Chroniques helléniques – partie 3
En relisant mon dernier billet, j’ai ressenti un certain malaise. De ceux qu’on a quand on se rend compte que ce qu’on a écrit en 600 mots auraient pu se résumer en 25 derrière une carte postale. Des balivernes. Des mots qu’on aligne un après l’autre pour rassurer les proches, des mots clichés sans saveur. Il fait beau, on pense à vous. Mon dernier billet avait le sex-appeal d’un Guide Michelin et goutait l’agenda. Voilà, c’est terminé. N’en parlons plus. Parlons désormais des vrais affaires:il faut beau, on pense à vous.
Miam.
Quand je reviens de voyage, il ne faut pas me demander ce que j’ai vu ou fait, il faut m’interroger sur ce que j’ai mangé. À Athènes, un resto trouvé grâce à mes recherches sur internet, Kuzina, a réussi a bouleverser mes papilles. Le restaurant réinvente la cuisine grecque, puisant dans sa riche histoire des recettes oubliées ou de nouvelles interprétations de classiques, et ce, toujours avec un souci d’utiliser des aliments frais de provenance. C’est ici que j’ai goûté pour la première fois à la bottarga, une pâte créée à partir d’oeufs de poisson, salés et séchés que l’on tranche en fines lamelles et réveille d’un filet d’huile d’olive sur un petit pain. Délicieux, ça m’a rappelé un peu l’anchois et la sardine. Je tenterai d’en apporter innocemment dans mes valises.
À Mikonos, en soupant à la Taverna Matthew, j’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec une gentille dame d’une table voisine. Grecque émigrée aux States, elle venait passer quelques mois dans sa maison à Ano Mera. Elle a eu la gentillesse après un toast d’ouzo, de m’orienter sur le menu. Les anchois marinés étaient fabuleux! Je pesterai encore pendant plusieurs mois contre ceux que j’achète, même chez Milano à Montréal, en pensant à ce goût sans saumure si savoureux. Je vivrai le même backslach qu’à mon retour de Barcelone. Misère.
De Santorini, je ramènerai des feuilles de câpres. J’aurais bien ramené des tomates, mais je doute que Douanes Canada approuve. Il faut savoir que le volcan n’a pas que laissé un paysage à couper le souffle à cette île grecque, son sol ravagé par la lave a vu son ADN se modifier. Sa terre devenue très fertile a développé des saveurs que l’on ne retrouve nulle part ailleurs; aubergine blanche, tomate miniature a peau croquante, fava, etc. Même chose pour les fromages; depuis mon arrivée j’ai mangé du feta tous les jours, sans jamais avoir eu l’impression de manger le même fromage. J’en bave à en parler.
Des kilomètres de mots.
Y a pas que la bouffe qui me fait vibrer depuis que j’ai posé le cul ici. Ça n’a rien à voir avec le pays, mais avec mon état d’esprit. J’ai repris le goût à la lecture. Pas que je l’avais perdu, mais je ne lisais que des trucs reliés au travail, des magazines, etc. Je m’apprête à entamer les romans de ma blonde, je suis venu à bout des miens. Des milliers de pages englouties voracement, je m’en voudrais de passer sous silence Middlesex . Ce roman racontant l’histoire d’un hermaphrodite et plus largement l’histoire d’une famille : des immigrés grecs arrivés aux États-Unis en 1922 après avoir fui leur ville natal envahi par les Turcs. Des terres d’Asie Mineure aux quartiers de Detroit, Jeffrey Eugenides, celui à qui l’on doit Virgin Suicides – mis en film par Sophia Coppola, dresse un portrait de l’Amérique des années 20 aux années 70. Un livre difficile, mais terriblement beau. Trouvaille qui allait parfaitement avec ma destination. Il parait que le goût d’écrire vient avec celui de lire. Ça me donnera le coup de pied au cul pour cesser de négliger ce blogue.
Sinon, en 25 mots : il fait beau, le paysage est époustouflant (marcher la dizaine de kilomètres à flancs de montagne, reliant Fira à Oia, pour y voir mourir le soleil dans la mer Égée fût génial) et on a hâte de vous revoir (pfff, quel menteur!).
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Chroniques helléniques – partie 2
Ça tangue. J’ai l’impression d’être dans le manège de la Pitoune à La Ronde. Y a de l’eau qui perle sur les vitres. Ça tangue encore. On vient à peine de quitter l’île de Mykonos sur une frégate rapide. Elle nous mènera à Santorini, troisième étape de notre voyage. Le bateau est tout de même confortable. Ma blonde n’est pas du même avis que moi. Elle lutte contre le mal de mer. Il faut dire que les vents extrêmes de ce matin rendent la traversée plus périlleuse. J’ai l’impression que les trois heures que dureront la croisière ne sera pas de tout repos…
Retour sur Mykonos
Relaxe. Si la destination est reconnue pour ses fêtes éternelles, prisée par toute une jeunesse, pour nous elle aura été tout le contraire. Sous les soins de Maria, la propriétaire du Amazing View Hotel, le complexe de huit petits studios que nous avions choisi, on nous a bichonné comme des bébés. D’abord, le studio : je ne pense pas que le nom soit exagéré, la vue de notre terrasse était hallucinante. Surplombant la plage d’Agio Stefanos, juché à plus de 750m du niveau de la mer, nous avons pu décrocher et se reposer comme nous le souhaitions. La marche pour se rendre à la plage a fait passer les kilos de fêta engloutis depuis notre arrivée. Si l’expression monter dans la face d’un singe décrit une pente extreme, mon chympanzé n’avait pas de nez, ni de menton. Un mur.
