Laissez-moi vous diriger.

Les circonstances ou la nature des mandats que je réalise présentement me forcent à être la plupart du temps à l’extérieur du bureau, en shootting photo. Soit en studio ou dans des univers très disparates. J’y suis avec des clients différents, des photographes différents et des mannequins qui sont, soit professionnels ou qu’ils le deviennent par la force des choses (prenons l’exemple d’un client qui se retrouve sur un cliché). J’ai déjà parlé du travail de studio, de sa complexité souvent ignorée ou banalisée, mais je n’avais pas parlé de l’atmosphère qui se dégage de ses séances. Il est impossible de prédire à l’avance comment chacune d’elle se déroulera, tellement d’impondérables peuvent s’y produire et changer le déroulement de celles-ci. Une chose demeure, il faut savoir travailler en équipe et respecter les individus.
Pour ma part, je laisse beaucoup de place à l’improvisation lors de ces séances. Je ne suis pas du genre à jouer au « boss », imposer n’est pas mon fort; et tout le monde sait ce qu’il a à faire. La hiérarchie nuit à la créativité : si dès le départ, même si mon idée est précise, mais qu’un accessoiriste propose un truc génial, jamais je ne me buterai à mon idée. C’est simple : on est tous présent sur ce plateau pour faire un succès, alors son égo on le laisse au vestiaire. L’avantage de s’entourer de gens compétents, mais surtout de les laisser s’exprimer, est de créer un produit parfait. Pas un produit presque parfait parce que l’on s’entête à avoir raison, mais une création qui dépasse les attentes de tout le monde.
Pour ce faire, il faut savoir créer une atmosphère de franche camaraderie. L’humour étant souvent la meilleure manière d’évacuer le stress, il n’est pas rare que le studio soit le théâtre de fous rires, de moqueries entre les intervenants. Cela a le grand mérite de mettre les gens moins habitués à l’aise et de rendre ces longues séances plus captivantes. Mais l’avantage secret est de réussir à faire sortir de sa pose, le sujet photographié afin de cliquer le moment magique. Les meilleurs shoots sont les plus naturels, quand l’espace d’un instant le mannequin oublie qu’il est entouré d’une équipe et qu’il décroche du rôle dont on l’a affublé. Clic. Voilà un sourire parfait. Clic. Voici un coup d’oeil songeur naturel. La photo, c’est magique. Ça capture des millièmes de seconde.
Bien diriger, ça veut aussi dire… de ne pas s’en mêler. Quand une complicité s’est développée entre le photographe et le mannequin, il n’y aucune raison d’aller s’immiscer dans cette relation. La direction artistique d’un shoot, ce n’est pas d’être omni présent, c’est beaucoup plus souvent des directives simples de départ, des esquisses réalisées sur un bout de papier qui délimitent le cadre, une couleur d’éclairage approprié, etc. Par la suite, une intervention devra être justifié par un contexte précis : si le mannequin ne comprend pas trop son rôle ou n’est pas à l’aise de le faire, ou si le décor s’avère banal, ou que la lumière n’est pas adéquate. Sinon, le cul sur une chaise, je regarde comment se déroule le tout. Comme un spectateur et non un gérant d’estrade. Et si je n’ai pas à intervenir, c’est que tout se passe à merveille. Et surtout pas que je ne fais pas mon job.
On ne travaille pas tous de la même façon, c’est certain. C’est la façon dans laquelle je suis le plus à l’aise. Question de personnalité, il faut croire. Des histoires de directeurs artistiques névrosés, dictateurs qui gueulent contre tous, sont légion dans le métier. Je ne pense pas que l’on tire quoi que ce soit de positif à être comme ça. S’imposer par la force, c’est le dada des faibles. Les gens sensibles et créatifs arrivent aux mêmes résultats que les méchants en respectant les individus et en allant chercher le meilleur de ceux-ci sans les terroriser. Vous me faites une petite pose?

> @ Paul Cimon – Dernières directives avant le shoot d’une publicité à paraître dans le prochain magazine CVS.

