des mises à jour inutiles.

En faisant le tour des courriels reçus pendant mes vacances, je suis tombé sur une invitation d’Adobe au lancement virtuel de sa suite de logiciels CS5. Ma première réaction fut une de surprise : Quoi? Déjà?! Il me semblait que je venais à peine de maitriser toutes les nouvelles fonctionnalités de la Suite CS4. Il m’apparaissait surtout ne pas avoir utilisé la plupart de ces nouvelles fonctionnalités… Je vis un certain tiraillement devant les mises à jour complètes des logiciels que j’utilise régulièrement. La première est que je suis toujours excité de voir les nouveaux trucs et gadgets que les développeurs ont développés pour me rendre la vie plus facile, mais je suis toujours déçu du nombre de cochonneries qu’ils ont ajoutées pour me faire croire à un update majeur. Je comprends que le développement de logiciels est une business et qu’elle doit faire ses frais; ce que je lui reproche c’est que celle-ci soit bâtie autour d’une certaine dépendance au niveau des utilisateurs : même si je ne veux rien savoir des super nouveautés inscrites au menu, je n’ai pas le choix de suivre la parade; je dois être à jour si le marché décide de l’être. On appelle ça une super dépendance. Et comme les grands développeurs ont réussi à avaler tous leurs concurrents, on est encore plus dans la merde qu’avant. Lorsque nous vivions les grands combats d’Aldus et d’Adobe (Illustrator vs Freehand), d’Adobe et de Quark (InDesign vs Quark) et de Microsoft vs Corel (Word vs WordPerfect), nous avions droit à une lutte féroce vers la mise à jour qui donnait l’avantage concurrentiel à l’un ou l’autre des protagonistes. C’était la belle époque de la concurrence. Ce n’est plus le cas. Les géants ont débarqué et ont pris le marché vertical et horizontal, laissant derrière eux de  faibles antagonistes n’ayant pas les mêmes montants de développement et de mise en marché, entraînant des millions d’utilisateurs accros leurs suites de logiciels. La concurrence force une entreprise à se surpasser, à créer une plus value  à son produit. Le monopole crée une dépendance de l’utilisateur. N’ayant plus de concurrents à dépasser Adobe et Microsoft nous forcent à avaler des mises à jour pas toujours pertinentes qui ont la plupart du temps la mauvaise habitude de rendre les logiciels plus gros, moins performants et plus compliqués. Prenons l’exemple de Photoshop Extended qui venait dans ma Suite Premium, une des super nouveautés était la fonction 3D qui permettait d’appliquer des images sur des modélisations. Inutile pour moi. Complètement. Pourquoi ne pas offrir cette spécialité en plug-ins? Si j’en ai besoin, j’ajoute; sinon, si je ne veux pas rendre mon logiciel plus lourd à utiliser avec des trucs qui ne me servent pas, je n’ai pas à le subir.

Bon, je vous laisse là-dessus, je dois faire une recherche sur le Net afin de connaître le meilleur prix pour mettre à jour ma Suite d’Adobe, me magasiner un disque dur plus gros (pour l’installer), ajouter de la mémoire vive à mon ordinateur (pour lui permettre de rouler mes supers nouveautés) et,finalement, pourquoi pas changer mon ordinateur (pour me permettre de suivre le marché!)…

> Pour ceux qui n’auraient jamais vu cette illustration sur le développement de logiciel (elle date de 2006, je pense…), ça vaut la peine de cliquer sur celle-ci afin de lire les textes.

