M.Dupont, la la la la.
J’ai assisté aujourd’hui à une conférence sur les médias sociaux donnée par Luc Dupont. Très belle initiative du Rendez-vous des gens d’affaires du Saguenay-Lac-St-Jean qui l’avait invité dans l’une de leur activités de réseautage. Je vous avoue d’emblée que j’y allais de reculons. Surtout parce que j’avais une idée préconçue négative de Luc Dupont; j’avais parcouru son livre sur les 101 trucs publicitaires et je n’avais pas aimé le ton. D’abord, je ne crois pas qu’il existe des « trucs » infaillibles en pub (grosssssir le logo, dire 3 fois le nom de l’entreprise dans un spot radio, etc. sont, pour moi, des principes simplistes et réducteurs…) et deuxièmement, j’ai beaucoup de réserve sur les concepts DIY (Do-It-Yourself). Je ne crois pas qu’en me tapant les « 101 trucs en comptabilité » cela fera de moi un comptable… il me semble que c’est réduire les compétences des professionnels et donne comme image que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Pour cette raison, Luc Dupont et moi, on était mal parti sans avoir eu de contact direct. Par contre, dès le début de la conférence, je suis tombé sous le charme du mec : très vivant, drôle et efficace, il a su en peu de temps imposer son rythme à une foule vendue d’avance. Dupont comme conférencier, c’est winner. Le gars maîtrise absolument sa matière, la rend merveilleusement bien et donne un bon spectacle, mélangeant humour et imagerie populaire. Top entertainer. Il doit être vraiment bon comme prof. La conférence? J’en connaissais déjà un brin de plus que la moyenne des gens assis dans la salle, alors disons que je n’allais pas en apprendre davantage… et j’ai retrouvé rapidement ce qui me dérangeait dans les livres de M.Dupont: vulgariser jusqu’à trop simplifier. Oui, les entreprises devraient être sur les médias sociaux, oui, ce sont devenus des incontournables… mais ils ne doivent pas y être de n’importe qu’elle façon. Les exemples de M.Dupont étaient uniquement en mode diffusion. Il conseillait aux entreprises d’utiliser les médias sociaux pour parler de leurs promotions, d’émettre leurs coupons-rabais, parler de ce qu’ils font dans la vie… mais jamais, il ne leur a conseillé d’écouter, d’engager une conversation avec leurs clients. C’est selon moi, LA grande force des médias sociaux et ce qui les différencie des médias traditionnels. L’échange. La discussion. La communauté. Si vous utilisez Facebook ou Twitter pour diffuser unilatéralement vos messages, vous n’intéresserez pas grand monde, sinon pas longtemps. J’aurais aimé entendre dire par notre conférencier que les nouveaux canaux d’information que sont devenus les médias sociaux forceront les entreprises à modifier leurs façons de s’adresser à leur clientèle. Nouveau média = nouvelle manière de faire. La plus grande erreur des organisations est de répéter leurs discours sur ces nouvelles plateformes, sans l’adapter ou le changer. Bla-bla-bla. —. Aucune écoute. Autre exemple qui m’a irrité : l’utilisation de Twitter pour diffuser des articles intéressants pris ici et là sur le web… Je veux bien. Mais ça ne s’arrête pas là. Avant de diffuser des contenus, il faut quelqu’un qui les produit. C’est bien beau les blogues qui ne font que pousser des liens, il faut aussi des blogues qui en créent. Ce n’est pas parce que vous avez lu un bon article et que vous le partagez que cela vous donne la crédibilité de celui qui l’a écrit. Je conseille à mes clients de développer leurs contenus… avant de penser à les diffuser, c’est plus logique non? Avant de s’engager dans la création d’un blogue, de créer une Fan Page de Facebook, analysez ce que vous allez y diffuser et préparez-vous surtout à discuter. Si vous n’êtes pas déjà une personne qui est portée à l’échange, au partage, à la discussion, mmmmm…. pas sûr que les médias sociaux seront faciles à apprivoiser, même si vous avez suivi une bonne conférence qui vous disait le contraire.