Melomarc™ – Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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J’avais glissé le texte que j’avais écrit sous la porte et m’apprêtais à m’enfuir. Comme à la dernière occasion. Sauf que cette fois, la porte s’était ouverte devant moi et j’étais pris comme un rat. On venait de me prendre au piège. Ce grand gaillard barbu tenant dans sa main la feuille que je venais de glisser sous le porche, m’invitait à entrer dans le local pour que l’on fasse plus ample connaissance. J’avais 17 ans, j’étais gêné et je devais avoir encore des boutons. Ce grand barbu de 21 ans, c’était Roger Blackburn, rédacteur en chef du journal étudiant Le Tract du Cégep de Chicoutimi (aujourd’hui journaliste/chroniqueur au Quotidien). Ce qu’il tenait dans ses mains, c’était un épisode des « Chroniques de Jo Blow », mon alter ego anonyme, écrivain de vérités pas toujours vraies (!). Jo Blow : un personnage tout droit sorti de mon imaginaire, un gros dégueulasse à la Reiser, un Béru à la San Antonio; un homme aux moeurs légères et à la langue sale qui déblatérait des énormités en dénonçant sous un pseudonyme les imparfaits de la vie. Du moins, celles qu’il identifiait malgré son/mon jeune âge. Disons que c’était un Troll de blogue d’avant son temps — un blogueur anonyme qui lâche son fiel sous le confort de l’anonymat. Mon Mister Hyde à moi. Mon exutoire. Mais ce matin-là, ce grand barbu hirsute avec son éternel crayon à l’oreille tenant mes dernières élucubrations écrites dans ses grosses mains, détenait la clef de mon destin. J’étais démasqué et devait maintenant l’affronter. Il n’en tenait qu’à lui de publier ou pas, ces écrits lubriques. Pour le fouteur de merde qu’il était (il l’est encore, aujourd’hui), il n’y avait pas mieux que ce genre d’articles provocateurs, de mauvaise foi, dénonciateurs qui tiraient à boulets rouges sur l’ordre établi et les conventions, bravant même la direction du Cégep qui lui avait demandé de retirer mes textes du journal étudiant. C’était le début d’une belle amitié. Roger m’a, part la suite, demandé de le suivre dans un paquet de projets journalistiques farfelus : caricaturiste pour une revue de chasse et pêche, illustrateur pour le journal du Carnaval Souvenir de Chicoutimi, etc. C’était toujours avec un grand plaisir que je me retrouvais à travailler avec ce bon vivant au verbe joufflu. Et puis la vie a fait que l’on s’est perdu de vue et que l’on se retrouve une quinzaine d’années plus tard. Bien en chair. Mais avec la même lueur dans les yeux que nos vertes années. C’est toujours avec un malin plaisir que l’on se retrouve pour argumenter : on n’est pas sur la même longueur d’onde sur un paquet de trucs, et c’est ce qui rend la relation palpitante. Roger, sans le savoir à l’époque a réussi à m’orienter sur ce qu’allait devenir mon métier aujourd’hui : créer, inventer, me débrouiller à vivre sous la pression pour trouver la grande idée. Il m’a permis de réaliser que j’avais un talent sur lequel je pouvais construire. Ce n’est pas rien.
Le lien avec Thomas Fersen? Uniquement la poésie et la langue. Roger étant un amoureux du français, je trouvais que ce dandy lui plairait. Parce que Thomas Fersen, c’est la chanson française dans ce qu’il y a de plus classique et de plus beau. Cette musique et ces paroles intemporelles auraient pu être écrites en 1960, en 2010 ou en 1983. Ce faux détachement et cet humour subtil qui fait le bonheur des fans de Fersen m’ont gagné dès les premières notes de l’album Le Jour Du Poisson; conquis j’ai acheté tous les albums et vu Fersen deux fois en spectacle.

J’ai offert Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson à mon ami Roger Blackburn, par amitié bien sûr, mais surtout pour la botte qu’il a su adresser à mon cul, quand, à 17 ans, j’en avais le plus grand besoin pour m’épanouir.

