Le prix de la fidélité

Il y a quelques semaines, j’avais préparé un petit mémo pour un client qui cherchait à se monter un programme de fidélisation. J’avais fait quelques recherches sur le web et trouvé un article très intéressant dans une édition de Marketing Mag; je vous fais part ici, de quelques grands principes.

LA VÉRITÉ? ÇA NE SERA PAS FACILE
La plus grande erreur que nous faisons en tant que marketeurs, c’est de penser que nous savons exactement ce que nos clients veulent. Nous prenons nos expériences personnelles et celles de nos amis sans nous soucier de ce que nos véritables clients veulent. C’est pourquoi il est capital d’écouter, de réussir à créer un canal d’échange et d’adapter notre programme de fidélisation à nos consommateurs. Rappelez-vous qu’une communauté de fidèles, ça peut ressembler à une secte : chacun des membres a une raison particulière d’y adhérer. Un programme de fidélisation est compliqué, représente un travail supplémentaire, n’est pas rentable à court terme et coûte de l’argent. Par contre, à long terme, assure une base non négligeable de clients, une connaissance de ceux-ci et un bon impact au niveau du bouche-à-oreille.

DEAL OR NO DEAL
Les sondages le prouvent, une fidélisation rapporte… uniquement si l’on investit. Selon les personnes sondées (déjà membres d’un programme de fidélisation), 70 % veulent plus de rabais et d’épargne et 52 % demandent plus d’offres et de «deals». Donc, on s’attend à avoir de quoi. Si on n’a rien de substantiel à donner, n’entrez pas là-dedans. Les consommateurs détestent les demi-mesures et les fausses offres. Qui n’a pas entendu la blague des adeptes d’Air Miles qui, après trois ans d’accumulation intensive de points, disent qu’ils peuvent enfin s’acheter un sac de chips…

DES INFOS QUI NE SERVENT À RIEN
Ce qui est intéressant, outre de s’assurer la fidélité de clients, dans un tel programme, c’est d’amasser une tonne d’informations sur ceux-ci. Mais encore faut-il savoir s’en servir pour améliorer notre offre et de connaître leurs habitudes d’achat. Par exemple, un programme comme Aeroplan divise ses clients entre 3 catégories : voyage/finances/vente au détail lui permettant d’analyser ses offres par catégorie. Parce qu’est là toute la substance même d’un programme; oui, vous donnez, mais en retour le consommateur doit vous offrir son ADN :  ses habitudes de consommations, ses goûts, sa personnalité, etc. Si vous collectez tout ça et que vous ne vous en servez pas, c’est un programme unidirectionnel que vous mettrez en place. Analyser ces données vous servira à mieux cerner votre consommateur et par extension mieux le servir. Bien que ce n’est pas tous les programmes de fidélisation qui demandent des informations, ne pas le faire est dommage, car il prive l’entreprise d’informations intéressantes.

DONNE OU NE DONNE PAS
Ce qui frustre le plus les gens dans un tel programme est la difficulté à utiliser son offre. Quand les détails sont trop restrictifs (date, montant, choix). Si le rabais obtenu par votre programme de fidélisation est applicable le lundi entre 16 h et 17 h, toutes les années bissextiles, ce n’est pas très gagnant. Donc simplicité et flexibilité. Le consommateur n’est pas dupe, et les dommages importants si on ne fait pas attention : un programme de fidélisation qui défidélise (!!!), ce n’est pas gagnant. Le meilleur exemple se trouve dans les rabais postaux : ça semble tellement compliqué que plusieurs consommateurs baissent les bras et décident de ne pas bénéficier du dit-rabais uniquement par sa complexité. C’est pourquoi on parle de faux rabais. Faux rabais = mauvaise expérience = mauvaise perception du client.

HEY, ON A UN TRUC POUR VOUS!
Si on veut qu’un programme comme celui-là fonctionne, il faut le faire connaître. Les places d’affaires sont les meilleurs emplacements pour le faire : staff (t-shirt), affiches et écrans. Plus que la publicité. Il faut aussi avoir un message clair et des avantages d’incitations précis. Prenez l’exemple d’un bon serveur dans un restaurant, il est capable de vous diriger vers un plat ou un breuvage uniquement… en vous le proposant. Il y va de même avec un programme de fidélisation : il faut que le personnel le pousse et en parle à chacun des clients. Plusieurs restaurateurs conservent les cartes fidélités de leurs clients près de la caisse pour ainsi faciliter la mise à jour de celle-ci; c’est une excellente idée, non seulement vous ne l’oubliez plus jamais, mais ça démontre que vous êtes importants.

Alors, on fidélise ou pas?