BLA BLA BLA – OU CONSTATATIONS DIVERSES # 06

De retour. Après un début d’année pas mal occupé, j’avais décidé de m’arrêter le coeur sur une plage des Caraibes. Je vous livre en vrac, quelques sujets éparses, histoire de reprendre le rythme au bureau et sur ce blogue…

Faute avouée, à moitié pardonnée
Lors de mon dernier séjour à Puerto Morelos, en juillet dernier (j’en avais parlé ici sur mon blogue), il m’était arrivé une petite anecdote au sujet d’une location de voiture (racontée dans ce billet) qui avait bouleversé mes habitudes d’achat sur internet. Pour résumer, pour ceux qui ne veulent pas lire le billet, j’avais annulé une location de voiture parce que j’avais lu de mauvaises critiques sur TripAdvisor au sujet du locateur. J’avais reçu un courriel de celui-ci, plaidant son innocence que j’avais estimé assez honnête pour me convaincre lors de mon retour dans le coin de lui donner une seconde chance. C’est fait. Et je ne le regrette pas. Excellent service, excellent prix. Je vous recommande fortement de louer chez America Car Rental si vous projetez de visiter le Yucatan.

Retrouver le goût des livres
J’avais décidé de laisser de côté toute technologie pendant mon voayage. Mon MacBook trônait sur mon bureau à la maison et mon iPhone était sur le mode Avion, devenant un simple iPod bourré d’albums que j’avais le goût de (re)découvrir. J’avais par contre, des romans à la tonne. Quel bonheur. Je n’avais pas lu de romans depuis deux ans. Trop occupé à lire des livres techniques de marketing ou de pub, à lire des blogues sur un écran et des magazines dans mon lit. Au soleil, j’ai dévoré les 1856 pages des 4 romans que j’avais apportés pour ces 7 jours. Que des auteurs Anglais. Je vous ai déjà raconté que je suis un fan fini de littérature anglaise. Particularité cette fois-ci, les lieux décrits me sont tous revenus en mémoire grâce à ma petite escapade londonienne de décembre dernier. J’ai eu des flashs à tous les coins de pages qui décrivaient ces lieux, pubs et stations de métro. C’est avec une certaine délectation que j’ai redécouvert l’humour caustique des Anglais en avalant les pages mouillées et sablonneuses de ces romans.

Semana Santa ou Semana des Tata, c’est selon
Les Mexicains, comme la plupart des peuples de l’Amérique latine sont très croyants. La Semaine sainte étant un de leurs congés les plus prisés, nous n’avions pas vu autant de gens dans le coin depuis au moins 2 ans. Des touristes de partout, du Mexique certes, mais d’ailleurs aussi. Il faut dire que l’ouragan Wilma, et la grippe avaient fait fuir les touristes ces derniers mois, voire années. Heureux pour l’industrie et surtout pour les familles qui dépendent de celle-ci, moins content de voir débarquer par légion les Elvis Graton sur les plages et les restos de la côte. Question aux touristes sauvages : êtes-vous obligés de vous faire remarquer aussi facilement par votre manque de savoir-vivre et votre manque d’ouverture d’esprit ? Bordel que vous êtes gênants et pathétiques…

Leçon de vie mexicaine
Je me souviens d’une discussion lors d’une réunion de travail chez un client, il y a quelques années, où un intervenant revenant de voyage (au Mexique) avait affirmé avoir été choqué de voir à quel point les Mexicains étaient négligents au niveau de l’environnement. Il avait été impressionné par le nombre de déchets sur le sol, les poubelles débordantes, etc. J’avoue que son discours m’avait choqué à l’époque par son manque de discernement. Il est difficile de juger la vie des gens quand on ne vit pas leurs quotidiens. Surtout avec nos grosses lunettes de Nord américains. Qu’avant même de recycler, il faut se nourrir, se loger et prendre soins des siens. J’avais fait remarquer à mon interlocuteur que l’on pouvait «peut-être» leur faire la leçon sur le recyclage, mais qu’en contrepartie ils pouvaient nous la faire sur les relations générationnelles. Après une douzaine de voyages en terre mexicaine, j’ai rarement vu un des gens s’occuper aussi bien de leurs enfants et de leurs parents. Que si j’avais à choisir qu’une seule valeur, c’est celle de la famille et non celle de l’environnement qui me viendrait en tête. Trop facile de juger les autres sans tenir compte des contextes et des valeurs. Surtout quand on vit dans une bulle aseptisée.

