5 raisons pour m’engager, mais tout autant pour ne pas le faire.

ouinonSimplifions-nous la vie.
Voici cinq raisons qui vous convaincront de travailler avec moi ou de ne pas le faire.

1. Tempus Fugit
Ai-je le temps de réaliser votre mandat?

Il m’arrive de travailler la nuit.
Il m’arrive de travailler la fin de semaine.
Il m’arrive de me tourner les pouces toute la journée.
Il m’arrive de procrastiner des heures.
Il m’arrive d’avoir trop de temps.
Il m’arrive de ne pas avoir assez de temps.

La création n’est pas une job de production, mais de réflexion. On sait quand on commence, mais on sait rarement quand ça finit. Il m’arrive d’avoir des idées géniales en si peu de temps que parfois, j’oublie qu’il faut que je bûche des jours pour en trouver une nulle. Je sais que ça peut vous compliquer la vie, mais c’est comme ça. Comprenons-nous bien: la notion de temps en est une élastique. Il m’arrive de réaliser des mandats dans un temps record comme je peux dépasser une date de tombée parce que je trouve que vous méritez mieux que l’idée pondue pendant ce court laps de temps.

2. Bacon
Comme le temps c’est de l’argent, vous pouvez facilement vous imaginer que la notion d’honoraires se décline de la même manière.

Il m’arrive de me faire dire que je charge trop cher.
Il m’arrive rarement de me faire dire que je charge trop peu.
Il m’arrive de me tromper dans l’évaluation du travail à accomplir et manger mes bas.
Il m’arrive de tomber sur une idée géniale dans un temps record et réaliser que je fais une vraie bonne affaire avec votre mandat.

Soyons clairs : si c’est un prix que vous cherchez, vous n’êtes pas à la bonne place.
Pas que je ne suis pas abordable ni non négociable, mais si votre idée première en m’engageant est de sauver des sous ou de vous servir de moi afin de négocier votre fournisseur régulier, je ne pense pas que notre relation débute. Voyons les choses comme elles sont : mon travail consiste, entre autres, à vous faire connaître, à vous vendre, à vous définir pour ainsi vous améliorer et ultimement, vous faire faire de l’argent. Ça vaut et coûte quelque chose.

Je considère que mes créations sont pertinentes, imaginatives et valent le prix demandé. À vous de voir.

3. Fun
J’aime ce que je fais. Je tripe sur mon travail. Jamais routinier, le métier de création est directement fait pour moi. Malgré les heures, les angoisses (oui oui, la recherche d’une idée est souvent un supplice intellectuel…), il faut garder sa bonne humeur. Labeur égale bonheur, mais uniquement dans la bonne humeur.

J’ai besoin de me sentir appuyé.
J’ai besoin de sentir que la confiance s’installe.
Je déteste quand on me bouscule.
Je crois au respect mutuel.
Rire n’enlève rien au sérieux d’une démarche.
Garder son naturel éteint et tenter d’être quelqu’un d’autre est-ce qu’il y a de plus turn-off quand tu brainstormes.

Mes rencontres client ne sont pas traditionnelles. J’aime avoir du plaisir. Je ne me prends pas au sérieux, même si certains de mes mandats demandent de l’être. Démêlons les individus du mandat. On peut avoir des fous rires quand on travaille sur une campagne de sensibilisation sérieuse. Ça détend l’atmosphère et ça pousse les relations au-delà du simple contact client-fournisseur de services. Avoir du plaisir en travaillant, c’est sain.

4. Les p’tites vites
J’aime bâtir de longues relations avec mes clients. Les one shot deal ne m’intéressent pas. Je ne cherche pas à travailler sur tous les mandats pour lesquelles on me sollicite.

Si je vous connais en profondeur, j’anticipe vos besoins.
Si je vous connais en profondeur, je connais votre réalité.
Si vous connaissez ma réalité, vous comprenez que sous mes airs parfois désorganisés, je livre toujours la marchandise.
Si vous connaissez ma réalité, vous savez exploiter mes forces.

Quand on travaille sur une longue période avec un client, toute la notion d’investissement prend sa valeur. Chaque action n’a pas nécessairement une facture attachée à celle-ci. Comme dans une relation amoureuse, on peut toujours compter l’un sur l’autre pour avancer. J’ai des clients qui me suivent depuis plus de 15 ans avec qui j’ai des relations de symbiose qui dépassent largement mon expertise première. Certains me demandent un avis sur des transactions immobilières, d’autres sur des changements stratégiques qui dépassent les communications. On ne conte pas ce genre de secrets à une nouvelle flamme, mais à ton vieux pote, oui.

 5. Parfait pour moi
Même si j’ai certaines facilités dans certains domaines, j’aime qu’on me propose des trucs auxquels j’ai rarement été mandaté. Avec l’expérience, j’ai appris à connaître mes limites et si je ne me sens pas à l’aise j’oriente le client vers quelqu’un qui saura mieux le réaliser.