> REF : Marketing Mag

Pour en finir avec la compétition

Après mon billet sur Génération C, j’ai reçu un gentil courriel de sa réalisatrice, Annie Fournier me remerciant des bons mots que j’avais écrits sur son travail. On ne se connaissait que par amis ou clients communs et comme nous n’avions jamais travaillé ensemble, elle était surprise que j’aie parlé de ce projet de manière très positive, et ce, sans y avoir été mêlé. Je lui ai répondu que j’avais appris avec les années que donner du mérite aux autres ne t’enlevait rien personnellement, et qu’au contraire, ça te donnait plus de crédibilité quand tu dénonçais ce que tu trouvais moins bon.
Dans une autre vie, j’avais une relation malsaine avec mes compétiteurs; je les dénigrais, leur enlevais leurs mérites et était incapable de voir du positif dans leur travail, même quand ceux-ci le méritaient. J’imagine que ça venait avec ma verte jeunesse ou de mauvaises influences. Qu’importe. Je n’ai plus aucun sentiment négatif vis-à-vis mes compétiteurs maintenant; j’ajouterais que j’aime bien les rencontrer dans des activités d’affaires afin d’échanger sur le métier ou sur la vie en général. J’y vois une façon de tisser des liens qui peuvent servir un jour ou l’autre et de faire, ma foi, des rencontres très intéressantes. La vie est si longue… en affaires; couper des ponts, se faire des ennemis inutiles la rend seulement moins agréable à vivre. D’ennemi (sic!) un jour, on peut devenir partenaire sur des projets, ou simplement partager le même client, à combler des besoins différents. C’est plus facile à réaliser quand un contexte de mutuel respect est mis en place.
Ce n’est pas aussi facile pour tout le monde. Dans un dossier réalisé il y quelques années, je devais superviser une entreprise dans une démarche très précise de sollicitation. Dans ce mandat, je devais analyser les communications et élaborer un plan de visibilité. L’année précédente, le client avait déjà créé, avec un concurrent à moi, sa toute nouvelle plateforme graphique et la plupart de ses besoins étaient comblés dans ce domaine. J’avais deux excellentes raisons de ne pas y toucher. La première était que je considérais que le travail était bien fait et que deuxièmement, je pouvais prendre le budget total pour diffuser les messages. Nous avions convenu, le client et moi, que l’on ferait quelques corrections mineures dans les documents imprimés, tels que des changements de dates et des informations qui n’étaient plus à jour. Comme je pilotais le dossier, j’ai décidé de m’en occuper et de parler directement à ses créateurs. Erreur. La boîte de pub, responsable du dossier, ne voulait rien savoir de « dealer » avec un compétiteur (moi)… et ne voulait que parler au client. Même si j’argumentais à sa chargée de compte que je pouvais parler au nom du client, elle refusait en me demandant pourquoi je sollicitais « SON » client? Je lui fis remarquer que « SON » client était aussi « MON » client… Ce qu’elle refusa d’entendre. J’étais estomaqué. Aucun de mes arguments ne pouvait la convaincre. J’eus beau lui expliquer que j’avais suggéré au client de garder tout le travail qu’elle avait réalisé parce qu’il était bien fait; alors que j’étais en position de force et que j’aurais pu trouver l’argumentation nécessaire pour la sortir du dossier et recréer les pièces depuis le début, mais que je considérais que c’était malhonnête et mal servir NOTRE client. Rien n’y fit.
La notion d’appartenance d’un client, dans ce cas-ci et la plupart du temps, est un peu ridicule.  À moins d’avoir des contrats en bonne et due forme (et encore là…), le client est toujours libre et n’appartient à personne. Il est libre de travailler avec qui il veut. J’ai partagé des clients avec plein de boîtes; le résultat est toujours surprenant. Certains sont mal à l’aise d’apprécier le travail de l’autre, d’autres tentent de tirer toujours sur la couverte pour en avoir plus et certains cherchent la petite chose qui nuira à son compétiteur… alors que d’autres permettent une grande ouverture afin de réaliser le mandat dans les meilleures conditions. C’est la meilleure façon. Tout le monde y gagne tellement. Surtout « TON » client.

Le pouvoir au peuple.

Je suis passé en coup de vent chez mon client Chlorophylle pour discuter t-shirt avec la responsable de la collection, Katy Bond. Alors que je m’apprêtais à partir, je suis allé faire des coucous à Josée et Jay au département marketing. On a discuté du sujet de l’heure en branding sur les interweb: le nouveau / déjà dépassé logo de Gap. Pour ceux qui ne sont pas au courant, la chaîne de vêtements Gap a effectué un 180 degrés fulgurant par rapport à son identification visuelle. Après avoir annoncé un changement majeur de logo, elle a dû revenir sur sa décision quand la communauté internet en a décidé autrement. En quelques jours, les internautes du monde entier via Facebook et Twitter se sont mis à « basher » le logo avec une telle rage que la compagnie n’a eu le choix que de plier l’échine et de renoncer à son projet, préférant revenir à l’ancien plutôt que de courir le risque que la hargne ne se traduise par un recul de sa marque. Jay, fan des réseaux sociaux, mentionnait qu’il trouvait extraordinaire la force dissuasive émise par les internautes en la qualifiant « de pouvoir au peuple ». J’ai argumenté et émis quelques bémols là-dessus et profitant d’une course à Jonquière, je me suis mis à réfléchir sur le sujet. Je suis partagé sur ce fameux « pouvoir » surtout quant à sa perspicacité. Je vous fais part de mes réflexions… plutôt dures sur la notion de masse.

