Entrevue Traitdemarc™
Elle est entrée dans mon bureau avec son gros sac à dos. Que dis-je, son immense sac à dos. J’ai tout de suite pensé qu’elle avait stationné son auto dans celui-ci tellement il était disproportionné par rapport à elle. J’aurais compris, car il faut être chanceux pour trouver une place de stationnement ces jours-ci sur la rue Racine. Bref, elle est arrivée en maugréant qu’elle avait eu de la difficulté à trouver la place. Je ne savais pas si c’était ses gènes féminins ou celles de jeunes adultes ou simplement la nervosité qui la rendaient aussi impatiente. Faut dire qu’elle n’avait pas tort : ça fait plus de trois ans que je dois créer une signalisation pour mieux aider les gens à trouver mon bureau dans l’édifice où j’habite. J’imagine que c’est le juste retour des choses que de passer après mes clients. Elle avait cogné à ma porte si doucement que j’aurais cru que c’était cette pluie de décembre qui rebondissait sur la fenêtre. Jolie, cheveux longs, appareil dentaire, piercing, jeans, t-shirt et sac à dos démesuré : la parfaite cégépienne, quoi. Aussitôt la main tendue pour lui serrer, elle est devenue rouge comme ma causeuse. Ça mettait bien la table pour une entrevue. Allumée, sympatique et drôle, Pascale, jeune étudiante de deuxième année d’ATM (Art et Technologie des Médias) du Cégep de Jonquière avait choisi de me rencontrer pour me poser quelques questions sur le métier, dans le cadre d’un de ses travaux. Après l’avoir mise à l’aise en bannissant le «vous» de notre discussion et lui permettre de reprendre une couleur normale, elle a sorti son enregistreur numérique afin de commencer l’entretien. Comble de malheur, l’appareil n’avait pas de pile; qu’à cela ne tienne, nous avons donc fait l’entrevue avec mon iPhone. Ce qui me permet de vous la raconter.
La voici… avec quelques ajouts.
Pascale: Aujourd’hui je m’entretiens avec Mr. (oui, oui, monsieur!) Marc Gauthier qui a sa propre boîte de communication qui s’appelle Traitdemarc™, bonjour Marc…
Marc™ : Bonjour…
Pascale: Quand on pense à communication, on pense d’habitude à travail d’équipe, mais toi chez Traitdemarc™ c’est un peu différent, tu travailles seul… Est-ce que tu pourrais me parler des raisons qui t’ont poussé à travailler… heu… seul?
Marc™ : Ben en fait, je ne suis pas tout le temps seul. J’ai des gens qui travaillent pour moi, mais qui ne travaillent pas sur place. Je vais travailler avec des pigistes : si j’ai besoin d’illustrateurs, photographes (ou des programmeurs) je les engage; ce qui me permet de travailler avec les meilleurs du métier. Parce que si j’engageais un illustrateur (ou un autre professionnel…) à temps plein, je ne pense pas que je pourrais me payer le meilleur et j’aurais un illustrateur d’un seul style alors qu’en étant indépendant, je peux travailler avec les meilleurs du métier.
Marc™ : Ajout (hé oui Pascale, j’ai cette chance de pouvoir en ajouter…) Pour moi, la création n’est pas un travail d’équipe. C’est un travail solitaire, ardu et intellectuel. Le problème de la création en équipe ou de tout travail nécessitant un échange est la difficulté d’arrimer les humeurs et les personnalités. Dans mon cas, je suis incapable de pondre des concepts à une vitesse rapide, je suis de réflexion lente; ce qui fait que lorsque je me retrouve en brainstorming de groupe, je suis inapte à arrêter mon cerveau, car je dois écouter les autres. De plus, comme ma personnalité n’est pas d’imposer des idées, je me retrouve la plupart du temps en arrière… Y avait Foglia qui disait sensiblement la même chose dans une chronique, alors qu’il affirmait ne pas aimer participer à des débats en direct, car son temps de réflexion était plus lent que ses protagonistes ce qui le rendait très vulnérable dans une lutte d’idées. Je suis comme ça, au niveau de la création de groupe…
Pascale: Quand on parle que ta boîte se démarque (… jeu de mots!), on peut aussi penser au fait que ton site internet est un blogue au lieu d’un site commercial traditionnel, peux-tu me parler de cette démarche-là…