> Thomas Fersen / Le Jour Du Poisson  sur  iTunes

Melomarc™ – Talking Heads / Stop Making Sense

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Les rendez-vous manqués. C’est le titre que j’aurais dû choisir pour ce billet au lieu de laisser toute la place au titre de l’album. Parce que ça résumerait plus la relation difficile entre David Byrne et moi. Ou l’absence de relation serait encore plus juste. David Byrne, leader du feu groupe Talking Heads, auteur-compositeur-interprète-écrivain-designer-peintre-réalisateur-sculpteur-blogueur-etc et moi, avons tellement bousillé de chances de se rencontrer à travers les trente dernières années.
En 1983, fraîchement débarqué au Cégep de Chicoutimi, je mettais la main sur le disque Speaking in Tongues de Talking Heads. Je devais avoir acheter le disque à la Boîte à Musique sur le coin Racine et Riverin à Chicoutimi, le magasin était la propriété d’Yves « Captain Rock » Hébert (Fm 98), et mes disquaires favoris étaient Alain Dassylva (j’en ai déjà parlé ici) et Jean-François Côté (journaliste à Radio-Canada). Bien sûr que j’avais acheté cet album pour Burning Down The House, la chanson sur laquelle on se trémoussait au Vert-Tige (de Robert Hakim, des Rythmes du Monde) — le bar mythique de Chicoutimi — dans les années 80’s, pour réaliser après plusieurs écoutes que ce n’était pas nécessairement la meilleure du disque. Par la suite, j’ai acheté les albums précédents : le fabuleux Remain in Light allait devenir tout aussi important dans ma discothèque personnelle.
Premier rendez-vous manqué. En 1984, la tournée Stop Making Sense s’amorçait avec dans sa liste de villes visitées, Montréal. Et pas n’importe quel spectacle: au Stade olympique avec Peter Tosh (l’ex Whailers) et rien de moins que The Police (la tournée Synchronicity). Wow. L’apothéose. Talking Heads et The Police se partageant la même scène. Mes deux groupes préférés. Rien au monde ne pouvait me faire rater ça. Rien. Affirmer ça, à l’époque, était sous-estimer mon sens des responsabilités. J’avais déniché au début de l’été 1984, un emploi à l’imprimerie Léopold Tremblay (qui allait fusionner des années plus tard avec l’imprimerie Chicoutimi pour devenir ICLT). Je trouvais ça génial : ma passion pour les arts graphiques naissait et cela me permettait de vérifier si ce métier serait le mien. Les odeurs de chambre noire, de papier, d’encre; le tapage des presses, imprimeur comme métier était étourdissant; j’étais fait pour ce monde. Encore aujourd’hui, quand je me trouve dans une imprimerie ou que je reçois des pièces franchement imprimées, les effluves de papier me montent toujours à la tête comme une drogue au parfum enivrant. Bref. Quand j’ai su que ce concert débarquait à Montréal et qu’un voyage était organisé à partir de Chicoutimi, j’étais allé demander tout de go un congé à mon employeur. Qu’on m’avait refusé, bien sûr! Au lieu de me déclarer malade, de mentir, de me sauver, j’avais compris la situation. J’avais compris qu’on avait beaucoup trop de boulot et qu’on était une trop petite équipe pour l’abattre. Mon absence était injustifiée. Mon sens des responsabilités avait pris le dessus, ou une passion allait dominer l’autre…
Talking Heads devait se séparer 4 ans plus tard, produisant de moins bons albums vers la fin. David Byrne a continué à faire, de son côté, des disques inégaux, mais fait surtout un paquet de trucs différents et intéressants (visitez son site internet : son journal est l’un de blogues que je lis religieusement depuis des années). On s’est un peu perdu dans les années 90. J’avais beaucoup aimé son album éponyme de 1994, mais j’étais dans un tout autre mood. Mais voilà qu’au tout début des années 2000, j’allais rater un autre rendez-vous avec lui. Bien avant que les médias sociaux ne deviennent le phénomène que l’on connaît maintenant, le web avait déjà ses réseaux parallèles d’informations; IRC, les forums, les chats, les logiciels peer-to-peer donnaient la chance à des internautes du monde entier d’échanger des fichiers (souvent illégalement), mais surtout de communiquer entre eux sur des sujets qui les passionnaient. Je faisais partie de certains groupes qui se partagaient des connaissances entre autres sur la typographie et le graphisme en général. Comme nous le faisons si bien sur Facebook maintenant, nous débordions souvent du cadre du-dit forum, pour discuter de l’actualité ou de musique. J’avais alors connu, sur un de ces réseaux, un gars qui allait devenir une sommité internationale en typographie avec qui je partageais une tout autre passion : David Byrne. Lors d’une de ces discussions, il m’apprit que le chanteur allait jouer à Toronto et qu’il serait des spectateurs. Je ne me souviens pas exactement de la raison principale qui m’avait retenu de ne pas y aller, cette fois : la crainte de rencontrer un inconnu (je connaissais ce gars-là sans le connaître…), le boulot, la famille, etc. Qu’importe, j’allais manquer un deuxième rendez-vous avec David Byrne. Comme j’allais le manquer à nouveau, cette fois à Montréal à la Place-des-Arts, en 2004 pour x autres empêchements. Nous n’étions pas dus finalement.
Puis j’ai décidé que je ne passerais plus à côté de ma vie. J’ai créé Traitdemarc™ et me suis fait la promesse de tenter d’avoir dorénavant que des remords plutôt que des regrets. En 2008, on annonçait une tournée nord-américaine de David Byrne accompagné de Brian Eno qui, trente ans après avoir sorti un premier album en collaboration (My Life in The Bush Of Ghosts) récidivaient avec Everything That Happens Will Happen Today (excellent album, j’en ai parlé ici). Je n’allais pas manquer ce spectacle au Metropolis. Pas cette fois. J’ai acheté rapidement mes billets pour le 30 octobre 2008. J’étais déterminé. Vraiment déterminé. Mais pas autant que le cancer de mon père, faut croire. Le 28 octobre, en plein deuil, le dernier de mes soucis était les billets qui traînaient dans un tiroir de mon bureau. On n’était pas encore dû pour se croiser, David et moi. Pas vraiment. Partie remise?

Bien que l’album qui a servi de bougie d’allumage était Speaking in Tongues, j’ai préféré choisir le disque live Stop Making Sense pour son côté fougueux. J’ai offert l’album via iTunes à Louis Doucet, un chum avec qui j’essaie le moins possible de manquer des rendez-vous…

> Talking Heads / Stop Making Sense sur iTunes

Génération C

Ce n’est pas parce que l’on n’est pas impliqué dans un projet qu’il ne faut pas en parler. Surtout quand c’est bon. Mon client, le Cégep de Chicoutimi, lançait aujourd’hui un outil d’information scolaire tout ce qu’il y a de plus original : une websérie mettant en vedette de vrais étudiants. Conçue dans le but d’informer les élèves du secondaire et leurs parents sur les programmes offerts, mais aussi sur la vie en général d’un étudiant fréquentant une institution collégiale, cette série se veut beaucoup plus dynamique qu’une simple brochure.
« Génération C met en vedette sept étudiants, chacun d’entre eux fréquentant un programme différent. Ces étudiants devenus pour l’occasion des comédiens campent le rôle d’un des personnages principaux. À travers différentes scènes de la vie quotidienne au Cégep, ils découvrent ou expliquent, selon le cas, le domaine dans lequel ils évoluent. Au fil des différentes capsules, les personnages rencontrent des enseignants, d’autres étudiants et différents intervenants du Cégep, ce qui permet d’expliquer la vie d’un étudiant du collégial, autant sur le plan académique qu’au plan social. » Peut-on lire dans le communiqué de presse.
Réalisée en région par l’équipe de production de TVA dirigée par la talentueuse réalisatrice Annie Fournier, Génération C sera diffusée sur le site Internet du Cégep de Chicoutimi et transmis également sur certaines plateformes populaires comme YouTube et Facebook.
J’ai eu droit à une présentation spéciale en privé, il y quelques semaines et j’ai été très impressionné par la facture visuelle certes, mais encore plus par le jeu de ces acteurs en herbe. J’avais d’ailleurs envoyé un petit courriel à Annie Fournier pour la féliciter. On accroche très rapidement aux intrigues vécues par les étudiants; et bien que l’on doit y diffuser une foule d’informations d’ordre pratique, le rythme demeure palpitant. Disons que pour un jeune de 16 ans qui s’apprête à faire le saut au collégial, c’est beaucoup mieux qu’une visite ou un dépliant (avec une liste de cours qui ne te disent rien à cet âge); ça lui donne vraiment une très bonne idée de ce qui l’attend.
Belle initiative du département des communications du Cégep de Chicoutimi, de son coordonnateur Éric Émond et de son assistante Amélie Binette; un bravo sincère à la direction du Cégep d’avoir su briser des paradigmes et oser créer du renouveau. Je vous invite donc à visionner la série, mais surtout de la partager aux jeunes du secondaire de votre entourage…

