3 screen nation.

AOLJe travaille présentement sur un dossier qui me demande de mieux connaître la génération Y et leurs habitudes de consommations. En fouillant sur le net, je suis tombé sur une étude réalisée en juillet 2009 par OTX pour le compte de AOL Advertising. L’enquête porte sur les habitudes de consommation, les médias privilégiés, mais surtout ceux qui influencent les quelque 1000 jeunes de 14 à 24 ans interviewés. Chaque génération crée ses propres modes et habitudes forçant les entreprises qui veulent lui communiquer à changer leur façon de le faire s’ils veulent garder ce contact indispensable. Selon le titre de l’étude « Three-Screen Nation », la génération Y est la première à avoir grandi dans le monde des trois écrans : familier avec les messages en ligne, hors ligne et sur cellulaire. Qu’en est-il de ces bibittes?

Habitués à être toujours en ligne — 7 jours sur 7 / 24 heures sur 24, les jeunes sont toujours en ligne, sur leur PC ou leur téléphone : à raison de 17 heures 11 minutes par semaine, comparativement à 11 heures 20 minutes pour la télévision, 6 heures 16 minutes à jouer sur une console et 6 heures 32 minutes à écouter la radio.
Les découvertes se font par… — Musique (Net : 67 % – Amis : 59 % – TV : 47 %); Cinéma (Net : 68 % – Amis : 51 % – TV : 71 %); Électronique : (Net : 63 % – Amis : 51 % – TV : 54 %); Mode : (Net : 41 % – Amis : 42 % – TV : 37 %).
La mode — 4 sur 5 affirment que la mode est une forme d’expression de soi exceptionnel et une importante source de mieux-être. 88 % des filles s’intéressent à la mode comparativement à 61 % des gars. Les sources d’influence pour les filles sont dans l’ordre : Amis 64 %, famille 48 %, Net 48 %, magazines 40 %. Elles préfèrent magasiner à 77 % dans des magasins traditionnels comparativement à 41 % en ligne. 66 % des parents paient les vêtements de leurs ados de 14-17 et tombent à 30 % pour les 18-24.
Parle parle jase jase — La génération Y ne se sépare jamais de son cellulaire, quitte à y passer toute son allocation. 88 % possède un cellulaire, 22 % un cell intelligent et 78 % pour un plus standard. 72 $ est la facture moyenne qu’un adolescent dépense pour ses besoins en téléphonie mobile; 80 % dont les parents aident à payer et 51 % assumant eux-mêmes la facture.
Les gadgets ne sont plus seulement que des affaires de gars — 93 % des gars aiment les trucs électroniques vs 83 % des filles; les consommateurs de première ligne (early adopters) qui se procurent les nouveautés : gars 50 %, filles 35 %; et finalement les gars à 55 % et les filles à 41 % se considèrent les experts à la maison pour orienter les achats.
Consommateurs de culture — 94 % affirment que la musique et le cinéma les intéressent. En moyenne, les jeunes ont vu 10 films et assisté à 4 spectacles dans la dernière année; 56 % d’entre eux vont acheter le DVD du film apprécié au cinéma, 26 % des gars ont déjà des lecteurs Blue-Ray comparativement à 16 % des filles.
Et ça leur coûte combien… (et à leurs parents) ? — La génération Y gaspille en moyenne 2200 $ par an. La facture se décline comme suit : 864 $ pour la facture du cellulaire, 624 $ pour les vêtements, 276 $ pour des jeux vidéos, 240 $ en électronique et 216 $ pour le cinéma.

> Pour télécharger l’étude (en .pdf)

Billets que vous pourriez aimer

On a les clients que l’on mérite.