Marc™ : Ben en fait , je suis pas le seul à avoir choisi un blogue comme plateforme, moi je ce que j’aimais là-dedans, c’est de sortir du carcan de présenter des trucs graphiques, son porte-folio; de un, tout le monde le fait, je peux de toute façon rencontrer les clients et leur montrer celui-ci, de deux, je préfère que l’on m’engage parce que j’ai des idées et des opinions; je ne suis pas quelqu’un qui fait juste du « beau » graphisme. Une relation client est avant tout une relation humaine, quand il (un client) vient ici, il ne fait pas affaire avec une boîte, mais avec Marc Gauthier… qui aime la musique, qui ne se rase pas tous les matins et qui aime bien manger — (ici je la soupçonne d’avoir compris ça juste en me voyant la bedaine…) — c’est comme ça que je vois ça…
Pascale: Donc la dimension humaine est importante…
Marc™ : C’est exactement de cette façon que je traite mes clients. Je n’ai pas une relation très conventionnelle avec ma clientèle… plusieurs sont même devenus des amis avec le temps. Je ne joue pas de rôle, je n’ai pas de cravate, je travaille en t-shirt et en jeans, l’été en shorts. J’ai des clients qui, même après 8 ans de relation, me demandent encore quand on se rencontre : « hey! Es-tu en vacances? » Non, non, c’est mon habillement normal. Ça résume bien la façon dont je travaille. Mon bureau me ressemble, comme tu peux le constater, tu es assise sur un divan, ici y a pas de salle de conférence, tu as l’impression d’être dans un loft; quand tu débarques ici, tu es dans mon petit univers…
Pascale: Parlant de tes clients, pourrais-tu m’en nommer quelques-uns?
Marc™ : (censure)… plein de clients, sur mon blogue, en cliquant sur « client » tu pourras en connaître quelques-uns. Encore ici, au lieu d’avoir une liste exhaustive de clients, je préfère parler de ce qu’ils font dans la vie…
Pascale: Pusique tu travailles à plusieurs étapes de la création publicitaire, pourrais-tu me dire si tu as une étape préférée : le graphisme, la création…?
Marc™ : Je te dirais que c’est une des raisons qui m’a fait choisir de travailler seul. Je ne peux pas dire qu’il y une partie de mon travail que j’aime pas. Même les parties plus techniques plates comme découper des photos — dans Photoshop, par exemple — qui normalement dans une boîte plus grande serait assurer par des juniors alors que le grand créateur ne s’occupe pas de ça… ben moi ça m’intéresse aussi. Donc, je suis comme un artisan. Donc un client qui débarque chez moi, ben je m’en occupe de A à Z. Les parties « plates » de mon travail, je réussis à leur trouver quelque chose de l’fun. Disons que je m’organise pour les faire quand j’ai le cerveau à off. Comme la partie créatrice est toujours la plus intéressante, je vois ça comme manger un T-Bone : tu te gardes le filet mignon en dernier…
Pascale: En terminant, y a de plus en plus de boîtes de communications ou de publicité qui émergent Saguenay, est-ce un gage de qualité?
Marc™ : Ben, j’espère… y a eu pendant des années toujours les mêmes boîtes au Saguenay pis je pense qu’un vent neuf c’est jamais mauvais. Ça amène de nouvelles idées… Je pense que la jeunesse a cette qualité-là (quand elle le veut!!!!) de changer les choses. Je vois ça d’un bel oeil. S’il y a plusieurs boîtes, ça peut amener plus de clients à se faire produire des trucs de qualité; le problème n’est pas au niveau des boîtes, mais des clients qui ne veulent pas nécessairement suivre…
Pascale: Merci beaucoup!
Marc™ : Ben. Ça m’a fait plaisir…
J’aurais dû d’ajouter : vraiment.
Roger Blackburn
2 décembre 2010 at 11:53 //
Contrairement à toi, quand je mange un T-Bone, je commence par le filet mignon…
marc
2 décembre 2010 at 12:52 //
Le contraire m’aurait surpris : surtout venant d’un amoureux de la vie comme toi!
Katherine Bouchard
3 décembre 2010 at 10:28 //
Moi aussi je suis du type à commencer par le filet… Mais pas au travail!
Pascale Lefebvre
3 décembre 2010 at 13:06 //
Ahahah ça fait plaisir de lire cet article! Je me reconnais tellement à travers ces lignes que je suis REDEVENUE toute rouge en le lisant! Merci du fond du coeur, ça me fait vraiment très plaisir et j’ai passé un après-midi vraiment super! Ça n’aurait pas pu mieux se passer! J’ai appris plein de trucs du métier et j’ai maintenant définitivement la certitude (ça c’est être MAUDITEMENT certaine!) que ce monde est fait pour moi!!
MERCI 🙂