Un mandat peut-être ennuyant, mais super payant.
Un mandat peut-être génial, mais avec un budget de misère.
Le mandat doit nécessairement m’intéresser.
J’aime faire des trucs différents.
Je n’aime pas qu’on me limite.

Je ne pense pas être unidimensionnel et ce n’est pas parce que je n’ai pas réalisé de mandats dans votre domaine que je ne suis pas en mesure de le faire. Moins connaître un champ d’expertise peut s’avérer un atout important puisque la connaissance vient souvent avec des paradigmes et des idées précises. Moins de balises, plus de créativité.

 

 

 

Mourir de rire.

TM-Marcface– Toi? Un gars timide??? Fais-moi rire!

– Oui, oui, je t’assure.

– Non! Tu dégages tellement d’assurance, arrête ça!

– C’est une façade.

– Non…

– Si.

– …

On préfère penser que l’extérieur ressemble à l’intérieur. C’est plus facile. C’est comme un lien direct.

Quelqu’un qui parle fort est sûr de lui. Quelqu’un qui ne parle pas est timide.

Un gars qui rit est heureux. Une femme qui pleure est malheureuse.

C’est logique et surtout rassurant de penser ça.

On ne cherche pas à aller plus loin.

Et si je vous disais que sous ses airs rigolos de matamore qui jacasse et qui rigole à qui mieux mieux, y a un petit gars qui cache un trou énorme à l’intérieur de lui. Que ce petit gars se sert de sa langue bien pendue pour détourner l’attention des gens pour leur cacher les vrais enjeux. Que sous des airs frivoles y a un homme capable de se perdre dans une mélancolie aussi dense que la brume des aurores automnales. Le Cavalier noir de Dexter. Un gars qui a peur de la noirceur qui s’émane de son âme à se donner la chair de poule.

On peut tous devenir des bombes à retardement. Quand la balance prend du poids du côté sombre. Quand on est incapable de faire contrepoids.

Non. Je sais. On ne veut pas voir ça. On ne veut surtout pas savoir ça.

On veut que les gens soient joyeux. On veut du plaisir. On voudrait que la vie ressemble toujours à un statut Facebook. Been there, done that. Always with a smile. A big fucking smile. Même un faux. Un sourire, ça peut être qu’un mouvement musculaire de la bouche et ne pas signifier le bonheur.

Si vous acceptez que l’on puisse pleurer de rire, faudrait aussi réaliser qu’on peut rire tout en étant malheureux.

Et même de mourir de rire.

3 personnes se suicident chaque jour au Québec.

C’est votre ami. Votre soeur. Votre compagnon de travail. Votre mère.

C’est une personne, avant tout incapable d’envisager une autre solution à ses problèmes.

Ce n’est surtout pas à vous de juger de l’ampleur de son problème. Vraiment pas.

Mais d’être là, oui.

De poser la question directement. De vérifier sous l’eau, si ce glaçon, qui flotte doucement sur l’océan, ne cache pas un iceberg capable de couler un bateau plus gros que lui.

3 personnes se suicident chaque jour au Québec. Plus d’un millier par année.

C’est l’Association québécoise de prévention du suicide qui le dit, pas moi et c’est justement leur campagne de sensibilisation.

Ici, pour le don.

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Récompense moins vraie qu’on pense.

Portfolio_packaging-patateÀ son habitude, Applied Arts Magazine consacre son édition de septembre/octobre à ses Awards annuels qui récompensent ce qui se fait de mieux en graphisme et en publicité au Canada.

À son habitude, elle a choisi son jury parmi la crème de la création parmi toutes les agences au pays. La crème qui choisit la crème.

Jusqu’ici rien de bien anormal. Sauf  que l’agence Zulu Alpha Kilo, responsable de la conception de l’édition a décidé de soumettre à un jury composé de «gens ordinaires», les mêmes pièces.

Résultat : 70% des créations primées par le jury du magazine provenant d’agences de pub n’ont pas trouvé preneur dans le coeur de l’autre jury. Celui-ci, composé de consommateurs, a clairement signifié que les publicités primées ne les rejoignaient pas, concluant ainsi que les agences vivaient dans leur bulle.

Hahaha! Bien fait! Je me marre.

Car voyez-vous, comme les consommateurs, j’ai toujours vécu un malaise vis-à-vis ces prix.

Résultats? Quels résultats?
Ce qui m’a toujours déplu dans ce genre de concours est le manque de données relatives quant aux résultats des campagnes. Si les objectifs ont été atteints, si le mandat a bien été réalisé. On juge l’esthétisme, l’idée, sans toutefois vérifier de sa pertinence. Qu’en déplaisent à certains créatifs, nous avons avant tout un mandat de commercialisation, de persuasion ou de communication à réaliser. Oui, on peut (doit) être créatif, imaginatif, cela va de soi, mais tout autant d’être précis et approprié. Il est primordial, selon moi de juger la création par rapport à son succès commercial ou  communicationnel. Sinon, on juge quoi?