Melomarc™ – El Gran Silencio / Chúntaros Radio Poder

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Consolapam. 21 h 30, heure du Mexique. Coincés dans un cul-de-sac, le Dodge Ram et son fidèle “trailer” tentent une difficile manoeuvre de marche arrière. Le véhicule est entré par erreur dans cette ruelle et c’est la seule manière de revenir sur son chemin. Le chauffeur passe une pierre sur les reins, un de ses copilotes a le dos en compote tandis que l’autre a bien plus le goût de regarder autour de lui que de diriger le conducteur. La tâche est ardue en grande partie due aux obstacles qui jonchent la ruelle; cheval, camion, détritus et habitants se sont donné le mot pour rendre l’exploit encore plus difficile. Consolapam, petit village perdu en bordure de l’autoroute, à 1 h 30 de Veracruz. À voir la tronche des villageois, peu d’étrangers arrètent ici. Surtout pas des étrangers-blancs-aux-traits-tirés. Des milliers de kilomètres tracés dans leurs visages. Ces étrangers, c’est nous; Alain, Réjean, et moi. Des Cortès des temps modernes. Partis de Jonquière depuis quatre jours pour un périple de 7300 km qui les mèneront à Puerto Morelos dans le Yucatan. Pas vraiment un voyage, mais plutôt une mission; celle de descendre un ménage complet d’une maison du Nord à une autre du Sud. Un très long déménagement. Un périple sans dormir avec une logistique incroyable. Consolapam. Petit restaurant près de l’hôtel où on a stationné le camion pour la nuit. Réjean a les yeux pétillants, il découvre le vrai Mexique. Alain a les yeux jaunes, il découvre que sa pierre est presque passée et souffre le martyr. Moi, je pense à demain. Je n’en parle pas, mais pour moi, c’est clair, on ne se recouche pas avant d’arriver. Demain, c’est à Puerto Morelos que l’on dormira. Même si l’on ne doit rouler qu’à deux chauffeurs. On carburera au Red Bull, mais on y arrivera. Ça, c’est sur. Consolapam, 2 h du matin. Il y a du bruit à l’extérieur de notre hôtel. Alain est déjà debout devant la fenêtre, je le rejoins, mais il n’y a personne qui tente de voler notre convoi. Fausse alerte. On s’en est fait encore une fois pour rien. Comme à toutes les haltes que nous avons prises, les fouilles à chaque entrée de province, sans compter l’interminable attente aux douanes américo mexicaine. Nous ne passons pas inaperçus, c’est certain. Aussi bien tenter de dormir encore quelques minutes. On doit reprendre la route vers 4 h et le dernier tronçon se fera sous la pluie. Puerto Morelos. 23 h 30, je laisse le volant à Alain. Pas question que les matelots enlèvent le privilège au capitaine d’amarrer son navire à bon port. Le trio Cortès est arrivé sauf et plus ou moins sain. — Extrait du livre des invités de la Casa Loreto, Puerto Morelos, Mexique.
Je suis allé une douzaine de fois à Puerto Morelos, au Mexique. Petit village coincé entre Cancún et Playa Del Carmen. Toutes les fois, j’y ai acheté d’innombrables albums d’artistes inconnus ou très peu connus. Des découvertes incroyables. J’ai décidé de parler de El Gran Silencio, mais j’aurais pu tout autant vous présenter la séduisante Ely Guerra, où les joyeux Kinky. Mais j’ai vécu une relation particulière avec Chúntaros Radio Poder. Le concept d’intégrer, entre les chansons, un animateur de radio rend l’expérience musicale très spéciale. Quand j’écoute l’album, j’ai l’impression d’être dans une voiture coincée dans un bouchon de circulation sur une artère d’une ville embourbée du Mexique. Je me retrouve dans le Dodge Ram, quelque part entre Tampico et Villahermosa. El Gran Silencio, c’est un mélange de style musical non homogène : latino rock, ska, cumbia, rap, trad mexicaine; bref, un beau mélange de cultures. Un peu ce qu’est devenue la nouvelle Musique du Monde finalement. On peut ce que devient notre Monde, tout court. À écouter sans modération.

