Principes de Marc™ – 06
À vouloir tout dire, vous ne dites rien. Du moins, rien qui se retient. Grossir le logo, grossir votre numéro de téléphone, mettre votre adresse, votre code postal, votre ligne sans-frais, vos heures d’ouverture, vos faces, et foutre le tout dans une publicité grosse comme un timbre-poste ne sert à rien. Nada. À part beaucoup de confusion. Gardez votre message clair. Diffusez de l’information nécessaire. Raconter votre vie dans un message-radio de 15 secondes est un non-sens. Soyez clair, concis et surtout pertinent. À part si vous vous adressez à des archéologues, personne n’a le goût de déchiffrer des hiéroglyphes vendant vos services.
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Principes de Marc™ – 05
Quand vient le temps de faire des choix sur son image corporative, les entreprises ont la mauvaise manie de tout ramener à eux. Je n’aime pas cette couleur. Je n’aime pas cette police de caractère. Je n’aime pas ce type de photos. Je n’aime pas. Patati et patata. Vous savez quoi? On s’en fout. Ne prenez pas la place de vos clients. Faites abstraction de vos goûts personnels et pensez en fonction de votre clientèle. C’est à elle que vous vous adressez. Pas à vous.
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Principes de Marc™ – 04
Tomber dans le piège des fausses promesses est une erreur que beaucoup d’entreprises font quand vient le temps de se montrer au grand jour. Parler du meilleur service quand c’est votre talon d’Achille, vanter vos prix les plus bas quand ce n’est pas le cas sont des attrapes clients qui ne résultent qu’à les éloigner. Vos vraies forces doivent être mises de l’avant. Allez-y avec de la valeur ajoutée. Évitez la trilogie déprimante du service / qualité / bas prix. Plus personne ne croit à ça. Dites-nous ce que vous avez vraiment dans le ventre. Courtisez-nous. Cruisez-nous. Un client n’attend que de tomber en amour avec vous, ne le décevez surtout pas.
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Principes de Marc™ – 03
Logo, affichage, publicité, communiqué, site internet, Facebook, Twitter sont tous des moyens géniaux pour vous faire connaître. Mais tous ces moyens deviennent inutiles si vous n’avez pas préalablement travaillé votre image. Les entreprises ont la mauvaise manie d’investir beaucoup en publicité de diffusion et peu en conceptualisation et rédaction. Comme si le fait de diffuser abondamment suffisait à se faire connaître. Diffuser à tout vent. Sauf que le vent passe souvent inaperçu. Surtout si aucune saveur ne s’en dégage. D’où l’importance de s’occuper de son image. Mettre de l’avant votre saveur. Vous êtes peut-être le meilleur, alors dites-nous pourquoi.
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Principes de Marc™ – 02
Si vous voulez que l’on se souvienne de vous, il faut savoir vous démarquer. Voilà tout le travail de la créativité. Chercher la façon la plus originale de vous présenter, sortez des sentiers battus; regardez dans quelles directions vont vos compétiteurs et prenez-en une complètement à l’opposé. Inspirez-vous de marchés différents du vôtre : vous offrez des services, pensez comme un magasin de détail; vous êtes une usine, pensez comme un restaurant. En brisant vos paradigmes personnels, vous serez plus en mesure de trouver une voie différente et personnelle. Les originaux ne sont pas des hurluberlus, mais des personnes qui ont décidé de briser la routine.
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Principes de Marc™ – 01
J’ai donné récemment une séance de speedcoaching sur l’image corporative à la Journée de l’entrepreneuriat organisée par les CLD de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean; ce qui m’a forcé à mettre par écrit ma vision dans ce domaine. J’ai créé une présentation et remis une brochure aux participants dont je vous partage le contenu. Pour l’occasion, voici donc une toute nouvelle catégorie que j’ai nommée Principes de Marc™.
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Faites le décompte de vos concurrents et vous aurez une idée du choix impressionnant auquel vos clients font face. Examinez maintenant comment toutes les entreprises de votre domaine se présentent. N’oubliez pas de vous inclure. Ça vous rassure de ressembler à tout le monde? Vous n’êtes pas les seuls : vos clients partagent la même opinion que vous. Ça les réconforte tellement de savoir que peu importe sur qui ils arrêteront leur choix de fournisseur officiel, ils seront toujours bien servis. Vive l’uniformité. Ça vous rassure toujours de ressembler à tout le monde? Vous ne devriez pas. Personne ne gagne à partager son image.