colonelJ’aime beaucoup Seth Godin. J’ai lu tous ses bouquins et je consulte régulièrement son blogue. Ses billets sont souvent très courts, incisifs et toujours matières à réflexion. La semaine dernière, un de ceux-ci affirmait « Choose your costumer, choose your future » et suggérait fortement aux organisations de mieux choisir leurs clients. Les entreprises qui décident de passer la gratte en visant le plus grand nombre de clients possible, qu’importe leur provenance ainsi que leurs valeurs font une grave erreur. Selon lui, ce sont vos clients qui définissent ce que vous faites, comment vous le faites et le vendez. Cette clientèle qui décide aussi du prix de vos services. Donnez-vous comme stratégie de viser une clientèle infidèle et revendicatrice et elle fera tout en son possible pour vous négociez et être toujours déçue de vos services; au contraire, courtisez des clients intéressés, compréhensifs et allumés, donnez-leur ce qu’ils veulent et vous réussirez à établir un dialogue qui améliorera la qualité de votre produit ou de votre service et par le fait même votre relation avec eux. Pas facile de « refuser » des clients me direz-vous; mais c’est peut-être le prix à payer pour avancer et mieux servir ceux que vous choisissez. Pour faire du pouce sur ce billet, mais surtout renforcer l’idée que de choisir ses clients comporte des avantages compétitifs extraordinaires, l’étude « L’entreprise infidèle » de Léger Marketing démontre que la plupart du temps, ce sont les clients qui se sentent trahis par leurs commerces préférés et non l’inverse. « Dans la réalité, les clients veulent être fidèles. La fidélité leur apporte de nombreux avantages : elle leur épargne du temps, atténue les risques et leur facilite la vie, écrit Serge Lafrance, vice-président du marketing de Léger Marketing. » C’est normal. Prenez par exemple vos propres habitudes alimentaires : vous avez une épicerie préférée, située dans un rayon pas très éloigné de chez vous, un service courtois et des produits tels que vous les aimez; vous n’avez aucune raison valable d’aller voir ailleurs. Même si l’offre des concurrents peut, de temps en temps, vous sembler plus alléchante, le fait de changer de place, d’aller plus loin, de risquer de ne pas trouver ce que vous cherchez fait que le prix ne sera pas nécessairement un élément pour causer une infidélité au commerce élu. C’est plutôt votre épicier qui décidera de la date de votre départ de son commerce. Ça commencera par un manque flagrant de service aux caisses ou un boucher moins courtois qu’à l’habitude, une absence aléatoire de vos marques préférées, des problèmes de stationnement, etc. Bref, plein des petits trucs, souvent rien de majeur, qui vous forceront à regarder pour une alternative meilleure. Même si vous n’en aviez aucunement l’envie au départ. Même si ce n’était pas votre but premier. On vous y pousse. On vous dit : hey! on veut plus de toi ici! Voici grosso modo ce qui fait fuir un consommateur, toujours selon l’étude de Léger Marketing : l’irrespect, l’incohérence, l’indifférence et l’incompétence. Ça vous rappelle de mauvaises expériences comme consommateur? « La quasi-totalité, soit 96 %, des consommateurs insatisfaits ne portent pas plainte. Ça ne les empêche pas de se sentir trahis. Et de le dire à leur entourage : un client insatisfait en parlera en moyenne à 13 personnes. » Si l’on choisit mieux ses clients, pour qu’ils nous ressemblent un peu plus, les chances de les trahir sont moins grandes puisque les éléments qui vous rapprocheront l’un de l’autre seront basés sur des manières de faire similaires ainsi que des valeurs partagées. On a moins de chance de décevoir des clients qui nous ressemblent.

> L’entreprise infidèle, Léger Marketing, Éditions Transcontinental, 2009.

Macho Macho Man, I’d rather be a…

village-peopleCette semaine on a eu droit à une mini tempête médiatique au sujet d’une publicité virale diffusée sur YouTube mettant en vedette le joueur des Canadiens de Montréal, Georges Laraque et de séduisantes nymphettes jouant au hockey bottine pour nous vanter les vertus d’une boisson énergétique alcoolisée (la pub est ici). Publicité banale et insipide comme le sont ces centaines de publicités de bière avec des bébés-big-boobs et des mecs-aux-pecs-impecs : y a de la joie, du party, de la plage, de la séduction, bref, le genre de pub qui oublie de nous dire que finalement le seul attrait physique qu’on risque d’avoir si on consomme trop du produit vanté n’est pas celui présenté à l’écran, mais une énorme bedaine de bière. La communauté blogueuse a largement couvert l’événement et contribué, en la diffusant, à créer le buzz recherché. La tempête a été déclarée par Axelle Beniey, de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, traitant la publicité de dégradante pour les femmes, de mauvaises images pour la jeunesse, bla-bla-bla… La cassette. Je suis tanné de ces sempiternels sermons rétrogrades de féminisme post 68; nous sommes presque en 2010, bordel! Ce qui me fait doublement pomper c’est que nous n’entendons jamais ce genre d’exposé dénonciateur quand on ridiculise des hommes dans des publicités… Un article très intéressant paru en août dans la section « affaires » du Globe And Mail (« Why men in ads are dumb goofy or completely inept » pas de lien disponible, sauf si vous êtes abonné au GAM) parlait d’une nouvelle tendance en publicité, celle de la misandrie (ho! ho! beau mot à chercher dans le dico). La mode est à réaliser des pubs où, dans plein de contextes différents, les hommes sont dépeints comme des incapables, des simplets, des gaffeurs ou de parfaits imbéciles surtout si on les compare directement à leurs épouses. Exemple : un homme a le rhume et se transforme immédiatement en gamin; un homme incapable de se retenir devant une plaque de biscuit préparée pas sa gentille épouse se brûle les doigts et finalement un homme joue le rôle d’un chat qui cherche à se faire nourrir par sa maîtresse (je n’ose imaginer quelle onde de choc celle-ci aurait créée si on avait inversé les rôles des protagonistes!). Ironiquement, ces publicités, toujours selon l’article, plaisent énormément aux femmes qui ne voient rien de bien méchant dans celles-ci. N’est-ce pas là un exemple de double discours? Pour citer un commentaire d’un lecteur sur le blogue de Patrick Lagacé à ce sujet : « si ça avait été Alexandra Wosniak qui jouait au tennis avec des Cupidons en boxers, ça aurait été tout à fait correct.» Deux poids, deux mesures. Comme le principe de la discrimination positive (comment de la discrimination peut-elle être positive!!!). La publicité dans laquelle Laraque joue est une mauvaise publicité. Point. Il ne faut rien chercher de plus que ça. L’exploitation du corps de la femme n’y est pas plus évidente que dans des pubs du même genre. Ni plus, ni moins. Madame Beniey, choisissez vos combats, celui-là n’en vaut pas la peine.