J’ai offert El Gran Silencio / Chúntaros Radio Poder via Virgin.fr à Nathalie Le Pennec, une Française rencontrée sur Facebook, en jouant au Scrabble. Outre, nos épiques batailles de lettres, nous avons partagé des suggestions de lecture, mais surtout un amour pour la culture latine, spécialement celle du Mexique.

> El Gran Silencio / Chúntaros Radio Poder sur iTunes

Melomarc™ – David Sylvian / Secrets Of The Beehive

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Il avait neigé à Montréal, dans cette journée anodine de 1987. Je m’en souviens parce quand il neigeait j’avais un toit qui se formait sur ma chevelure. Ouais. Bien spikés, mes cheveux étaient tellement gommés par le fixatif que la neige, en gros flocons, restait tout bonnement sur ceux-ci en me créant une calotte glacière, un chapeau enneigé. Pour les curieux qui se demandent comment cela pouvait être possible, vous pouvez cliquer sur ce billet qui explique le comment du pourquoi. Bref, il avait neigé à Montréal cette journée-là. J’allais comme d’habitude, le walkman sur les oreilles, dépenser mon maigre salaire chez les disquaires. Dans ces années-là, je me procurais des disques à un rythme d’enfer (me semble l’avoir encore ce rythme-là…). Cette journée-là, je n’avais aucune idée des nouveautés qui allaient se présenter à moi, mais l’album que j’allais acquérir allait s’avérer en être un important dans ma vie.
En 1982, David Sylvian quittait le groupe Japan pour débuter une carrière solo. Et moi aussi, j’étais tout seul. Tous seul entouré si l’on veut. J’avais beaucoup d’amis, mais je travaillais, étudiais et sortais souvent seul. Souvent par horaire difficile à concilier, mais encore plus par personnalité. J’aimais me retrouver. Cet album de Sylvian me rappelle la solitude. Pas la solitude difficile, mais celle qui nous ramène à soi-même, la totale introspection que bien des gens ont trop souvent peur d’affronter. J’avoue ne pas trop avoir accroché sur Japan dans ces années-là; ce groupe était trop semblable à Duran Duran… Un groupe comme DD était déjà largement suffisant. Fallait pas exagérer. Secrets Of The Beehive était mon premier album de Sylvian. Une amie m’avait bien fait une cassette de Brillant Trees, son premier album, mais je n’avais pas accroché à ce moment-là (bien que je me le suis procuré à nouveau en CD, par la suite…). La musique, je l’ai écrit mainte fois, c’est contextuel et temporel. Y a des notes qui restent gravées à tout jamais dans votre vie parce qu’à ce moment précis de celle-ci, où vous viviez un événement heureux ou malheureux, cette mélodie est venue vous réconforter ou vous brasser. Vous auriez écouté celle-ci dans une autre circonstance et elle aurait pu entrer et sortir de vos oreilles aussi vite. C’est comme ça. La musique, ce n’est pas mystique, c’est physique. Y en a pas de bonne ou de mauvaise, y en a uniquement qui vienne vous chercher à un moment précis. Tous styles confondus. Je suis un indépendantiste musical : on ne peut m’accorder aucun style en particulier. Alternatif? Peut-être. Mais ce n’est pas parce qu’un album devient populaire que je le renie pour autant. Je n’entretiens pas une relation intellectuelle avec la musique, alors ne venez pas me faire la morale sur mes choix, ils ne sont dictés par aucune logique et encore moins par des connaissances. Pour moi, c’est simple, il y a deux genres de musique : celle que j’aime et celle que je n’aime pas. Noir et blanc.
En 1987, David Sylvian sortait l’album Secrets Of The Beehive. Et moi, à 22 ans, en fin de BAC, j’étais loin de m’imaginer en achetant ce disque que 23 ans plus tard je l’écouterais encore. Oui c’était (ça l’est toujours) un excellent album, certes. Mais ce qui est spécial c’est qu’aujourd’hui en l’écoutant, je sens la neige tomber sur mes cheveux, comme en 1987, et je me vois dans ces années-là me demander, avec l’insouciance du début de l’âge adulte, si un jour j’écouterai les albums que j’achète à l’instant…

J’ai offert cet album, via iTunes, à Katia, une amie de ces années-là, retrouvée sur Facebook…