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Le bonheur est contagieux
Dans la queue à la caisse du Canadian Tire, elle était tout juste devant moi. Frêle et fière, avec son foulard fuchsia sous son manteau de lainage gris. Sur le comptoir, les achats de cette vieille dame attendaient d’être pris en charge par la jeune caissière. L’inventaire : biscuits pour chien, bacon pour chien, os en corde pour chien.
— Ouais, il est gâté ce petit chien-là, hein? avançais-je.
Elle a peu bronché, ne saisissant pas tout de suite que je m’adressais à elle. Puis, regardant par dessus ses lunettes, elle me jeta un regard comme Mathieu Kassovitz dans le film La Haine, en murmurant dans sa tête « C’est à moi qu’tu parles? Hein? C’est à moi que tu parles? »
— Il est pas mal gâté, hein? ajoutais-je.
Y avait plus de doute dans sa tête maintenant. Ce gars-là mal rasé, avec ces drôles de lunettes s’adressait bien à elle. Elle a souri discrètement et m’a répondu « Oui, c’est pour mon petit chien… ».
— On les aime tellement ces petites bêtes-là…, tentais-je à nouveau, profitant de la brèche que j’avais provoquée.
— Mets-en qu’on les aime, moi, mon chat, je le gâte tellement…, dit la caissière, s’introduisant dans cette discussion qui devenait de moins en moins monologue.
« C’est un mini Colley, c’est comme mon bébé… » Me dit la dame, en me regardant droit dans les yeux. Son visage s’étant illuminé tout d’un coup. Elle sourit de toute sa bouche et rajouta : « il est tellement fin avec moi, toujours collé, affectueux… c’est comme mon bébé! ». Ses affirmations dites au bout des lèvres transpiraient l’amour. Ce petit chien-là devait avoir une place énorme dans la vie de la petite dame. Tout la place. Elle continua à en parler, s’adressant tour à tour à la caissière ou à moi. Intarissable, elle nous racontait tous ces trucs anodins que les chiens font, anodins pour les voyeurs comme nous, indispensables pour les gens qui les reçoivent. Je ne l’écoutais plus. J’imaginais cette dame âgée dans son condo, avec ce petit chien roi qui lui rendait si bien tout l’amour qu’elle lui apportait. Et surtout, j’ai vu dans ses yeux qu’elle était contente de nous faire part de son petit bonheur. Que ses chuchotements étaient de grands cris d’amour, mais que sa petitesse et vieillesse ne lui permettait pas d’exprimer aussi fort qu’elle l’aurait voulu.
Je me suis mis à penser à mon père. C’est le genre de truc que faisait mon père. Parler aux autres, les déranger dans leur silence. Quand j’étais plus jeune, ça m’énervait. Ça me gênait quand il s’adressait à des étrangers, quand il ne se mêlait pas de ses affaires. Je trouvais que ça faisait bonhomme. C’est bonhomme de parler de tout et de rien, de faire des blagues avec les gens qu’on ne connait pas. Mais bonhomme rime souvent avec bonheur. Je gêne aussi ma fille quand je m’adresse à des étrangers pour dire des niaiseries. Peut-être que 80% du temps, ça reste des discussions banales qui ne passeront pas à l’histoire. Mais cette après-midi-là chez Canadian Tire, je pense avoir provoqué un petit moment de bonheur de 5 minutes. À la petite dame, la caissière et moi.
Le bonheur est contagieux, encore faut-il se laisser contaminer.
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Le monde est petit. Très très petit.
Les Québécois n’auront jamais autant voyagé. En scrutant les données de Statistiques Canada, la courbe est exponentielle. Nous sommes toujours prêts à décoller. Y a pas une semaine où tu n’entends pas quelqu’un qui parle de son imminent départ dans des pays avec des noms qu’il fallait faire semblant de connaître il y pas si longtemps. On voyage de plus en plus jeune, en famille ou en couple et on voyage de plus en plus loin. Les périples, jadis réservés aux grands explorateurs sont maintenant banalisés par les tours opérateurs qui les rendent accessibles à tout le monde en autocar climatisé. Il y a plus vraiment de destinations qui nous impressionnent. On ne parle plus de Tombouctou comme le bout du monde. On va en Europe comme on allait à Old Orchard dans les années 70. Les voyages dans le sud sont devenus de banals week-ends dont on se confesse quasiment. « Tu arrives de voyage? » – Non, non je suis seulement allé 10 jours à Cuba. C’est devenu banal. Anodin.