Cool Le cool.

lecoolJe suis à quelques jours de partir en vacances (vendredi). Je prends une pause, histoire de recharger mes batteries. Faire le vide pour mieux refaire le plein, comme on dit. J’ai connu une très grosse année : la mort de papa, la réorientation de carrière… Il me faut me retrouver. Direction Barcelone. Capitale de la Catalone. On a loué, ma copine et moi, un appartement dans El Born, le quartier branché de BCN, à quelques pas du Palau de la Musica Catalana. Au menu : pas d’horaire précis (jamais en voyage!), mais quand même quelques bookings; un spectacle du groupe Ojo de Brujo, une virée au Festival Sonar (le plus grand festival de musique électronique et d’art multimédia d’Europe avec ses prestations jour et nuit… je vais aller voir entre autres Orbital et Moderat (qui passe à 3 h 30 du mat’ !!!!); le festival Esperanzah de musique du monde, où l’on espère la participation de Manu Chao (merci Nathalie P., pour le in); une soirée à l’opéra (la Traviata), histoire de lâcher quelques larmes; une visite VIP au vignoble de Parès Balta dans le Penedès (oui, oui, VIP, rien de moins; c’est ça avoir des contacts, merci Carl!) – et de la bouffe, de la bouffe et encore de la bouffe. Pour un insomniaque, une ville qui ne dort pas est faite sur mesure. Je vais profiter de mon séjour pour regarder ce qui se fait comme graphisme, pub, graffiti, etc. C’est d’ailleurs en prenant contact avec des boîtes de pubs barcelonaises qu’une graphiste de là-bas m’a conseillé quelques musées, des librairies et des expos, mais surtout la merveilleuse idée de me procurer le livre Le Cool qui traitait de Barcelone. Le Cool, c’est une petite maison d’édition farouchement indépendante qui produit des bulletins d’évènements sur ce qui se passe culturellement parlant dans les grandes villes européennes : Amsterdam, Barcelona, Istanbul, Lisbonne, London, Madrid, Milan, Rome font partie du club. Ils ont aussi publié quelques guides de voyage sur les mêmes villes. Attention, pas du genre Guide du Routard ou Michelin, quoique je n’ai rien contre ceux-ci, mais un guide tout à fait délicieux au graphisme génial, aux sujets complètement créatifs et éclatés. Leur promesse : vous faire découvrir les parties d’une ville les plus tripantes en se fiant sur leur propre expérience et celles des gens « in » de la place sans se limiter sur ce que tout le monde veut voir… Ça promet. Je me suis mis d’ailleurs disponible comme candidat pour une interview pour Le Cool : les auteurs veulent sonder leur clientèle, histoire de voir comment les gens planifient les endroits qu’ils veulent visiter. Le Cool cherche à savoir ce que les gens qui aiment sortir des sentiers battus ont dans leur mire quand ils voyagent. Je vous raconterai si la rencontre a lieu. J’ai l’intention de bloguer de Barcelone. J’ai mon portable, ma caméra, un carnet pour griffonner et plein de bonnes intentions. Mais je ne vous promets rien. Comme dans les dessins animés, j’ai toujours un éternel combat au dessus de ma tête entre l’ange et le démon, mais rarement le dernier cède sa place. Procrastination est le mot d’ordre. Surtout en vacances. Le Cool va d’ailleurs s’en rendre compte assez vite. Surtout si je décide de ne pas me présenter à mon rendez-vous…