> David Sylvian / Secrets Of The Beehive sur iTunes

Melomarc™ – Renaud / Mistral Gagnant

Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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Salut, mon Renaud. C’est ton papa. Ben, c’est plutôt con ce que je vais te dire… mais tu ne me connais pas encore. C’est très normal tu me dirais, puisque tu n’es pas encore né. J’écris ce texte au présent, mais nous sommes en 1983, six ans avant que tu ne naisses. C’est con, hein?… j’ai à peu près ton âge quand je tape ce billet. En fait, je suis peut-être même un peu plus jeune que ça. J’ai un prof au Cégep, à qui j’ai déjà rendu hommage ici, mais qui préfère que je taise son nom par pudeur, qui m’a enregistré une cassette 4 pistes sur laquelle il a mis un paquet de tounes de Renaud; un chanteur qui porte le même nom que toi. C’est un chanteur français. Peu de gens le connaissent encore ici, au Québec, mais en France, il fait déjà un tabac comme on dit là-bas. C’est un rebelle qui dénonce le système avec ses chansons. Mon prof de Français le connaît depuis ses débuts et pense que j’aimerais ça. Il n’a pas tout a fait tort. Il nous en a parlé pendant notre cours sur la chanson contemporaine. Quoi? Drôle de nom pour un cours? Ça sonne comme un cours inutile, tu penses? Je ne sais pas. Ben en fait, dans le temps je trouvais ça juste cool et facile comme cours complémentaire, mais maintenant je me dis, avec un peu de recul, que ce cours a été un événement marquant de ma vie. Comme ta naissance? Pas autant. Différemment, en tout cas. De toute manière, à ta naissance, j’avais presque ton âge. Je ne réalisais pas. Je n’étais pas trop dans le beat si on veut rester dans le jargon musical. J’étais trop jeune ou pas assez vieux, c’est selon. Pas assez mature, mais tout de même trop pragmatique. Je ne sais pas.
Je te raconte une anecdote de groupie? À sa première tournée en sol québécois, je suis allé voir Renaud. Dans la salle de l’Auditorium Dufour à Chicoutimi, on devait être à peine 300, mais ça ne nous a pas empêchés d’assister à un super spectacle. Il était drôle, nous racontait des trucs avec son accent parigot et était surtout surpris que nous connaissions déjà ses chansons alors qu’il n’avait aucun disque encore disponible au Québec, mis à part en importation (ou connaître le bon prof – dont il faut encore plus taire le nom!!!). J’avais même réussi à voler une affiche autographiée que j’avais accrochée dans mon nouvel appartement sur Cazelais dans St-Henri, à Montréal. C’était mon nouveau chez moi. Mon nid. L’autonomie totale, je te dis. Un appart’ de merde, certes, mais j’étais maintenant dans la Grande Ville. Où je déployais mes ailes.
Les années ont passé et en 1985, Renaud était maintenant une vedette reconnue au Québec. Il avait même une maison à Outremont. Un peu moins rebelle le mec, hein? Mais tout de même un grand compositeur à mon sens. Quand j’ai entendu «Mistral Gagnant », la toune, pas l’album, ça m’a secoué comme la foudre. Ça m’a foutu le cafard immédiatement, comme tu ne peux pas savoir. C’est le grand pouvoir de la musique de te faire vivre des sentiments et des souvenirs. Aujourd’hui encore, après toutes ces années, le résultat est inchangé : il me tue ce refrain. Depuis que j’ai décidé de faire une série de billets sur les disques qui m’ont marqué, je me suis un peu conditionné à les réécouter. Histoire de me rassurer que je ne me goure pas dans mes choix. Quand les premières notes de piano ont fait vibrer les enceintes acoustiques de mon bureau, j’ai eu le motton direct. Je n’y peux rien. Cette chanson me ramène dans la face un paquet de souvenirs. Quand Renaud, le chanteur, chante : « Et entendre ton rire s’envoler aussi haut/ Que s’envolent les cris des oiseaux/ Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie/ Et l’aimer même si le temps est assassin/ Et emporte avec lui les rires des enfants, ça me fait penser à Renaud, mon fils et ça me fait chialer. Oui, je sais que des chansons françaises, y en a eu des plus importantes, des plus célèbres, des plus tristes; de meilleures compositions par de plus grands, mais celle-là, c’est un poignard dans le coeur pour moi. Ça me dérange. La musique, c’est personnel et ça laisse des marques dans ta vie. Tu ne t’appelles pas Renaud pour rien, mon garçon. Quatre ans plus tard, même si je n’écoutais presque plus le chanteur, son nom t’allait toujours comme un gant. Tout petit et tout frêle dans mes bras, je te regardais et te chantais : «… Te parler du bon temps qu’est mort ou qui r’viendra/ En serrant dans ma main tes p’tits doigts…/ Et entendre ton rire qui lézarde les murs / Qui sait surtout guérir mes blessures… », en me disant que finalement, y avait peut-être un peu d’espoir pour les gars comme toi et moi dans ce monde…

J’ai offert cet album, via iTunes, à mon fils, Renaud. Un beau et grand gaillard que j’aime.

> Renaud / Mistral Gagnant sur iTunes

Une télé poivre et sel?

Un article du New York Times repris sur l’excellent blogue de Martin Lessard (que je vous recommande fortement de lire…) nous apprend que l’âge moyen des téléspectateurs des 4 plus importants réseaux américains (FOX, CBS. NBC et ABC) serait de 51 ans. Les grands télédiffuseurs verraient donc, de plus en plus, la clientèle des jeunes migrer vers des chaînes plus spécialisées ou carrément quitter les ondes au profit du net. À voir l’enjouement des internautes (surtout les plus jeunes) pour le site Tout.tv de Radio-Canada ou Hulu.com aux États-Unis, il est difficile de ne pas y croire. Ajoutons qu’il n’est pas rare non plus, pour un jeune, de suivre sa série préférée sur un site (souvent illégal) de streaming. Je vous avoue d’emblée que je suis le plus mauvais téléspectateur du monde. Je n’écoute jamais la télé. L’idée de devoir me conformer à un horaire (oui, oui, je sais que les RVP existent!), regarder des émissions qui ne me rejoignent pas et perdre mon temps passivement devant un téléviseur n’est pas mon style,  je préfère rechercher les contenus qui m’intéressent sur le net ou dans les journaux.
Ce que faisait remarquer judicieusement Martin Lessard c’est que plus les réseaux vont vouloir donner du contenu approprié à leur clientèle cible, plus ils vont accélérer le processus de vieillissement de cette clientèle. La simple logique de la saucisse Hygrade : plus les émissions s’adresseront aux plus vieux, plus les jeunes la délaisseront. La publicité étant le nerf de la guerre des grands réseaux; leur unique source de revenue, il est à prévoir que les agences devront adapter les messages à une clientèle plus agée ou simplement changer de médias pour rejoindre les plus jeunes. Il y va de même pour les produits annoncés, verra-t’-on la fuite de certains annonceurs importants?
Alors que les contenus vidéo n’ont jamais eu autant la cote, son principal diffuseur voit sa clientèle se fragmenter et s’homogénéiser. Les dernières statistiques sur les tendances web, toutes sources confondues, parlent d’une progression nette de ce type de média. Les séries uniquement web poussent comme des champignons, le géant YouTube est devenu un outil de recherche plutôt qu’une simple bibliothèque, fournissant des résultats bien avant les médias écrits.
On sait que les médias vivent globalement des changements majeurs, certains parlent de crise. Des médias sauront mieux s’adapter que d’autres. La télé traditionnelle? Faudra voir.