Courir sous le soleil
J’ai profité du soleil et de la brise provenant de la mer pour courir et garder la forme. C’était fantastique de courir sous les palmiers. Je ne souvenais pas à quel point faire de l’exercice dans le sud est génial comparativement à courir dans la gadoue.

Gonflé à bloc
Je suis de retour reposé. Chargé à bloc. Ma pile personnelle est au maximum de sa capacité. Emmenez-en des projets!

> Si Puerto Morelos vous intéresse, allez lire le newsletter de la bouquinerie Alma Libre sur ce lien et louez-vous un condo ou une chambre chez mon amie Sylvie de chez Marviya, ou demandez-moi des infos, j’en connais un brin sur le village…

Une nouvelle campagne pour CORAMH

15 jours sans écrire sur ce blogue. 15 jours, vous vous imaginez? Ma plus longue période de léthargie. Ce n’est pas le manque d’inspiration ni les sujets qui font défaut, c’est uniquement une question de temps : je n’ai pas une minute à moi,  je suis dans le jus et je me consacre à livrer mes contrats au lieu d’écrire ici. Normal, non? C’est une période plutôt faste et tout devrait revenir à la normale d’ici la fin de la semaine. La bonne nouvelle c’est que vu que je travaille beaucoup, j’aurai plein de trucs nouveaux à vous montrer. Des logos, des campagnes, des documents imprimés; bref, je n’ai jamais travaillé autant sur des sujets aussi disparates que les dernières semaines. Je remercie d’ailleurs mes clients d’être aussi patients… Le temps consacré à la création est malheureusement plus difficile à compresser que celui de la production. Les bonnes idées sont plus difficiles à accoucher que les mauvaises.
Tiens, voilà donc un des mandats réalisés dans ce mois de fou. Une toute nouvelle campagne pour CORAMH, la Corporation de recherche et d’action sur les maladies héréditaires qui vise à prévenir les maladies héréditaires en misant sur l’information, la sensibilisation et l’éducation. L’organisme oeuvre au Saguenay-Lac-Saint-Jean depuis 1980 et transmet à la population des notions importantes portant sur l’hérédité, la génétique humaine et les maladies héréditaires. J’en suis à ma septième année avec l’organisme : quelques campagnes, des vidéos témoignages et corporatifs, des affiches, mais surtout plein de beaux souvenirs. J’en ai parlé plusieurs fois sur ce blogue : ici, , encore et .
Cette nouvelle campagne fait suite à celle de « Ce n’est pas écrit dans ta face, mais dans tes gènes! » réalisée en 2007. À cette époque, nous voulions sensibiliser les gens à l’idée qu’être porteur d’un gène déficient, ce n’est pas visible à l’oeil nu et peut avoir très peu d’incidences à moins de rencontrer une partenaire porteuse du même gène déficient et décider d’avoir des enfants avec celle-ci. Dans le briefing du nouveau mandat, les gens de CORAMH m’ont encore rapporté à quel point, les gens ne se sentent pas toujours concernés par la possibilité de transmettre un gène déficient, que les jeunes (comme c’est le cas, pour les maladies vénériennes…) sont persuadés d’être invincibles, que ce genre de truc n’arrive qu’aux autres, qu’eux seront épargnés. Ce fut d’ailleurs ma bougie d’allumage. Trouver une façon de domper le problème à un autre. De pouvoir s’en laver les mains. De se dire « hey, regarde-moi pas comme ça, c’est pas moi ». La campagne « Parfois les autres, c’est nous » dit tout simplement qu’on est toujours « l’autre » de quelqu’un. Qu’en accusant, on peut aussi se faire accuser. En déclinant le concept sur les affiches, j’ai décidé d’en produire quatre différentes qui forment, quand on les met côte à côte, une chaîne de personnes se pointant du doigt mutuellement (voir l’exemple ci-contre). Je trouvais le jeu intéressant et permettait un impact visuel très percutant : une série de monsieur-et-madame-tout-le-monde s’accusant, accrochée sur un mur amène à un certain questionnement. J’ai aussi opté pour une série de napperons distribuée dans les cafétérias d’usine, d’écoles et de restaurants participants; encore ici l’impact des gens différents (les napperons sont imprimés rect0/verso permettant leurs permutations) qui s’affrontent attirera l’attention du public et générera une certaine discussion entre travailleurs. Finalement complétant cette campagne, deux spots télés (en plus de celui montré dans ce billet, vous pouvez visualiser le deuxième, ici) conçus aussi par moi et produits par Zed Productions de Chicoutimi, Ken à la réalisation et Jeff à la direction-photo. Fait à noter, ceux qui doutent du pouvoir des médias sociaux, le casting a été réalisé en temps record grâce à Facebook. Un gros merci aux participants!