Mon exemple
J’ai gagné à deux reprises des Awards d’Applied Arts (les cadres s’empoussièrent dans mon bureau). Les deux fois pour des emballages. Mon premier, un produit destiné à un jeune public, a été un fiasco commercial : le produit ne répondait nullement à la clientèle. Mon design fût jugé comme étant créatif, mais le consommateur a boudé le produit sur les tablettes. Bien que mon mandat fût réussi à moitié (je n’étais tout de même pas responsable du goût !), le produit, lui, n’a jamais pris son envol. Dans le cas de mon deuxième prix, la compagnie a connu des ratés et dû rapidement se mettre à l’abri des créanciers. Encore ici, on jugera ma création géniale, mais le produit restera plus longtemps sur mon mur que dans les magasins.

Oui, je pense que je méritais ces prix par rapport à la valeur artistique de mes créations, mais si on m’avait jugé sur le résultat final, je ne suis pas certain qu’on m’aurait attribué un prix. Car nous sommes avant tout au service d’un produit, et non l’inverse…

Il y va de même pour toutes les créations primées dans ce genre de magazine. On en juge la beauté, l’esthétisme, l’intelligence, mais aucunement son efficacité réelle à séduire et convaincre. Sans non plus, y comparer le budget disponible, ni de la véracité de la pièce (on sait que certaines agences envoient de faux travaux jamais publiés).

Bien sûr que comme professionnel, nous avons tout de même nos limites par rapport aux produits de nos clients. Je peux bien l’emballer, en parler et vous persuader que c’est un bon produit, mais si celui-ci est de la chnoute, y aura pas grand design ou pub pour le sauver. Nous avons nos limites. Comme ces prix qu’on nous décerne.

Party privé.
Le deuxième aspect qui me dérange dans cette distribution de prix, c’est tout le côté gamique du truc.

Regardez la liste du jury et vous connaîtrez le nom des gagnants. Ils y sont tous. Jury et gagnant. Juge et partie.

Je me rappelle, il y a une dizaine d’années avoir envoyé un courriel-Molotov au rédacteur en chef du défunt magazine Grafika pour me plaindre de sa sélection annuelle. Une seule agence hors de Montréal avait encore été primée (une firme de Québec !) et c’était tout. 514 seulement. Comme si passé Montréal, rien ne se créait. Un néant publicitaire. On parlait tout de même de prix récompensant le graphisme québécois. Pas uniquement montréalais. C’était pourtant cette même année où l’on venait de me récompenser chez Applied Arts – on était alors 3 ou 4 agences du Québec à avoir remporté un Award. Excellent au Canada, mais pas assez pour Montréal.

J’ai depuis cessé de participer à ce genre de concours.

Je n’y vois plus aucun intérêt.

On dira que j’ai perdu le goût de me mesurer aux autres.

Je répondrai que je préfère que mes clients se mesurent entre eux.

Et aux consommateurs de choisir.

 

> Emballage de pommes de terres récompensée par Applied Arts.

Tais-toi et marche.

TM-marcheurPour protéger son anonymat, donnons-lui le prénom de Claude.

Il y a quinze ans, Claude est tombé d’une hauteur qu’on peut difficilement franchir sans parachute.

Une chute qui l’a littéralement cassé en mille morceaux.

Boum.

À son réveil, sur son lit d’hôpital, on lui apprend qu’il est paraplégique. Ses bras fonctionnent, mais ses jambes ne répondent plus. Si la chute lui a fait mal, le diagnostic fut dévastateur. Un gars dans la vingtaine avec une gang de chums, une bonne job qu’il aime, une blonde qu’il adore, aux prises avec un déclic du destin qui fait défaut.

La vie continue. La routine l’emporte. Tout le monde reprend son quotidien. Tout le monde, mais pas Claude.

Tes chums se font plus rares.

Tu ne peux plus travailler.

Ta blonde te quitte.

Une vie d’ange qui se transforme, l’espace d’une nuit, en vidange.

On dit que le malheur ne vient jamais seul, on peut dire que Claude est tombé trois fois. Et que sa troisième chute fût peut-être la plus douloureuse.

Mais si Claude avait perdu l’usage de ses jambes, il avait pleinement celui de sa tête.

Il existait une possibilité sur un million pour qu’il remarche. Une minime probabilité qu’une terminaison nerveuse retrouve son chemin jusqu’à ses jambes inertes. On pourrait parler de chance. Je préfère parler de détermination. Parce qu’il fallait y croire. Et Claude s’y est accroché.

Plus d’un an de réadaptation. Petit pas par petit pas.

Et Claude a remarché.

Tout croche, bien sûr. Avec des orthèses et une allure de gars en constant état d’ébriété. Toujours à la limite de tomber tel un pantin désarticulé auquel il manque des cordes, mais Claude marche, conduit, sourit. Claude revit.

Quand un gars, comme Claude, te raconte une histoire comme la sienne, le premier réflexe est de calquer sa réalité sur la tienne. Comme deux esquisses sur du papier pelure que l’on expose à la lumière pour vérifier si les lignes se croisent, voir si les cartes de nos destins distinctifs pouvaient se ressembler. En tentant d’extrapoler sur ce que tu aurais fait si un tel accident t’était arrivé, à toi.