Melomarc™ – Neutral Milk Hotel / In The Aeroplane Over The Sea

Avec ce billet, j’introduis sur ce blogue, une toute nouvelle catégorie : Melomarc™ . Je tenterai de créer la liste (non ordonnée, trop difficile…) des albums qui m’ont le plus marqué au travers du temps. Toutes générations, tous genres et styles confondus. Vous en connaîtrez certains, d’autres non; ces albums seront des chefs d’oeuvres encensées par la critique ou des albums oubliés écrits par des artistes qui le sont tout autant. La musique, c’est quelquefois cérébral, mais toujours viscéral. Ça nous turlupine les tripes. La musique a toujours eu une place importante dans ma vie. J’en écoute au travail, dans mon auto, en joggant, en marchant, etc. Elle me fait rêver, penser, rire et pleurer. La télé n’est jamais ouverte à la maison, mais de la musique y joue en permanence. J’ai mes répertoires de party comme j’ai ceux de la mélancolie. J’ai des chansons qui viennent me remuer à l’intérieur, qui viennent me rappeler des événements tristes, mais aussi des périodes de vie exaltantes. La musique a la grande qualité de nous replacer dans le temps à un moment précis de notre vie. Elle nous fait aussi voyager. À l’extérieur, mais bien plus souvent à l’intérieur de soi. Bien que tous ces albums ont leurs histoires officielles, je raconterai la mienne en parallèle. Voyez ça comme un cahier… de notes. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur…

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En 1998, Neutral Milk Hotel In The Aeroplane Over The Sea était l’album de l’année pour le magazine CMJ (College Musical Journal). Ce magazine consacré aux radios universitaires américaines a été pour moi une véritable révélation, il m’a permis de suivre les nouvelles musiques émergentes pendant la grande noirceur qui a précédé l’explosion du web. Il fut un temps où découvrir de nouveaux talents était une tâche ardue et quasi impossible en région. Oui, il y avait bien quelques émissions de radio comme Macadam Tribu et Bande-à-Part à Radio-Canada, mais la diffusion était plus difficile qu’elle ne l’est maintenant. Bref, CMJ était pour moi une façon de découvrir des groupes qui m’étaient alors pour la plupart inconnus; et comme le magazine arrivait avec un CD, c’était une mine d’or de découvertes qui s’ouvrait à moi, chaque mois. Je commandais les disques chez Archambault en me faisant arnaquer à chaque fois : je payais en moyenne entre 25 $ et 35 $ l’album avec un délai d’attente de plusieurs semaines. La révolution numérique a permis à des mélomanes comme moi d’assouvir leur soif de nouveautés.
Neutral Milk Hotel a été le groupe qui m’a révélé des groupes du même genre comme Olivia Tremor Control et The Apples in Stereo, entre autres, mais avant tout m’a ouvert au style musical très particulier du Lo-Fi. Ce genre musical s’est vu nommé ainsi pour sa simplicité d’enregistrement (très rudimentaire avec un 4 pistes) et une distorsion des instruments (ce ne sont pas vos enceintes acoustiques qui fonctionnent mal, mais bien l’album qui sonne comme ça!). Le Lo-Fi c’était en même temps, la musique brute sans artifice; le même son que partagent la plupart des démos que les musiciens font parvenir aux labels. La naissance même d’une chanson. Le diamant brut. Sans artifice. Comme le musicien l’a conçu et senti la première fois. Le label Merge qui a produit l’album est devenu une véritable pépinière de groupes originaux et importants, Arcade Fire entre autres, pour ne nommer que celui-ci; d’ailleurs Win Butler, son leader charismatique, affirmait que In The Aeroplane Over The Sea était une des raisons pourquoi il avait eu confiance et avait signé avec Merge, leur premier contrat d’enregistrement. Le disque In The Aeroplane Over The Sea fait partie de la liste des 100 meilleurs albums de la décennie 90 (#4) selon Pitchfork Media, la bible du rock indépendant et il fait partie de mon Top personnel. Fait à noter, cet album n’a jamais quitté ma bibliothèque d’iPod depuis que j’en ai un. Ça, c’est un tour de force en soi pour un gars qui carbure aux nouveautés.

