Facebeurk.
Fuck you.
Meurs.
Tu mérites que ça.
Criss de con.
Il est beau notre monde.
Surtout dans les médias sociaux.
Facebeurk. Twitteurk.
140 mauvais caractères. 50 nuances de brun.
Tous ces propos dénigrants. De part et d’autre. Toute cette agressivité de moins en moins retenue. Des mots à saveur de vomi. Des dialogues de violence. Du vitriol sous la langue. Des mots qui frôlent plus les fesses que l’esprit. Tous ces propos absents d’intelligence.
Et tout ça au prix de la vérité.
Ho bien oui.
Parce que c’est bien de ça qu’il est question. La vérité.
Vous la détenez tellement qu’elle vous donne le droit de la cracher à la gueule du premier qui vous contestera. Vous videz de pleins chargeurs de propos haineux sur les gens qui osent avoir une opinion différente de vous. Vous les abattez au prix de votre vérité.
J’ai le droit de te traiter de con. Parce que j’ai raison. Et pas toi.
Toute cette haine me dégoute. Tout ce dénigrement justifié.
Ce n’est pas les idées différentes des miennes qui me font capoter. C’est de la façon dont vous les exprimez. Cette manière désinvolte de désamorcer la violence. De la légitimer. Mes idées sont tellement nobles que j’ai droit de te les chier dessus. J’ai tellement raison que c’est normal de traiter de tête de noeud. Vraiment?
Je me rappelle la première fois où j’ai aperçu une affiche, près d’une caisse dans un grand magasin, qui disait qu’aucune violence verbale ne serait tolérée. J’avais été surpris. Faut vraiment écrire ça? Faut vraiment rappeler aux gens, l’importance de communiquer de manière polie? Faut rappeler aux gens qu’une serveuse de restaurant n’est pas l’unique raison d’un retard, qu’elle fait partie d’une chaîne et que de s’en prendre à elle quand ça se bouscule en cuisine, ne règle rien. Faut vraiment rappeler aux gens que le caissier qui te fait payer n’a aucun pouvoir sur le prix de l’objet que tu achètes et que le vilipender n’en fera pas baisser le coût.
À la blague, quand je suis au volant de ma voiture et qu’un automobiliste me dépasse de façon abrupte, je fais souvent semblant de lui crier : hey le sauvage, tu ne sais pas vivre!!! Ça me fait rire. De penser que mon intervention n’est pas plus brillante que son geste.
Nous vivons une époque de cynisme qu’on attribue trop facilement à de la critique constructive.
Internet pullule de sites de parodies. Ridiculisant les gens à gauche et à droite. Souvent des grossièretés rendues sous le couvert de l’humour. L’humour pardonne les propos injurieux. «Mange de la marde, madame, va chier, madame, c’est une joke, madame» parodiait Paul et Paul (Claude Meunier, Serge Thériault et Jacques Grisé) dans leur disque Remi AM/FM. C’est une joke, madame. Ris. Même si je t’envoie promener. Comme flatter avec un gant de crin. C’est toujours plus drôle de rire des autres que de soi.
Le désabusement face à la société rend les gens intransigeants entre eux. On n’est plus au niveau des idées, mais de celui de qui te les poussera le plus loin dans la gorge. À coups de tabarnac de con. À coups de vérité absolue.
Je pense que la violence est l’arme des faibles.
Je pense que l’injure est un manque d’arguments.
Je pense qu’haïr les gens te fait plus de tort à toi-même qu’à ceux que tu hais.
Je pense que l’ultime vérité n’existe pas.
Je pense qu’une langue dans le vinaigre, c’est simplement dégueu.
Martin Larose
4 mars 2015 at 10:37 //
Texte lumineux…
modotcom
4 mars 2015 at 11:54 //
taburn, marc (j’ai sacré), cri du coeur!!!
loren
4 mars 2015 at 22:44 //
Bon sujet. L’ère des communications… un peu ironique… c’est aussi l’ère de la pensée superficielle, trop facile, sans limites et sans respect. Le meilleur remède contre l’harcèlement et la violence est le silence qui ignore. Si on ne peut pas changer le monde… au moins il faut bien savoir se garder à flot et s’améliorer sans cesse en tant qu’être humain, et « connecter » avec ceux qui aiment le monde.