Chroniques malaysiennes 01

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Je suis un œuf cuit sur une plaque.

Il faudra décoller mes sandales avec une spatule.

Chow Kit. Kuala Lumpur. Malaisie. Red district.

Quartier typique de Malaisie. Je peux pas dire si c’est vrai, j’y suis que depuis hier.

Assis à une table de plastique, je prends une Tiger. Une bière locale. Mon voisin avec qui je partage la table n’a même pas levé les yeux quand on m’a assis à celle-ci avec lui. Il sale son eau tonic machinalement. Juste derrière nous, un enfant trisomique mange du vermicelle et ça le fait rigoler de me voir. J’ai bu ma bière d’un trait. Un gars sort du Saguenay, mais on sort jamais le Saguenay du gars. Autour de moi, Chinois et Malais et quelques Indiens. Rien qui me ressemble. J’écoute, mais comprends rien aux discussions des tables d’à coté. Je suis à l’autre bout du monde. Tant mieux. Ça fait souvent du bien de rien comprendre.

Il fait chaud. Très. Avec le facteur d’humidité, on frise le 50. J’ai voyagé dans pas mal de places, mais là je frappe un mur. Mes vêtements me collent à la peau. J’ai l’impression de nager debout. Je rêve de m’imperméabiliser les aisselles avec une couche de Varathan.

Kuala Lumpur n’est pas une ville où l’on peut respirer. Entourés de béton, on a l’impression d’être dans un tube de ciment. L’humidité est à son comble. Chaque pouce carré est habité. Quand je vois un arbre, j’ai le goût de le féliciter d’aspirer tout ce diesel pour nous. En quittant l’appartement ce matin, ça sentait aussi la fumée. Comme chez nous quand nous subissons des feux de forêts au nord. J’avais lu que cette boucane venait tout droit d’Indonésie. Pendant les brûlis annuels des agriculteurs indonésiens. J’en sais trop rien. Je sais seulement qu’il ne faut pas être asthmatique pour habiter ici.

KL, comme on dit ici, n’est pas tout à fait pour marcher non plus. Les artères piétonnières sont souvent petites ou inexistantes. Les scooters et les voitures sont les maîtres des lieux. Traverser un rue est une course à obstacles ou les feux de circulation sont des parures, tout autant que les bandes jaunes sur l’asphalte.

Avant de m’assoir à cette table avec mon inconnu saleur de tonic, je suis allé faire une virée au marché de Chow Kit. Si, en voyage, certaines visitent les musées, moi je visite toujours les marchés publics. Et là, disons que j’ai été servi à point. Un toit bancale de tôle, des étales de poissons vivants, des poulets accrochés, des morceaux de viandes débités avec ferveur. Les sandales dans le jus de cequiquouledepartout, des odeurs qui te réveilleraient un mort, mais surtout des marchands qui y travaillent. Cigarettes au bec, on assomme des poissons récalcitrants, on arrache des cœurs de poulet, ça rit fort, avec leurs bouches édentées. Pris quelques clichés avec permission.

– ouére are iou from?
– Canada. I’m french canadian…
– Haaaa, canada…

Les gens sont très gentils. On cherche toujours à nous orienter. Ouére dou iou want to go. Les filles me sourient. Life is cool.

Bizarrement, l’événement le plus traumatisant depuis que je suis parti, s’est déroulé à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Un homme en colère à enguirlandé sa femme devant tout le monde. «Grosse conne!» qu’il lui criait à deux pouces des oreilles. Ça ma mis à l’envers pendant des heures. Depuis que je suis en Malaisie j’ai croisé beaucoup de femmes voilées. Certaines couvertes des pieds à la tête, avec uniquement ce petit grillage pour voir un peu, mais je n’ai jamais senti une agression aussi sévère que celle de ce Français qui engueulait sa femme.

Drôle les perceptions, hein?

2 commentaires

  • Bon voyage Marc et on apprécie la qualité de notre vie ici au Québec, on est choyé.

  • 22 juin 2014 at 10:19 //

    Je vais t’accompagner dans ce voyage à travers tes chroniques. Merci!

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