Good design is good design.

Hier, j’étais en rencontre avec un client et une firme de programmation web. Nous discutions de certains changements que nous voulions apporter au site du client, de certaines améliorations au niveau des fonctionnalités et finalement remettre le design de celui-ci à niveau. Comme je venais de créer une nouvelle image pour cette entreprise, c’était normal que la vitrine principale vers l’extérieur (lire Internet) reflète ce renouveau. La discussion allait bon train jusqu’à ce que j’entende de la part du programmeur, une phrase qui me hérisse toutes les fois que je l’entends : « il faut faire un bon design « web », la plupart des boîtes de graphisme ne maîtrisent pas ce genre de design…».
Bad design is bad design. Point. Pas besoin d’avoir la tête à Papineau pour comprendre que si tu es un mauvais designer, tu ne réussiras pas plus à faire du bon design trad’ que du bon design web. Ce n’est pas une question d’application, mais de connaissances techniques et de la maîtrise de celles-ci. On voit du mauvais design partout : sur le web oui, mais tout autant sur des affiches, dans les journaux, et sur des documents imprimés. Du design qui ne devrait pas porter ce nom. Des pièces qui bafouent les règles de visibilité et de structure d’information; des productions qui négligent les normes typographiques et qui finalement ne tiennent pas compte de la clientèle pour laquelle elles ont été créées, ni du média sur lesquelles on les exploite. Bad design. Quand une publicité créée pour un côté d’autobus est illisible quand on la regarde de notre voiture, ce n’est pas bon; mais on ne dit pas que le graphiste qui l’a produit n’est pas un bon graphiste de «publicité d’autobus», on dit simplement qu’il n’est pas un bon graphiste. Point. Quand un concepteur produit une publicité sur un panneau de route et que le slogan de cette pub contient quatre phrases en typo condensé, ce n’est pas qu’il ne maîtrise pas le médium, mais c’est simplement qu’il est un mauvais concepteur. Point. Bad design is bad design.
Good design is good design. Partout. Sur le web et sur les imprimés. Quand on lit un document et que l’on ne se pose pas de question par rapport au sens de lecture et que la structure d’information même abondante est digérable, c’est du bon design. Quand un graphiste conçoit une brochure pour une clientèle plus âgée et fait un choix typographique conséquent, c’est du bon design. Quand un designer opte pour des couleurs, des contrastes et des formes en fonction d’un besoin et non de ses goûts personnels, c’est du bon design. Un bon designer s’adapte aux médias dans lesquels ses productions vont se retrouver; son approche conceptuelle s’adaptera aux exigences de celui-ci et tirera tout autant profit de ses avantages. Tel un bon cusininier capable de s’adapter aux arrivages et aux saisons, un bon designer s’ajuste aux contraintes et trouve toujours la manière de bien passer son message.
Ce n’est pas un programmeur qui viendra me dire comment être un bon designer. Comme ce n’est pas moi qui donnerai des directives techniques de programmation à un programmeur. De la même façon que je ne dirai pas à un photographe digne de ce nom comment éclairer son sujet. C’est pour ça que je l’engage. Je me fie à lui. S’il éclaire mal, ma conclusion est que ce n’est pas un bon photographe, pas un bon photographe qui s’éclaire mal. C’est son job et je le paie pour ça. Pour les mêmes raisons que mon client m’a engagé. Pour mon talent de designer. Pas de designer web. De bon designer, point.