Puis les déjeuners de Maria. La plupart des hôtels offrent un petit déjeuner de base constitué d’un café et d’un yogourt. Pas ici. Deux cabarets apparaissaient chaque matin : fromages, fruits, charcuteries, tomates, olives, beignets, miel, confitures, jus, etc. Place charmante, je vous le recommande chaudement.
Mise a part notre petit nid, Mykonos s’est avéré sympathique, surtout quand on sort de la Chora, le village le plus important de l’île ou s’agglutinent mauvais restos hors de prix, boutiques de souvenirs made in china et les hordes de touristes et de croisiéristes débarqués pour la journée. Une location de voiture nous a permis de faire un tour de l’île, d’emmagasiner d’autres points de vue, mais surtout de constater que les grecs conduisent de façon assez cavalière. Les minuscules routes, sans accotement ni garde-fou, tournant a 90 degré dans les montées dans lesquelles je me faisais passé à toutes vitesses m’ont fait apprécié la petitesse de ma voiture. Comme dans les autos tamponneuses de La Ronde, nous en sommes sortis avec plus de peur que de mal.
Ce qui nous ramène à La Pitoune. Qui tangue. Qui donne mal au coeur à ma blonde. Qui lui rappelle les trops gros déjeuners de Maria…
De bonnes nouvelles
Si vous suivez mon blogue, vous vous rappellerez que lors de notre dernier voyage à New York, nous avons été les premiers arrivés sur les lieux d’un terrible accident de voiture (raconté ici). Avec la magie de Google et de son service de traduction, une des victimes, Boris, est tombé sur mon récit et m’a adressé un commentaire de remerciement extrêmement touchant. Je suis content que cette aventure se termine mieux pour eux. Bonne chance pour le reste.
Aussi lu sur Facebook, deux petits messages de mes deux enfants qui m’ont adressés des voeux pour la fête des pères. Je vous aime aussi.
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Chroniques helléniques – partie 1
Farniente. Même si c’est du latin et que je suis en Grèce, c’est le mot qui définit le mieux ma vie depuis mercredi dernier. Rien. Rien faire. Je me suis arrêté tout d’un coup. Après une course folle de plusieurs jours, de plusieurs heures par jour, j’ai subitement tout arrêté et pris la direction vacances.
Je n’ai vraiment aucune difficulté à me mettre dans ce mood-là. On pourrait croire à tort que puisque je travaille beaucoup j’ai de la difficulté à tout mettre en suspend. Bien au contraire. Quand je suis entré dans ma voiture mercredi matin, en direction de Montréal pour prendre l’avion, j’étais déjà ailleurs, arrêté, dans un état de grâce. J’écris ce billet de Mykonos. De mon balcon qui donne sur la mer. Je comprends les Dieux d’avoir choisi la Grèce comme terre d’accueil, moi aussi, je me sens soudain invincible, en train de me reconstruire, de prendre des forces, de revivre… Voici donc quelques notes de voyage, prises ici et là.
Athènes que pourra, on y arrivera.
La Grèce vit des moments plutôt difficiles, économiquement parlant. On manifeste un peu partout perturbant l’ordre social. Athènes, sa capitale est aux prises avec des grèves de plus en plus fréquentes. À la sortie de l’aéroport, le chauffeur du bus public devant nous mener à la Place Syntagma, a décidé de nous faire descendre quelques kilomètres avant : la place était inaccessible pour cause de manifestations, on a du se rabattre à héler deux taxis qui nous ont aussi laissés tomber. Le premier parce qu’il n’arrivait pas a comprendre la direction que je lui demandais, le deuxième me disant que comme l’autobus, il lui était impossible d’accéder au quartier. On a dû se rabattre à prendre le métro. On a finalement pu rejoindre notre hôtel…
Le Fresh Hotel fait partie du cercle très fermé des «Design Hotel», lignes pures, couleurs vives, matériaux synthétiques, il ressemble aux hôtels très tendances comme le Pur à Quebec, ou le W a Montréal. Super cool comme endroit. Je n’aurais jamais payé pour le prix indiqué, bénéficiant d’un prix trouvé via Expedia.ca.