Guillaume Gosselin
26 février 2010 at 0:16 //
Il se garde du contenu et prépare le terrain pour pouvoir donner encore des conférences dans 3 ans, lorsque les entreprises vont toutes être sur les réseaux sociaux et qu’elles n’auront pas de « followers ».
Merci pour ce résumé, j’ai donc rien manqué! 🙂
Martin Larose
26 février 2010 at 9:04 //
(et deuxièmement, j’ai beaucoup de réserve sur les concepts DIY (Do-It-Yourself). )
Pourquoi?
C’est pourtant la source de grandes idées et de grandes innovations?
Jay
26 février 2010 at 9:48 //
J’étais présent aussi… Si on parle de faire du « push », on en revient à l’ancienne fonction du WEB où, en 1998, tout le monde voulait avoir un site Internet juste pour s’afficher. Je suis d’accord avec le fait qu’il ne faut pas seulement parler à sa clientèle, mais instaurer un dialogue avec une écoute active, la base de la communication.
Deuxièmement, si je puis me permettre, j’aimerais discuter un peu sur le questionnement de M. Larose. Le concept de DIY peut amener des innovations, parce qu’un nouveau regard externe, sans barrière ni schème de référence, est posé sur une action qui est toujours réalisée par les mêmes personnes qui en font une routine. C’est vrai. Mais dans le cas qui nous intéresse, la notion « temps », au niveau de la conception et au niveau de l’atteinte du résultat, peut être tellement long que je pense que les dirigeants d’entreprises, qui n’engageront personne pour faire de la gestion de Médias sociaux, vont se fatiguer très rapidement et ne réussiront peut-être pas à entrer dans la nouvelle communication WEB. C’est dans ce sens où l’aide d’un professionnel peut avoir un gros avantage. Et si les dirigeant n’aime pas ça, l’innovation ne viendra pas. Étant donné que c’est très nouveau, même les professionnel n’ont pas de routine et doivent être à l’avant-garde avec une veille technologique importante pour suivre la valse. Je crois que de toutes façons, c’est un monde d’innovation. Alors, je ne crois pas beaucoup au DIY dans ce contexte. Mais c’est une opinion basée sur une perception de la chose…
Martin Larose
26 février 2010 at 14:36 //
@Jay
Expliqué comme ça, je suis d’accord et j’abonde dans le même sens.
Je veux juste que l’on fasse attention lorsqu’on se met à décrier les initiatives personnelles de création car je crois que le principe du DIY nous a libéré de beaucoup de choses dont, entre autres, certains canaux «obligatoires» de créativité depuis les 20 dernières années et que l’Internet a été central dans cette dite libération.
Je ne travaille pas en pub, je suis dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, et la démocratisation des connaissances liée aux moyens technologiques disponibles aux étudiants aujourd’hui est plus que bénéfique car il devient de plus en plus facile de «s’instruire» (les guillemets ne sont pas fortuits) et d’aller creuser de l’info, mais aussi de pouvoir valider les connaissances reçues depuis un seul couloir.
Je comprends vos réflexes respectifs de protection, mais je suis également créateur depuis plus d’une trentaine d’années et le DIY a permis, à plusieurs créateurs où je m’inclus, de ne pas être dans l’obligation de sûbir une décision arbitraire d’un soit-disant représentant de maison de disques avec à peu près une scolarité de 3e secondaire et pour qui, Aerosmith est le summum de la musique.
Le DIY permet d’ouvrir des portes…même si souvent ces portes n’ouvrent que sur pas grand chose.
Je comprends l’argument de fatigue face à la gestion des réseaux sociaux et je suis totalement d’accord avec vous. Mais tous ces nouveaux outils, du MP3 à Twitter, de Facebook aux logiciels graphiques sont des maillons de démocratie.
