Melomarc™ – Neutral Milk Hotel / In The Aeroplane Over The Sea
Avec ce billet, j’introduis sur ce blogue, une toute nouvelle catégorie : Melomarc™ . Je tenterai de créer la liste (non ordonnée, trop difficile…) des albums qui m’ont le plus marqué au travers du temps. Toutes générations, tous genres et styles confondus. Vous en connaîtrez certains, d’autres non; ces albums seront des chefs d’oeuvres encensées par la critique ou des albums oubliés écrits par des artistes qui le sont tout autant. La musique, c’est quelquefois cérébral, mais toujours viscéral. Ça nous turlupine les tripes. La musique a toujours eu une place importante dans ma vie. J’en écoute au travail, dans mon auto, en joggant, en marchant, etc. Elle me fait rêver, penser, rire et pleurer. La télé n’est jamais ouverte à la maison, mais de la musique y joue en permanence. J’ai mes répertoires de party comme j’ai ceux de la mélancolie. J’ai des chansons qui viennent me remuer à l’intérieur, qui viennent me rappeler des événements tristes, mais aussi des périodes de vie exaltantes. La musique a la grande qualité de nous replacer dans le temps à un moment précis de notre vie. Elle nous fait aussi voyager. À l’extérieur, mais bien plus souvent à l’intérieur de soi. Bien que tous ces albums ont leurs histoires officielles, je raconterai la mienne en parallèle. Voyez ça comme un cahier… de notes. J’ai décidé de partager ces coups de coeur musicaux sur mon blogue, mais aussi de les faire découvrir plus personnellement à certaines personnes, en leur offrant l’album décrit via iTunes. Surveillez vos boîtes de courriels, vous aurez peut-être le privilège de recevoir un de ces albums… mais surtout, ouvrez vos oreilles et vos coeurs. C’est la mélodie du bonheur…
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En 1998, Neutral Milk Hotel — In The Aeroplane Over The Sea était l’album de l’année pour le magazine CMJ (College Musical Journal). Ce magazine consacré aux radios universitaires américaines a été pour moi une véritable révélation, il m’a permis de suivre les nouvelles musiques émergentes pendant la grande noirceur qui a précédé l’explosion du web. Il fut un temps où découvrir de nouveaux talents était une tâche ardue et quasi impossible en région. Oui, il y avait bien quelques émissions de radio comme Macadam Tribu et Bande-à-Part à Radio-Canada, mais la diffusion était plus difficile qu’elle ne l’est maintenant. Bref, CMJ était pour moi une façon de découvrir des groupes qui m’étaient alors pour la plupart inconnus; et comme le magazine arrivait avec un CD, c’était une mine d’or de découvertes qui s’ouvrait à moi, chaque mois. Je commandais les disques chez Archambault en me faisant arnaquer à chaque fois : je payais en moyenne entre 25 $ et 35 $ l’album avec un délai d’attente de plusieurs semaines. La révolution numérique a permis à des mélomanes comme moi d’assouvir leur soif de nouveautés.
Neutral Milk Hotel a été le groupe qui m’a révélé des groupes du même genre comme Olivia Tremor Control et The Apples in Stereo, entre autres, mais avant tout m’a ouvert au style musical très particulier du Lo-Fi. Ce genre musical s’est vu nommé ainsi pour sa simplicité d’enregistrement (très rudimentaire avec un 4 pistes) et une distorsion des instruments (ce ne sont pas vos enceintes acoustiques qui fonctionnent mal, mais bien l’album qui sonne comme ça!). Le Lo-Fi c’était en même temps, la musique brute sans artifice; le même son que partagent la plupart des démos que les musiciens font parvenir aux labels. La naissance même d’une chanson. Le diamant brut. Sans artifice. Comme le musicien l’a conçu et senti la première fois. Le label Merge qui a produit l’album est devenu une véritable pépinière de groupes originaux et importants, Arcade Fire entre autres, pour ne nommer que celui-ci; d’ailleurs Win Butler, son leader charismatique, affirmait que In The Aeroplane Over The Sea était une des raisons pourquoi il avait eu confiance et avait signé avec Merge, leur premier contrat d’enregistrement. Le disque In The Aeroplane Over The Sea fait partie de la liste des 100 meilleurs albums de la décennie 90 (#4) selon Pitchfork Media, la bible du rock indépendant et il fait partie de mon Top personnel. Fait à noter, cet album n’a jamais quitté ma bibliothèque d’iPod depuis que j’en ai un. Ça, c’est un tour de force en soi pour un gars qui carbure aux nouveautés.
J’ai offert cet album à Martin Larose, commentateur important de ce blogue, musicien lui-même, mais surtout grand érudit et vieux copain.
> Neutral Milk Hotel – In The Aeroplane Over The Sea sur iTunes.
Martin Larose
28 août 2010 at 15:39 //
…et j’ai beaucoup aimé…
C’est le type d’album qui redonne tous les pleins pouvoirs aux artistes. Ce que tu appelles le Lo-Fi pourrait être également qualifié de Homebrewed art…et c’est ce que je pratique moi-même depuis plus de 20 ans. Je te suggère au passage de découvrir le défunt Chris Whitley…ce fut un autre grand créateur plutôt Lo-Fi et qui est malheureusement passé inaperçu par ici.
Au-delà de la qualité du produit dont tu nous parles aujourd’hui, le Lo-Fi est selon moi un des outils de démocratie, avec l’avènement du MP3 et de l’Internet, les plus puissants des 2 derniers siècles. Le fameux «aux armes citoyens» se transforme en «aux arts citoyens». Il permet donc d’exister culturellement…exister culturellement, c’est important car comme dans la plupart des conflits, il s’en voit toujours un groupe social ou ethnique pour refuser l’existence de l’autre…Neutral Milk Hotel, c’est comme Le Canard Enchaîné, c’est comme les tracts qu’on distribue en temps de guerre et qui soutiennent les mouvements de résistance…c’est comme refuser de prendre l’autoroute et plutôt choisir une route nationale pour rentrer dans le cœur d’un pays…et goûter aux produits d’un artisan de l’arrière pays.
Tu sais, et je te le dis sans aucune amertume…
Je pratique mon art depuis très, très…très longtemps, depuis l’âge de 7 ans en fait. Je suis membre en règle de la SOCAN depuis 12 ans où mon catalogue commence à être plutôt garni, je perçois des droits d’auteurs annuellement, je suis membre du Conseil régional de la culture, j’ai enregistré en tout 5 albums avec mes propres moyens dont le plus récent sera disponible d’ici la fin de l’année (sans compter ceux que j’ai réalisés pour d’autres), j’ai même initié un programme scolaire portant sur les arts, j’ai joué à la radio, à la télé, dans mon pays et d’en d’autres, je confectionne mes instruments…en cette année de Capitale culturelle où on ne m’a même pas invité, ne serait-ce que pour aller assister au spectacle qui devait célébrer la richesse et la diversité culturelle de notre coin de pays.
Alors, des Neutral Milk Hotel, il doit s’en produire, il en faut. Ce type de création est nécessaire…ces albums sont des remparts contre la marche au pas.
marc
30 août 2010 at 8:49 //
Quand je disais de Martin qu’il est un érudit, je me trompais? Ton analyse de la scène indépendante est tellement juste. Ce mouvement a réussi à décloisonner les styles musicaux et donner une voie à des milliers d’artistes pris dans l’étau de l’industrie. Bien hâte d’entendre ton nouvel album!