Et ça te saute au visage.

Je dis souvent que s’il fallait qu’il m’arrive une histoire comme celle de Claude, je préférerais mourir. Je doute de mes capacités à passer à travers une telle épreuve. Je n’aurais pas le courage nécessaire ni cette détermination qui font que tu surmontes un grand malheur. Je serais le lieutenant Dan dans Forest Gump. Je me laisserais abattre.

J’écris ce texte, le talon sur la glace. Stupide blessure suite à un retour trop rapide à la course après une foulure.

J’écris ce texte en réalisant que ma convalescence est d’une insignifiance. Que mes semaines d’attente sont risibles. Que de broyer du noir pour une connerie pareille frise l’hystérie.

Ta gueule. Tais-toi et marche.

Il y a de ces rencontres qui te ramènent la vie en pleine face.

J’ai rencontré Claude par hasard et l’ai quitté sans lui dire tout le bien que sa triste histoire m’a fait.

Voilà, c’est fait.

Pourquoi ne pas me laisser le faire?

TM-Marcface-alouerDernièrement un client m’a mandaté pour lui créer une publicité dans un magazine spécialisé. Rien de compliqué. Une pub pour le vendre dans une publication directement reliée à sa clientèle cible. Quand je vous dis rien de compliqué, c’est plus que vrai. Le client avait ajouté à sa demande une description tellement claire de ce qu’il voulait qu’il m’était impossible de m’égarer. À son courriel était joint le texte de la pub dans un document Word™, une photo en format .jpg, une carte géographique et une recette précise où positionner chacune des pièces du casse-tête.

Rien n’était laissé au hasard. Rien.

Pour l’exercice, j’ai décidé de faire exactement ce qu’il me demandait.

J’ai placé chaque truc à la place désirée sans me demander si c’était ce qu’il fallait faire.

J’ai exécuté à la perfection la commande. J’ai sauvegardé le document, cliqué sur envoyer et fait parvenir par courriel, l’épreuve au client, pour approbation.

Sa réponse fut plus que brève : « Ouais, je ne suis pas un graphiste, hein? lolll»

Voilà. Encore moins un communicateur.

J’allais le dire.

Mais y a souvent rien de mieux qu’un exemple pour convaincre.

Au lieu de me mandater à combler un besoin de communication ou de promotion, le client s’est aventuré à faire ma job. MA job.

Parce que s’il m’avait choisi parmi d’autres professionnels, c’était pour ma créativité, certes, mais avant tout à ma capacité de répondre à un besoin. Le client n’avait aucune malice. On a bien ri, tous les deux, de cette expérience. Mais pour être certain qu’il comprenne bien l’essence de mon intervention, je lui ai fait quelques recommandations, que je vous résume ici.

Vous êtes les meilleurs dans ce que vous faites, moi aussi.
Vous êtes les tops dans votre domaine, mais quand vous tombez dans le mien, ça craint. Vous n’êtes pas à la hauteur. Je ne prendrais pas le risque de vous dicter quoi que ce soit dans votre fonctionnement interne, car je ne pense pas avoir votre capacité de dirigeant ou d’entrepreneur. Prenez exemple.

Vous avez des goûts personnels, je suis au courant des dernières tendances.
Je passe mes journées et soirées sur le web. J’ai le nez dans les revues de marketing, je m’intéresse à l’Art en général, je suis au parfum des tendances du marché. Je peux vous dire ce qui carbure en ce moment, quelle couleur sera à la mode l’automne prochain, quelle typo est in, laquelle est dépassée. Vous avez des goûts personnels, moi aussi. Sauf que les miens, je les laisse de côté quand je travaille pour vous. Ce que vous ne faites pas, mais devriez.

Vous avez le nez dans votre caca. Pas moi.
Pas dans le vôtre en tout cas. Une des difficultés majeures que peut vivre une entreprise c’est la celle d’exercer un peu de recul par rapport à sa propre réalité. Trop dedans. Trop souvent les pieds dans le quotidien pour regarder derrière son épaule. Le syndrome du cordonnier mal chaussé. C’est normal. Je vis la même chose avec mon propre bouiboui. Mais avec le vôtre, je suis capable. Parce que c’est mon travail de le faire pour vous.

Vous ne pouvez pas tout dire.
Le texte que mon client m’a fourni était non seulement plate, mais comblait une page complète d’un document Word™.  Plus de mots que d’idées. Ennuyant et redondant à moins d’être un historien et de vouloir répertorier les étapes importantes du développement industriel du dernier siècle. Je m’imagine très bien sa clientèle s’endormir au premier paragraphe et décider que le Larousse serait plus instructif et moins barbant à lire. J’utiliserai moins de mots que vous, mais ils seront choisis pour leurs capacités à bien cerner votre idée et bien convaincre vos clients. Mon slogan aura plus d’impact avec ses huit simples mots que la page de trois cents mots que vous me fournirez.

