À qui tu parles? À moi.

imageLe dimanche, ma mère vient souvent souper à la maison.

C’est le juste retour des choses.

Dans la vie, chacun son tour.

Le dimanche, même les weekends pluvieux, le soleil vient toujours nous dire bonjour.

Comme ma mère.

On soupe tôt. Contrairement à tous les jours de la semaine. Pour l’accommoder, bien sûr, mais aussi par ce que le dimanche, même si on le travaille, c’est la journée où chacun se remet à zéro. Pour recommencer lundi d’aplomb.

Bref.

Dimanche, maman est venue souper.

Discussion autour de la table.

Moi: En vieillissant, je réalise que je parle tout seul.
Maman: Moi aussi, je parle toute seule. Souvent.
Moi: Toi, tu es vielle, c’est normal. (RIRE). Sérieux, je me parle vraiment tout seul.
Maman: Va chier. (Ma mère m’envoie régulièrement chier. Faut que les gens le réalisent). Quand je passe des journées, seule dans la maison, ou que je me trompe en faisant des besognes, je me parle tout haut, en me réprimandant.
Moi: Moi, c’est pareil. Je travaille devant mon ordinateur et je suis là à me questionner sur un choix de typo, de slogan ou de couleur et… Je me réponds. Oui, non, Marc, tu devrais pas faire ça. Ou tu devrais. Mais pas dans ma tête, de vive voix. Et c’est aussi de vive voix que je me réponds.
Maman: Comme moi.
Moi: Ça me rassure pas, tu sais. Me comparer à une personne de ton âge…
Maman: Va chier. (Encore! Vous êtes témoin!)

Je me parle tout seul.

Devant mon écran.

Dans ma voiture.

En courant.

Là, à l’instant, en écrivant ce billet.

Je me parle tout seul.

Et aussi loin que je me souvienne, depuis bien longtemps. Depuis l’adolescence, je dirais. Dans ma chambre. Mon cocon. Je me questionne. Je me réponds. Je me choque contre moi. Je me bourrasse. Je me remets en question. Je me challenge. Je me traite de con comme je me félicite.

J’ai longtemps capoté sur le fait que la personne à qui je m’adressais était moi-même. Entendre sa propre voix et se répondre, c’est biz au début. Mais on s’habitue. On s’apprivoise.

Je me targue souvent d’être un solitaire.

Je travaille seul.

Je suis un solo. Un loner, comme disent les anglos.

Et je me plais dans ce rôle. Contrairement à ce que les gens pensent, les autres ne me manquent pas. Je suis bien seul. Je n’ai jamais ressenti le vide de me retrouver avec moi-même.

Peut-être parce que je suis en paix avec moi-même. Je me trouve pas toujours des plus rigolos, mais je m’aime bien.

Je suis bien avec Moi.

Mais le suis-je vraiment? Ou simplement trop pour réaliser quoi que ce soit.

Je pense que se retrouver seul est sain. Et surtout salutaire. Ça nous permet de remettre les vrais affaires en perspective. De visiter une personne qu’on a tendance à négliger dans le tourbillon du quotidien. Soi-même.

Moi: Asti que chu pas certain que c’est une bonne idée…
Encore Moi: Bahhh, ça sera pas la première fois que tu vas te tromper…

Tel Tom Hanks, dans Cast Away, j’ai l’impression que je suis mon meilleur allié. Celui qui me dira si tout va bien ou le contraire. Celui qui dit : hey chummy, quoi que tu fasses, je serai toujours là.

Je suis peut-être fou.

Peut-être.

Ou seulement vieux, direz-vous.

Allez chier.

Comme dirait ma mère.

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