Le peuple n’aime pas le changement.
Les modes prennent toujours un certain temps à se rendre au public en général. En fait, quand la majorité du monde décide de l’adopter, les précurseurs sont déjà depuis longtemps rendus ailleurs à créer la prochaine. Alors que la majorité se vautre dans ce qu’il croit être la tendance, les early adopters regardent d’un oeil désabusé ce que la majorité prend comme « la » mode. C’est un cercle infini, alors que le monde en général suit la mode (passée), il jugent ceux qui fabriquent la prochaine… oubliant qu’ils l’endosseront, eux aussi, plus tard. La plupart des gens sont confortables dans la norme. Si tout le monde le fait, c’est que c’est bon. Et comme une masse ne bouge pas aussi facilement, le groupe préfère la stabilité au changement. La routine rassure. Bref, les gens n’aiment pas les événements qui bouleversent leur quotidien. Chaque fois que Facebook améliore certaines fonctionnalités de son réseau, on voit apparaître des groupes de protestations. Quand Hotmail annonce une nouvelle interface, on proteste. Quand on améliore le goût ce certains produits d’usage régulier, que l’on change son emballage ou son nom, les entreprises concernées sont toujours à risque de se faire critiquer. Le peuple n’aime pas le changement.
Changer les paradigmes du peuple est difficile, long et fastidieux. Une pub géniale d’Apple (Think Different) rendait hommage à ces êtres géniaux qui ont su changer le monde petit à petit grâce à leurs connaissances et leurs grandes volontés. Il faut avoir la couenne dure pour en arriver là. Si cette espèce rare de personnes n’existait pas, la plupart de nos vies seraient différentes.

Le peuple nivelle par le bas.
La facilité aura toujours l’avantage sur le labeur. La masse préfère s’amuser au lieu de travailler. Il en va de même avec ses loisirs. Si la télé demeure aussi populaire par rapport à la lecture, par exemple, c’est que pratiquer la dernière demande une certaine dose d’effort et de compréhension. S’écraser devant son téléviseur demande rarement un effort intellectuel, à moins d’écouter des émissions à contenu — encore ici, s’il faut se fier aux écoutes de la masse, les programmes préférés sont ceux qui ne font pas partie de cette catégorie.
La fibre syndicale qui veut que le maillon le plus faible de la chaîne fixe le niveau est encore un bel exemple que le peuple n’a pas tendance à vouloir viser l’amélioration. Les demandes syndicales sont la plupart du temps unidirectionnelles.
S’il fallait se fier au peuple pour avancer, ça se ferait à pas de tortue. Il faut des individus pour traîner le peuple. Il ne le fait jamais par lui même. Je prends souvent l’exemple de la musique, mais ce que l’on entend dans les radios commerciales est uniforme et inodore pour plaire au plus grand nombre de personnes. Il faut du cran pour découvrir des nouveaux sons; ça prend de l’ouverture. Quand le meilleur vendeur de disques du Québec est Sylvain Cossette et ses reprises 70′ s, le peuple a de sérieuses questions à se poser vis-à-vis sa possibilité à se réinventer et d’évoluer.

Le peuple vs l’individu.
Ce qui me dérange dans la notion de masse, c’est le partage de la pensée unique. La voix du peuple. J’aime penser qu’un individu peut à lui seul changer tout ça; tel un Henry Fonda dans 12 hommes en colère, où il réussit le tour de force de changer une à une les opinions d’un jury auquel il participe. Hélas, le contraire est plus souvent la norme : le peuple a le contrôle sur l’individu. Le mouvement de masse est plus facile à suivre que de le prendre à contre-courant. Plus facile et plus rassurant. C’est à ce moment que la subtilité individuelle se fond à la masse formelle du peuple. Si vous mélangez toutes les couleurs disponibles, vous arriverez à créer un gris uniforme. Rien de bien excitant, vous en conviendrez. Quand le peuple dicte ce qui est bon pour l’individu, celui-ci ajoute du gris à sa couleur personnelle, il devient moins différent, il s’efface au profit des autres.

Mon peuple est plus fort que le tien.
C’est fou comment un individu sans opinion en a une très franche quand elle est celle du peuple à qui il appartient. Comment un individu peureux devient téméraire quand il a l’appui de ses pairs. Comment le peuple donne du pouvoir. Dans la rue parmi des milliers de manifestants, l’individu est invincible. Hors du cocon, quand on lui demande de s’affirmer, l’individu est pas mal moins fringant…

Le peuple aime le peuple.
Le peuple aime croire qu’il a raison. Que puisqu’il est la norme, il est celui qui dicte le ton et qu’il faut suivre à la lettre ses recommandations. Le peuple n’aime pas la dissidencence, elle est source de conflit inutile. Quand le peuple voyage à l’étranger, il trouve que les autres peuples ne sont pas comme lui. Le peuple aime que le peuple lui ressemble. Le peuple aime le peuple.

Le peuple avait raison de s’en prendre au nouveau logo de Gap? Peut-être. Mais il ne l’a pas fait pour les bonnes raisons.