Mes impressions sur Athènes? Pas si pire. On m’avait tellement dépeind la capitale comme étant un endroit dangereux et désagréable que j’ai été plutôt conquis. Oui, la ville est sale et plutôt lugubre par endroits, mais de là à ne pas me sentir en sécurité, non. Je connais des endroits au Saguenay, où j’aurais plus peur de me promener la nuit. Mon hôtel, bien que très design se trouvait dans le red light : prostituées, junkies, etc, faisaient partie de la faune qu’on a croisé vers 1h00 lors du retour d’un excellent souper. Pas pire que de marcher sur St-Laurent / Ste-Catherine, un vendredi soir. Je ne me suis jamais senti en danger.
Les pieds dans le jus de poisson.
Je le confesse; si certains en voyages courent les musées ou les casinos, moi ce sont les marchés. Et l’avantage d’avoir choisi un hôtel en plein coeur de la ville était d’avoir la chance d’avoir accès au marché central d’Athènes. Bien que j’ai eu l’opportunité d’en visiter des supers comme le marché de la Boqueria à Barcelone, celui d’Athènes n’avait pas uniquement l’attrait de ses produits, mais bien celui de ces bouchers et poissonniers. Il faut les voir attirer les clients marchant dans l’allée centrale, proposant des prix, hurlant des deals plus alléchants que son compétiteur d’en face. Comme nous y sommes passés très tôt, nous avons pu voir les marchants placer leurs victuailles, nous avons eu le privilège de marcher dans l’eau des poissons qui dégoûtaient des étales, transportant sous nos chaussures cette odeur jusqu’aux confins du Parthénon. Je vous fais grâce de cette visite. Bien que grandiose et intéressantes, ces visites le seraient encore plus si on avait pas à subir tous ces touristes zezons qui te font sentir bête de faire partie de leur groupe.
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Le pourboire.
Je vous parle souvent des relations privilégiées que j’aime développer avec mes clients. Au-delà du service à accomplir, il me semble que faire des affaires aujourd’hui c’est plus qu’uniquement réaliser un mandat. Il y a tout ce qui gravite autour. Les rencontres de travail et les prises de mandat sont tout autant des opportunités pour mieux connaître son client, de voir la personne derrière le titre, de voir plus loin que la relation bête client-fournisseur. Oui, bien sûr toutes notions de professionnalisme doivent être respectées, mais celle de sentir qu’une relation de confiance mutuelle s’installe entre le client et le consultant est encore plus gratifiante.
Il y a quelques semaines de ça, j’ai reçu un courriel vers 22 h. Ça venait d’un client qui travaille dans le « public » (j’écris l’heure et le type de client, surtout pour faire réagir les personnes qui pensent qu’il y a uniquement dans le privé que l’on travaille le soir…). Long courriel donc, pour me remercier du travail accompli dans le cadre d’un mandat. J’avoue avoir été surpris, mais surtout flatté. Recevoir ce type de message quand tu ne t’y attends pas, c’est le gros pourboire que tu laisses au resto après une belle soirée quand le service passe d’anodin à expérience jouissive. C’est la tape dans le dos qui fait du bien. C’est la récompense des efforts déployés. Que ce client prenne la peine le soir, hors de son temps de bureau, pour m’écrire ce courriel venait ajouter un bonus à mes honoraires. Oui, chaque travail mérite salaire, mais un remerciement de la sorte, ça n’a pas de prix.
Depuis que je travaille seul, il m’est arrivé à plusieurs reprises de recevoir ce type d’encouragements. Je le dis sans vanité. Pas plus tard qu’hier, sur mon babillard de Facebook, un client me disait combien il aimait le travail que je venais de réaliser pour son organisation. L’autre matin, au téléphone, un autre m’appelait uniquement (!!!) pour me dire qu’il aimait travailler avec moi, sans pour autant demander quoi que ce soit. Des courriels me souhaitant bonnes vacances. D’autres qui disent bravo. Des maudits beaux pourboires.
De mon côté, je tente de plus en plus à le faire aussi. Je dis souvent que je travaille seul, mais c’est faux : les photographes, imprimeurs, programmeurs qui forment mon équipe ont souvent droit, eux aussi, à leur part justifiée du pourboire. Comme au resto, si le service a été rondement, c’est que dans la cuisine on a pas chômé. Ça serait trop facile de garder le mérite à soi, quand il ne te revient pas au complet. C’est pourquoi c’est important de leur souligner. Même si tu as déjà payé ta facture.
Un merci, un bon mot demeurent la façon la plus efficace de valoriser le travail effectué. Il ne faut pas les garder pour soi et le dire aux personnes concernées. Ce sont des cadeaux-surprises. D’autant plus si vous êtes du type critique, balancer avec des remerciements demeure une belle façon de rendre vos relations d’affaires plus humaines.
Aimer ce que vous faites comme travail est primordial pour un équilibre de vie. Que les autres aiment ce que vous faites pour eux, ça n’a pas de prix.
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Le gavage.
Vous recevez une demande d’amitié Facebook d’une entreprise. Bon. Vous savez que ce n’est pas la procédure normale. Qu’une entreprise devrait plutôt se créer une page qu’elle moussera dans son réseau pour la faire connaître afin d’y recruter le plus d’adeptes possibles. Vous déciderez vous-même d’y adhérer et même jusqu’à la partager à vos propres amis si vous pensez que ça leur conviendrait à eux aussi. Mais bon, vous vous dites que l’entreprise qui sollicite votre « amitié » n’est peut-être tout simplement pas au courant et vous faites : bah, ce n’est pas la fin du monde en cliquant « accepter » pour augmenter votre propre réseau.
