Chroniques Sénégalaises – Partie 4
La grande corvée
Au lever de jeudi matin, Chantale Deschesnes, coordonnatrice des Soins infirmiers au Cégep de Chicoutimi et chef de mission a distribué les tâches ménagères afin d’être fin prêt le lendemain pour la réception des premiers patients. Les étudiants y ont mis tout le sérieux qu’ils pouvaient. À quatre pattes, on frottait le plancher, brossait les toilettes et désinfectait les cliniques. J’imagine que beaucoup de blondes, chums, parents seraient stupéfaits de voir à quel point leurs conjoints ou enfants peuvent mettre autant de vigueur dans une tâche ménagère. La grande corvée s’est terminée tard vers la fin de journée; fourbus, mais content toute l’équipe avait le sourire aux lèvres en regagnant leur petit cocon personnel.
Après le souper, comme chaque soir, Chantale fait un débriefing de la journée et parle de la prochaine. Vendredi, c’est le grand jour : on ouvre la clinique à 7 h 30 ! Elle distribue les rôles que chacun aura à jouer. Les horaires sont faits de manière à ce que tout le monde travaille avec un coéquipier différent. Boubacar Faye, le frère de Malik dont je vous parlé précédemment assure un certain clivage et priorise certains cas. Il est celui qui assure la soutenance de la clinique tout le reste de l’année et connaît mieux la clientèle.
Bienvenue… dans le chaos.
Aux premières lueurs de vendredi, nos premiers patients sont venus faire la file bien avant l’ouverture de la clinique. Derrière les deux grandes portes qui donnent sur la rue, une vingtaine de personnes faisaient la queue avant même le lever du soleil. Au poste d’accueil, on sent la fébrilité des étudiants Kévin et Véronique : ce sont qui eux qui ont été désignés en cette première journée à cette position; les autres seront dispersés dans les cliniques ou la pharmacie. Le premier client est un bambin récalcitrant qui refuse de se faire peser ou mesurer, ses hurlements se répandent partout dans la clinique, créant la même occasion un effet-choc sur toute notre équipe. La journée ne s’annonce pas banale. Quand chacune des cliniques s’est vue décernée des patients, les infirmiers et infirmières ont eu leurs premiers vrais contacts avec la population. Très rapidement, plusieurs se sont rendu compte du décalage culturel dans lequel ils étaient plongés. Une différence au niveau du type de maladies, et au niveau de la pudeur. Pour ma part, après une première heure à filmer, j’ai réussi, moi aussi à briser une certaine barrière que j’avais au début en entrant directement dans le cadre et en plongeant en gros plan sur eux. Si quelques prises m’ont paru difficiles, surtout au niveau des enfants, j’ai eu une merveilleuse coopération de la part de la population. Au moment d’écrire ces lignes, le débriefing de la journée n’avait pas encore eu lieu, mais la fébrilité se sentait; à ma connaissance, une seule personne n’a pas nécessairement aimé cette première journée. Les jeunes ont des étoiles dans les yeux et apprécient le périple entrepris. Il faut dire qu’à part notre garçon à la voix perçante, les visites qui ont suivi ont été beaucoup plus calmes. Ils ont même réussi à voir plus de clients que prévu. C’est de bon augure pour le reste de la mission. Du moins, je l’espère…
EN VRAC
Si les filles du groupe étaient stressées avant le départ, aujourd’hui à Tiaré, la plupart sont simplement… tressées. Anta, la femme de Boubacar, tient un petit commerce près de la clinique où elle vend des robes, du tissus et coiffe… La presque majorité des filles ont maintenant des coiffures africaines sur la tête…
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Bilan de santé après une semaine : on est tous un peu malade… Rien de grave, mais comme certains sont arrivés ici avec des rhume, la promiscuité des lieux, le climat et le sable font que nous toussons et mouchons presque tous. Pour ce qui est des problèmes d’intestins, on s’en tire pas mal; je vous rappelle que je voyage avec une équipe qui travaille dans la santé et que tout le monde raconte à tout le monde l’état de son caca. Cela crée des discussions intéressantes et assez loufoques : couleur, texture, senteur, tout y passe… Personnellement, je me débrouille assez bien avec les latrines… j’ai l’oeil dans la mire.
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Wassil et moi avons été responsables de la première filtration de l’eau. Depuis, j’ai initié plusieurs étudiants. Cela veut dire que nous avons déjà eu droit au Château Kérhoubi, la Cuvée Pageau ainsi que du Domaine Sévigny. Quelques langues sales ont affirmés que cette dernière filtration goûtait un peu l’eau de javel. Les palais se raffinnent…
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Yves
10 janvier 2011 at 15:16 //
Bonjour Monsieur Mondou Soy, je suis votre voyage humanitaire avec beaucoup d’intérêt. Les photos sont éloquentes et ton blog relate très bien une partie de ce que vous vivez en Afrique. Avec ce travail manuel, les danses que tu as apprises (j’aurais bien aimé te voir à l’oeuvre), tu n’as pas besoin de faire du jogging. Cette expérience fantastique et enrichissante vous fera apprécier davantage notre belle province. Bravo à toute l’équipe pour cette généreuse contribution au peuple sénégalais.