J’ai offert cet album à Martin Larose, commentateur important de ce blogue, musicien lui-même, mais surtout grand érudit et vieux copain.

> Neutral Milk Hotel – In The Aeroplane Over The Sea sur iTunes.

Réinventer l’ordinaire

Vous connaissez le syndrome de la page blanche? Même si votre métier n’est pas d’écrire, il doit vous arriver régulièrement de ne pas savoir comment vous y prendre pour régler un problème X. Vous analysez le tout en tentant de trouver une solution, mais vous arrivez rapidement à la conclusion que vous ne savez pas trop comment vous allez vous y prendre. C’est le néant devant vous. De deux choses l’une, soit vous prenez le problème un peu trop dans son ensemble et manquez par le fait même l’essentiel ou vous êtes persuadé d’être incapable de sortir du « standard ».
En pub, nous sommes toujours confrontés à ces deux avenues. Tous les métiers ont besoin d’une bonne dose de créativité pour se réinventer. Encore faut-il éviter certains pièges.

À trop vouloir, on fait mal
La créativité est une arme redoutable pour persuader les gens, mais elle peut s’avérer difficile à maîtriser quand on en perd le contrôle. À la recherche d’un concept tellement original, à trop vouloir sortir du cadre et de créer un précédent, on oublie le mandat initial pour assouvir notre soif de création. Vous voulez des exemples? Les magazines de pubs et de design en débordent. Des clients qui servent de canevas à des artistes manqués. J’aime bien l’Art, mais détrompez-vous, nous sommes avant tout des communicateurs ou des vendeurs. On est pas là pour mousser notre carrière, mais bien le produit ou service d’un client. Quand on analyse certaines campagnes gagnantes de prix, on en apprécie le génie, mais est-ce que le résultat se fait sentir au niveau des ventes? La ligne est mince entre vouloir et trop vouloir. J’adore la pub bien faite et les campagnes originales, mais elles doivent avant tout servir le client. Si nous présentons les choses sans nous soucier de ce que les autres comprendront dans le message – c’est de l’art ordinaire. Quand nous les décrivons avec le souci que le message soit compris, c’est de la pub ordinaire. Quand on réussit à combiner les deux, c’est de l’Art avec un signe de $.

Un pied sur le frein, ça stoppe; imaginez deux
La créativité est un être fragile, parano et timide. Un bon concept peut ressembler à un vulgaire caillou, mais si on s’y attarde un peu et que l’on se met à le nettoyer et à le polir, il peut s’avérer un magnifique diamant. Pour ce faire, il faut traiter l’idée avec délicatesse et lui permettre d’éclore. C’est pourquoi la création est avant tout un acte solitaire. Je ne crois pas une minute à la création de groupe. Une étude parue dans La Presse démontrait l’inutilité des séances de brainstorming en équipe. La timidité de se tromper devant les autres, les personnalités qui prennent trop de place et les jugements tardifs sont les pires ingrédients pour tuer une idée dans l’oeuf. Déjà qu’il faut lutter contre sa propre censure, s’il faut qu’en plus vous deviez négocier avec celles des autres, vous êtes mort. Tout comme vos idées.

C’est si compliqué d’être simple
Les meilleurs concepts sont les plus simples. Regardez les campagnes de pubs qui vous ont plu, elles ont toute la même caractéristique : celle d’être évidente. La simplicité quand on veut passer un message est indispensable. S’il faut une explication pour comprendre votre message, on s’entend que vous venez de vous tirer dans le pied. Pour arriver à une idée facile à comprendre, il faut aller à l’essentiel. J’appelle ça lire le design. Si vous comprenez au premier coup d’oeil, ce que je tente de vous dire, j’ai la moitié de la job de fait. Il me reste à vous convaincre. Les idées simples font souvent peur au client. Alors certains nous forcent à les enrober. Comme rajouter un glaçage trop sucré pour étouffer le goût subtil d’un gâteau, ça devient indigeste.

Je-me-moi
Vous n’êtes pas une fin en soi. Si vous faites un truc qui vous plaît, ce n’est pas automatique que ça plaise aux autres. Le chanteur Daniel Bélanger chantait : « Sortez-moi de moi! » Il y un monde autour de votre nombril.

Tout le monde le fait, fais-le donc
C’était le slogan de la radio CKAC dans les années 80.  C’est dépassé. Ce n’est pas parce que vos concurrents font tous la même chose, que vous devez les suivre aveuglément. Même si vous vendez les mêmes trucs, vous vous devez d’être unique. Vous ne gagnez absolument rien à vouloir être comme les autres. Sinon qu’être dilué et invisible. À moins que vous ne soyez un poison, il n’y aucun avantage à en tirer.

J’ai deux yeux, tant mieux
C’est un cliché de le dire, je sais, mais il faut absolument s’habituer à voir le quotidien avec une nouvelle paire d’yeux. La solution est souvent à côté de vous, mais vous ne la voyez pas. À trop regarder ailleurs, vous passez et ne voyez rien. Je ne fais pas un métier routinier, mais j’ai des clients depuis des années à qui je dois produire des campagnes année après année. Même mandat, même clientèle, même budget. Rien ne change. Sauf ma manière de voir. Faites un formatage de la mémoire de votre cerveau.

> Identification des toilettes réalisée par moi pour le défunt Bar-Spectacle L’Opéra. Réinventer l’ordinaire.

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