Stardinaire.
Je l’avoue d’emblée, je n’aime pas les porte-paroles en publicité. J’ajouterai même que je ne comprends tout simplement pas une entreprise qui met la commercialisation de son produit dans les mains d’un humoriste/chanteur/animateur/acteur. Peut-être que c’est uniquement la notion de vedette qui ne me rejoint pas. Il faut dire que je n’ai rien du groupie en moi. J’ai horreur des télé-réalités, des émissions de vedettes instantanées, des magazines comme 7 jours et La Semaine, etc. Même si j’adore les livres/disques/films de ces artistes, je n’ai aucunement envie de savoir avec qui ils couchent, ce qu’ils mangent, leurs opinions sur la guerre en Afghanistan et encore moins de connaître leurs marques de voiture préférée. J’oserais même dire que cela risque d’avoir un effet contraire sur moi. Par exemple, j’adore écouter la musique de Jean Leloup, mais je suis incapable de le supporter en entrevue. Il m’énerve. Alors, imaginez s’il se mettait à me vendre une assurance-vie ou une pharmacie. Et là, je ne vous parle que des artistes dont j’aime les oeuvres. Imaginez-en un ou une qui me laisserait totalement indifférent ou pire encore dont je n’aimerais vraiment pas les créations. Désastre. Je ne représente pas la majorité des gens. Je le sais bien. Beaucoup de personnes sont en amour avec leurs vedettes préférées, les appelant par leurs prénoms et leurs donnant tribune sur un paquet de sujets dont ils ne sont pas nécessairement connaisseurs. Mais si le public vit de longues histoires d’amour avec certains de ses artistes préférés, on a plus souvent droit à un coup de foudre, l’espace d’un film/hit/émission. L’ardeur du début de la relation laisse souvent place à un désintéressement par la suite, la mode passée. Le verdict du public est dur et sans appel. L’adolescence est la période la plus frivole des relations amour-haine envers les artistes; les vedettes adorées deviennent rapidement au bout d’un certain temps, les has-been dont on a honte d’avoir crié un jour au monde entier, notre amour. Plus tard, à l’âge adulte, ce sont les agissements des stars qui dérangent les fans. Un chanteur qui ne fait pas la file comme les autres afin de recevoir un vaccin, un comédien arrêté pour possession de drogue, un autre pour violence conjugale… Encore là, le jugement du public est cruel et radical. Vous comprendrez maintenant pourquoi je ne suis pas friand à laisser le produit d’un de mes clients dans le mains de n’importe qui. Le produit d’une entreprise est la « vedette » qui n’a pas besoin d’une autre star pour mousser sa propre carrière. Il doit son succès en premier lieu, à ses qualités qui le démarquent des autres produits de même catégorie et ensuite à l’expérience qu’il réussit à faire vivre à celui qui se le procure. Le consommateur devient alors le meilleur porte-parole pour ce produit. C’est ce client qui l’a adopté qui en parlera le mieux en racontant à ses proches comment ce produit a un effet bénéfique dans sa vie. Une belle relation établie sur la confiance et un peu d’amour. Un consommateur heureux (comme un malheureux) ne se gène pas pour diffuser à grand déploiement sa satisfaction (ou son insatisfaction) vis-à-vis un produit qu’il aime (ou qu’il déteste). Et il le fait de bouche à oreille sur le web et dans la vraie vie. Le grand avantage de ce simple porte-parole inconnu et dédié, c’est qu’il s’entoure normalement de gens qui lui ressemblent et qui partagent ses valeurs et ses goûts. En plus de rendre ce service de commercialisation tout à fait gratuitement, ce diffuseur hors pair le fait de son plein gré, sans retour de la part de l’entreprise qui a conçu le produit. Ce qui en fait un porte-parole plausible difficile à discréditer. Je trouve pas mal plus sage de confier mon produit à ces quelques milliers vendeurs nés qui s’ignorent qu’à une vedette rémunérée pour le faire dont l’amour pour ce produit est directement et uniquement lié à un contrat.
> Pee-Wee Herman, alias Paul Reubens. Son one-man-show a été immortalisé par HBO lorsque The Pee-wee Herman Show a été diffusé en 1981. Le 26 juillet 1991, Reubens est arrêté à Sarasota en Floride, pour une prétendue masturbation dans un cinéma pour adulte projetant Nurse Nancy. Les actualités et les médias ont été pris d’une frénésie et le scandale a marqué la mort prématurée du personnage de Pee-wee Herman… et sa sortie des tablettes des magasins de jouets!
Jay
2 décembre 2009 at 10:25 //
Je suis comme ça aussi. Je veux rien savoir ce que les « vedettes » ou artistes font en dehors de leur vie professionnelle. Faites une distinction entre cette dernière et la vie privée que diable. Et je ne parle pas des émissions comme O.D. qui essaient de créer des vedettes instantanées ou comme Star Académie qui dicte au gens ce qui doit être bon comme chanteur pour la prochaine année…
Cependant, un porte-parole peut porter un concept intéressant à la publicité pour le produit s’il est utilisé de manière intelligente comme Marcel Leboeuf avec Sapino ou Gaston Lepage avec Buckley… hahahaha!
Bien que je ne sois pas de la majorité non plus, je ne suis pas certain si un porte-parole peut faire vendre plus de produit? Je serais curieux de voir une étude sur le sujet. Exemple : faire deux publicités, une avec une vedette et l’autre d’un autre concept avec un inconnu…
Le pire là-dedans, c’est sûrement le cachet que l’artiste réussi à avoir. Les entreprises devraient se concentrer sur leur présence active dans les nouveaux médias en cherchant à toucher tout le monde au-lieu d’investir dans une seule personne. Je ne nommerai pas de nom … 😉
Martin Larose
2 décembre 2009 at 14:31 //
Salut Marc…
Je ne suis d’accord qu’à 50% et je vais t’expliquer pourquoi.
