Hier, c’était (encore) la journée de Pierre.
Dans une vie entière, combien rencontre-t’-on de gens qui nous marquent? Pas des gens qui ne feront que passer sans que l’on se rappelle leurs noms ni ce qu’ils ont fait pour nous marquer, mais ceux qui peuvent changer votre vie. On s’entend que le nombre est minime. Imaginez maintenant la même personne capable de bouleverser (positivement) la vie de milliers de personnes, c’est encore plus exceptionnel. J’ai eu la chance de croiser une personne comme ça en 1997 : Pierre Lavoie. C’est comme si c’était hier. J’avais reçu un téléphone de Renaud Maltais de CGI, me sollicitant de rencontrer Pierre, président de l’Association de l’Acidose Lactique. Il avait besoin de graphisme et se cherchait une boîte qui lui en fournirait gracieusement. Nous sommes souvent sollicités comme ça. Nous ne pouvons pas dire oui à tout le monde même si les causes sont bonnes. La plupart des agences répondent positivement, et c’est tant mieux. Pierre ne pouvant se présenter au rendez-vous (ceux qui le connaissent, n’en seront pas surpris!) et m’avait téléphoné en me disant que ce serait plutôt sa conjointe, Lynne Routhier, qui viendrait m’expliquer le projet. Je me souviens d’avoir vu entrer dans mon bureau cette femme si frêle, en apparence, avec sa voix si douce. À peine, assise dans la salle de conférence, elle m’avait expliqué d’un seul souffle son histoire : la perte de sa fille due à cette maladie terrible qu’est l’Acidose Lactique et l’histoire de son garçon atteint lui aussi (décédé l’année suivante). J’avais écouté, sans rien dire la gorge nouée jusqu’à la fin, cette voix si posée et si fragile, cette voix remplie d’émotions me parler des petits anges (les enfants atteints) dont l’Association s’occupait. À la fin de cette rencontre, j’aurais tassé n’importe lequel de mes dossiers pour ne plancher que sur celui-là. J’ai continué à travailler avec Pierre et Lynne à plusieurs projets sur les maladies héréditaires; c’est à Pierre que je dois ma rencontre avec les gens merveilleux de CORAMH (une autre étape importante de ma vie). Pierre, avec le temps, est devenu un ami. Et a indirectement fait de moi, une meilleure personne. C’est pourquoi de le voir, encore aujourd’hui, mettre sur pied le Grand Défi Pierre Lavoie, et de persévérer, ça ne peut que me rendre joyeux. Pierre, l’homme à qui l’on ne refuse rien. L’homme qui franchit tous les obstacles : il les franchit facilement uniquement parcequ’il ne les voit pas! La plupart des gens s’autocensurent, amoindrissent leurs rêves : Pierre, au contraire, les vit. Jusqu’au bout. Et comme il s’y connaît en hérédité; il propage à son entourage cette fougue et cette passion qui habite son ADN. Je me plais à appeler ce principe le « Syndrome Pierre Lavoie ». À son contact, vous commencez à courir, faire de l’exercice, bougez, parce que le mec cours encore plus vite qu’il a des idées (heu… on parle ici d’un gars triple champion Iron Man…). Pierre a réussi a mettre un paquet de monde dans son bateau, des grosses pointures: de plusieurs personnalités publiques des domaines médicaux, sportifs, d’affaires; une autre de ses multiples qualités : réussir à rassembler. Si vous n’avez pas été mis au courant de ce Grand Défi : consultez son super site internet. Et participez. Sinon, j’en parle à Pierre. Et lui vous convaincra.
Bravo mon chum.
> La photo appartient à Devinci (une autre gang incapable de dire non à Pierre – le vélo en arrière plan, sur la photo, est un Devinci)
Clef-re
7 février 2009 at 18:47 //
De ce côté-ci de l’hémisphère, je ne connaissais pas (encore) Pierre Lavoie… C’est chose faite, grâce à vous, désormais !
Sur mon chemin, j’ai le sentiment d’avoir rencontré de passionnants congénères, d’avoir été souvent touchée, émue, enthousiasmée par eux… Même si ce fut parfois fugace, dans cette urgence-à-dire l’instant-qui-passe, j’ai, fort heureusement, à chaque fois, reçu l’échange comme un cadeau !
« Durable » ou pas, le présent est bien là, sensible et volatil, et je m’en sens privilégiée !…
Dans les (rares) moments où la solitude n’est pas cette fidèle amie rassérénante, je souris en pensant à ces pépites de vie, ultimes trésors vaillants d’une errance… qui se poursuit !
Je ne sais pa
Clef-re
7 février 2009 at 19:47 //
[Oups ! Un hic-de-suite m’a propulsée outre-atlantique… trop vite !]
Je ne sais pas, disais-je, ce à quoi peut ressembler une vie après l’invincible razzia de la maladie sur ses enfants… Je suis aux petits soins des miens, dès qu’ils ont mal aux dents, en m’octroyant le luxe de bouder la chimie, en nature-amie avertie…
Alors… quand il faut se résoudre à l’impossible du gai-rire, pour soi ou pour ses proches, comment ne pas se soi-nier ? Dépasser la douleur de l’absence, ce « sans » dément qui n’a pas de sens ? Comment, sinon en se dépassant soi, tout entier et tout droit ? Un » vinci » de surcroît, pour l’âme, les autres, et la vertu d’un choix ? Sans doute, sans doute…
Depuis longtemps (toujours ?) dans l’univers associatif, je ne peux que comprendre, saluer, servir l’incitative initiative de Pierre Lavoie, le bien-nommé tisseur d’émoi…
Dans la jungle immatérielle, par-delà courants forts et zones avariées, de toute mon insignifiance, mais de tout mon gosier, je puis l’affirmer : ici, quoiqu’intangible, une sacrée belle personne, je l’ai rencontrée !
C’est bien simple, en virtuelle-réalité, je suis… marc-ée !
marc
13 février 2009 at 7:52 //
J’ai réalisé un film sur les maladies héréditaires aux Saguenay Lac-St-Jean (…ma région), le titre était « Le rêve est une seconde vie ». J’en reparlerai sûrement dans un billet ultérieur car ce film m’a donné la chance de rencontrer des gens merveilleux. Des gens de toutes âges mais surtout des jeunes. Des jeunes avec des cicatrices de vie si longues qu’il est difficile d’imaginer comment ils ont réussi à passer au travers de si grandes épreuves. La souffrance des autres nous ramène systématiquement à notre propre souffrance, c’est vraisemblablement la raison principale pour laquelle les témoignages troublants nous bouleversent autant…