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MAJ

Suite au commentaire de Martin, j’ai décidé d’en ajouter un brin…

Le peuple aime suivre le peuple
Un lemming. Un mouton. Le peuple est un mouton.  Un suiveux, comme on dit. Le peuple aime embarquer dans les histoires que le peuple lui dicte. Comme un lemming. Et si cette histoire de logo était un leurre? Comme le suggère si judicieusement mon buddy Martin dans son commentaire, un leurre orchestré par Gap pour permettre au peuple de s’approprier la marque; ça viendrait corroborer cette théorie. First, le fait que Gap recule aussi rapidement et facilement sur leur décision est quelque peu louche – on parle ici d’une méga corporation / on parle aussi d’une mega agence de pub (Laird and partners) ; secundo, ça ne serait pas la première fois que le peuple tombe dans le vide comme les lemmings du jeu qui suivent leurs semblables. Ça ne serait surtout pas la première fois que l’on utilise les réseaux sociaux à de fausses fins propagandistes. On peut se rappeler le blogue du Bixi, avec ses « faux » blogueurs. Bref, si c’est le cas, le peuple aurait droit à une fausse victoire et Gap, à une belle campagne la peignant comme une compagnie à l’écoute de sa clientèle.

Génération C

Ce n’est pas parce que l’on n’est pas impliqué dans un projet qu’il ne faut pas en parler. Surtout quand c’est bon. Mon client, le Cégep de Chicoutimi, lançait aujourd’hui un outil d’information scolaire tout ce qu’il y a de plus original : une websérie mettant en vedette de vrais étudiants. Conçue dans le but d’informer les élèves du secondaire et leurs parents sur les programmes offerts, mais aussi sur la vie en général d’un étudiant fréquentant une institution collégiale, cette série se veut beaucoup plus dynamique qu’une simple brochure.
« Génération C met en vedette sept étudiants, chacun d’entre eux fréquentant un programme différent. Ces étudiants devenus pour l’occasion des comédiens campent le rôle d’un des personnages principaux. À travers différentes scènes de la vie quotidienne au Cégep, ils découvrent ou expliquent, selon le cas, le domaine dans lequel ils évoluent. Au fil des différentes capsules, les personnages rencontrent des enseignants, d’autres étudiants et différents intervenants du Cégep, ce qui permet d’expliquer la vie d’un étudiant du collégial, autant sur le plan académique qu’au plan social. » Peut-on lire dans le communiqué de presse.
Réalisée en région par l’équipe de production de TVA dirigée par la talentueuse réalisatrice Annie Fournier, Génération C sera diffusée sur le site Internet du Cégep de Chicoutimi et transmis également sur certaines plateformes populaires comme YouTube et Facebook.
J’ai eu droit à une présentation spéciale en privé, il y quelques semaines et j’ai été très impressionné par la facture visuelle certes, mais encore plus par le jeu de ces acteurs en herbe. J’avais d’ailleurs envoyé un petit courriel à Annie Fournier pour la féliciter. On accroche très rapidement aux intrigues vécues par les étudiants; et bien que l’on doit y diffuser une foule d’informations d’ordre pratique, le rythme demeure palpitant. Disons que pour un jeune de 16 ans qui s’apprête à faire le saut au collégial, c’est beaucoup mieux qu’une visite ou un dépliant (avec une liste de cours qui ne te disent rien à cet âge); ça lui donne vraiment une très bonne idée de ce qui l’attend.
Belle initiative du département des communications du Cégep de Chicoutimi, de son coordonnateur Éric Émond et de son assistante Amélie Binette; un bravo sincère à la direction du Cégep d’avoir su briser des paradigmes et oser créer du renouveau. Je vous invite donc à visionner la série, mais surtout de la partager aux jeunes du secondaire de votre entourage…

Réinventer l’ordinaire

Vous connaissez le syndrome de la page blanche? Même si votre métier n’est pas d’écrire, il doit vous arriver régulièrement de ne pas savoir comment vous y prendre pour régler un problème X. Vous analysez le tout en tentant de trouver une solution, mais vous arrivez rapidement à la conclusion que vous ne savez pas trop comment vous allez vous y prendre. C’est le néant devant vous. De deux choses l’une, soit vous prenez le problème un peu trop dans son ensemble et manquez par le fait même l’essentiel ou vous êtes persuadé d’être incapable de sortir du « standard ».
En pub, nous sommes toujours confrontés à ces deux avenues. Tous les métiers ont besoin d’une bonne dose de créativité pour se réinventer. Encore faut-il éviter certains pièges.

