La tyrannie des mises à jour inutiles.
En faisant le tour des courriels reçus pendant mes vacances, je suis tombé sur une invitation d’Adobe au lancement virtuel de sa suite de logiciels CS5. Ma première réaction fut une de surprise : Quoi? Déjà?! Il me semblait que je venais à peine de maitriser toutes les nouvelles fonctionnalités de la Suite CS4. Il m’apparaissait surtout ne pas avoir utilisé la plupart de ces nouvelles fonctionnalités… Je vis un certain tiraillement devant les mises à jour complètes des logiciels que j’utilise régulièrement. La première est que je suis toujours excité de voir les nouveaux trucs et gadgets que les développeurs ont développés pour me rendre la vie plus facile, mais je suis toujours déçu du nombre de cochonneries qu’ils ont ajoutées pour me faire croire à un update majeur. Je comprends que le développement de logiciels est une business et qu’elle doit faire ses frais; ce que je lui reproche c’est que celle-ci soit bâtie autour d’une certaine dépendance au niveau des utilisateurs : même si je ne veux rien savoir des super nouveautés inscrites au menu, je n’ai pas le choix de suivre la parade; je dois être à jour si le marché décide de l’être. On appelle ça une super dépendance. Et comme les grands développeurs ont réussi à avaler tous leurs concurrents, on est encore plus dans la merde qu’avant. Lorsque nous vivions les grands combats d’Aldus et d’Adobe (Illustrator vs Freehand), d’Adobe et de Quark (InDesign vs Quark) et de Microsoft vs Corel (Word vs WordPerfect), nous avions droit à une lutte féroce vers la mise à jour qui donnait l’avantage concurrentiel à l’un ou l’autre des protagonistes. C’était la belle époque de la concurrence. Ce n’est plus le cas. Les géants ont débarqué et ont pris le marché vertical et horizontal, laissant derrière eux de faibles antagonistes n’ayant pas les mêmes montants de développement et de mise en marché, entraînant des millions d’utilisateurs accros leurs suites de logiciels. La concurrence force une entreprise à se surpasser, à créer une plus value à son produit. Le monopole crée une dépendance de l’utilisateur. N’ayant plus de concurrents à dépasser Adobe et Microsoft nous forcent à avaler des mises à jour pas toujours pertinentes qui ont la plupart du temps la mauvaise habitude de rendre les logiciels plus gros, moins performants et plus compliqués. Prenons l’exemple de Photoshop Extended qui venait dans ma Suite Premium, une des super nouveautés était la fonction 3D qui permettait d’appliquer des images sur des modélisations. Inutile pour moi. Complètement. Pourquoi ne pas offrir cette spécialité en plug-ins? Si j’en ai besoin, j’ajoute; sinon, si je ne veux pas rendre mon logiciel plus lourd à utiliser avec des trucs qui ne me servent pas, je n’ai pas à le subir.
Bon, je vous laisse là-dessus, je dois faire une recherche sur le Net afin de connaître le meilleur prix pour mettre à jour ma Suite d’Adobe, me magasiner un disque dur plus gros (pour l’installer), ajouter de la mémoire vive à mon ordinateur (pour lui permettre de rouler mes supers nouveautés) et,finalement, pourquoi pas changer mon ordinateur (pour me permettre de suivre le marché!)…
> Pour ceux qui n’auraient jamais vu cette illustration sur le développement de logiciel (elle date de 2006, je pense…), ça vaut la peine de cliquer sur celle-ci afin de lire les textes.
Martin Larose
12 avril 2010 at 11:40 //
If it ain’t broke…
J’ai le même problème avec le progiciel audio que j’utilise pour le studio…Si j’écoutais Cakewalk, je ferais des mises à jour à tous les 4 mois. À 800$ l’unité, il faut y réfléchir à 2 fois avant d’investir dans une nouvelle mouture qui ne m’apportera pas grand chose en bout de ligne. Et en plus, lorsque finalement, je prends la décision de me mettre à jour, je dois également allonger les bruns au niveau hardware ce qui me coûte une fortune à la fin de la journée.
