Les créatifs sont des bébittes sensibles.
Fragile. Handle With Care. Ce concept publicitaire pourrait se casser à la moindre secousse, son créateur encore plus. Vous ne me croyez pas? Si vous saviez à quel point les créatifs sont les êtres les plus sensibles qui soient. Ils sont capables du meilleur s’ils sentent qu’on les aime et les trouve bons, mais sont capables également du pire s’ils ne se sentent pas appuyés. J’ai eu dans ma carrière des hauts et des bas, professionnellement parlant. J’ai réalisé des créations qui rivalisaient avec ce qui se fait de mieux, mais aussi des productions dont je préférais renier la paternité et dont j’espère que personne ne me rappellera l’existence. Quand j’analyse ces deux catégories de productions, les tops ou les poches, ils sont directement reliés à une relation client facile ou difficile. Oubliez le mandat, cela n’a rien à voir. J’ai manqué de super beaux mandats et réussis des miracles en travaillant sur des sujets plus plates qu’un épisode de Virginie. De toute façon, on choisit rarement ses mandats, et une agence qui se respecte trouvera toujours le moyen pour réussir son mandat. La clé réside dans la relation client. Uniquement. Une relation difficile, construite sur le non-respect ou la confiance mitigée rend le terreau de la créativité peu fertile, au contraire une relation bâtie sur la confiance mutuelle a de grandes chances de devenir un mandat génial. C’est vrai pour le métier de publicitaire, mais tout autant pour d’autres professions. Une classe tumultueuse a moins de chance de recevoir un meilleur cours de la part d’un enseignant qu’une classe plus docile. C’est normal. Comme un joueur de hockey qui joue devant ses partisans, le créatif performe à son maximum lorsqu’il sent que son client attend beaucoup de lui et l’encourage. Le même joueur qui se fait huer par ces mêmes partisans lorsqu’il fait une gaffe sur la patinoire, aura tendance à jouer de façon différente, sur les talons, risquant de moins bien performer. Je ne dis pas qu’il faut recevoir des applaudissements ou se faire coller une gommette dans notre cahier pour tous nos bons coups, mais simplement de sentir que l’on est appuyé. Il m’est déjà arrivé de me faire refuser quelques idées par un même client, ça fait partie de la « game ». On n’est pas infaillible. L’important est que le lien de confiance subsiste. L’idée finira bien par arriver… Je suis chanceux, j’ai des relations avec des clients qui durent depuis plus de dix ans. J’ai des clients qui me font sentir que je les aide. Des clients qui me poussent à trouver des idées plus géniales que les premières que je leur ai soumis. Des client qui en demandent un peu plus à chaque fois. Des clients qui font la vague quand je leur compte un but…
Martin Larose
4 mars 2009 at 7:37 //
…criant de vérité. Bravo.
Clef-re
5 mars 2009 at 17:37 //
Créatifs / grandes gueules, même combat ?… Plus c’est féroce, plus c’est brillant, plus ça crisse au-dedans…
Comme ce grand chef, outrancier, qui abuse de langage imagé, pour mieux cacher… sa sensibilité ?
Comme ces armoires à glace du milieu ouvrier qui comptent leurs hormones, au lieu de se parler… Timidité ?
Allez ! Coeurs d’artichauts, poings levés !…
Que les fées douces vous rassurent : même sans appui, et à l’envie, on réussit !
marc
6 mars 2009 at 1:46 //
@ martin
Arrête je vais pleurer… comme un créatif!
@ clef-re
Oui, même combat mais pas avec les mêmes armes. Les gens créatifs sont souvent plus fragiles, malgré leur facade, que les d’autres fortes personnalités. Ce qui les rend encore plus facile à être bouleversé par des caractères plus forts… Ainsi, un créatif bafoué perd tout ses moyens.
Alain B
15 mars 2009 at 18:43 //
Je calque Martin L: hurlant de vérité…
Clef-re
6 avril 2014 at 19:48 //
Ben oui…