À trop vouloir, on fait mal
La créativité est une arme redoutable pour persuader les gens, mais elle peut s’avérer difficile à maîtriser quand on en perd le contrôle. À la recherche d’un concept tellement original, à trop vouloir sortir du cadre et de créer un précédent, on oublie le mandat initial pour assouvir notre soif de création. Vous voulez des exemples? Les magazines de pubs et de design en débordent. Des clients qui servent de canevas à des artistes manqués. J’aime bien l’Art, mais détrompez-vous, nous sommes avant tout des communicateurs ou des vendeurs. On est pas là pour mousser notre carrière, mais bien le produit ou service d’un client. Quand on analyse certaines campagnes gagnantes de prix, on en apprécie le génie, mais est-ce que le résultat se fait sentir au niveau des ventes? La ligne est mince entre vouloir et trop vouloir. J’adore la pub bien faite et les campagnes originales, mais elles doivent avant tout servir le client. Si nous présentons les choses sans nous soucier de ce que les autres comprendront dans le message – c’est de l’art ordinaire. Quand nous les décrivons avec le souci que le message soit compris, c’est de la pub ordinaire. Quand on réussit à combiner les deux, c’est de l’Art avec un signe de $.

Un pied sur le frein, ça stoppe; imaginez deux
La créativité est un être fragile, parano et timide. Un bon concept peut ressembler à un vulgaire caillou, mais si on s’y attarde un peu et que l’on se met à le nettoyer et à le polir, il peut s’avérer un magnifique diamant. Pour ce faire, il faut traiter l’idée avec délicatesse et lui permettre d’éclore. C’est pourquoi la création est avant tout un acte solitaire. Je ne crois pas une minute à la création de groupe. Une étude parue dans La Presse démontrait l’inutilité des séances de brainstorming en équipe. La timidité de se tromper devant les autres, les personnalités qui prennent trop de place et les jugements tardifs sont les pires ingrédients pour tuer une idée dans l’oeuf. Déjà qu’il faut lutter contre sa propre censure, s’il faut qu’en plus vous deviez négocier avec celles des autres, vous êtes mort. Tout comme vos idées.

C’est si compliqué d’être simple
Les meilleurs concepts sont les plus simples. Regardez les campagnes de pubs qui vous ont plu, elles ont toute la même caractéristique : celle d’être évidente. La simplicité quand on veut passer un message est indispensable. S’il faut une explication pour comprendre votre message, on s’entend que vous venez de vous tirer dans le pied. Pour arriver à une idée facile à comprendre, il faut aller à l’essentiel. J’appelle ça lire le design. Si vous comprenez au premier coup d’oeil, ce que je tente de vous dire, j’ai la moitié de la job de fait. Il me reste à vous convaincre. Les idées simples font souvent peur au client. Alors certains nous forcent à les enrober. Comme rajouter un glaçage trop sucré pour étouffer le goût subtil d’un gâteau, ça devient indigeste.

Je-me-moi
Vous n’êtes pas une fin en soi. Si vous faites un truc qui vous plaît, ce n’est pas automatique que ça plaise aux autres. Le chanteur Daniel Bélanger chantait : « Sortez-moi de moi! » Il y un monde autour de votre nombril.

Tout le monde le fait, fais-le donc
C’était le slogan de la radio CKAC dans les années 80.  C’est dépassé. Ce n’est pas parce que vos concurrents font tous la même chose, que vous devez les suivre aveuglément. Même si vous vendez les mêmes trucs, vous vous devez d’être unique. Vous ne gagnez absolument rien à vouloir être comme les autres. Sinon qu’être dilué et invisible. À moins que vous ne soyez un poison, il n’y aucun avantage à en tirer.

J’ai deux yeux, tant mieux
C’est un cliché de le dire, je sais, mais il faut absolument s’habituer à voir le quotidien avec une nouvelle paire d’yeux. La solution est souvent à côté de vous, mais vous ne la voyez pas. À trop regarder ailleurs, vous passez et ne voyez rien. Je ne fais pas un métier routinier, mais j’ai des clients depuis des années à qui je dois produire des campagnes année après année. Même mandat, même clientèle, même budget. Rien ne change. Sauf ma manière de voir. Faites un formatage de la mémoire de votre cerveau.

> Identification des toilettes réalisée par moi pour le défunt Bar-Spectacle L’Opéra. Réinventer l’ordinaire.

L’enfer c’est rarement les autres.