Vous ne pourrez tout régler.
Je sais que la pub coûte cher. Que moi aussi, je coûte cher. Raison de plus pour s’assurer que vous ne gaspillerez votre argent en la dilapidant dans un truc sans queue ni tête. Donnons-moi le mandat de simplifier vos communications, de passer un seul message, mais que celui-ci soit précis, compris et aie un l’impact souhaité. Concentrons-nous sur l’essentiel. Une chose à la fois.

Vous gaspillez votre argent et moi, mon temps.
Honnêtement, si mon client avait voulu sauver de l’argent, il n’aurait pas eu à me mandater pour cette pub. N’importe qui avec une certaine connaissance des logiciels de graphisme sur le marché aurait été en mesure de réaliser exactement ce à quoi il s’attendait. À une fraction du prix. Je ne dis pas ça pour être chiant, mais tant qu’à m’employer autant abuser au maximum de mon talent et de ma créativité.

Quand je rencontre un nouveau client, à la question pourquoi m’avoir choisi au lieu d’un autre, on répond souvent : j’aime beaucoup votre travail.

Pourquoi alors ne pas me laisser le faire?

Autour de son nombril.

TM-Marcface-coeurAutour de son nombril, y a ce gars qui se meure tout seul à l’hôpital,  sans le sou et sans famille.

Autour de son nombril, y a ce garçon qui étudie le ventre vide.

Autour de son nombril, y a cette fille qui vient de se faire jeter aussi bas que son estime d’elle-même.

Autour de son nombril, y a cet immigrant fraîchement arrivé, à la recherche de nouvelles balises.

Autour de son nombril, y a des gens qui vivent des détresses intérieures.

Autour de son nombril, il existe un monde.

Et ce monde a souvent besoin.

Il faut seulement se donner la peine de voir.

De voir plus loin que son nombril.

Et d’agir.

Surtout.

Comme cette femme qui sur Facebook a préparé une petite collecte pour louer une télé pour ce gars seul à l’hôpital.

Comme cette enseignante qui glisse discrètement une enveloppe anonyme dans le casier de cet étudiant affamé.

Comme cette femme qui a recueilli cette fille sous son toit.

Comme cette famille qui aide ce nouvel arrivant à se faire une vie en le traitant comme un des leurs.

Comme ce gars qui décide de prendre des nouvelles d’amis qui en ont besoin.

Ça prend quelquefois qu’un coup de fil.

Ça prend quelquefois qu’une couple de piasses.

Ça prend quelquefois qu’une couple de minutes.

Ça prend seulement un peu de coeur.

Cet organe tout en haut du nombril.

 

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Éphémère.

TM-ephemereJe fais dans l’immédiat.

Mon métier est de répondre aujourd’hui à des besoins d’hier. Je crée des publicités, des dépliants ou des affiches commandés pour solliciter, informer ou instruire, mais pas pour survivre à leur mandat premier.

La plupart des ces créations disparaitront avec le temps. Elles deviendront rapidement désuètes selon l’urgence de la demande.

Contrairement aux oeuvres d’artistes, ces pièces ne survivront pas aux modes, aux tendances ou seront incompatibles aux nouveaux médias. Y aura même de ces médias qui disparaitront apportant avec eux dans leurs sillons, toutes ces publicités adaptées uniquement pour eux. Qui se rappelle d’UBI, cette créature de Vidéotron. Plusieurs de mes créations dorment ainsi dans la mémoire morte de ces vieilles technologies. Tout comme ces sites web créés au tout début et issus d’une vieille programmation qui sont enfouis dans des disques de sauvegarde, des disquettes ou des cédéroms, qui eux-même s’empoussièrent dans des caisses empilées dans des placards obscurs.

Je fais dans le présent.

Mes slogans sont collés sur ce que vivent les gens, aujourd’hui. Pas demain. Avec les mots d’aujourd’hui. Avec les maux d’aujourd’hui. Des textes composés à partir d’une réalité directe. Ce que j’écris à l’instant présent a de grandes chances d’être inapproprié demain. Pas que nous changions nous-mêmes si rapidement, mais ce qui nous entoure, oui. Les arguments que j’utilise pour vous persuader d’acheter un produit ou de souscrire à un service seront caducs le temps de les écrire. J’exagère? Je vous ai vendu des disques durs de grandes capacités de 100 megs, des cassettes VHS haute définition et des modems ultrarapides de 56k. Je vous ai menti par procuration. Un innocent message qui, avec le temps, se révèle être un pieux mensonge.

Je fais des pubs qui seront vues, lus qu’une fois et puis bye bye. Terminé. Fini. Pour des mandats qui ne reviendront pas. Tu as un machin à vendre, tu fais de la pub, tu le vends, et tu n’as plus besoin de pub. Simple.

Vous n’avez pas vu cette annonce? Dommage. Elle était bien. Vous avez manqué un événement qui ne se reproduira plus jamais. Pouf. Disparu. Fallait être là.

