Cabine coquine.
Quand je voyage, les derniers jours sont souvent consacrés au magasinage. Un, comme je voyage assez léger, je ne veux pas m’embarrasser de poids supplémentaire, deux, j’ai d’autres choses à faire et trois, je me retrouve souvent dans une plus grande ville, pour prendre l’avion, ce qui facilite la chose.
Ce que je ramène? De la bouffe et des vêtements. Mais pas seulement pour moi.
Y’a pas un voyage d’où je ne ramène pas des chandails pour ma mère. En fait, ça m’est arrivé une seule fois : j’étais en pleine brousse africaine en mission humanitaire. J’avais une bonne raison.
Donc, ma mère possède, dans sa garde-robe, des chandails de tous les pays que j’ai visités. Attention, on parle pas ici d’un vulgaire t-shirt écrit «Hanoï» ou «Amsterdam», on parle d’une création originale ou d’une ligne de vêtements venant du pays visité. Sinon qui provient d’une grande chaîne anglaise comme Mark and Spencer.
Si vous pensez qu’escalader un volcan, commander à souper dans un restaurant quand personne ne parle ta langue ou trouver ton bus dans un terminus à Bangkok est difficile, vous n’avez jamais cherché à acheter un chandail à votre mère.
Bienvenue à bord.
Les tailles. C’est quoi ça??!!
Heu. Des lettres. Parfois des chiffres.
Pas nécessairement dans l’ordre.
Ça, on s’habitue. On trouve des trucs.
Le fitting, c’est autre chose.
Une autre paire de manches.
Tu peux acheter un medium trop grand ou un large trop petit.
À Paris, alors que je fouillais dans une boutique à la recherche d’une taille plus grande, je m’adresse à une vendeuse, mais c’est une cliente qui me répond en hurlant : bienvenue en France, monsieur! Ici, on habille que les petites! Y’a rien pour les femmes de notre taille! Rien!
Oui. Oui. Je comprends. Notre taille.
À New York, deux petites dames curieuses qui me regardent fouiller les lainages, tombent en amour avec moi quand je leur dis que je choisis des gilets pour ma mère.
⁃ Izz shopping for his mom, sooooo sweeeeeet!
À Singapour, alors que j’ai dans les bras, une pile de chandails de grandeurs différentes, je demande à une vendeuse si je peux essayer…
⁃ Heu, ce sont des cabines pour dames…
⁃ Je sais, mais y a des cabines pour hommes?
⁃ Vous êtes dans une boutique pour dames, monsieur…
Oui. Je sais.
Oui j’essaie.
Ben oui.
Criss.
Comment veux-tu que je fasse pour savoir si ça fitte?
Je les essaie.
Je porte les gilets de ma mère sur moi.
J’entre dans la cabine. Je mets le chandail et je me fais des seins en tirant sur deux coins avec mes doigts. Je regarde si le chandail remonte pas trop sur la bedaine. J’imagine ma mère dedans.
Je remercie la présence des miroirs à l’intérieur des cabines.
J’ai les joues rouges à penser qu’il y’a des caméras dans les cabines.
Je me trouve drôle quand je sors de la cabine et dit : ça fait, merci, je vais le prendre en vert, svp.
Dans une boutique à Barcelone, j’ai demandé à une cliente ayant la même shape que ma mère, quelle grandeur, elle prendrait… et quelle couleur.
Gracias. Es para mi madre. Si. Si. No para mi. Ha ha.
En Colombie, au royaume du macho, je suis allé essayer des vêtements de femme dans les cabines d’essayage des gars. Une autre victime de la dope ont-ils dû penser.
En Indonésie, je l’ai mis sur moi, en pleine boutique, devant l’étalage et un couple amusé de me voir avec un chandail rose orné de jolies petits boutons blancs sur la manche.
Je l’ai acheté, môman.
Il te fera bien.
Comme à moi.
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