Les hauts et les bas d’un valet de marque.
Ou les tribulations d’un (plus ou moins jeune) homme d’idées dans le merveilleux monde de la pub. On vit toutes sortes d’épisodes dans une vie en communication : on passe de l’euphorie parce que l’on vient de décrocher un contrat super intéressant ou que l’on vient de trouver une idée géniale, mais l’on passe aussi par la déprime de ne pas avoir décrocher le mandat-de-sa-vie, ou que l’idée géniale que l’on a eue ne plaît pas au client, même si nos arguments stratégiques sont béton. J’imagine que toutes les sphères d’activité sont semblables; on vit de contrastes, passant du blanc étincelant ou noir lugubre. Je ne me plains pas, je serais incapable de vivre une vie grise, égale, sans soubresauts. Et j’adore mon métier. Même si on y vit de grandes joies et de grandes déceptions, saupoudrées d’une bonne dose de stress. Je vais vous raconter deux anecdotes qui me sont arrivées dernièrement: les noms des clients seront gardés anonymes, ainsi que la description précise des projets, par souci de professionnalisme. Ils se reconnaîtront peut-être, mais vous non.
CAS #1: Il y a six mois, je reçois le téléphone d’un nouveau client. Il m’a été référé par un de mes clients existants. Rencontre intéressante, projet super emballant, ça clique, quoi. Je prépare mon plan, rencontre le client : c’est l’apothéose! Je suis tombé en plein dans le mille : mes premières idées exploratrices leur plaisent, en fait, ils apprécient le fait que je n’ai pas suivi à la lettre leur demande initiale : je suis allé plus loin. Même à l’état d’esquisse, mes idées sont déjà mieux que celles de leur ancienne agence. Bref, je remporte le compte et je commence tranquillement à aller plus profondément dans le dossier. Quelques mois passent. En furetant sur le net, je tombe sur un article d’Info-Presse traitant d’une campagne sur un produit comme le mien : l’agence arrivait somme toute aux mêmes arguments de création que moi… Merde. La campagne que je m’apprêtais à livrer existait déjà. Pas dans son intégrité, les slogans étaient différents, les idées plus ou moins semblables, mais le fond était le même, les façons de faire pour y arriver aussi. J’étais entre deux sentiments; heureux de penser que cette agence, énormément plus grosse que la mienne, cette agence dont je suis un fan, arrivait à la même conclusion que moi; mais en même temps ça me déprimait, j’étais le deuxième à avoir cette idée. Ici, certaines agences s’en seraient foutu: un peu d’habillage et on ressert ce concept réchauffé avec une autre sauce et hop! : bien saucé, on peut faire passer des escalopes de porc pour des escalopes de veau… J’en suis incapable. Je retroussai mes manches, refis mes devoirs en demandant une rencontre d’urgence à mon client: au téléphone, je l’avertis déjà que j’ai fait volte-face à la campagne qu’il avait préalablement acceptée (!), que j’ai recommencé «on scratch » et que j’aimerais leur présenter cette campagne version 2.0. Arrive la rencontre, mon concept est audacieux, surtout dans sa réalisation, le client n’est pas très rassuré : on est loin du traditionnel, il n’est pas tout à fait habitué à ça… Mais qu’à cela ne tienne, il embarque. Ça sera génial, je lui prédis. Pour des raisons internes, la campagne fut remise à plus tard. Dernièrement, je tombe sur une campagne d’un produit de calibre internationale avec… la même stratégie que j’avais proposée, version 2. Pas les mêmes slogans ni la même plateforme graphique, mais l’idée première est intégrale. Et comme ce produit est mondial, il aura beaucoup plus d’impact médiatique que le mien. Me voilà encore aux prises avec mon dilemme préféré… jamais deux sans trois, passons à la campagne 3.0…
CAS #2: Totalement dans un autre ordre d’idées, il y a quelques jours, je rencontre des clients pour un déjeuner. Je mène quelques dossiers de front pour eux et je profitais de cette rencontre pour présenter quelques concepts, et des suivis de production. Le déjeuner est sympa, les idées plaisent, et on se laisse sur une bonne note. Plus tard dans la journée, l’icône de mon courrier sursaute sur mon écran d’ordinateur pour m’avertir que j’ai un mail… je l’ouvre, il vient d’une des personnes que j’ai rencontrées le matin même et il dit simplement : « Juste bravo et merci pour tes idées géniales. C’est un privilège de travailler avec toi ». Vendredi après-midi, la broue dans le toupet, mais un rayon de soleil crève mon écran. Que quelqu’un prenne la peine de m’écrire un si joli mot, alors que moi, je ne fais que mon travail, est complètement extraordinaire. Je sais que je n’exerce pas nécessairement un métier indispensable, ni un métier noble comme m’occuper de gens dans le besoin, mais beaucoup de mes clients le font. Et si, par extension, j’aide ces clients à réaliser leurs missions, donc, je participe, un peu, à leurs succès. Dans les deux cas exprimés, j’ai pourtant fait la même chose : créer ce que je pensais être le plus pertinent pour mon client. Je le fais toujours avec intégrité et professionalisme. Si vous voulez du vrai, vous savez où me trouver.
Janick
23 février 2009 at 15:42 //
Tes idées, même si elles sont souvent géniales et originales, n’égaleront jamais ta personnalité. C’est parce que tu es Marc qu’on a le goût de travailler avec Traitdemarc. Le client qui t’a écrit ça avait bien raison… c’est un privilège de travailler avec toi.
alain bouchard
23 février 2009 at 18:35 //
ouais c est le fun de recevoir des témoignages comme ca .
marc
24 février 2009 at 8:17 //
@ janick
Je vais rougir, merci pour le compliment… je pense que l’on a les amis-clients-chums-blondes qu’on mérite. Si tu es chiant avec les gens, faut pas t’attendre à avoir des relations harmonieuses avec les autres.
@ alain
C’est vraiment le fun… Disons que c’est un boni pour travailleur autonome!
Josee
24 février 2009 at 9:23 //
T’as toujours été une coche plus haut Marc… La preuve avec ton cas #1. Je suis très contente de t’avoir eu comme menthor! Keep going!
marc
24 février 2009 at 21:36 //
@ josée
Heu… je me souviens d’une jeune graphiste talentueuse qui sortait de l’université, oui, mais pas nécessairement d’un très bon prof. Si j’ai pu t’influencer ce n’est surement pas par mes conseils… je ne pense pas avoir eu la fibre pédagogique bien développée avec toi. Merci pour le mot, c’est très gentil !
@ la cliente qui n’a pas voulu me laisser un commentaire ici mais qui m’a appelé
Merci d’en avoir remis. Tu as raison de dire que nos rencontres sont toujours aussi stimulantes: les affaires sont vraiment le fun quand on oublie d’en faire… merci encore!