Gens bons.

hamOn dit souvent que faute avouée est à moitié pardonnée pour un individu, mais pour une corporation est-ce que cela s’applique aussi? Dans le dernier Marketing Mag, j’ai lu un article de Dave Scholz traitant de la descente aux enfers de Maple Leaf lorsqu’en août 2008, elle s’est retrouvée avec un cas majeur de listériose sur les bras et responsable de 21 morts. Comment une entreprise peut-elle se remettre d’un tel événement? Comment une entreprise peut-elle regagner la confiance de ses clients quand sa réputation est entachée de cette façon, comment on se sort d’une situation semblable? En y faisant face, tout simplement. La réputation d’une entreprise tient uniquement sur la perception que les gens ont d’elle : la confiance, la transparence, la crédibilité, l’engagement et l’honnêteté sont des valeurs qu’on estime importantes pour une personne, mais tout autant pour une entreprise. Quand le président de Maple Leaf, Michael McCain, est apparu dans un spot télévisé, qui a également été affiché sur YouTube, afin de livrer ses excuses à la population, il n’a jamais tenté de nier les faits, ni d’amoindrir les responsabilités de son entreprise. En affirmant que Maple Leaf avait échoué malgré tout l’engagement qu’elle avait envers ses consommateurs par rapport à ses procédures strictes de salubrité, McCain venait de démontrer une franchise qui a été appréciée de la population. Selon un sondage effectué par Léger Marketing, même en plein coeur de la crise, la réputation de Maple Leaf n’était pas trop tombée. La leçon que tire l’article est qu’une entreprise devrait se préparer à une telle situation, de ne surtout pas penser que cela ne peut vous arriver. Une belle façon est d’entamer un dialogue avec ses clients, de créer un canal d’information qui permet d’échanger des idées, de réagir et d’expliquer certaines politiques d’entreprise. Tenter d’être le plus honnête possible. Sur le blogue de Michelle Blanc, je lisais un excellent billet qui traitait justement de la transparence et de l’authenticité dans nos rapports commerciaux. En avouant ouvertement « … j’ai accumulé un retard énorme et que deux de mes très bons clients furent victimes de ce concours de circonstances… », elle démontrait une intégrité par rapport à ses clients. Pas par de bêtes excuses, mais en affirmant la simple vérité. Je comprends très bien la situation dans laquelle elle s’est trouvée. J’ai la réputation d’être un bon travaillant, mais il m’arrive de vouloir trop en faire, de dire oui à des délais trop serrés, de dire oui tout simplement alors que je n’ai pas le temps ou que mes autres dossiers en souffriront. Parce que dire non, c’est pas facile. Parce que dire non, ça va à l’encontre du service. Mais dire oui et de ne pas livrer, ce n’est souvent pas mieux. Car les gens bons se retrouvent souvent cuits…

> Toile de Luke Chueh

Perception vs realité.