> Good Design : logo de Milton Glaser qui n’a pas pris une ride depuis 1977

Bâtir sur ses valeurs

Jeudi dernier, je discutais avec mon garçon autour d’une bière. On parlait de choses et d’autres. De rien d’important; le genre de conversation qui semble ne mener à rien et qui tout à coup nous porte à l’essentiel. Les sujets pleuvaient. On riait. On rattrapait le temps. On ne se voit pas assez souvent, lui et moi. La discussion était anodine jusqu’à ce qu’il me raconte une anecdote qu’il avait vécue en travaillant dans un fast-food, il y a quatre ans. Il me parla de cet employé, un type paumé, près de la quarantaine, marié, deux enfants et soutien de famille. La misère à petit salaire, quoi. Le type détenait le seul revenu familial et travaillait avec des jeunes, comme mon garçon, pour qui ce travail était temporaire, le temps de ramasser des sous pour payer des études. À part le patron, c’était lui le plus vieux et le moins éduqué parmi les employés. Mon garçon se rappelait surtout de l’avoir jugé. De l’avoir mis dans la catégorie des minables, des petits qui ne réussissaient pas. D’avoir pris à partie ce mec qui avait plus deux fois son âge, du haut de ses valeurs naissantes d’adolescent. Les jeunes sont souvent durs quand vient le temps de prendre position, ils ne font pas dans la dentelle. En avalant une gorgée de bière, il me dit qu’avec du recul, il regrettait d’avoir pensé du mal de ce gars-là. Qu’avec les années qui ont passé, il s’apercevait que le jugement sévère qu’il avait porté sur ce bonhomme était facile et ne tenait compte d’aucun contexte particulier. « Tu sais, ce gars-là aurait pu décider d’être sur l’Aide sociale et profiter du système; au lieu de ça, il se levait le matin, finissait tard le soir, à se brûler sur l’huile à patate frite et à faire des hot-dogs pour un salaire de misère… » ajouta mon fils. « Et moi, du haut de mes 16 ans, je le trouvais « loser », tu te rends compte? Je m’en veux, tu sais… Je m’en veux de ne pas l’avoir estimé à sa juste valeur… ce gars-là avait décidé de ne pas se laisser aller et moi, au lieu de le trouver honnête, je le méprisais… » J’avais le souffle coupé. Je l’aurais pris dans mes bras. Je l’aurais embrassé comme un gamin. Tellement j’étais fier de lui. J’étais un coq qui regardait son poussin se dégourdir. Ça m’a fait penser que les valeurs sont des trucs qui ne mentent pas. On peut dériver, faire des choses dans notre vie qu’on peut regretter, on peut faire de mauvais choix, mais quand on revient à l’essentiel, à nos valeurs de base, on s’en sort toujours indemne. Je n’ai pas toujours été super présent pour mon fils, pour plein de raisons (pas toujours bonnes), mais j’ai toujours tenté de lui inculquer ce à quoi je croyais, et ce, par l’exemple. Je n’ai pas hérité d’entreprise familiale, ni de somme d’argent, je n’ai pas suivi les traces de mon père quant à son métier, mais j’ai reçu de mes parents des valeurs importantes auxquelles j’ai adhéré. Je pense que comme professionnel, outre le talent et les connaissances, les valeurs que nous partageons avec nos clients sont d’autant plus importantes qu’elles nous distinguent des autres. Elles font partie de notre ADN. Quand j’analyse les clients avec qui j’ai fait un bout de chemin depuis le temps, je constate qu’ils ont tous bâti leurs entreprises sur des bases solides, pas uniquement pécuniaires, mais sur des valeurs plus importantes comme le respect, le travail bien fait et l’honnêteté. Ce sont ces valeurs qui font que nous réussissons à prospérer, certes, mais encore plus à grandir. N’oublions pas comme consommateur que l’on a aussi le loisir de choisir des marques dont nous partageons les valeurs; quand une entreprise brusque celles-ci, nous nous sentons encore plus lésé que si on nous avions été simplement roulé du point de vue matériel parce que l’on touche à quelque chose de plus important, de non négociable, d’intrinsèque en nous. Une entreprise qui met de l’avant ses valeurs et les défend a plus de chance d’avancer qu’une autre qui s’ajuste aux modes qui passent. Une entreprise peut avoir un visage humain et doit posséder, tel un individu, un « bon fond ». Il y a peu de risques de se tromper dans nos relations professionnelles quand on joue la carte de la franchise. C’est toujours plus facile d’être soi-même. Et tellement gratifiant.