Je fais dans l’instant. Pas après. Juste là. Là. Après, c’est trop tard.

Quand un client me demande de lui créer un concept qui passera le temps, je veux bien. Ce n’est pas par mauvaise volonté, mais je suis incapable d’anticiper le futur. Ce que les gens aimeront et auront besoin dans un horizon de cinq ans. Pas capable.

Quand j’étais à l’université, à la fin des années 80, je passais mes après-midi dans les centres de photocopies à agrandir des logos ou faire des collages pour mes travaux en design graphique. Quand j’avais fini mes devoirs, j’allais tenter de rejoindre des amis, dans un bar quelconque, sans savoir s’ils y seraient. Et quand je tombais sur eux, je prenais de leurs nouvelles directement. Aujourd’hui, mes travaux seraient conçus sur un ordinateur, je texterais mes amis pour leur donner un rendez-vous et devant eux, je passerais mon temps à continuer de texter aux autres. Vous croyez vraiment qu’un concept créé y à peine cinq ou dix ans tiendrait la route pour rejoindre deux clientèles tellement différentes? No way.

Quand j’aperçois encore de vieilles créations réalisées depuis plusieurs années, encore en circulation, je ressens souvent un malaise. J’y vois le travail du temps. La fatigue. Le manque de punch. J’aurais le goût de les retaper, histoire de les rafraîchir. De les dépoussiérer. Je me demande pourquoi le client a laissé glisser en abandonnant celle-ci au lieu de l’avoir amélioré quand c’était encore le temps.

Je me demande pourquoi il n’a pas pensé me rappeler pour le faire.

Peut-être suis-je tout aussi éphémère que mes créations.

Partir pour partager.

partageÇa fait maintenant dix jours que Salvien a quitté le Cameroun pour venir au Saguenay.

Il a laissé derrière lui sa mère, sa soeur et ses jeunes frères, ainsi que tous ses amis. Même sa fiancée, qu’il fréquentait depuis quatre ans, est restée à Douala, la capitale économique de cette république africaine.

La température de son corps est passée de +30 à -30 degrés Celsius. J’imagine que son coeur aussi.

Vous vous imaginez ce que représente partir de chez vous sans savoir si un jour, vous y remettrez les pieds? Non, vous n’imaginez pas.

Et ce, en laissant derrière vous tous ceux que vous aimez. En laissant derrière vous votre ancienne vie.

Hier, quand Salvien est venu souper à la maison, ses yeux quittaient la table quelques instants. Son corps était avec nous, mais son esprit traversait les océans.

– Tu es fatigué? On parle trop vite avec notre accent du Saguenay-Lac-Saint-Jean?

– Pas du tout. Je vous comprends très bien…

On a parlé de chez eux. On a parlé de chez nous. On a échangé sur nos vies si différentes. Surtout de la sienne.

Depuis son arrivée, tout est nouveau. Le froid, la neige, la bouffe. Cette vitesse auquel nous vivons, cette froideur que certains dégagent, tout est nouveau.

J’ai beaucoup d’estime pour ces immigrants qui laissent leur pays pour venir étudier, habiter, et tenter de se faire une place bien à eux, ici. Leur courage m’émeut. Leur détermination aussi. Mais avant tout, ce sont leur notion de partage qui me fascine le plus. Salvien, comme d’autres que j’ai rencontrés, se sent privilégié d’avoir la possibilité de venir ici. Et du coup, il travaillera fort pour arriver à faire étudier sa soeur, et puis ses frères. Parce que c’est comme ça. Sa mère en lui donnant tout ce qu’elle possédait, a misé sur son fils pour qu’il réussisse à s’accomplir sous de meilleurs cieux, mais il devra aussi passer au suivant. Le partage est ce qui m’a le plus marqué quand j’ai foulé le sol africain. On partage, même si on a peu. Ici, on garde tout, même si on a beaucoup.

Ce schème de la responsabilité, je l’ai senti aussi chez Mike Lee. Ce restaurateur de Jonquière, d’origine chinoise, avec qui j’ai eu le privilège de prendre une couple de verres de saké lors d’une activité sociale. Tout jeune, Mike cousait pour aider sa mère, dans ce petit appartement familial de Montréal. Le maigre salaire qu’elle ramenait à la maison ne lui permettant pas de nourrir ou vêtir la marmaille, alors, le soir elle devait accumuler les petits boulots. C’est le plus vieux, Mike qui, malgré ses 10 ans, aidait maman dans ses journées interminables. Mike a travaillé et travaille encore beaucoup. Pour sa famille. Et sa famille élargie. Parce que c’est ainsi que ça se passe.

Pas d’apitoiement. Pas de lamentation. Du retroussage de manches. Du crachat dans les mains et on capitalise.