Moi également, je n’en ai profondément rien à cirer qu’un artiste prête (vend) son nom et son image pour vendre un produit…En général, j’ai le réflexe contraire et je n’achète pas. Qu’un pignouf de comédien détienne une carte American Express depuis 25 ans ne me semble pas un argument de poids pour en faire la demande.
Ceci dit, il y a des exceptions qui, il me semble, doivent être prises en considération.
Dans le domaine qui m’intéresse, i.e. le Pro Audio et la lutherie, plusieurs avancées technologiques ont été effectivement apportées par des artistes et ingénieurs célèbres. Rupert Neve, par exemple, à qui on doit de nombreux circuits électroniques célèbres et qui TE permettent d’écouter de la musique Hi-Fi dans ton iPod. Lorsqu’il autorise qu’on se serve de son image et de son nom dans des pubs, et bien je sais que la technologie proposée est de grande qualité. Même chose pour le grand guitariste américain Steve Vai qui participe activement à la conception et la création des amplificateurs Carvin et des guitares Ibanez. Lorsqu’il appose sa signature, le poids de son expertise dans la pub est incontournable et personnellement, influencera ma décision d’achat.
Mais pour le reste, que Avril Lavigne prenne des photos avec un Canon…pfff!Si c’était Annie Leibovitz…peut-être.
Clef-re
2 décembre 2009 at 18:10 //
Hum… Ce bouche-à-oreille, décidément, y’a qu’ça d’vrai !
A l’intérieur d’une entreprise, pour faire fonctionner un concept, engager les salariés dans un programme, « mobiliser » les énergies collectives vers un objectif de productivité (oh yeh !), même procédé : surtout ne rien dire, être humble, concret, et efficace, et laisser les gens en parler… Diffusion assurée.
Un agent satisfait + à qui on parle vrai + sans se la raconter = écho inégalé !
CeQu’ilFautDiscerner
marc
3 décembre 2009 at 13:01 //
Je pense que les porte-paroles font vendre. Ils sont capables de donner beaucoup de capital de sympathie à une marque. Que l’on pense à Martin Matte pour Honda. Le problème n’est pas là et je m’explique. Premièrement, prenons Honda; la marque est reconnue pour ses performances, sa fiabilité, sa valeur de revente, etc. Le produit Honda jouit d’une excellente réputation. Bien avant que Matte commence à en parler. Son job à lui est de rappeler aux consommateurs les qualités énumérées auparavant. On ne peut pas dire qu’il s’y prend mal. La pub est bonne et nous fait rire. Bien sûr, que Matte ne plaît pas à tout le monde, mais sa cote d’amour est très élevée (ne t’inquiète pas, ça été vérifié avant de le signer…). Le problème se situe au niveau de ce que Martin Matte peut faire en dehors de son rôle de porte-parole officiel. Ses opinions sur des sujets qui pourraient déplaire à certaines personnes, les actes qu’ils pourraient poser qui viendraient annuler les effets bénéfiques qu’il amène à Honda. Deuxièmement, et c’est mon argument principal : le web permet maintenant à une entreprise de créer des relations directes avec ses clients, de créer un dialogue indispensable au développement d’une relation d’affaires. Cette communion entre le produit et ses clients permet de créer une certaine communauté autour d’un produit. Celui-ci devenant le point central qui unit des gens de différents milieux. Ces diffuseurs naturels ou porte-paroles sont beaucoup plus efficaces, à mon avis, que n’importe quel artiste. Car on ne jugera pas un quidam sur ces agissements et ses goûts personnels, de plus, ces goûts sont partagés de toute façon par ses compagnons directs. Et surtout, l’influence que ce client aura sur ses pairs en est une de confiance basée sur la pertinence et l’objectivité. Rien à voir avec un porte-parole lié sous contrat…
Martin, ton point par rapport à un produit spécifique est différent. Je ne considère pas Steve Vai comme un porte-parole, mais plutôt comme un « utilisateur prestigieux ». Subtil tu me diras, mais je t’explique. Steve Vai donne son OK à une guitare X qu’il utilise dans la vie. J’ai beau ne pas aimer Steve Vai dans la vie, je ne peux pas lui enlever son talent de guitariste. Ce produit (guitare) s’adresse uniquement à une minime partie de la population (des musiciens / par surcroit des guitaristes) pour qui la technique et le talent de Vai est reconnu. Pas uniquement parce que c’est une vedette, mais un guitariste comme eux. Il fait partie de la même communauté qu’eux. Un gars de la gang. Il entre alors, selon moi, dans la catégorie des diffuseurs. La seule différence avec le quidam est son succès de reconnaissance de ses pairs et du public (mais pas pour les mêmes raisons). Rien à voir avec Matte qui représente Honda parce qu’il est sympathique et drôle…
Martin Larose
3 décembre 2009 at 15:51 //
@Marc
Oui…je comprends…
Mais Neve et Vai participent à la création du produit. Ils sont plus que des «utilisateurs prestigieux», ils se présentent tous deux comme des concepteurs. C’est beaucoup plus que de donner son OK, c’est transmettre son expertise pour faire avancer la technologie…
Tu vois, si Apple venait te voir demain matin pour te demander de les aider à créer une nouvelle planche graphique et que par la suite tu sois inclus dans leur pubs, je trouverais ça beaucoup plus crédible qu’un caricaturiste seulement engagé pour mousser le produit.