> Photo de © Daniel Pastor

Le printemps est déjà là.

Ça sent le printemps à l’extérieur, dans les boutiques Chlorophylle et sur le site internet de celui-ci. Et nous en sommes assez fiers. L’équipe de Chlorophylle et moi avons réussi à sortir le site de la saison dès la mi-février. C’est plus de deux semaines plus tôt que les années passées, ce qui, avec la température printanière hâtive, est un bon coup pour l’organisation! Monté sur la plateforme graphique élaborée à l’automne, le site a quitté ses allures hivernales et mis de l’avant la nouvelle collection dans un décor tout régional. Presque toutes les photos ont été réalisées dans le village enchanteur de L’Anse-St-Jean vers la fin de l’été passé. Disons que nous n’avons pas passé inaperçus dans les rues de celui-ci. Toute notre équipe (photographe, styliste, accessoiriste et mannequins) s’est promenée pendant trois jours, couvrant les sous-bois et le bord de l’eau, à chercher la lumière, affronter les intempéries, de façon à trouver les meilleures places pour mettre en valeur les vêtements, dans ce village bucolique du Bas-Saguenay. La thématique que j’ai élaborée cette saison est « Votre vie ». Le texte suivant: « Qu’elle soit active, familiale, rangée, bohème, de couple ou globe-trotter, marginale ou rangée, c’est votre vie et nous aimons en faire partie » orne le couvert du catalogue printemps 2010 et trace la ligne du concept général. J’utilise encore le vocabulaire traditionnel de l’imprimerie, même si depuis maintenant 3 ans, Chlorophylle a décidé de ne plus imprimer de catalogues, mais simplement de les diffuser sur internet. Je vous invite à le lire (lien). Il est de mon cru et j’en suis particulièrement fier. Pendant la présentation des pages de celui-ci en réunion de production, on m’a dit que c’était l’un des meilleurs que j’avais réalisés pour l’entreprise. Je considère avant tout que c’est un travail d’équipe et j’en ai partagé le mérite, mais j’en suis particulièrement satisfait. Pour deux raisons. Premièrement, j’en suis à ma neuvième année avec Chlorophylle; une douzaine de catalogues différents avec des thématiques élaborée pour la saison à chaque reprise; pouvoir encore me réinventer et de ne pas retomber dans la facilité est un défi vraiment intéressant et deuxièmement, avant dla création de  Traitdemarc™, mon travail dans mon ancienne agence était presque uniquement dirigé vers le graphisme traditionnel, délaissant la partie rédactionnelle à mes clients ou partenaires; dorénavant, je m’occupe toujours des textes de mes productions. Cette nouvelle façon de faire me permet de mieux réaliser mes mandats, de boucler le concept graphique et narratif. Ce qui donne des concepts encore plus intégrés. Encore plus complets. Et j’adore ça. Je vous ai déjà dit que j’adorais mon métier?

M.Dupont, la la la la.