Quand je rencontre des Salvien, des Laetitia, des Khady, des Mike, ça me passionne. Ça me sort du quotidien et surtout du laxisme que certains de mes concitoyens dégagent, le nez collé sur leurs petites réalités à gémir sans cesse. Ce sentiment que rien n’est gagné d’avance, qu’il faut travailler pour arriver à ses fins. Qu’il faut faire des sacrifices et ne pas attendre que tout tombe du ciel, par enchantement. Ce sentiment-là je le trouve souvent chez ces gens qui n’ont pas une vie facile, mais qui apprécie chaque moment de celle-ci.

L’obésité nord-américaine ne se vit pas seulement au niveau de la bedaine.

Lève-toi et bouge, dirait mon ami Pierre Lavoie.

Photo @ Dreamstime

Le rêve est une seconde vie.

fibrosekystiqueCindy est décédée mercredi. Le lendemain de Noël. Elle avait 26 ans.

Elle était atteinte de la fibrose kystique. Maladie génétique qui touche les voies respiratoires et digestives entraînant un épaississement du mucus sécrété dans les bronches, les sinus, l’intestin, le pancréas, le foie et le système reproducteur.

J’ai rencontré Cindy, il y une dizaine d’années, lorsque j’ai réalisé le film «Le rêve est une seconde vie». Un documentaire commandé par CORAMH (un organisme à but non lucratif qui œuvre dans le domaine des maladies héréditaires au Saguenay-Lac-St-Jean), ce film avait pour but de démontrer le quotidien des personnes atteintes de telles maladies. Des malades ou des parents d’enfants atteints s’étaient livrés sans pudeur à notre petite équipe, répondant généreusement à toutes nos questions, même celles pas toujours faciles portant sur leurs intimités.

– Ton rêve, ça serait quoi, Cindy?

Celui d’avoir des enfants.

Elle avait répondu de sa petite voix enrouée, comme si elle était à bout de souffle, cet état si caractéristique des personnes atteintes de la fibrose kystique. Assise dans son lit d’hôpital, en plein gavage, elle nous avait raconté les aléas de sa maladie. Le nombre incalculable de médicaments à prendre, ses visites impromptues et régulières à l’hôpital comme le jour de notre rencontre, le claping qu’elle devait s’imposer pour libérer ses poumons embarrassés. Elle nous avait aussi parlé de son chum qui la supportait tellement, qui lui remontait le moral dans ses moments de découragements.

Elle était toute menue, si frêle, dans ce grand lit immaculé. Fragile, certes, mais en même temps, si résiliente pour son jeune âge. Je me souviens de l’avoir entendu dire qu’elle se trouvait plaintive (!), qu’elle n’avait souvent pas la force de se battre. Je n’en revenais pas. Son quotidien était rempli de règles à suivre, de barrières, de médicaments à prendre, de deuils à réaliser. Et elle, du haut son minuscule corps malade, elle avait cette certitude qu’elle pouvait être plus forte.

Ce sentiment, toutes les personnes croisées pendant le tournage me l’ont partagé. Alors que je m’attendais à interviewer des gens abattus, sans espoir, j’ai plutôt rencontré des gens d’une force incroyable, luttant contre leurs corps, leurs peurs et une société pas toujours adaptée pour eux.

Quand Anne, la directrice de CORAMH à l’époque, m’avait approché pour la réalisation de ce documentaire, j’avais menti sur mon expérience dans un tel mandat. Mises à part ces quelques réalisations de publicités, je n’avais jamais produit un tel document. Mais je voulais le faire. Égoïstement, je savais que ce film changerait ma perception par rapport à la maladie et surtout me ferait rencontrer des gens incroyables. Je ne m’étais pas trompé.

Vingt heures d’entrevues pour une demi-heure de film. Écoutées des vingtaines de fois afin de ne rien manquer et de rendre du mieux que je pouvais ces rencontres inoubliables. Ces heures à réécouter des confidences, à revoir ces larmes apparaître au bord des yeux, de voir ses poings se refermer sur des colères non assouvies. Des heures à comprendre que l’humain est fort quand on l’attaque, qu’il est capable de vivre l’invivable. Cette volonté de se battre, de ne pas laisser le destin avoir le dessus.

Aujourd’hui c’est aux proches de Cindy de se battre. Leur combat commence. Celui de tenter d’oublier, de se ressasser les bons moments, de reprendre le cours de leur vie en conservant les meilleurs souvenirs pour les moments les plus difficiles. Survivre à la perte d’un être cher, c’est se retrouver en face de soi-même.

Cindy n’aura pas réussi à réaliser son rêve.

Le rêve est une seconde vie avait dit Gérard de Nerval.

Souhaitons à Cindy que cette seconde vie soit encore plus belle que dans ses rêves.

 

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Bonne fête, maman.

minimarc– Va falloir que vous accouchiez ici, madame!

– Pas question!

Ma mère a serré les jambes du mieux qu’elle pouvait. Me privant ainsi d’une sortie plus rapide que prévue.

Je n’allais pas naître dans une ambulance. Ho non. Thérèse était trop fière pour ça. Pas question d’ouvrir les cuisses devant ces deux ambulanciers. On devait se rendre à l’Hôpital de Chicoutimi, coûte que coûte. Aucun compromis possible.