rollingstoneAnecdote. Dimanche dernier je me présente chez Archambault pour me procurer le dernier Urbania. Je vous ai déjà raconté tout le bien que je pense de ce magazine montréalais : différent, d’une facture impeccable et d’un discours dosé de pertinence, d’impertinence et d’originalité à la pelle. Le numéro de ce mois-ci est un « Spécial Sexe », ça promet! J’arrive à la maison, me verse une coupe de vin, m’installe confortablement et plonge dans ma revue. En fait la revue plonge sur moi. Un problème au niveau de la reliure provoque une chute de toutes les pages; mon magazine ressemble à un dossier dont les pages éparses s’envolent. Fais chier. Je suis le genre de gars à triper papier. Je fais attention à mes livres, moins à mes magazines, mais préfère quand même le lire entier plutôt qu’en feuilles mobiles. Je me décide à retourner chez Archambault afin de me faire remplacer ma copie. Je me présente au comptoir-caisse et explique mon problème à la jeune caissière. Elle regarde mon Urbania (avec une femme presque nue sur la couverture – Spécial Sexe, oblige!) et le secoue pour, j’imagine, vérifier ce que je lui ai raconté. Comme chez moi, les pages tombent une à une du magazine, libérant celles-ci de son contenu, disons, très explicite… Des photos de seins avec des percings, des dessins de pénis, bref le contenu « Spécial Sexe » d’Urbania se retrouve sur le comptoir. Les regards de la caissière dans la vingtaine et de moi-même dans la mi-quarantaine se croisent. À ce moment-là, accoudé au comptoir, au milieu d’une foule venue chercher un cadeau de dernière minute pour la Fête des Mères (!), je me mets à penser que je suis en train de discuter avec une jeune fille, entouré de photos quasi pornos. La caissière me dit qu’elle ne peut remplacer mon magazine sans l’accord d’un superviseur. « Un superviseur est demandé au comptoir, code 11… » Fiou, ça aurait pu être code 69 ou code X. Le superviseur avec un « e » arrive. À peine plus âgée que la caissière. Elle examine le magazine. Me regarde. Elle aussi secoue les pages exposant le contenu érotico-cochon-provoc-charnel du magazine. Les regards des filles se croisent. Le mien préfère fureter sur la caisse à ma gauche, où une femme d’un certain âge, regarde les pages aux seins percés inonder le comptoir la bouche pincée. Finalement, on m’échange le magazine en me disant d’aller m’en cueillir un autre. Je quitte en remerciant mes deux Archambault Girls, sans toutefois pouvoir dissimuler le dessus de mes oreilles rouges. Je pense que la situation n’est pas nécessairement à mon avantage. Dans l’auto, je me fais mille et un scénarios. À quoi pensaient ces deux filles? Quelles étaient leurs perceptions par rapport à moi? Étais-je un vieux vicieux friand de pornographie? Quelle acrobatie avais-je faite avec ce magazine en main pour le démolir de la sorte? Quel culot je devais avoir pour me présenter devant ces deux jeunes femmes et exhiber mes déviations de la sorte? Bref, la perception que je me faisais de leur perception était assez négative. Pourquoi? Parce que c’est plus simple comme ça. Juger rapidement, cerner facilement est le réflexe que la plupart des gens vont avoir dans un premier temps. On a tendance, aussi, à imaginer ce que les autres pensent de nous de la même façon dont un jugerait, nous-mêmes, les gens. Les perceptions sont comme ça. En racontant cette anecdote à mon ami Black, celui-ci avait une tout autre façon de voir la chose. « Pourquoi cette caissière ne penserait-elle pas tout simplement que tu étais très « in » d’acheter Urbania, sans se soucier du contenu » me dit-il. « Elle pouvait même être sexuellement très ouverte et trouver tout à fait normal qu’on achète ce type de magazine, sans arrière-pensée…» Mmmm. Pour une même réalité, deux perceptions différentes. Pas facile de percer les gens, de savoir ce qu’ils pensent ou ressentent quand ils se retrouvent devant une situation quelconque. Les perceptions que l’on a des gens sont souvent à des kilomètres de la réalité. Alors que certains gestes posés nous sont intolérables, pour d’autres, ils sont anodins. Pour ces deux filles, j’étais à la fois un maniaque ou un gars « up to date ». Pile ou face. Ying ou Yang. Imaginez maintenant que vous ayez un message à passer : comment vous assurer que la perception que vous voulez que les gens aient en l’absorbant soit la vôtre. Difficile, non? La notion de perception vs réalité en est une molle. Difficile à prévoir et encore plus à changer. Les notions d’éducation, de culture, de langue, de tolérance sont quelques-unes des facettes qui font que vous ayez telle ou telle perception par rapport à une réalité unique. Comprendre et accepter qu’une perception puisse être différente de la nôtre est primordial pour déchiffrer la façon dont les gens appréhendent les situations et ainsi mieux leur communiquer la nôtre.

> Bel exemple de perception vs réalité. Une vielle publicité réussie de Fallon pour le magazine Rolling Stone, expliquant aux acheteurs médias que le lectorat du magazine était très différent de ce qu’ils pouvaient penser.

Y’en aura pas de facile.