Les jours passent et cette entreprise vous sollicite à un événement. Une activité pour mieux connaître ses services. Un genre porte ouverte. Vous cliquez que « non », vous ne serez pas présent. Ça ne cadre pas dans votre horaire. Et vous n’avez pas vraiment le goût. Vous êtes plutôt fermé aux portes ouvertes… Deux jours après, le même nouvel ami-entreprise vous demande si vous aimeriez essayer un truc qu’il vend. Qu’il serait disponible pour vous en faire une super démonstration! Une autre belle façon de mieux vous connaître. Vous cliquez « non ». Sans plus. Ça n’est pas votre truc tout ça. À vrai dire, ça vous dérange. Le lendemain, cette entreprise vous rappelle sur votre mur Facebook que vous pouvez toujours profiter d’un paquet d’avantages si vous venez acheter chez lui! Vous vous en doutiez. D’ailleurs, l’un de ses avantages est de ne jamais avoir la paix. Vous hésitez entre le désamifier ou simplement l’ignorer. Vous choisissez la deuxième option en espérant que votre silence lui donnera une piste de votre désenchantement. C’est mal connaître la détermination de votre super ami. Les jours se suivent et se ressemblent. D’invitations des plus anodines aux questions les plus stupides en passant par une avalanche de liens encore plus insipides et inintéressants, il continue à vous bombarder de conneries testant vos limites… à leur limite. À bout de patience, vous cliquez sur désamifier et vous voilà enfin soulagé. C’était un bon gars, mais bordel qu’il vous a gonflé avec cette sollicitation extrême et impertinente.
Pour vous relaxer de cette mésaventure, vous commandez en ligne des livres. Vous êtes plutôt pressé, vous omettez de cocher sur les cases qui vous épargnent de recevoir par courriel les nouveautés, coups de coeur et ventes de l’année. Vous vous dites : pourquoi pas? Ça pourrait êre pratique de recevoir toutes ces mirobolantes offres. Et vous cliquez « envoyer » en savourant ce plaisir simple de magasiner en bobettes sur le sofa du salon, pendant qu’il neige en ce début de juin. Le lendemain, vous recevez un courriel de ce commerce en ligne, vous disant qu’au-delà d’un achat de 39 $, la livraison sera gratuite. Cool. Même si vous le saviez déjà. Puisque vous venez justement de commander. La veille. Hier. Il y a à peine 24 h. Pour plus de 39 $. Et que vous n’avez justement pas payé de shipping. Se succèdent les jours suivants : la sélection des livres que vous pourriez aimer, la sélection des livres de la fête des Pères/mères/amoureux/Noël du campeur/ramadan/,etc… Puis suivent les promotions à 10 %/20 %/30 %. Et toujours cette livraison gratuite au-delà d’un achat de 39 $. Vous passez tellement de temps à lire ces courriels que vous n’avez même plus le temps de lire les livres que vous avez commandés. Quand vous décidez que c’est assez. Vous vous connectez à votre compte et vous décochez toutes les cases qui leur permettent de vous emmerder.
Y a cette compagnie de vêtements qui vous embêtent tous les jours qui vous déclinent leur collection un morceau à la fois, ce magazine qui vous offre de vous abonner tout le temps (même si vous l’êtes déjà!!!), ces recettes qui vous arrivent tous les matins… et le sempiternel envoi gratuit à l’achat de 39 $.
D-O-S-E-R. Sachez doser. Cessez de gaver vos clients. Ça leur engraisse la foi qu’ils peuvent avoir en vous. Laissez-les digérer les infos que vous voulez leur transmettre. Trop, c’est comme pas assez. Doser.
Je le sais que vous voulez des clients. On en veut tous. Mais ce n’est pas en les écoeurant à outrance que vous les attirerez. Facebook, les courriels, les infolettres, sont tous des moyens géniaux et à peu de frais de solliciter une clientèle, mais de grâce faites la différence entre partager et agresser. On se faisait une drôle d’image du vendeur d’assurances qui mettait son pied dans la porte pour empêcher le client de la fermer, mais quand vous ne cessez de pousser jour après jour des offres (qui souvent n’en sont même pas) vous vous faites plus de tort que de bien et leur ressemblez.
Savoir doser son information. La rendre intéressante, originale, mais surtout pertinente fera de vous, une entreprise plus respectée. Pas une machine à envoyer des courriels. Bon je vais aller vérifier si l’offre de 39 $ — livraison gratuite — tient toujours….
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On s’en charge, sans charge.