Tu vas attendre ton tour, mon petit bonhomme, accroche-toi, maman veut pas.

Quand le médecin, appelé au milieu de la nuit par mon père, nous a accueillis à l’hôpital, en soulevant sa robe de chambre, il a précipité ma mère en salle d’accouchement. J’allais naître quelques minutes après.

On allait passer Noël ensemble, tous les deux. Papa et Monique fêtaient chez grand-maman avec le reste de la famille, alors que toi, dans ta chambre d’hôpital et moi, à la pouponnière, on allait commencer à se connaître entre deux biberons.

Cette histoire, je t’ai entendu me la raconter à toutes mes fêtes. Une histoire sans fin dont je ne me lasse jamais. Le début d’une belle histoire. Une histoire d’amour.

Il avait dû encore neiger, à l’aube de cette journée de fin d’année. En cet avant-veille de Noël. J’imagine que la rue Petit devait être embourbée sous la neige. Cette petite ruelle, coincée entre la majestueuse Église Christ-Roi et les miteux Entrepôts Joron, à quelques pas du pont Sainte-Anne. Une petite rue quelconque du «Bronx» de Chicoutimi, en plein coeur d’un quartier défavorisé du centre-ville, où le parfum des voitures se mélangeait à celui de la friture du casse-croûte Joachim.

J’arrivais dans ce minuscule logement au coeur de cette minuscule famille où j’allais compléter le quatuor standard des années 60. Deux parents, une petite fille et un petit gars. La fille avec les traits de son père et le garçon avec les traits de sa mère.

Je te ressemble tellement, maman. Et pas seulement du visage.

Nous partageons cette même sensibilité qui nous fait verser une larme facilement,  comme nous partageons tout autant cette force qui nous a permis de passer à travers un paquet d’épreuves. On attribue, à tort, une trop grande émotivité à de la faiblesse. Nous sommes le contraire des durs aux coeurs tendres : notre première couche de sensibilité cache un noyau solide comme le roc qui fait de nous des exemples de résilience capable d’avaler l’impossible. Fragile à l’extérieur. Fort à l’intérieur.

Nous sommes des «toughts», maman. Même si ça paraît pas. Nous, on le sait.

Et de la force, Thérèse, il t’en a fallu une somme considérable quand tu m’as laissé quitter la maison pour la grande ville, alors que j’avais à peine 18 ans. Après avoir déjà perdu un enfant, plusieurs parents auraient agi autrement. Mais toi, tu as réussi à faire abstraction de ta peine et de tes peurs pour me permettre de prendre mon envol. Tu savais que j’étouffais, que j’avais cette soif de liberté à l’intérieur de moi, tu le sentais. Tu m’as laissé la prendre, au lieu de me retenir. Et tu l’a fait même si ça te brisait le coeur. Sans aucun reproche, sans que je me sente coupable de le faire.

En t’oubliant, tu m’as laissé toute la place. Tu m’as laissé me définir tout seul. Tu m’as laissé devenir moi.

Quand, dans d’autres circonstances, j’ai dû, moi aussi, me résilier à me séparer de mes enfants, de faire mon deuil de les perdre, c’est chez toi que je suis allé pleurer. C’est toi qui m’a appris qu’on ne perd pas les gens qu’on aime parce qu’ils ne sont pas présents physiquement avec nous. Qu’on n’a pas à vivre le quotidien et la routine pour avoir des relations solides. Qu’il faut tout simplement être là, au bon moment quand le besoin se fait sentir.

Comme avec toi. Tu as toujours été là.

Tu dois bien te douter que je braille quand je te raconte tout ça. Comme tu dois brailler en me lisant.

Mais nous ne sommes pas que des braillards. Ho que non. Nos fous-rires et cette façon de faire de l’ironie sur les travers de la vie, c’est un truc qu’on a dans le sang, toi et moi. On pleure tout autant qu’on rit. À grands éclats. Parce que la vie, ce n’est jamais tout noir, ni tout à fait blanc. Parce qu’il faut se botter le cul. Qu’il faut l’aimer la vie… « et l’aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants » chantait Renaud.

Aujourd’hui j’ai décidé de renouveler une vieille tradition que mon parrain Jean-Roch, ton frère, avait initiée avec votre mère, y a une quarantaine d’années. Celle d’envoyer des fleurs, le jour de son propre anniversaire, à celle à qui il devait la vie. Pour la remercier simplement d’avoir toujours été là. D’avoir fait les sacrifices. D’avoir fait ce qu’il faut.

Aujourd’hui, je suis bien conscient que je te dois ce que je suis devenu.

Ma fête, c’est aussi la tienne.

À Noël, on se retrouvera encore tous les deux, comme y a près de cinquante ans.

Papa et Monique avec grand-maman et quelques membres de la famille, là-haut. Alors que toi, entre deux drinks, tu me raconteras comment j’étais mignon à l’hôpital avec ma couronne de cheveux blonds et ses rires qu’on avait déjà commencé à se partager.

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