Sartre affirmait dans sa pièce Huis Clos que « l’enfer c’est les autres ». Le monde en général a tendance à lui donner raison, préférant laisser à autrui la raison de leurs soucis. À défaut de faire de l’introspection et de reconnaître ses torts, l’humain a la mauvaise manie de jeter le blâme sur n’importe qui sinon qu’à lui-même. Comme un gamin qui se défend à la moindre incartade, on préfère nier l’évidence et accuser à tort le monde entier de ses échecs. Ce n’est pas moi qui a fait ça, mais ce sont les circonstances qui ont produit ce résultat. Je suis la victime des événements. Je ne suis pas responsable. Aveugle de ses propres agissements, l’humain a l’accusation facile quand vient le temps de se défendre. L’attaque étant la meilleure défensive. Il serait faux d’affirmer que nous vivons dans un cercle aseptisé et complètement imperméable aux influences d’autrui. Nous sommes sollicités et influencés par les autres, comme nous les sollicitons et les influençons. C’est donnant donnant. Il y va de même pour les responsabilités.
Les entreprises, étant administrées par des humains, ont tendance à partager les mêmes imperfections que ceux-ci. Ainsi, peu d’entre elles reconnaissent leurs torts quand leur arrive un événement désagréable. À un client dont la commande est en retard, on jette le blâme sur les transports. À un faible retour sur un investissement, on accuse les marchés. On blâme la température, la récession, les grandes surfaces, les magasins en ligne. La compétition devient l’ennemi numéro 1. La source de tous les problèmes. Si ça ne va pas dans notre sphère d’activité, c’est que les concurrents n’agissent pas avec respect en brisant les lois (non écrites) du marché, qu’ils nous copient ou qu’ils aient accès à des avantages dont ils sont les seuls à bénéficier. L’enfer c’est les autres. Jamais nous. Maudite compétition.
C’est plus facile d’accuser les autres que de provoquer une auto-évaluation et de jouer son propre destin. Personne n’aime être pris en défaut. Personne n’aime se rendre compte que c’est lui le coupable. Nier sa responsabilité et dénigrer est plus simple. Reconnaître ses torts n’est pas un exercice agréable. Se diagnostiquer comme étant l’unique responsable, ou du moins en partie, d’une mauvaise situation prend une certaine dose de courage et de modestie. Pourtant, n’est-ce pas ce à quoi l’on s’attend d’une personne proche en qui a fait confiance? Un ami qui affirme s’être trompé en rapport avec une situation déplaisante vécue reçoit normalement un meilleur accueil qu’un autre qui déclare n’avoir rien à se rapprocher. Faute avouée, à moitié pardonnée. Même chose en affaires. Quand une multinationale comme BP, en rapport à son déversement monstre de pétrole dans l’océan, ment que tout est sous contrôle et que tout va pour le mieux dans le colmatage de la brèche, il agit comme un élève qui cache sa fronde dans son dos devant une vitre cassée. S’il garantit, au contraire, faire l’impossible sans pouvoir être en mesure de savoir quand et comment il va y arriver; il agit en personne (ou en entreprise) responsable préférant la difficile vérité au mensonge facile.
Comme humain ou entreprise, chaque geste posé amène son lot de conséquences. Heureuses ou malheureuses. Si nous sommes tributaires des bons coups que nous réussissons au cours de notre vie, il faut avoir l’humilité de reconnaître ses moins bons. La perfection n’existe pas. Quoiqu’en pensent certains.
À croire que le pire ennemi qu’une entreprise peut avoir pourrait s’avérer être lui-même. À défaut de s’en prendre vainement à ses concurrents, si elle décidait de s’attaquer à ses propres démons, une entreprise n’y gagnerait-elle pas? N’est-il pas plus facile de s’améliorer que de demander aux autres de se dégrader? Au lieu de se raconter des histoires et se faire croire que les autres sont l’unique responsable de ses malheurs, il faut se regarder dans la face et revoir ses stratégies. S’améliorer n’est pas la meilleure arme pour se défendre de la compétition, de se démarquer de celle-ci de réussir?
Dans ma vie professionnelle, j’ai rencontré plusieurs compagnies qui au lieu de jeter leur dévolu sur la concurrence comme responsable de leur difficulté à percer le marché, se sont réinventées à la suite d’auto-diagnostics sévères. Même si ce n’était pas toujours facile. Laisser l’enfer… aux autres, comme ça il vous restera une marge pour atteindre le paradis.

> Jean-Paul Sartre par l’illustrateur David Levine

Women like my type.

Hum. Allez, je ne veux pas faire mon macho ni me vanter, mais c’est exactement ce qui se passe dans un dossier sur lequel je travaille depuis une couple de mois. Les femmes raffolent du caractère que je leur propose depuis le début de ce contrat. Elles adorent la poésie de mes lettres…
Je vous taquine. Il n’est pas question de moi, mais de « type ». De typo. De typographie, en bon français. Le mandat sur lequel je planche est une refonte graphique totale pour un client très connu de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Vous saurez le nom de celui-ci quand ça sera terminé. Ce qui est particulier, c’est que je travaille avec 3 femmes et qu’elles ont toutes les trois développé un goût poussé pour la belle typo, s’exclamant sur la forme d’un t capital par rapport à une minuscule; du délié* d’une lettre par rapport à une autre. Trouvant qu’une minuscule est trop frêle et que la majuscule est trop sévère. Je trouve ça cool. En fait, j’aime bien quand mes clients mettent leurs grains de sel et s’intéressent au projet en se l’appropriant. J’aime ça perdre le contrôle. Et c’est tout à fait normal, parce que moi j’ai d’autres mandats qui m’attendent tandis qu’eux devront vivre avec toutes ces nouvelles règles que l’on établit. Si ils sont directement responsables et d’accord avec les décisions qui se prennent, ils seront plus en mesure de les appliquer et d’en assurer la pérennité. C’est logique.
Pour revenir à ses clientes qui aiment les belles lettres, ce qui me plaît par-dessus tout c’est la reconnaissance, de leur part, des particularités spécifiques et communicationnelles de la typographie. Leur compréhension quant au choix des graisses** et surtout de la possibilité de créer des contrastes, des couleurs, uniquement en jouant avec celles-ci. Comprendre aussi la possibilité d’unicité quant au choix typographique. Je tente de plus en plus d’inculquer à mes clients la pertinence de s’approprier une fonte particulière afin de se donner une image bien à eux. C’est souvent subtil pour bien des gens, mais le travail se fait quand même. Prenez le cas de refonte graphique de Bell. La mise en place de sa nouvelle plateforme graphique a été réalisée avec une typographie construite uniquement pour l’entreprise. En plus de lui donner une couleur tout ce qu’il y a de plus personnel, elle permet à la longue, une reconnaissance immédiate de la marque. Si c’est vrai pour une grosse entreprise comme Bell qui dépense énormément en publicité, ça l’est encore plus pour une plus petite. Moins une entreprise investit en publicité, plus elle se doit d’être rigoureuse quant à sa la reconnaissance de sa marque. Facile pour une entreprise comme Nike de changer de « look » selon sa gamme de produits avec sa capacité publicitaire, moins facile pour une entreprise microscopique avec un budget rudimentaire. Simple calcul.
Un de mes premiers billets parlait de l’importance de la typographie dans la communication graphique. C’est l’élément qui départage le plus les autodidactes des professionnels du métier : le choix typographique, le respect de la forme, le bon crénage*** », etc. En plus, ça plaît aux femmes. Sometimes, woman fall in love with a great type…