Un consultant en communication, comme beaucoup d’autres professionnels, vit de ses honoraires. Des honoraires de gestion, de planification ou plus particulièrement dans mon cas, de création. Les heures travaillées sont comptabilisées et facturées au client. Toujours? Mmmm, non pas toujours. Je ne peux pas parler pour les autres qui travaillent dans le même domaine que moi, nous possédons tous notre façon de faire, mais je donne à mes clients beaucoup de conseils que je ne facture pas. Je fais de la veille dans un paquet de secteurs qui m’intéresse et quand je tombe sur un article ou une étude qui pourrait intéresser mes clients, je leur envoie. Gratuitement. Parce que je suis comme ça. Je ne pense pas que tout soit monnayable et que l’on doive «partir» le compteur comme un chauffeur de taxi ou un avocat quand un client nous appelle pour solliciter un avis ou un conseil. Et ce n’est surtout pas parce que ça ne vaut rien. Pour reprendre sur le ton que mon dernier billet (sur les vendeurs), on bâtît une relation d’affaires comme une d’amitié, en donnant plus qu’en recevant.
Les détracteurs disent à tort qu’un conseil gratuit vaut moins qu’un autre qui est facturé, que ça dévalorise la pertinence de celui-ci. Il n’y a rien de plus faux. À l’ère des réseaux sociaux, un blogue comme le mien est consulté par un paquet de monde qui bénéficie de conseils tout à fait gratuitement (pas toujours pertinent, j’en conviens, surtout si vous tombez sur un billet comme celui-ci !). On a qu’à penser au site (gratuit lui aussi) de Michelle Blanc (qui traite de médias sociaux, commerce électronique, etc.) qui regorge des mêmes informations que son livre qui se vend en libraire. Bien sûr que mon blogue ne se compare pas au sien, mais à me mesure il me permet d’échanger mes points de vue, de démontrer quel genre de professionnel je suis, quelles sont mes valeurs et mes prises de position sur des sujets les plus variés. Est-ce que je suis capable d’en calculer exactement la portée? Pas du tout. J’ai des statistiques intéressantes et j’ai quelques mandats qui m’ont été confiés à la suite de certains billets, mais rien d’assez significatif pour m’assurer que ce blogue ne représente pas uniquement une dépense. Disons qu’il cadre bien dans ma philosophie d’échange du savoir et qu’il me donne une tribune que j’adore.
Je ne donne pas du temps uniquement à mes clients. J’en donne aussi à des associations caritatives, j’ai déjà pris le temps de rencontrer des étudiants, de nouveaux entrepreneurs qui pensent faire le grand saut et même des jeunes boîtes concurrentes à la mienne avec lesquelles j’ai parlé tarification. Étrange? Encore là, je ne pense pas. C’est peut-être ce qui explique la longévité de la plupart des relations d’affaires que j’ai développées depuis mes débuts. J’ai des clients qui me suivent depuis plus de quinze ans. Comme dans une relation d’amitié, la gratuité de certains services aura permis d’assurer une pérennité à celle-ci en lui apportant une valeur incalculable. Difficile de chiffrer ce qui n’est pas comptabilisé. La confiance, ça ne se compte pas.
Longue introspection pour arriver à du concret, vous présenter un projet tout chaud, tout neuf : une petite campagne pour faire connaître les services (gratuits) offerts par le CLD de Ville de Saguenay. Deuxième projet réalisé avec la (toute nouvelle!) responsable des communications, l’énergisante Sophie Bouchard. Avec elle, pas de quartier, il faut être créatif. Voici deux affiches d’une campagne qu’on entendra aussi à la radio qui énumère tous les services que le CLD offre aux entrepreneurs en démarrage ou expansion de leurs entreprises. Je vous invite à visiter leur site pour en savoir un peu plus ou de téléphoner au 418.693.3147 pour prendre rendez-vous. C’est gratuit. Profitez-en pour saluer Sophie de ma part.
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Vendre à tout prix
Je n’aime pas les vendeurs.
Les vendeurs de chars, de pub, d’assurances, etc. Nommez-les tous.
Ce n’est rien de personnel. Croyez-moi. Je ne vise personne en particulier, je parle du métier de.
Je n’aime pas la façon qu’ils ont de nous aborder avec leurs phrases apprises par coeur.
Je n’aime tout simplement pas leur vision de trimestre. Leur vision à court terme. Tous ces faux sentiments dictés uniquement par mes futurs achats. Je n’aime pas l’amour qu’ils nous déclarent quand on signe le contrat, le dénigrement que nous subissons quand nous osons refuser. Ces vendeurs capables de faire semblant de nous trouver intéressants. Ces vendeurs prêts à dire n’importe quoi sur n’importe qui pour vendre leur salade. Je ne les aime pas.
Je n’aime pas ces vendeurs aux produits toujours #1. Ces vendeurs qui sont toujours les meilleurs. Et les autres, qui sont tous des pas bons.
Je n’aime pas leurs arguments bidons tirés d’un chapeau. À grand renfort de superlatifs. J’aime pas qu’on me prenne pour plus con que je suis.
Je n’aime pas entendre : ce gars-là, c’est tout un vendeur! Yé capable de vendre un frigo à un esquimau. Ha bon. Ce qui vous impressionne, me désole. Ça me les rend encore plus antipathiques.
