10 ans.
Tu étais sur ton lit à l’hôpital.
Tu allais en sortir quelques semaines plus tard.
Pour y revenir.
Et ne plus en ressortir.
Du moins, pas vivant.
On était au début février.
Tu t’en souviens, papa?
Je venais t’annoncer que je quittais associé et employés.
Normalement, tu te serais abstenu de parler. De peur de m’influencer et que je me trompe dans ma décision. Pas cette fois. Tu m’as dit, vas-y. Et tu m’as fait un chèque. Tu ne voulais pas que je me finance autrement.
J’ai compris à ce moment-là que tu ferais partie un peu de ce processus. Toi qui n’as jamais eu la possibilité de partir ta propre affaire. Là, dans des tes yeux malades, je lisais de la fierté. C’est toi qui te lançais en affaires. Par procuration.
Ça fait 10 ans de ça.
T’es parti 8 mois après ce moment-là.
Tu n’as même pas vu mon bureau. T’aurais dit que c’est spécial comme déco. Pour ne pas me froisser.
Ça fait maintenant 10 ans que je travaille seul.
Et plus de 25 ans que je ne travaille pas pour un employeur.
Que je signe mon propre chèque de paie.
C’est fou comme le temps passe.
10 ans de Traitdemarc™.
10 ans de ce blogue aussi.
Nés en même temps.
Je pense que tu aurais été fier.
En tout cas, moi je le suis.
En 10 ans, j’ai travaillé avec de grandes entreprises habituées à confier leurs trucs à de grosses boîtes. Pour la plupart, elles sont encore avec moi.
Pas avec une grosse boîte. Moi.
Moi, le gars tout croche, en jeans, les cheveux en bataille, mauvais en présentation, qui parle trop vite et qui escamote les mots. Qui cache sa gêne en parlant beaucoup. Le gars pas très business. Indiscipliné en réunion de production. Qui peut retourner un appel après 4 jours. Qui donne des cheveux gris aux adeptes des tableaux d’échéancier. Frisant constamment le deadline.
C’est moi, ça.
Mais tout autant, le créatif. Qui se creuse le coco. Tout le temps. La nuit, comme le jour. À griffonner. À rejeter les premières idées. À recommencer ce qui aurait pu passer. Parce qu’à moi, ça ne plaisait pas. À être plus critique envers moi-même que ne l’est le client. Parce que ça, c’est indispensable de ce que je présente: jamais un concept auquel je ne crois pas. Une idée faible.
C’est aussi moi, ça.
Le gars qui tisse des liens avec ses clients. Qui deviennent des amis. Avec qui je parle de choses plus importantes que des logos et des Pantone™. Des gens. Pas des entreprises. Des personnes. Avec des soucis. Mais aussi des joies. Qu’on partage. Je ne voudrais pas faire des affaires autrement. En fait, je ne sais pas comment faire autrement. Et bien heureux de ça.
Je suis aussi le gars qui travaille fort. Encore aujourd’hui. Pas de bullshit. Pas de passe-droit. De la sueur de bras. Et de cerveau. Trop? Je ne pense pas que travailler est une maladie. L’équilibre n’est pas seulement dicté par un horaire. La conciliation travail / famille / amour / amis / loisirs, c’est pour moi une zone floue. Je ne crois pas au 9 à 5. Je ne crois pas au modèle traditionnel. Tout tracé d’avance.
Je suis comme ça depuis 10 ans.
Mon père et ma mère vous diraient depuis que je suis tout petit.
Même chose pour les cheveux.
Juliette
3 février 2018 at 10:01 //
Bravo Marc, je te connais pas beaucoup mais je te suis sur ton blog, pas tout le temps mais souvent…
Tu es une source d’inspiration, reste toi-même tu sembles suivre la voie du coeur, et je crois que c’est la plus importante pour une vie bien réussi. Bravo! Juliette
Loren
5 février 2018 at 19:25 //
Bon anniversaire et continue; et si tes cheveux suivent le gré de ta plume, tu dois avoir toute une allure! Merci de partager ces pensées, te lire est toujours un délice et souvant très rouchant. C’est vrai, la vie doit être vécue librement, même en ayant des horaires, il faut pas limiter l’esprit aux marges étroites « tracées d’avance ».