411 840 secondes.

6864 minutes. 286 jours.

C’est le temps qui s’est écoulé entre deux courses.

La dernière de l’an passé et la première de cette année.

Long. Très long. Trop long.

Deux mois de mai différents.

Une fin. Un début.

Entre les deux, des visites chez des chiros, physios, ostéos.

Mais surtout un arrêt complet de course.

Bon, vous me direz qu’il y a pire dans la vie.

Et vous aurez raison.

Et tort.

Parce que vous n’êtes pas dans mes souliers. Encore moins dans ma tête.

Parce que dans mon cas, tout est connecté. Je suis de la tête au pied. Des pieds à la tête.

Les derniers mois ont donc été durs entre les deux.

J’avais le moral dans les talons.

Je crois à l’esprit sain dans un corps sain.

Ma tête prend son pied quand je suis sur la route.

La course me drille la tête et la fait respirer. Transpirer. Inspirer.

Je suis accro aux endorphines. Drogue dure. Euphorique. Gratos.

Donc, je suis de retour dans mes runnings.

Lent comme une tortue.

La bedaine qui me sort des shorts.

Je pompe l’huile.

Vieille F1 qui a abusé de la bière et du vin pendant son arrêt aux puits.

Je suis de retour avec un cardio de merde.

De minimes distances.

Une douleur latente.

Mais ma tête est heureuse.

Et, c’est ce qui compte.

Tout part de là. Le bonheur est là. Quelque part entre ses deux oreilles. Pas ailleurs.

Il est dans ma tête. Dans la tienne, aussi. Oui. Oui.

On peut greffer un paquet d’organes vitaux. Reconstruire des os broyés. Reconnecter les tuyaux.

Pour la tête, c’est différent.

Complexe.

Fragile.

Je suis de retour.

J’arpente à nouveau mes chemins de traverse.

J’anticipe les côtes.

Mon pied droit tire.

Le mollet se détend pour l’aider.

Je relève le bassin.

Lève le menton.

Tout le monde s’y met.

Travail d’équipe.

Je cours grand.

Mon sourire remplace ma bouche crispée.

La douleur s’évanouit.

Je pompe.

Pompe.

Le coeur s’emballe.

Je suis de retour.

Je cours malgré la douleur.

Parce que la douleur de la tête peut être plus grande.

Insupportable.

Je suis de retour.

Ça recommence à jaser dans le placard.

Les espadrilles font la fête.

On s’enlace.

Les odeurs d’effort émanent du panier à linge.

Ça sent le bonheur.

Ben oui, je sais.

Tout ça, c’est dans ma tête.

On prend son pied comme on peut.

 

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