Je n’aime pas qu’un vendeur pleure à mes clients que je ne connais pas un tel média, uniquement parce que je viens de lui refuser une offre.
J’aime encore moins ce nouveau titre de conseiller des ventes dont ils se sont affublés depuis quelques années; un malentendant n’est plus un sourd, un non-voyant, un aveugle… eux ne vendent plus, mais conseillent. Des conseillers qui vous conseillent d’acheter… leurs trucs. Uniquement les leurs. Parce que ceux des autres, c’est de la marde.
Je n’aime pas.
J’aime qu’on me respecte. J’aime qu’on respecte mes clients. Surtout si je dis non. Surtout s’ils disent non. Trop facile de nous aimer, sinon.
J’aime qu’on me dise la vérité. Qu’on ne me monte pas un bateau. Qu’un vendeur me donne l’heure juste, même si ça risque de se tourner contre lui.
J’aime les relations durables. Qui se bâtit sur le long terme. Sur des valeurs partagées. Pas sur des prix.
J’aime quand je sens que le vendeur s’intéresse vraiment à ce que je fais dans la vie. On n’est pas obligés d’avoir les mêmes passions. Alors si oui, faut que ça soit vrai.
J’aime qu’un vendeur me dise qu’il ne sait pas un truc, mais qu’il va se renseigner et me revenir avec une réponse au lieu de me dire n’importe quoi.
J’aime quand je peux compter sur un vendeur pour mieux m’aiguiller, même si à court terme c’est moins payant pour lui parce que je lui demande de s’investir.
J’aime qu’il me dise que je suis dans l’erreur, si je le suis. Au lieu de me vendre à tout prix, en me disant que je suis beau et fin.
J’aime qu’un vendeur avoue que le produit d’un concurrent est aussi intéressant que le sien. Qu’il me parle de ses avantages à lui, sans me démontrer uniquement les désavantages des autres.
J’aime quand je sens qu’un vendeur travaille pour moi. Pas pour lui. Même si, dans le fond, à la fin, c’est pour lui.
J’aime entendre : c’est bon je m’en occupe. Et que c’est vrai. Maintenant ou plus tard.
Je connais des vendeurs dans les deux catégories. Ceux que j’aime se reconnaîtront. Les autres continueront de faire semblant… de m’aimer.
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Hey c’est pas à toi. Ni à moi, d’ailleurs.
Et si on parlait typographie? Surtout de leur utilisation par les boîtes de graphisme.
Il m’est arrivé une anecdote, aujourd’hui qui m’a rappelé un truc dont je voulais parler depuis longtemps sur ce blogue. Une agence amie (oui, oui ça se peut!) m’envoie un courriel pour me demander le nom de la typographie utilisée dans le cadre d’un projet pour un client commun. Comme il devait faire une création pour celui-ci, il voulait continuer dans la même lignée de celle que j’avais élaborée. Puisqu’il ne trouvait pas la typographie choisie dans sa collection, il m’a recontacté en me demandant de lui faire parvenir ladite typo. Ce que j’ai refusé. Pas par méchanceté ou mauvaise compétition, mais parce que je ne pouvais pas lui remettre ce qui ne m’appartenait même pas.
Je vous explique.
Les typographies achetées nous donnent uniquement le droit de les utiliser personnellement; en fait, les polices de caractère sont régies de la même manière que les logiciels : elles ne peuvent être copiées ni échangées. Quand tu réalises un mandat pour un client, c’est un concept que tu lui vends, un concept créé avec une typographie; point à la ligne; tu ne lui vends pas une typographie (puisqu’elle ne t’appartient même pas de toute façon et que tu paies pour l’utiliser). Quand le client veut utiliser ultérieurement la même typographie; deux choix s’offrent à lui : l’acheter lui-même pour ses besoins internes ou demander à son agence de se la procurer. Comme un logiciel. Le client ne peut pas, non plus distribuer sa typo, de la même manière qu’elle ne peut donner un logiciel.
Sur son site, Typographe trace un portrait assez juste de la propriété intellectuelle d’une police :
Les caractères typographiques (la création) relèvent de la propriété intellectuelle et artistique, au même titre que le travail de création d’un designer ou de produits industriels propriétaires. Compte tenu de l’ubiquité et de la facilité de partage des fontes numériques (nommés également “polices de caractères”) entre utilisateurs, les considérations juridiques et morales liées au fait même d’utiliser ces fontes (dans le sens logiciel, support numérique des caractères typographiques) sont souvent négligées.
Définition de la contrefaçon
La contrefaçon est aux droits intellectuels ce que le vol est aux biens matériels. Il s’agit de l’atteinte aux droits exclusifs de l’auteur, tant moraux que patrimoniaux, sur son œuvre et l’usage de celle-ci sans son autorisation (art.L355-2 et 3 CPI).