routeJe suis le spécialiste pour me compliquer la vie. Je vous ai déjà raconté comment je n’aime pas les solutions faciles, les concepts mièvres et les idées préconçues, mais tout cela à un prix. Et je ne parle pas d’argent, mais de temps. De vouloir constamment refaire le monde ou de ne pas vouloir m’engager sur la voie rapide provoque chez moi, un casse-tête de production. Au lieu de me rabattre à créer des concepts faciles à réaliser, j’ai la mauvaise manie de trouver des idées qui me forcent à user d’ingéniosité pour leurs réalisations. Le client est content. Son catalogue, sa brochure, ses communications seront différents, contrastés, originaux, mais m’auront donné des maux de tête et souvent forcé à travailler encore plus (et donc pour moins…). Un exemple : je suis à finaliser un magazine pour un client, dont je vous dévoilerai les images d’ici deux semaines; au lieu de créer une grille facile à utiliser où le texte se place systématiquement à la même place, où les photos sont sensiblement croppées de la même manière et postillonné dans un cadre précis; j’ai opté pour un montage très inspiré par le contenu. Si l’article parle de vêtement, le texte est accroché à un cintre, etc. Cela donne une publication vivante et originale… mais beaucoup plus difficile à réaliser et foutrement plus longue à faire. Je me souviens de mes premiers catalogues Chlorophylle; je travaillais sur une grille assez rigide, avant d’exploser et d’intervenir graphiquement à chaque page. Tout cela prend du temps. Du temps incompressible. Du temps de qualité puisque l’on ne parle pas ici de montage systématique. Mais je suis incapable de faire autrement. Ça va contre mes valeurs. En fait, c’est beaucoup plus simple que cela : je ne ferais pas ce métier-là si je ne pouvais travailler de cette façon. Je m’emmerderais. Et c’est pourquoi je ne m’en plains pas. Je discutais avec une amie graphiste la semaine dernière en lui disant que j’avais eu une semaine de fou. Elle me demandait comment je faisais pour tenir le rythme en me demandant si j’aimais encore ça travailler autant. Je ne vivrais pas autrement. Je ne ferais pas ce métier si je ne pouvais pas le faire comme je le fais. Le feu sacré est indispensable dans tout métier de création. Sinon, c’est l’inertie. Et l’on tombe dans la facilité. Si j’aime encore autant mon métier et si j’y consacre autant d’heures, c’est parce que je peux encore le faire en me creusant la tête, en me réinventant, en me mettant en danger. Le jour où je n’aurai plus de plaisir, je ferai autre chose dans lequel je me réaliserai autant. Dernièrement, je lisais un article intitulé « Design Under Constraint: How Limits Boost Creativity » dans le magazine Wired qui démontrait que plus nous avons des barrières et des contraintes, plus la créativité devient un élément indispensable pour résoudre un problème. Cela m’a fait réaliser que ce que je fais en me forçant à me creuser la tête est une forme d’auto-contrainte. En me mettant des barrières personnelles qui m’empêchent de dormir au gaz je me vois dans l’obligation de me surpasser. Il est là le vrai enjeu. Se surpasser. C’est bien de réaliser un dossier de belle manière et d’en être fier, mais de faire le même dossier et réussir à se réaliser soi-même, c’est encore plus gagnant, à la fois pour soi et pour son client. Le véritable salaire n’est pas toujours synonyme d’honoraires..

Paul au Saguenay.

paulMême si je me suis procuré jeudi le dernier Rabagliati, Paul à Québec, je n’ai pas ouvert le livre avant samedi. Peut-être que je savais trop de quoi ce dernier opus traiterait. Car voyez-vous Paul et moi (ou plutôt Michel Rabagliati, son alter ego) avons tellement en commun. Nous avons les deux, à peu près le même âge, nous avons tous les deux étudié en graphisme à Montréal, nous pratiquons tous les deux le même genre de métier, même s’il a plus choisi de se spécialiser dans l’illustration (et maintenant dans la bande dessinée), les premiers appartements, les enfants, nos vies semblent s’être déroulées de la même manière. Alors, quand j’ai lu une entrevue de l’auteur dans La Presse de la semaine dernière dans laquelle il abordait le sujet de son dernier livre : la mort de son beau-père atteint du cancer, j’ai comme eu une petite retenue avant de me lancer dans sa lecture. Appelons ça une protection pour ne pas trop bousculer ma vie à moi. Le livre encore une fois est magnifique. Michel Rabagliati réussit avec un simple coup de crayon à vous faire rire, sourire et pleurer… Je ne me souviens pas d’avoir versé une larme devant une bande dessinée, avant samedi. Le portrait que l’illustrateur a réussi à faire de la maladie en est un touchant; le désarroi de la famille tout autour, l’incompréhension du constat final, le combat de Roland (le beau-père) contre la maladie, a remué ma petite personne, lui rappelant l’histoire que j’ai vécue dernièrement. N’est-ce pas là la qualité d’une grande oeuvre? Réussir à passer un message positif ou négatif; réussir à nous faire vibrer intérieurement. On a dit beaucoup de choses (du bien) sur Michel Rabagliati ces dernières semaines, certain comme Le Soleil, comparant Paul à un Tintin venant du Québec. Les critiques ont parfois tendance à créer des icônes en exagérant l’apport de ceux-ci à une culture, je ne crois pas qu’on exagère cette fois. L’oeuvre de Paul puisqu’il faut la nommer ainsi est dans la lignée des grandes bandes dessinées. Si l’auteur avait eu la destiné de naître en France, ce sont plusieurs centaines de milliers de copies de ces livres qui se seraient vendues, pas uniquement parce que la population y est plus grande qu’ici, mais surtout parce que la bande dessinée n’y est pas un art mineur. Paul à Québec n’est pas une simple bande dessinée, c’est une oeuvre littéraire, point. Une oeuvre écrite à coup de crayons et de passion, de tragédie et d’humour, de tripes et de vécus, une autobiographie honnête qui démontre, oui, un grand talent de raconteur et d’illustrateur, mais avant tout une grande sensibilité chez l’auteur.