Et la bouffe? Haaaa la bouffe. On entre dans le plus simple IGA de quartier pour s’acheter quinoa, manioc, farine de banane plantain. On cuisine le monde de plus en plus quotidiennement. Notre trio carotte/patate/navet est devenu moribond et l’offre s’est multipliée pour nous offrir des légumes de champs du monde entier. L’expression légumes de terre est devenue légumes de Terre. Légumes d’ailleurs qu’on réussit maintenant à cultiver très bien, ici même. L’exotisme ordinaire. On peut manger exotique bio, près de chez nous. J’écris exotique et je me fais rigoler, car ce mot n’a plus la même saveur que jadis. Notre alimentation a tellement changé et évolué qu’on peut difficilement parler de bouffe d’ailleurs. Beaucoup de produits importés font partie intégrante de notre alimentation quotidienne. Et ce n’est même plus réservé à une élite. Ni à une classe plus riche. Ricardo, Faita, Pinard et compagnie ont réussi, avec leurs émissions et livres, à métamorphoser la cuisine québécoise et la rendre multiculturelle en démocratisant celle-ci. Notre table est multiculturelle. Nous bouffons le monde.
Nous n’avons jamais été aussi informés sur les grands conflits mondiaux. Nous avons suivi les dernières grandes révolutions sur Twitter. En direct. Nous avons vécu le printemps arabe, dans le confort de nos foyers. Nous avons pu suivre les élections tunisiennes et en parler parce que sa couverture par les médias nous a été offerte sur le web. Nous nous nourrissons de sources d’informations diverses et mondiales. Les points de vue sont de plus en plus diversifiés. Nous avons maintenant l’opportunité de lire comment l’orient perçoit l’occident. Nous extrapolons moins. Des idées d’ailleurs influencent les nôtres. Un mouvement comme Occupons machin s’exporte, s’importe, comme un fruit. Nous vivons le village Global. Nous sommes mondiaux. Les barrières tombent.
Nous vivons une époque formidable, comme j’aime le dire si souvent. Une époque mondialisée.
Le monde est petit, mais plus nous. Nous avons grandi de ces expériences multiculturelles. Nous ne sommes plus des étrangers. Imbibés de culture, nous sommes devenus des citoyens du monde.
Pourtant, quand Khady du Sénégal finira ses études au Saguenay, c’est dans une autre ville, peut-être province et même pays qu’elle ira pratiquer.
Pas qu’elle n’aime pas le Saguenay, ni le Québec. Elle a quand même choisi de s’y établir pas seulement le temps de ses études, mais avec le but de s’y intégrer. D’épouser une nouvelle culture. Comme des milliers d’étudiants le font, chaque année au Saguenay, à l’Université du Québec à Chicoutimi, ou dans un de nos quatre Cégeps. Des milliers d’Africains, de Magrhébens, de Chinois ont opté pour le Saguenay comme terre d’accueil pour vivre une nouvelle vie, mais une poignée seulement resteront. Et ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas rester ici. Vraiment pas. C’est le Saguenay ou le Québec qui n’en veulent pas.
« Tu as été victime de racisme ici, Khady? » La question l’a fait sourire de toutes ces belles dents quand je lui ai posé la question, vendredi passé chez moi. Oui. Elle l’est. Et pas toujours de façon directe. Le racisme latent, hypocrite est bien pire. Te faire traiter de négresse par un individu sans cervelle fait beaucoup moins mal que de te voir refuser un stage dans une entreprise, que d’être la dernière choisit pour un travail d’équipe, que d’être reconnue coupable sans avoir eu droit à une enquête. Uniquement par ta couleur de peau, ton allure, ton odeur. Pour leur permettre de suivre un stage en entreprise, indispensable à la réussite de leurs études, les intervenants des institutions d’enseignement doivent user de tous leurs atouts pour convaincre les entreprises de les accepter. Je ne parle pas ici d’avoir à placer des derniers de classe, des cancres, et je parle encore moins d’embauche à temps plein, mais uniquement d’un stage bénéfique à la fois à l’étudiant et à l’entreprise. On ne parle ici pas de charité. Mais c’est quasiment ce que l’on doit faire pour solliciter les entreprises.
On dit souvent que le racisme vient surtout de l’ignorance. Pas toujours. On ne peut pas être ouvert à toutes ces cultures culinaires, littéraires, etc. sans l’être à leurs auteurs, ceux de qui tout cela origine. On se targue de vouloir voir le monde, mais quand ce monde est notre voisin, on lui ferme la porte. On ne veut surtout pas le voir. Le tourisme à sens unique.