Je fais du son depuis une vingtaine d’années. Je suis passé des enregistreurs à cassette au bobines d’un 1 pouce jusqu’au numérique. Comme on dit, sans prétention, I know my way around. Mais je n’utilise qu’environ 50% du potentiel de ce logiciel et je considère que je le maîtrise jusqu’au bout des doigts.
Il ne faut pas oublier Marc que ces compagnies sont là pour faire du profit et la notion de rafraîchissement du matériel n’est pas la même et c’est relativement nouveau dans ce domaine. Lorsque tu te magasines une laveuse, tu sais très bien qu’à partir du moment où les livreurs viennent te la brancher, son temps est compté…soit entre 10 et 12 ans. Avec un logiciel…le pire qui puisse t’arriver c’est de reformater et de réinstaller…jamais brisé.
Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de ton métier, mais j’ose avancer, sans grande crainte de me tromper, que la version de Photoshop ou d’Illustrator que tu utilisais il y a 10 ans n’est pas SI différente que la CS3 ou la CS4.
Et je suis d’accord avec l’idée de plug-ins plutôt que de versions…il serait, à mon avis, beaucoup profitable pour les entreprises d’y aller de cette façon sans risquer de causer une dépression aux employés à tous les 6 mois.
Yvon Gobeil
12 avril 2010 at 12:22 //
Tu as bien raison dans ton commentaire. Combien de professionnels utilisent la totalité des ajouts? Combiens sont pertinents? C’est un peu comme la télé cablée. On a tous 90 canaux mais on en regarde en faite qu’une dizaine. On devrait avoir un kit de base performant, pas trop lourd et comme tu dis et avoir accès à des Plug ins, que chacun pourrait personnaliser selon les besoins et sa spécialité. Faut cependant pas rêver, ce n’est pas demain la veille. $$$$$$$
Katherine Bouchard
12 avril 2010 at 13:10 //
Les logiciels, les vêtements dans notre garde-robe, les canaux de télévision, la vaisselle dans nos armoires, … Non mais, je ne sais pas si c’est le soleil qui ne se pointe pas le nez ou bien un déménagement qui me fait prendre conscience du nombre de choses inutiles que l’on a, qu’ils inventent et que finalement nous achetons… Bref, t’as bien raison Marc! Bonne journée quand même!!!
marc
12 avril 2010 at 15:42 //
@ Martin
Totalement d’accord avec toi. Je dois utiliser 60% du potentiel des logiciels que je possède. Et que je pourrais très bien travailler mes dossiers avec mes anciens logiciels. Le hic est au niveau des échanges de fichiers entre client et/ou fournisseur. Ca va bien quand le format est transférable d’une version à l’autre, exemple un .jpg, mais quand celui-ci est géré uniquement par une telle version du logiciel, tu es obligé de suivre le marché et de mettre à jour…
@ Yvon
Très drôle avec tes postes de TV! Vendredi, j’ai téléphoné à Vidéotron afin de réduire mon forfait HD: j’ai 50 postes et je n’écoute jamais la TV. Jamais. Donc, j’ai 50 postes de trop. Le hic est qu’il faut que j’en conserve un minimum pour rester HD. Et le minimum c’est genre 6$ de moins que mon forfait… J’ai décidé de garder celui-ci…
@ Katherine
J’avais une amie qui écrivait une date sur toutes les boîtes qu’elles conservaient dans son sous-sol ou grenier. 5 ans après la date écrite sur celle-ci, elle jetait la boîte sans vérifier ce qu’elle contenait… Je trouvais assez drastique jusqu’à ce qu’elle m’explique que si elle n’avait pas à chercher ou besoin de ce truc pendant 5 ans, ce n’était pas indispensable… Pas bête, non?
Alexandre
11 août 2010 at 15:40 //
merci, très bon billet