25 ans.
UQAM, laboratoire informatique du département de design graphique, 1988, 4 ans après cette annonce. À un an de terminer mon baccalauréat en design graphique, trônent une vingtaine de nouveaux ordinateurs dans le laboratoire, des macs. Les étudiants de mon département sont divisés : il y a ceux qui s’intéressent à l’informatique et ceux qui ne veulent rien savoir. Et c’est normal. Nous avons été formés pour devenir des créateurs, des concepteurs, pas des pitonneux, encore moins des informaticiens. Déjà que nous nous distinguons des techniciens graphistes par notre formation, certains ne veulent rien savoir de toucher à ces appareils : cela représenterait la même chose que si on les forçait à utiliser les machines reprographiques destinées à l’imprimerie, un recul. Nous sommes donc peu à nous intéresser au mac. D’autant plus que le laboratoire informatique est là en grande partie parce que notre pavillon est partagé avec les étudiants du design de l’environnement et qu’eux sont déjà plus alertes aux nouvelles technologies. J’ai fini mon bac en 1989. Quand nous sommes sortis tous frais et tout formés avec nos idées plein la tête, nous ne savons pas encore que les temps ont changé. L’ère du mac commence. Si on avait fini en 1990, nous aurions eu des cours sur le mac, mais ce n’est pas le cas. Comme je m’y suis intéressé assez rapidement, je suis chanceux, puisque dans chacune des places où j’applique c’est devenu une question préalable : travaillez-vous sur mac? J’imagine la face des 3/4 des étudiants qui ont fini en même temps que moi… Mon histoire est celle de ceux qui vivent des changements. Le graphisme n’a pas été le seul métier bouleversé par l’informatique ou l’arrivée d’une nouvelle technologie ou une nouvelle façon de faire. Bien des sphères de métier ont évolué et évoluent encore avant même que le système d’éducation réagisse. Bon anniversaire mac, en espérant que ton papa se porte mieux…
Clef-re
26 janvier 2009 at 18:33 //
84 ? J’avais presque toutes mes dents… 88 ? Mon fan de père m’avait apple-isée depuis longtemps ! Quant à mon bac, je l’ai passé sans mac, mais sans couac ! (quelle révolution, cette petite pomme, tout de même…)
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Comme votre remarque sur « l’histoire de ceux qui vivent des changements », dans « des sphères de métier qui évoluent avant même que le système d’éducation réagisse » m’évoque mon métier, à propos ! 😉
Une grande entreprise française, en réorganisation, vient en effet de me confier la mise en place de « l’accompagnement du changement » (ça y est, vous riez, je sens qu’vous riez !)… Dans la formation professionnelle depuis longtemps, je ne peux qu’envisager des actions d’information et de formation ad hoc, ainsi que l’accompagnement des accompagnateurs (CQFD ?)… pour remplir cette mission !
Et, pour une fois, éviter de mettre tous les bœufs derrière la charrue, hum ?
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Toutefois, quelle merveilleuse réponse au choc de la nouveauté que cette faculté d’adaptation, dont nous savons, toujours, faire preuve ! Quel trésor que cette soif de comprendre, d’explorer, de partager ses découvertes !… Belle bénédiction que cette mise-en-question, salutaire à notre air, à nos us, à nos pairs ! 🙂
marc
26 janvier 2009 at 20:39 //
L’évolution naît du changement. Bien sûr que ce n’est pas toujours facile pour tout le monde, certaines personnes n’aimeraient que jamais rien ne change, jamais… Parce que la routine c’est rassurant, ça nous réconforte dans nos choix… On devient meilleur et plus performant dans ce que l’on connaît et maîtrise. Je peux comprendre que pour certains, c’est le nirvana. Savoir déjà ce que je ferai dans 10 ans me rendrait déprimé… et avoir les mêmes idées, que j’ai aujourd’hui, serait encore pire! À ce que je sache, la France a toujours eu (et a toujours) un mouvement syndical très fort… comment le changement de paradigmes est-il perçu dans ce genre de contexte?
Clef-re
27 janvier 2009 at 17:58 //
Comment vous dire… Je n’en sais rien encore : nous lançons « officiellement » le programme demain (cette nuit, pour vous ?), auprès des accompagnateurs régionaux !
Je viens d’une compagnie américaine, où j’ai acquis des repères et des réflexes comportementaux particuliers… bien malgré moi ! (Ou avec le consentement de mon inconscient, n’est-ce pas pire ?!!) Toute gauloise que je me sente, amoureuse du verbe et de la vigne, je dois bien admettre, surtout depuis que je suis sortie de cet environnement, y avoir été… pa-ra-dig-mée, yeh ! Et c’est justement cette « différence » de point de vue, de représentation symbolique des interactions collectives, que mon nouvel employeur achète !
L’univers où je dois désormais accompagner une mutation culturelle, managériale et relationnelle est en effet un bastion historique du syndicalisme français… de masse ! Je suis, par atavisme, très attachée à ses valeurs de solidarité, d’équité de traitement entre salariés, et de développement des compétences individuelles qui le caractérisent…
Après des décennies de monopole, la transformation actuelle est comprise comme inéluctable par les organisations syndicales (comme par l’ensemble du corps social) pour faire face à la réalité, nouvelle et déstabilisante, de la concurrence !
Si le changement de paradigme est par conséquent vécu comme une nécessité économique (l’entreprise mute… ou elle se fait croquer !), ce n’est pas tant sa légitimite évidence que sa nature, qui est redoutée, dans ses modalités tangibles ! L’enjeu de l’entreprise est de devenir un leader sur ce qui devient un « marché » partagé ; celui des salariés, par la voix des syndicats, est de fait la conservation de repères identitaires, socialement structurants, malgré la modification des méthodes de travail !
Voilà-voilà… J’ai l’impression de sortir de cours de Socio, à c’t’heure, d’un coup !… Et ne suis pas sûre d’avoir répondu à votre question !
Mais… c’est qu’il est tard dans nos contrées, et l’ultime neurone qui m’était disponible vous a été sacrifié, sur l’autel de la ouèbe-sagacité ! Je m’en vais donc rejoindre Morphée, et sa douceur soporifique, non sans prêter l’oeil fatigué au programme de la prochaine journée !