* Le délié correspond en typographie à la partie la plus fine d’un caractère, en opposition au plein (typographie). Le délié correspond à la largeur de ligne d’une plume tirée horizontalement, et a été repris par les typographes pour la création de caractères.

** En typographie, la graisse est l’épaisseur d’un trait ou d’un caractère. En augmentant la graisse d’un caractère maigre, on obtient un caractère demi-gras, puis gras, et ainsi de suite.

*** Dans le domaine typographique, le crénage (kerning) est l’ajustement de l’espace entre les lettres d’une police à chasse variable. Dans une police bien crénée, l’espace entre deux lettres est identique, quelle que soit la paire de lettres considérée. Dans une fonte de caractère (numérique) créée dans les règles de l’art, le crénage est fait manuellement par le fondeur pour toutes les paires de caractères une à une. Dans le cas contraire, les logiciels de gestion de fonte peuvent le faire automatiquement, mais cela donne un moins bon résultat.Les paires de caractères doivent être testées et réglées dans les deux combinaisons possibles (par exemple ab et ba), l’espace à droite et à gauche de chaque caractère étant souvent différent en fonction de sa forme. Enfin, certaines lettres doivent se toucher comme les doubles t, double f ou fi (tt, ff, fi) : ce sont les ligatures.

(source Wikipédia)

Le Monde veut te voir.

C’est sous ce thème que le Festival des Rythmes du Monde lançait sa programmation 2010, aujourd’hui même. Devenu un véritable produit d’appel touristique pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean comme le démontre son adhésion au club sélect du RÉMI (Regroupement des événements majeurs internationaux du Québec), le FIRM fera danser et chanter la population du 29 juillet au 8 août prochain. Pour l’occasion, un nouveau présentateur (Loto-Québec), une nouvelle image et un tout nouveau site internet.
Le thème «Le Monde veut te voir» prend tout son sens quand on comprend que c’est l’occasion qui s’offre au Festivalier : celle de se faire visiter par des gens de cultures différentes. C’est comme voyager à l’envers. Le Monde vient visiter le Saguenay par ses artistes, chanteurs et musiciens. Pour ceux qui ont déjà participé au Festival, la deuxième signification du slogan est facile à comprendre : y a du monde à voir et à rencontrer!
Pour l’image, comme à mon habitude pour le Festival j’ai mis l’accent sur la couleur, le mouvement… et une touche d’humour. En créant un personnage à partir d’instruments de musique multiethniques, cela me permettait de pouvoir faire dire le slogan à celui-ci et de rendre le design plus sympathique.
Pour le site internet, programmé par Jonathan Dubé (pas de site… cordonnier mal chaussé!), une nouveauté intéressante est celle de pouvoir créer son propre horaire afin de ne rien manquer pendant ces deux semaines intensives. Il faut le visiter souvent puisque plein de nouveautés viendront s’y greffer jusqu’au festival.
Pour ce qui est des artistes à ne pas manquer (et c’est un choix bien personnel…) : Diblo Dibala du Congo, Ky-Mani Marley (le fils de Bob…) de Jamaïque, Wesli d’Haïti, Kaba Huro de la Bulgarie… et bien sûr les Gipsy Kings!
Si vous planifiez des vacances au Saguenay, la fin juillet est le meilleur temps et vous ferez d’une pierre deux coups en découvrant des cultures, des rythmes et surtout, des gens différents!