Necessity is the mother of invention.
Jay
27 février 2010 at 11:55 //
@Martin
Je suis d’accord avec ton point, totalement. Quand je peux essayer de faire les choses par moi-même, je l’essaye.
Je ne suis pas contre le concept général de DIY, mais dans certains domaines, vaut mieux se référer à des gens qui connaissent les règles de l’Art, soit pour sa sécurité ou soit pour que ça avance plus vite… Sinon, y a toujours moyen de moyenner (Ha ce Willy Lamothe!), mais faut pas mettre son dégoût de la chose, sur la chose qu’on a essayé de faire soi-même sans avoir nécessairement les connaissances, parce qu’au début ça avait l’air facile. Ça peut nuire un peu à la pratique.
marc
27 février 2010 at 12:50 //
@ Jay – @ Martin
Belle discussion sur le concept du DIY. Quand j’ai mentionné que je n’étais pas très friand de ce concept là, je l’avais attribué à mon petit univers à moi. Je suis tout à fait d’accord avec Martin que la « démocratisation » des outils, des contenus, a permis un décloisonnement de certaines pratiques et vu l’éclosion de talents, mais surtout la possibilité d’une plus grande diffusion.
En me relisant, je me suis rendu compte que je n’avais pas assez élaboré sur ce qui m’achalait sur le DIY… ce n’est pas le fait que les gens s’approprient des connaissances, mais plutôt la façon dont ils le font. Nuance majeure. Prenons par exemple, un domaine que je connais bien: la bouffe. On peut aujourd’hui créer des trucs soi-même qui tiennent la route. Il existe des livres de recettes bien faits qui permettent de s’en sortir avec un résultat plus que satisfaisant. Si on suit la recette jusqu’au bout, la soupe sera bonne. Ça fera de vous un grand chef? Pas du tout, mais vous aurez eu l’impression de cuisiner comme eux. L’impression de. Car sans la recette, vous êtes nul. Prenons maintenant, un « vrai » chef. Au nez, à l’expérience et à la créativité, il saura faire un plat que vous, même avec la recette, ne réussirez à faire. Avec les mêmes ingrédients et les mêmes outils. On appelle ça du talent. Et le talent, ce n’est surtout pas une recette. C’est tout sauf ça. Et le DIY vient obligatoirement avec une recette. En pub, en Com et en cuisine, la recette tue la créativité. Quand je lis dans un livre comme « les 101 trucs publicitaires » qu’il ne faut pas écrire en italique ou qu’il ne faut jamais utiliser de la typo blanche sur un fond noir, que le logo doit prendre 1/3 de la page, etc.; ça fait appel à une recette. Une recette pour faire et non créer un beau petit plat neutre. Ni trop salé, ni trop relevé. Sans saveurs.
Martin Larose
27 février 2010 at 13:18 //
@Marc et @ Jay
Discussion très intéressante effectivement…:)
Et je suis d’accord avec vous deux.
Par contre, je ne suis pas d’accord lorsqu’on dit que le DIY vient obligatoirement avec une recette…c’est faux. La nature du DIY réside dans le fait qu’il n’y a pas de recette et que le besoin/la nécessité implique dans inventer une (recette).
Les jeunes délinquants de l’Est de Londres à la fin des années Tatcher ont créé le mouvement que l’on connait aujourd’hui et ce, en total DIY.
Il faut faire une différence entre créativité et expertise, qui selon moi, ne vont pas toujours de paire.
Si je veux une pub de pro, je ferai appel à des pros comme vous deux Marc et Jay, mais la créativité m’appartient également.
🙂
marc
28 février 2010 at 23:33 //
@ Martin
je pense que la créativité appartient à tout le monde. D’un côté, il y a les gens qui exercent leur profession « by the book » et les autres avec créativité. Oui, la créativité nait de la nécessité et très souvent des contraintes et ton exemple sur le mouvement punk est très pertinent…