El Melhor Chouriço Vem de Portugal, PQ.
Quand j’étais petit, mes parents avaient parmi leurs amis, un couple originaire du Portugal. Ils n’habitaient pas très loin de chez nous, à Chicoutimi. Je me souviens vaguement d’y être allé souper à l’occasion mais je me rappelle surtout de la « saucisse portugaise »; une espèce de saucisson sec relevé qu’ils mangeaient tout simplement ou en le mélangeant pendant la cuisson du poulet. J’étais trop jeune pour savoir que c’était du chorizo. Je ne me souviens même pas d’y avoir goûté à l’époque. J’ai quand même le souvenir de l’odeur, du couteau de monsieur Dalmeida qui tranchait le saucisson froid, de la texture de la viande, des morceaux de gras, de ses gros doigts de débosseleur qui tendaient la tranche à mon père. Je me souviens aussi de la façon dont ces gens s’exprimaient, leur langage coloré, leurs voix tonitruantes qui prenaient de la place comme s’ils étaient constamment en colère. 30 ans plus tard, à Montréal en vacances, alors que j’étais à la recherche d’un resto, je m’étais retrouvé à La Casa Minhota sur St-Laurent. Un restaurant portugais. Un restaurant comme je les aime, sans prétention, avec un bar ou des habitués discutent. Un resto portugais avec des Portugais (c’est con, mais je n’aime pas aller dans un resto marocain ou il n’y a pas de Marocain ou des restos indiens ou n’y a pas d’Indiens). J’y avais mangé un poisson fabuleux, cuit à point… et une entrée de chorizo qui m’avait ramené des effluves de souvenirs. J’avais alors demandé au proprio où l’on pouvait trouver un tel chorizo, il m’avait expliqué que l’Épicerie Soares sur Duluth en plein coeur du quartier portugais de Montréal était LA place. Le lendemain, un dimanche, j’avais décidé de m’y rendre et d’en acheter, avant de comprendre que les Portugais ne travaillent pas le dimanche et de m’être rivé le nez sur une épicerie fermée. Quelques mois après, lors d’une autre visite à Montréal, j’y étais retourné et je fus séduit par la convivialité, la même retrouvée qu’au resto. J’avais discuté avec le boucher qui s’interrogeait sur le fait que j’achetais autant de chorizo d’un seul coup. Quand je lui avais dit que je venais du Saguenay, il trouvait ça drôle : il n’achetait que de l’agneau du Saguenay-Lac-Saint-Jean… J’y suis retourné à plusieurs reprises, à toutes mes visites à Montréal finalement, en achetant un peu plus que la dernière fois (pour les amis!) et en y retrouvant le même service. J’adore ce genre de boucherie, avec ses bouchers qui emballent à l’ancienne, au papier, qui écrivent au crayon à mine le prix sur le paquet, ces épiceries qui nous rappellent notre enfance, qui nous ramènent au temps ou le « sans emballage » du commerce existait. À l’ancienne. Je sais que cela peut sembler dichotomique pour un gars qui gagne sa vie à créer du packaging, à imaginer des façons de vendre ou de faire connaître ses clients, mais il faut apprendre de ces manières de faire traditionnelle et en tirer une leçon : le bouche à oreille est, et restera, encore la façon la plus efficace de communiquer. Le restaurateur m’a indiqué ce qu’il considérait comme étant le meilleur chorizo, le restaurateur était pour moi une bonne référence, un bon connecteur. À mon humble mesure j’ai fait connaître ce chorizo chez moi au Saguenay, je suis devenu un diffuseur, avec une bonne influence, uniquement parce que l’on considérait que ma référence était crédible (mon restaurateur) ce qui a provoqué que maintenant plusieurs personnes que je connaisse aillent chez Soares s’en procurer. Marketing Viral 101. On y reviendra.