> Paul à Québec – Michel Rabagliati – Éditions de La Pastèque

(Si vous voulez découvrir la série Paul, commencez par Paul à la campagne, le premier tome.)

À l’attaque des tablettes.

luluJ’ai pris connaissance, via Cyberpresse, d’une étude menée par la firme GFK sur les habitudes de consommation par rapport au choix que font les gens lors de leurs emplettes à l’épicerie. On y apprend que si peu de gens ont une liste écrite lorsqu’ils se présentent au supermarché, la plupart ont quand même une bonne idée des trucs qu’ils comptent acheter. Ce qui est spécial, c’est que la décision ultime se prend à 70 % sur place. S’il n’a pas déjà une marque en tête, lorsque le client se retrouve en épicerie à la recherche d’un produit type, celui-ci ira immanquablement vers une marque reconnue. Il y a peu de chance que le client change sa marque référée s’il la retrouve sur les tablettes. Pour réaliser cette étude, GFK a interrogé des gens qui entraient au supermarché en leur demandant ce qu’ils comptaient acheter pour ensuite vérifier leurs paniers à la sortie. L’indice le plus intéressant de l’étude se situe au niveau des achats impulsifs, non prévus lors de la visite à l’épicerie, représentant 40 % du panier d’épicerie du consommateur moyen. Les dégustations, les offres directes (coupons-rabais, promotions de lancement, etc.) exercent une très grande force d’attraction dans les allées des épiceries. Pas besoin de vous expliquer pourquoi la guerre de la tablette et du comptoir en est une si féroce; la place que prendra un produit par rapport à un autre est déterminante par rapport au choix que fera l’acheteur potentiel. L’importance de l’emballage est primordiale, je ne comprends toujours pas pourquoi un fabricant qui a travaillé, en recherche et développement, pendant des années à créer le produit le plus parfait qui soit, quand arrive le temps de mettre celui-ci en marché, économise sur l’emballage, coupe ses budgets en engageant n’importe qui pour le mettre en marché. Certains produits de qualité sont si mal emballés qu’on n’a pas le goût d’aller plus loin dans notre expérience sensorielle. En confiant le mandat de créer un emballage qui mettra leur produit en valeur à des amateurs, les entreprises mettent leurs ventes en péril. En confiant leurs packaging à des fabricants directs au lieu de passer par une firme spécialisée en graphisme, ces entreprises se privent d’une expertise et d’une aide indispensable quant à la mise en valeur de la personnalité unique de son produit. Si 40 % des achats se font sur le coup de l’émotion, imaginez le pouvoir d’attraction que comporte un conditionnement adéquat qui met les qualités du produit en évidence, certes, mais tout autant inspire et séduit le client potentiel. Avant même de goûter au produit, le client potentiel doit être attiré, informé et convaincu. Combien de fois vous êtes-vous retrouvé devant la tablette, hésitant entre plusieurs produits de marques concurrentes, à « regarder » le produit qui vous semblait le meilleur? Alors que le concept culinaire n’a jamais été autant à l’honneur, que nos tablettes n’ont jamais autant débordé d’excellents produits provenant de partout dans le monde, que la richesse alimentaire est à son apogée, que les consommateurs sont de plus en plus informés, connaisseurs, et épicuriens, il serait bête que votre produit reste sur la tablette…

> Profitez de Pâques qui s’en vient pour acheter des produits de Chocolat Lulu. J’ai pris cette photo dans un magasin, dernièrement, réalisant que malgré ses 10 ans, le packaging que j’avais créé pour leurs figurines en chocolat pour Pâques se défendait encore assez bien.

Bla bla bla – ou constatations diverses # 01

moi1Un congélateur qui meurt sent le cadavre pour vrai.
Samedi dernier, notre congélateur est mort emportant avec lui des kilos de chorizo, du crabe, des merguez et des milliers de petits fruits cueillis avec amour sous un soleil accablant autour de mouches noires (quel beau pays que cette toundra canadienne!) La mort d’un congélo, c’est une chose, mais son autopsie en est une autre plus accablante encore. Quand j’ai constaté l’heure exacte du décès, j’ai dû prendre mon courage à deux mains ainsi qu’une grande respiration et vider le corps du défunt. Toutes ces victuailles baignaient dans un pied de jus nauséabond. Pour en avoir une idée, passez des bleuets, des framboises, du jus de volaille et de poisson au mélangeur, chauffez le tout et humez… vous aurez une bonne idée; ma meilleure idée fut d’aspirer ce nectar au Shop-Vac : résultat, je me suis douché au jus de congélateur.