Un parc plus grand que nature

Hier, malgré la canicule, j’ai quand même décidé d’aller courir un peu. Comme l’asphalte ne représentait pas un choix très judicieux selon moi, j’ai choisi un endroit plus frais en me réfugiant dans les sentiers du parc de la Rivière-du-Moulin. Pour les Montréalais, ce parc est notre Mont-Royal à nous, à Chicoutimi. Parc urbain hors normes, ce havre de nature en pleine ville comble les besoins de nombreux citoyens au niveau de leurs activités de plein air. De madame-tout-le-monde qui promène son chien, à la petite famille qui pique-nique, en passant par les joggeurs et les skieurs de fond, l’hiver, le parc permet un rapprochement avec la nature tout en restant en ville.
Quand la Corporation qui gère le Parc m’a approché pour que je les aide un peu au niveau de leurs communications, j’ai tout de suite accepté. Nous sommes privilégiés de pouvoir se servir de ce parc à longueur d’année, pour si peu de frais (les activités sont pour la plupart gratuites — sauf pour le ski de fond où il faut payer quelques dollars ). Même s’il partage le même chapeau de « parc de quartier » avec ses pairs de la Ville de Saguenay, tous s’entendent pour dire que l’on a plus affaire à un parc se rapprochant de ceux de la SEPAQ.
J’ai créé le logo à partir des lettres R et M pour obtenir une petite mésange; locataires du parc, ces oiseaux — il faut aller se promener jusqu’au bout de la rivière, l’hiver, pour les nourrir à même nos mains… — représentent bien le côté amical et ludique du Parc. Le R bleu représente aussi la rivière qui traverse le parc et le vert, sa forêt diversifiée. Comme la plupart des gens appellent déjà l’endroit « parc Rivière-du-Moulin », diminuer les articles « de la » et « du » permettait de mettre les mots importants en évidence.
De belles choses s’en viennent pour le parc de la Rivière-du-Moulin. Il est encore trop tôt pour vous en parler, mais si vous êtes du Saguenay, profitez de la belle saison pour redécouvrir le Parc et si vous êtes de l’extérieur, en visite au Saguenay, venez faire un tour!

Inspiration, d’où viens-tu?

On me demande souvent lors de la présentation d’un concept ou d’une idée : comment vous est venue l’inspiration? Comment en êtes-vous arrivé à cette idée? Les clients sont souvent intrigués devant le processus créatif. J’avoue ne jamais savoir trop quoi répondre. La création, c’est à la fois si simple et si complexe. Je pense que la plupart des idées gravitent déjà autour de nous, dans notre univers personnel, dans notre inconscient. Elles nous viennent de notre vécu, de notre culture, de nos lectures, mais naissent, avant tout, d’une certaine ouverture d’esprit et de la possibilité de faire des rapprochements ou des associations avec des concepts pas toujours automatiques. Il m’arrive de suer sang et eau pour trouver l’idée géniale comme il m’advient de devoir faire un choix parmi des dizaines d’excellentes idées. Plus jeune, je me disais que l’inspiration était plus facile à trouver quand le sujet était palpitant et sortait de l’ordinaire. Aujourd’hui je considère que c’est plus facile de travailler quand le climat est parfait, que le client pour qui tu travailles te pousse et t’encourage au lieu de te restreindre et d’émettre des doutes sur ta capacité. J’ai déjà parlé de la fragilité des créatifs, ici… On peut avoir un caractère de chien, être sûr de ses moyens, mais y a rien comme le coup de pouce du client pour te faire sortir ce que tu as de meilleur en toi. C’est l’essence même du moteur créatif. Un climat fertile.
L’inspiration se trouve dans nos paradigmes, mais surtout sur la possibilité d’en sortir.  Jadis, je ne m’abreuvais que de revues de graphisme et de pub. Je regardais les tendances, bavant devant une idée surprenante tout en enviant tel slogan uniquement dans ces revues spécialisées; aujourd’hui je dirais que mes sources d’inspiration sont plus complexes et moins définies. La maturité culturelle facilite le saut créatif en définissant un spectre plus large au niveau des images emmagasinées dans son subconscient, donnant la possibilité de faire plus d’un rapprochement à un idée. Maintenant, une lecture dans une revue scientifique ou un entrefilet dans le journal, une scène de film ou une case de bande déssinée peuvent devenir l’étincelle qui déclenche le processus. Établir des rapprochements d’idées entre des sujets préalablement opposés sans liens logiques. Vous voulez un exemple? Prenez la publicité de Rodrigue Le Bottier que j’ai produite pour le magazine CVS. Largement inspirée d’une scène du film « La ruée vers l’or » de Charlie Chaplin, où le personnage affamé dévore sa chaussure; l’image finale croquée par le photographe en garde les même précepts. Une copie? Non. Voyez ça plutôt comme revisiter un classique. Faire du neuf avec du vieux. D’ailleurs les concepts qui toucheront le plus les gens sont ceux qui font plus souvent référence à ce qu’ils connaissent déjà. Nous sommes bombardés par des milliers d’images chaque jour, les nouvelles auront un effet sur notre inconscient, mais ce ne sont pas nécessairement celles qui auront un le plus de reconnaissance sur nous. Les images qui nous font revivre des souvenirs ou des états d’âme déjà vécus, risquent de venir nous chercher plus rapidement, et, par le fait même, être compris plus facilement.
Inspiration, d’où viens-tu? De vous, finalement.

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