Mon défi à moi.
Grenville, Québec — Samedi, 19 juin – 22 h 30. Pour la troisième fois en moins d’une demi-heure, je dois aller faire pipi. Je veux bien croire que j’ai bu pas mal d’eau depuis les dernières heures, mais pas autant pour provoquer un tel déluge. Je soupçonne un brin de nervosité. Derrière les portes fraîchement peintes rouge pompier des salles de bain de la bibliothèque municipale de cette petite bourgade de 750 habitants, je me contorsionne du mieux que je peux pour me soulager. Pas facile de pisser quand on porte un bib et un jersey de vélo. En me lavant les mains, je regarde mon visage dans le miroir, un mélange de fatigue et de stress sous les yeux. Je suis à moins d’une demi-heure de prendre part à ma troisième étape pour le Grand Défi Pierre Lavoie, la plus importante pour moi : les 95 km reliant Grenville à Gatineau, de 23 h 15 à 2 h 45. Mon étape précédente — Victoriaville — Drummondville m’a pompé à bloc, faisant tomber une charge de stress énorme que je traînais depuis le début de mon aventure. Je vérifie les poches de mon jersey: j’ai mon Ventolin, des blocs énergiques et une banane préépluchée — j’ai pas pris de chance, je ne me sens pas encore l’agilité de le faire avec une main en roulant à plus de 30 km/h dans un peloton de 300 cyclistes… J’enfourche mon vélo et me rapproche des cyclistes déjà enlignés dans le peloton. Je vois arriver Jay, le nounou-chauffeur-coordonnateur de notre équipe, avec la lumière que je dois apposer sur mon vélo. Pendant cette épreuve de nuit, chaque cycliste en a une d’accrochée à sa monture. Rien de nouveau pour moi, j’ai fait le dernier tiers de mon épreuve de la veille (Québec-Ste-Marie) avec ce bidule sur le guidon. Jay, comme à son habitude, m’encourage en me disant que ça ira bien. Je le crois, à moitié. Alors que les derniers cyclistes s’accrochent au peloton de départ, Pierre Lavoie s’adresse à la population les remerciant de leur accueil et nous rappelant les consignes de sécurité pour notre étape. On commence à détecter une frénésie parmi les cyclistes, le départ est imminent. Le QG, cet immense véhicule qui nous précède sur la route se place tranquillement. L’animateur nous annonce le départ dans moins d’une minute. Certains cyclistes prennent une dernière gorgée, d’autres clipsent un pied sur une pédale pendant que je regarde Jay et ma partenaire Nathalie de qui je prends le relais, me faire des thumbs up. 5, 4, 3, 2, 1… Voilà, on est parti. Notre troupeau désorganisé roule quelques centaines de mètres avant de se discipliner. Quelques cyclistes prennent le peloton avant d’assaut, tentant désepéremment de rejoindre la tête, histoire de bénéficier de l’effet de traction maximum sans subir l’effet élastique du fond. Ça dépasse dans tous les sens. Je passe des premiers rangs au milieu, mais je m’en fous. Je maîtrise mieux comment ça fonctionne maintenant et me faire dépasser n’a plus un effet négatif sur ma course; je sais comment me gérer par rapport aux autres. Le parcours fut fantastique. 155 cyclistes roulant de nuit, trois par trois, traversant des villages où des habitants encore sur leur balcon à cette heure si tardive, nous saluent et nous encouragent. Nous avons gagné Gatineau, notre objectif, avec quelque huit minutes d’avance, sans encombre. Dans les douches de l’école qui nous reçoit, les cyclistes parlent de leurs parcours, racontent comment ça s’est passé pour eux. Certains vont déjeuner tout de suite, d’autres, comme moi, prennent le chemin de leur VR pour dormir une couple d’heures avant la prochaine étape.
Des histoires comme celle-ci, tous les coureurs du Grand Défi Pierre Lavoie en ont plein la tête depuis leur retour. Chacun a fait « son défi » dans le Défi. Chaque cycliste a réussi à aller plus loin que ce qu’il pensait pouvoir réaliser. C’est ce qui rend cette expérience unique selon moi.
Je tiens à remercier Chlorophylle de m’avoir inclus dans leur équipe. Merci à mes partenaires : Marc, Régis, Nathalie, Katy et Jay. Merci aux 150 bénévoles du Grand Défi qui nous ont dorlotés tout le long du parcours. Merci à Pierre Lavoie pour ce grand défi qu’il a décidé de partager…
Louis Doucet
22 juin 2010 at 18:10 //
Bravo Marc, performance….endurance et…bienfaisance ! Je suis fier de mon tchum.
Guy Dallaire
22 juin 2010 at 20:20 //
Félicitations Marc ! Je ne savais pas que tu étais un cycliste d’endurance !
Anick Ratté
22 juin 2010 at 20:46 //
Bravo Marc! Quelle performance! Merci de mettre des mots sur ce que tu as vécu…
Patrice Lemieux
24 juin 2010 at 9:20 //
Tranche d’étape… Merci de nous faire part de toute l’émotion qui précède un départ, je le sent telement quand tu le raconte comme ça!
Nathalie Ménard
25 juin 2010 at 13:17 //
Marc, tu décris tellement bien la nervosité qui nous a animé toi et moi, les deux nouveaux de l’équipe chloro. C’était super de pédaler à tes cotés et de pouvoir partager avec toi mon stress et le petit déjeuner qu’on ne voulait pas vraiment avaler à 4:30 am du matin. On te l’avais dit que ça irait bien cette étape de plus de 90km en pleine nuit et tu as adoré, n’est-ce pas.
Tu peux être fier de toi, super!
Nath
Mario boisvert
26 juin 2010 at 22:24 //
tentot quand j ai vu le lien du blog sur facebook jme suis dit encore un blog mais quand j ai commencé a le lire j ai trouver ca très intéressent jme demandais comment c étais rouler en peloton jlé regarder sur la web cam qui diffusait en direct sur internet je trouvais les vitesse de 30 a 35 km assez rapide tros pour moi félicitation je te lève mon chapeau 🙂
marc
27 juin 2010 at 1:22 //
@ Louis, Anick et Patrce
Merci!!!!
@ Guy
Heu…je ne suis pas un cycliste de grand niveau, mais je me suis entraîné!
@ Nath
Entre nous deux, ç’a été l’enfer : ona vécu tous les deux la crainte et le bien-être!!!..
@ Mario
Merci… tu as raison de dire que rouler est un trip incroyable!