Attention, vous traversez présentement une zone de confort!
Voici l’image qui me vient en tête : vous êtes en avion et vous volez tranquillement vers votre destination préférée. Tout à coup, l’avion déconne. Des soubresauts se font sentir. Rien de bien rassurant. Le commandant prend la parole et crache par les haut-parleurs de l’avion : « attention, nous traversons une zone de turbulence ». Vraiment, vraiment, rien de bien rassurant. Vous envisagez les pires scénarios : explosion, écrasement, mort violente, etc.; votre vie se déroule pratiquement sous vos yeux avec ses remords et ses regrets. Inversons les choses pour la deuxième image qui me vient en tête : vous êtes en affaires, tout va bien. En fait, tout va tellement bien que vous n’avez quasiment plus le temps de vous arrêter. C’est un feu roulant. Les commandes, les clients, les ressources humaines, les relations publiques, vous roulez à fond de train. Vous êtes à votre mieux. Et soudain, tout baigne dans l’huile. Trop. Vous tournez les coins ronds. Plus de défi. Plus de feu sacré. La routine. Les répétitions. La rengaine. « Attention, vous traversez présentement une zone de confort! ». Vous voilà vulnérable. Parce que le feu sacré, la passion s’est transformée en petite braise ou en une minuscule petite flamme prête à s’éteindre au premier frémissement. C’est un sentiment que vous connaissez? C’est sûrement la pire des situations pour une entreprise et, selon moi, pour une personne. Je suis chanceux, je pratique un métier non-traditionnel et créatif, une job que je réinvente tous les jours; malgré cela, il m’arrive d’entendre la voix de mon commandant intérieur qui me dit d’attacher ma ceinture, parce que je vais traverser une zone… de confort. Et là je vois, moi aussi, défiler toute ma vie (créative), comme si j’allais m’écraser (dans un La-Z-Boy!) et (re)faire les mêmes concepts. Dans une plus grosse organisation, c’est pire. Il faut être en mesure de ne jamais tomber dans le piège de cette zone « interdite ». Il faut imaginer des stratégies pour que les membres de notre organisation ne tombent jamais dans la facilité du copier-coller. Ne jamais permettre une coupure de montée de sang au coeur. Vous avez tous dans votre vie connu le professeur-au-cartable-collé-au-ruban-gommée-et-pages-jaunies, vous savez le prof qui vous a remâché la même matière qu’à votre père et qu’il remâchera à votre fils dans 10 ans. Le prof qui livre la même matière année après année, sans se questionner si sa méthode est encore appropriée et pire encore, si sa matière est toujours à jour. Ou le consultant en marketing qui vous ressort année après année, le même plan-média (qu’il décale d’une journée (ou de deux jours, les années bissextiles) pour s’assurer de tomber dans les mêmes fins de semaine sans se questionner si le fameux plan est toujours pertinent. Ou le consultant en communication qui vous rabat les oreilles avec les mêmes idées, sous prétexte « qu’on ne change pas une solution gagnante ». Zone de confort. Zone d’inconfort. Parce même si organisation qui pratique l’immobilisme a souvent l’impression de reculer, c’est faux: ce sont ses concurrents qui avancent et qui lui en donne l’illusion.