Nous pouvons énumérer les quatre bonnes pratiques suivantes…
- Si vous utilisez une fonte numérique, que ce soit sur votre ordinateur ou sur celui de quelqu’un d’autre, assurez-vous que vous disposez d’un licence pour utiliser cette fonte ;
- Si vous souhaitez utiliser une fonte numérique qui n’est pas installée sur votre ordinateur, vous devez au préalable vous assurer soit que vous ou votre employeur disposez d’une licence pour installer la fonte ou bien en faire l’acquisition ;
- Si vous avez la moindre question à propos de la licence d’une fonte numérique, n’hésitez pas à contacter la fonderie ou le revendeur de la police (si vous n’avez pas cette information, n’importe quelle fonderie ou n’importe quel revendeur — ou peu s’en faut – peut vous aider à identifier l’origine de la fonte) ;
- Ne prêtez pas, ne donnez pas vos fontes numériques à autrui. Vos amis, clients, collègues de travail doivent faire l’acquisition des droits pour les utiliser. Quand on vient à aborder la question des licences de fontes numériques, l’aspect éthique de leur utilisation fait sens, tant d’un point de vue légal que financier. Violer les termes d’un contrat de licence met en danger le designer, le client et peut hypothéquer l’avenir de leurs relations professionnelles. Une approche éthique de l’utilisation des fontes et du respect des contrats de licence est synonyme à la fois de bonnes pratiques des affaires et, partant, d’affaires bien menées. *
De plus, j’ajouterais que l’acquisition de typographies autres que celles souvent fournies par les suites de logiciels de création comme celle d’Adobe permet à une agence de se différencier de ses concurrents, de produire des productions originales : ça devient son coffre à outil personnel et sa marque de commerce. Dans le passé, avant de connaître les règles régissant la typo, à toutes les fois que je fournissais des polices de caractère à un imprimeur ou une autre agence, je voyais apparaître dans le marché des productions faites à partir de celles-ci. Coïncidence? Permettez-moi d’en douter. Parce qu’il est là aussi le problème : après le mandat en cours réalisé, les typos que j’avais envoyées se retrouveraient dans le coffre à outils d’une autre agence ou d’un imprimeur qui l’utilisait à son tour pour créer. Sans avoir eu à débourser une cenne. En toute illégalité.
Voilà. Vous vous coucherez plus intelligent ce soir. Tout en faisant des ZZZ en Helvetica Bold.
* Source : Typographe
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On n’est pas fait pour tout le monde.
« Vouloir trop plaire, c’est le plaisir des moches. »
– Renaud
Je travaille dans le domaine du graphisme et de la pub depuis maintenant plus de 20 ans. Je connais ça. Je me débrouille pas pire. On dit de moi que j’ai un style particulier, pas comme les autres, que je me démarque. J’imagine que ça va avec ma personnalité, je n’ai jamais voulu me fondre dans la masse et jamais rêvé d’être un Schtroumpf. J’ai des clients qui ne jurent que par moi tandis que d’autres personnes ne feraient jamais des affaires avec moi. Parce que je ne suis pas dans leur palette, que je ne suis pas leur genre ou que tout simplement ils ont déjà des professionnels en qui ils ont confiance.
J’ai des amis qui proviennent de milieux très différents : des sportifs, des profs, des artistes, des entrepreneurs, des riches, des pauvres… Des gens diamétralement opposés avec des idées qui le sont autant. Y a des chums que je ne pourrais réunir dans un souper, d’autres qui s’entendent mieux ensemble qu’avec moi. Encore ici, je pense qu’en amitié, l’homogénéité n’est pas nécessaire et pas mal moins intéressante que la diversité. Je préfère de loin les esprits libres aux moutons contents de suivre le troupeau de la pensée commune. Il n’y a aucun plaisir à connaître d’avance la réponse à une question avant même de l’avoir posée.
Je suis en plein processus d’achat d’une nouvelle voiture. J’avoue d’emblée peu connaître le domaine et de ne pas avoir la fibre « char » très développée. Je suis plus du type à combler mon besoin de déplacement du point A au point B. Je ne suis pas fan d’une marque en particulier et je n’ai aucun client dans l’automobile qui me forcerait à opter pour une. Alors je regarde ici et là ce que l’on m’offre. J’analyse, je compare, tente de déterminer mes priorités. Alors que plusieurs rêveraient d’être dans ma situation, j’avoue ne pas ressentir un plaisir à magasiner mon prochain véhicule. Sans avoir de coup de foudre évident pour une auto, j’ai par contre des hauts le coeur sur certains modèles, me demandant comment une personne peut choisir une voiture aussi mal foutue…
Comme les voitures, nous sommes nous-mêmes, des produits qui s’adressent à des clientèles différentes. Notre ADN caractériel est complexe, contient des attributs qui nous ont été conférés par nos parents, d’autres par nos amis et certains par nos propres expériences de vie. Difficile d’en arriver à une homogénéité quand nos origines proviennent de sources aussi variées. C’est pourquoi il est tout autant difficile de plaire à tout le monde. Et pourquoi devrions-nous de toute façon?