Pourtant, nous voyageons comme jamais, nous bouffons cantonais, créole et libanais et nous nous préoccupons d’envoyer des sous en Haïti quand son peuple souffre de la multiplication de cataclysmes. Nous n’avons jamais été autant citoyens du Monde. Nous n’avons jamais autant aimé le Monde. Nous aimons tellement ce qui vient d’ailleurs. Tellement. Que nous préférons qu’ils restent ailleurs. Surtout pas chez nous.
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Il est là, le coeur d’une ville.
Samedi après-midi, je suis passé à la Librairie Marie-Laura, sur la rue St-Dominique à Jonquière, ramasser des livres que j’avais commandés depuis belle lurette. Pas que la commande avait pris du temps à arriver, mais je n’avais pas trouvé le temps de m’y rendre. J’ai profité de ma visite pour acheter le nouveau Paul, et faire un don pour La Fondation pour l’alphabétisation. Olivier, un de leurs sympathiques libraires, tenait le fort en ce samedi mouilleux et froid. Uniquement à l’extérieur, car il se dégage de cette librairie une chaleur dont les propriétaires, Daniel et Andrée, ainsi que leurs employés, sont les uniques responsables. Pendant que je fouinais dans le rayon des bandes dessinées et scrutais la table des suggestions de l’équipe, je pouvais observer le travail d’Olivier. À une madame âgée, il recommandait de s’assoir sur un des sièges confortables de la librairie afin de lire quelques pages pour s’assurer que le livre qu’il lui conseillait était ce à quoi elle s’attendait. Un homme accompagné d’un ami qui cherchait un livre à offrir en cadeau à sa femme, tentant d’expliquer dans ses mots le style littéraire recherché alors qu’Olivier fouillait un peu partout pour le combler. L’atmosphère était sympa. Les gens de la Librairie Marie-Laura personnifient exactement l’idée que je me fais de ce noble métier qu’est celui de libraire; métier qui, avouons-le, est presque en voie d’extinction de nos jours. L’achat en ligne, les megas centres comme Walmart et Costco, Archambault ou Renaud-Bray rendent la vie dure à ces boutiques spécialisées, troquant des prix extras à défaut de conseiller. Je ne suis pas du genre à être contre le progrès et j’ai écrit souvent dans ce blogue que les petits commerces spécialisés doivent se réinventer au lieu de se lamenter. Qu’au lieu de se battre sur le même terrain que la concurrence, ils doivent jouer ailleurs, en offrant autre chose qu’un prix, à vendre une expertise ou une expérience. Et c’est tout à fait ce que font les gens de cette librairie.
Ce qui m’amène à vous dire que je viens de terminer la nouvelle revue CVS, édition automne / hiver; ce magazine qui parle des centres-villes de Saguenay et de leurs commerces. Formidable outil de communication qui permet à ces entreprises, mais encore plus aux gens qui y travaillent de montrer ce qu’ils ont à offrir. Bien que ce mandat est une expérience créative intéressante, ce que j’apprécie par-dessus tout dans son exécution est justement d’avoir la chance de rencontrer les gens qui font que nos centres-villes bougent et vivent. Tout comme les gens de chez Marie-Laura, les commerçants des centres-villes sont différents des autres par le côté très personnalisé de leur démarche. Dans ces commerces, la hiérarchie y est beaucoup moins perceptible : on fait des affaires la plupart du temps avec les propriétaires. Y a un côté amical qui se dégage de ces rencontres. Oui, il y transaction, achat, business, mais d’une façon moins directe, plus humaine… moins mercantile. Ce fut, encore une fois, un plaisir de travailler avec mon équipe et de sortir du cadre du magazine traditionnel en tentant d’embarquer nos clients dans des avenues éclatées – il faut voir Michael Tremblay, du Temaki Sushi Bar, jouer les samuraïs du dimanche! Sans eux, pas de magazine, et encore moins de centres-ville. Merci.
Je vous invite à arpenter vos centres-villes, mais surtout de prendre le temps de parler avec ces commerçants allumés, à ces artisans qui luttent pour la survie d’une vie différente que celle dictée par les gros joueurs économiques. Occupons nos centres-villes. Pour reprendre un terme à la mode…
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Occupons-nous des gens au lieu d’occuper des places.