Jogguer avec des Merrell de marche déboulonne un vieux body.
J’ai toujours rêvé de courir. De jogguer. Ça ne date pas d’hier : chronologiquement lorsque j’ai vu Rocky 1 pour la première fois, l’idée de courir avec un pantalon gris en coton ouaté et un chapeau en cuir m’a plus immédiatement; pas beaucoup plus tard, le film Charriots Of Fire m’amena à me convertir à la course à pied, le temps d’un tour de pâté de maisons… Bref, 30 ans après ces deux brefs et infructueux essais, j’ai chaussé des chaussures pas fait du tout pour la course et parti sous le chaud (!) soleil de dimanche dernier, accompagné d’un vent de face de 100 km. Je me suis pas si mal comporté. Du moins, je pensais. Je me suis réveillé avec des douleurs inexplicables dans des zones de mon corps dont je ne soupçonnais ni la présence de muscles, encore moins de vie. Bref, j’ai une cheville en compote. Je n’ai pas lancé la serviette, mais je vais m’acheter de nouvelles chaussures. À suivre.

Les journaux font la manchette sur le net.
Les journaux subissent présentement une révolution. Partout dans le monde, on voit des quotidiens centenaires fermer leurs portes et de grandes entreprises de presse avoir de la difficulté. Le web fait un ravage total dans la presse écrite. La plupart des journaux ont pris des virages 2.0, mais la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous. Il faut comprendre que la publicité est le nerf de la guerre de la plupart des médias, et le web et la pub ne font pas nécessairement bon ménage. Qu’adviendra-t-il des grands journaux? Difficile de prévoir, je faisais remarquer ce constat à un journaliste du Quotidien en lui disant, pour lui remonter le moral, qu’on aura toujours besoin de journalistes, sur papier ou sur le web; « À quel prix? » m’a répondu sa fibre syndicaliste… Well, je m’attendais à une réponse plus éloquente…

Quand c’est non, c’est non. Jusqu’à ce que ça devient oui. Mais faut souvent un miracle.
5 ans. J’ai passé 5 ans et des poussières sans mettre les pieds dans un restaurant où j’allais auparavant 3 fois par semaine parce qu’on avait décidé de m’y servir comme un client acquis de second ordre. Quand le restaurant a changé de main, mais plus encore de personnel, j’y ai remis les pieds. Je suis comme ça. Fidèle comme un chien tant qu’on me flatte. Prêt à recevoir quelques taloches pour le plaisir de gruger mon os, mais quand je décide que j’en ai assez, y a pas une laisse qui me retient. Et c’est pour la vie. La fidélité est un morceau de bois. C’est dur du bois, mais plus on le travaille, plus on l’altère, plus il perd de sa force. Et contrairement au fer qu’on peut faire fondre plusieurs fois, le bois usé ne se régénère pas. En bon workholic, je dirais que je suis fait de bouleau…

Je veux bien croire que MySpace est pour les oreilles, mais ça fait mal aux yeux quand même.
Suis-je le seul à trouver que le site MySpace est un vomi graphique? Je ne suis jamais tombé sur une belle page graphiquement parlant. Qu’elle soient professionnelles, amateures, d’artistes internationaux, ces pages toutes croches m’enlèvent le goût de découvrir des musiciens pourtant si talentueux…

Une chance qu’on a Facebook pour nous rappeler le jour que l’on est.
S.v.p., cessez d’écrire comme statut: « c’est lundi, bonne journée! », « mardi, deux journées de passées! », « mercredi, milieu de la semaine! ». Vous n’êtes pas obligé d’écrire à tout les jours si vous n’avez rien à dire. Quand on sera assez mêlé pour ne pas se rappeler quel jour on est, on aura qu’à écrire dans notre statut : « heu… quel jour on est….? ».

Je twitt comme un twit.
Bon j’ai décidé de me mettre à twitter y a deux semaines. MAIS. Mais je ne suis intervenu que 3 fois en deux semaines. Ok, je vais m’y mettre, je vous le promets. Au pire j’écrirai simplement le jour qu’on est… Si vous voulez me suivre… twitter.com/traitdemarc

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