La course folle consistant à vouloir faire l’unanimité est difficile, mais surtout inutile. En marketing, le positionnement est la pierre d’assise du produit : il définit le créneau et la clientèle visée. Les entreprises qui tirent à tout vent dilapidant leur budget publicitaire en pensant attirer le plus grand nombre de clients possibles font une erreur. Vaut mieux viser moins large et plus précisément. Si certaines voitures m’apparaissent non adaptées à mes besoins, c’est tout simplement parce qu’elles ne me sont pas adressées. That’s it. Il se pourrait que je ne sois vraiment pas sollicité par le fabricant. Exemple? Je n’ai jamais eu de fourgonnette familiale, et ce même si j’ai eu deux enfants, tout simplement parce que le créneau « papa-maman-caillou » ne m’a jamais atteint. Cette van qui aurait pu s’avérer le meilleur achat dans les circonstances ne représentait aucun avantage à mon égard sinon de me proposer un mode de vie qui ne m’atteignait pas.
Un consultant, c’est aussi un produit. Avec ses avantages et ses inconvénients particuliers. Comme professionnel, je peux répondre à un besoin pour certains clients sans pouvoir le faire pour d’autres. Ne voyez pas ça comme une incapacité à répondre à une demande, mais simplement à une incompatibilité de personnalité ou de façon de faire. Je ne suis pas fait pour tout le monde, comme tout le monde n’est pas fait pour moi. Il ne faut surtout pas interpréter ce constat négativement, le nier selon moi serait beaucoup plus navrant. C’est pas mal plus pathétique de croire que tout le monde t’aime que de vivre avec l’idée que tu ne fasses pas consensus.
On n’est pas fait pour tout le monde. Et c’est tant mieux. À moins voir la vie en bleu, comme un Schtroumpf.
Billets que vous pourriez aimer
Melomarc™ – David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts
Voici un nouveau billet de la catégorie Melomarc™ qui tente de répertorier les albums de musique qui ont marqué ma vie jusqu’à maintenant. Voyez ça comme un voyage à travers mes souvenirs et ma collection d’albums; où la véritable histoire de l’album vit en parallèle de la mienne. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur.
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J’aurais pu titrer ce billet « Remixer sa vie ».
Parce que comme la musique, la vie ça se remixe. On garde les bons beats, on élimine les bruits de fond, les scratchs inutiles, les grésillements du temps. Tout ça pour recréer une meilleure ambiance. Une ambiance encore plus révélatrice de sa propre personne.
J’ai remixé ma vie une couple de fois déjà. Jamais complètement effacé, mais je suis parti des rythmes qui m’ont défini depuis des lunes en tentant d’en ajouter des nouveaux pour améliorer le résultat. On revient souvent à ses propres bases rythmiques, son ADN. J’ai « refait » ma vie. Je l’ai rebâtie. En tentant de faire mieux. Du moins, je le crois.
Je vous dis souvent que la musique vit en parallèle de notre vie. Elle est surtout indissociable de celle-ci. Cette chronique qui me force à me rappeler de mes albums phares me permet également de revivre certaines étapes importantes de ma vie jusqu’à présent. En me rappelant les bons moments, comme les plus difficiles. Les fausses notes.
Je me suis aussi recomposé au niveau professionnel. J’ai joué en quatuor, en trio et en duo. Je joue maintenant en solo. Un soliste bienheureux. Dans mes relations avec mes clients, j’essaie de ne pas trop jouer la même rengaine, en tentant de découvrir des sonorités différentes de ce qu’ils connaissent.
Parce qu’il faut se sortir absolument des rythmes anodins. Qui se jouent partout. Sutout parce que c’est monotone. Sans saveur.
J’ai des amis qui, eux aussi, brassent leurs rythmiques personnelles. Qui s’assemblent, se ressemblent, faut croire. Les vrais amis ont souvent les mêmes airs finalement.
J’ai mis la main sur My Life in the Bush of Ghosts, en 1981. Un de mes amis, grand fan de King Crimson m’avait aiguillé sur cet album. À sa première écoute, j’étais bouleversé. Je n’avais jamais rien entendu de la sorte auparavant. Un mélange de rythmes funk et d’afro-beat, des échantillonnages provenant d’émissions de radio de sources aussi variées que des preachers américains en passant par des chanteurs libanais, du bidouillage électronique à profusion, Byrne et Eno avaient dénaturé un paquet de sonorités pour créer un son unique. Encore aujourd’hui quand j’écoute cet album riche, je suis incapable de me mettre dans la tête que celui-ci a 30 ans maintenant, tellement il était d’avant-garde pour l’époque. Bien qu’habitué d’entendre un paquet de musique remixée depuis le temps, My Life in the Bush of Ghosts demeure, pour moi, l’exemple parfait qu’on peut toujours se réinventer. Qu’à partir des mêmes ingrédients, on peut réaliser des centaines de plats différents. Qu’il suffit d’être créatif. Comme pour sa vie.
J’ai offert David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts au fils DJ/musicien d’un de mes grands amis, par amitié bien sûr, mais surtout parce qu’à sa façon, il est train lui aussi, de remixer sa vie.
> David Byrne & Brian Eno / My Life in the Bush of Ghosts sur iTunes