J’avais commencé un paquet de billets sur le mouvement Occupons kekpart (mettez l’endroit qui vous convient), mais rien n’a abouti par un texte précis. Pourquoi? Simplement parce que j’avais l’impression en donnant mon opinion que je prendrais position dans un débat où je ne veux surtout pas la prendre. Avant tout, je pense que manifester est un geste démocratique. S’exprimer, surtout pacifiquement, est un droit non négociable si on veut se proclamer une société égalitaire. Sur ce point, il m’est impossible de ne pas respecter ce droit si fondamental de vouloir discuter de changement de société. Difficile d’être contre la vertu. Surtout quand la cause est noble. Et ce mouvement, à la base, l’est.
Non. Ce n’est pas le rassemblement de centaines de milliers de personnes qui me dérange, mais que la résultante se résume uniquement à ça. S’assembler. Jaser. Parler. Jaser. Parler. Mais peu d’actions concrètes. Beacoup de mots. Peu de moyens. On fait des tables rondes, on fait des procès verbaux, des ordres du jour, du placotage qui se résument à de beaux discours. On jase, on parle, on discute. Bla-bla-bla. De belles paroles, de belles allocutions difficiles à critiquer puisque les conclusions sont issues pour la plupart de discussions philosophiques axées sur le partage et l’entraide. Dans une belle démocratie ouatée. Qui peut être contre le Bien? Pas moi en tout cas.
Depuis quelques semaines, sur mon trajet de course je passe régulièrement devant une colonne Maurice arborant une publicité de l’Université Laval illustrant une étudiante en mission humanitaire, arborant comme unique slogan : Agir. Et c’est tout à fait ce que je pense : si l’on veut changer le monde, il ne faut pas qu’en parler, il faut agir. Ce mot résume à lui seul ce que je reproche au mouvement Occupons. Que leurs actions demeurent sur papier ou en paroles. Sur des pancartes ou des affiches. Pas nécessairement par mauvaise volonté, j’en conviens. Simplement parce que la bouchée est trop grande à prendre. Parce que le problème est immense et difficile à saisir si facilement. Et qu’il est surtout impossible à régler en claquant des doigts. Particulièrement si on le prend dans son entier.
Si on veut changer le monde, y a beaucoup plus simple et c’est de s’impliquer personnellement en posant des actions directes. Si vous voulez changer le monde, commencez par vous intéresser par ceux près de vous, des gens que vous pouvez aider sans manifestation ni fla-fla. Consultez la liste des organismes communautaires de votre ville ou quartier : ils sont des centaines en attente de bénévoles pleins de bonne volonté, comme vous. Et ça, c’est de l’aide directe. Pas de la philosophie à 1$. Du concret. Quand tu débarques passer une journée dans une soupe populaire, que tu t’occupes de placer des vêtements dans une Saint-Vincent-de-Paul, quand tu rends visite à des personnes âgées pour les désennuyer, que tu te débrouilles pour que des jeunes sans-le-sou aient droit à un camp de vacances l’été, que tu t’occupes d’enfants handicapés pour laisser respirer des parents fatigués, tu poses des gestes concrets. Des comportements qui changent le monde petit à petit. Petit, si peu de gens le font, mais l’accumulation de ces petites bonnes actions peut devenir un grand changement. Pas mal plus que les centaines de pages griffonnées, procès verbaux dictés pendant des réunions sans fin.
Bien sûr qu’aider son prochain de la sorte est enrichissant, mais il faut se le dire, moins «glamour» que de suivre la parade mondiale du mouvement. Contrairement à un manifestant, un bénévole travaille dans l’ombre, sans chercher à être récompensé ne serait-ce que par le bonheur du geste. Contrairement à un manifestant, une personne qui donne de son temps pour aider les autres ne le fait pas pour lui, mais bien pour les autres. Il ne faut pas se le cacher, manifester c’est avant tout de s’assembler, de communier, de rencontrer des gens et c’est plus euphorisant que d’éplucher 40 livres de patates ou de répéter ton nom 40 fois à la petite autiste avec qui tu passeras la journée…
J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup d’organismes communautaires. De toutes les sortes. Comme consultant en communication, solliciteur ou simple bénévole. De les voir donner du temps sans compter. De donner du bonheur. J’ai eu l’opportunité de connaître la réalité de leur quotidien. Du quotidien aussi des gens à qui ils font un bien énorme. Certains bénévoles qui ont eu à jongler avec des deuils d’enfants, avec des gens brisés par la maladie ou la pauvreté, mais avec toujours le même souci de vouloir améliorer la vie de ces gens. De la changer. De changer le monde. Littéralement.
Pour ces raisons, vous ne me verrez pas occuper aucune place, autre que celle où se trouvent des gens à aider. Directement. Pour agir. Avec un grand A. Comme dans Amour.