J’ai assisté aujourd’hui à une conférence sur les médias sociaux donnée par Luc Dupont. Très belle initiative du Rendez-vous des gens d’affaires du Saguenay-Lac-St-Jean qui l’avait invité dans l’une de leur activités de réseautage. Je vous avoue d’emblée que j’y allais de reculons. Surtout parce que j’avais une idée préconçue négative de Luc Dupont; j’avais parcouru son livre sur les 101 trucs publicitaires et je n’avais pas aimé le ton. D’abord, je ne crois pas qu’il existe des « trucs » infaillibles en pub (grosssssir le logo, dire 3 fois le nom de l’entreprise dans un spot radio, etc. sont, pour moi, des principes simplistes et réducteurs…) et deuxièmement, j’ai beaucoup de réserve sur les concepts DIY (Do-It-Yourself). Je ne crois pas qu’en me tapant les « 101 trucs en comptabilité » cela fera de moi un comptable… il me semble que c’est réduire les compétences des professionnels et donne comme image que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Pour cette raison, Luc Dupont et moi, on était mal parti sans avoir eu de contact direct. Par contre, dès le début de la conférence, je suis tombé sous le charme du mec : très vivant, drôle et efficace, il a su en peu de temps imposer son rythme à une foule vendue d’avance. Dupont comme conférencier, c’est winner. Le gars maîtrise absolument sa matière, la rend merveilleusement bien et donne un bon spectacle, mélangeant humour et imagerie populaire. Top entertainer. Il doit être vraiment bon comme prof. La conférence?  J’en connaissais déjà un brin de plus que la moyenne des gens assis dans la salle, alors disons que je n’allais pas en apprendre davantage… et j’ai retrouvé rapidement ce qui me dérangeait dans les livres de M.Dupont: vulgariser jusqu’à trop simplifier. Oui, les entreprises devraient être sur les médias sociaux, oui, ce sont devenus des incontournables… mais ils ne doivent pas y être de n’importe qu’elle façon. Les exemples de M.Dupont étaient uniquement en mode diffusion. Il conseillait aux entreprises d’utiliser les médias sociaux pour parler de leurs promotions, d’émettre leurs coupons-rabais, parler de ce qu’ils font dans la vie… mais jamais, il ne leur a conseillé d’écouter, d’engager une conversation avec leurs clients. C’est selon moi, LA grande force des médias sociaux et ce qui les différencie des médias traditionnels. L’échange. La discussion. La communauté. Si vous utilisez Facebook ou Twitter pour diffuser unilatéralement vos messages, vous n’intéresserez pas grand monde, sinon pas longtemps. J’aurais aimé entendre dire par notre conférencier que les nouveaux canaux d’information que sont devenus les médias sociaux forceront les entreprises à modifier leurs façons de s’adresser à leur clientèle. Nouveau média = nouvelle manière de faire. La plus grande erreur des organisations est de répéter leurs discours sur ces nouvelles plateformes, sans l’adapter ou le changer. Bla-bla-bla. —. Aucune écoute. Autre exemple qui m’a irrité : l’utilisation de Twitter pour diffuser des articles intéressants pris ici et là sur le web… Je veux bien. Mais ça ne s’arrête pas là. Avant de diffuser des contenus, il faut quelqu’un qui les produit. C’est bien beau les blogues qui ne font que pousser des liens, il faut aussi des blogues qui en créent. Ce n’est pas parce que vous avez lu un bon article et que vous le partagez que cela vous donne la crédibilité de celui qui l’a écrit. Je conseille à mes clients de développer leurs contenus… avant de penser à les diffuser, c’est plus logique non? Avant de s’engager dans la création d’un blogue, de créer une Fan Page de Facebook, analysez ce que vous allez y diffuser et préparez-vous surtout à discuter. Si vous n’êtes pas déjà une personne qui est portée à l’échange, au partage, à la discussion, mmmmm…. pas sûr que les médias sociaux seront faciles à apprivoiser, même si vous avez suivi une bonne conférence qui vous disait le contraire.

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